La parade est passée...

La parade est passée...
Brownlow Kevin
Ed. Actes Sud
Date de publication : 01/10/2011

'Buster Keaton employait quatre gagmen, Harold Lloyd, pas moins de dix. Ils étaient payés autant que les réalisateurs. Et nombre d'entre eux firent de la mise en scène par la suite. Souvent, ils accompagnaient les équipes de tournage en extérieur, et, quand le tournage s'enlisait, ils lançaient de nouvelles idées et en développaient des anciennes. Les comédies muettes coûtaient quelquefois plus cher et prenaient souvent plus de temps de tournage que les autres longs métrages. Mais, si cette époque fut connue sous le nom de l'âge d'or de la comédie, elle le doit sans aucun doute à cette méthode d'improvisation inspirée. (...)

L'aspect peut-être le plus attachant de cette période était l'absence de conscience historique. Personne ne savait qu'il créait un âge d'or. Personne, en dehors de Chaplin et de Sennett, n'avait, jusqu'alors, été acclamé comme un génie. Faire des films était encore un plaisir. Sur le plateau de Keaton, le sport favori était le base-ball. Quand il avait besoin de cameramen ou de gagmen, Buster engageait les gens pour leur capacité éprouvée, non pas dans l'industrie du cinéma mais sur les terrains de base-ball. S'ils se révélaient techniciens expérimentés, c'était une simple coïncidence.

Mais la période entière n'était qu'une succession d'accidents heureux et de coïncidences formidables depuis l'instant où Chaplin tomba par hasard sur son maquillage immortel de vagabond jusqu'à la rencontre accidentelle d'Oliver Hardy et de Stan Laurel.'

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