On sait bien peu de choses sur la façon dont nos ancêtres préhistoriques concevaient la mort. Le faible nombre de sépultures paléolithiques attestées, la difficulté à interpréter les vestiges exhumés ou à attribuer l'enterrement et le traitement réservé aux corps à des rituels funéraires ne permettent guère d'en inférer des représentations.
Pourtant, les humains qui nous ont précédés devaient avoir des croyances à propos de l'Au-delà. Leur refuser de s'être interrogés sur cette perspective, au même titre que nous le faisons, reviendrait à oublier notre appartenance commune à une même espèce. Mais comment combler les lacunes de l'archéologie ? Après Cosmogonies, qui avait démontré la robustesse des méthodes phylomythologiques pour reconstituer les mythes du passé en retraçant la généalogie de ceux qui nous sont connus, Julien d'Huy s'attelle ici à répondre à des questions fondamentales : à quoi les premiers Homo sapiens attribuaient-ils leur finitude ? Dans leur esprit, l'humanité était-elle mortelle dès l'origine et, sinon, comment l'est-elle devenue ? Sous quelles formes se figuraient-ils leur dernière demeure et le chemin qui y menait ? Croyaient-ils en une vie après la mort et à la possibilité de revenir de l'autre monde ? Comment envisageaient-ils les relations entre les morts et les vivants ?
Archéologue spécialisée dans les rites funéraires, l'auteure retrace son expérience professionnelle et ses voyages à travers le monde à la découverte de sites funéraires, questionne le rapport des vivants à la mort et à la disparition des êtres chers selon les civilisations, constate l'appauvrissement des rites occidentaux et évoque la figure de son premier amour, mort à 20 ans d'une overdose.
La sociologue décrit le magnétisme et, à partir d'archives, présente les histoires d'individus devenus magnétiseurs ainsi que les poursuites qu'ils ont subies jusque dans les années 1980 pour exercice illégal de la médecine. A partir d'entretiens avec des médecins, elle analyse la place prise aujourd'hui par le travail énergétique, dévoilant la conversion d'une pratique magique au naturalisme.
Des festins de ministres aux aides alimentaires, des burgers à la truffe à l'accaparement des terres, la nourriture est un plaisir pour qui en a les moyens, mais aussi un instrument de pouvoir et de coercition. L'auteure propose de s'attaquer à ces privilèges pour mettre fin à ces inégalités sociales et aboutir à un monde plus juste.
En portant son regard sur une « cité » d'habitation, au coeur de la Plaine-Saint-Denis, Fabrice Langrognet offre une passionnante histoire sociale et culturelle des migrations en France, du début de la IIIe République à la crise des années 1930. La Plaine-Saint-Denis est alors un immense quartier industriel où se croisent des myriades de migrants issus des classes populaires, d'origine provinciale, étrangère ou coloniale.
S'appuyant sur des sources inédites qu'il ausculte avec une incroyable minutie, l'historien raconte comment les occupants de l'immeuble arrivent et repartent, se côtoient et s'ignorent, sympathisent et s'affrontent, redessinant sans cesse les contours de leurs appartenances. Il reconstitue ainsi l'expérience vécue de plusieurs générations d'hommes, de femmes et d'enfants qui cherchent leur chemin dans les fracas du monde. Ici, la silhouette d'un jeune voisin connu pour jouer lestement du surin se dresse dans l'étroit passage qui mène à la porte cochère. Là, c'est la propriétaire implacable qui réclame sur-le-champ le paiement des loyers. Un peu plus loin, à l'usine, monsieur le directeur promet d'une voix bienveillante une place à quelque neveu resté au pays ; il se montre moins affable quand on lui parle du droit du travail...
Recueil de 24 essais de la romancière, militante féministe lesbienne radicale, sur son enfance, ses engagements féministes et politiques, sa lutte contre les différentes formes d'exclusion, sa sexualité, les combats féministes des années 1980, la portée politique et sociale de la littérature, entre autres sujets.
Les théories radicales de l'écrivaine Françoise d'Eaubonne et ses pratiques de sabotage révélées depuis quelques années font de sa vision singulière de l'écoféminisme un objet de réflexion pour toute une nouvelle génération militante qui s'interroge, à l'heure de l'urgence climatique, sur les stratégies à mettre en oeuvre, incluant les sabotages et l'action directe spectaculaire dans l'espace public. Publié en 1978, Contre-violence ou la Résistance à l'État, ouvrage introuvable depuis longtemps, rassemble plusieurs textes sur les rapports entre féminisme et violence politique.
Ce récit-enquête illustré d'anecdotes culinaires historiques ou culturelles et de témoignages met en lumière les représentations sociales du lien des femmes à la nourriture, entre le rôle de cuisinière qui leur est assigné, le diktat de la minceur et les troubles alimentaires.
Du printemps 2020, chacun d'entre nous garde le souvenir des attestations à remplir, des limites qu'elles imposaient et des vérifications policières qu'elles autorisaient. Pourtant, rares sont les bilans consacrés à ce versant coercitif de l'enfermement national.
C'est tout l'enjeu de cette enquête. Pendant 55 jours, les forces de l'ordre firent le vide sur l'ensemble du territoire, y compris dans les espaces naturels que survolaient des drones et des hélicoptères. Assistées par d'improbables auxiliaires et de nombreuses délations, elles procédèrent à 21 millions de contrôles et infligèrent 1,1 million d'amendes.
Cette situation où tout le monde, aisé ou pauvre, habitué à donner des ordres ou à en recevoir, était soumis aux mêmes interdits et aux mêmes vérifications, apparaît historiquement singulière.
Sous la forme d'un dialogue entre le scientifique et un jeune étudiant, parodiant Jacques le fataliste et son maître de Diderot, l'auteur évoque sa carrière de chercheur et les vies d'autres hommes et femmes de science, dont certains prix Nobel, en montrant à quel point les itinéraires menant à la réussite dans le champ de la recherche sont remplis d'imprévus et de virages inattendus.