Comme beaucoup d'entre nous, Guy Bedos avait suivi la dernière campagne de gauche, celle de François Hollande, avec espérance. Mais son regard sur ce quinquennat décevant, il l'a résumé en une phrase assassine : « Nous sommes toutes et tous des Valérie Trierweiler. »
À l'heure où l'extrême droite se projette au pouvoir, où tous les pronostics sont mis à mal par les rebondissements de l'actualité, il se livre de nouveau à son exercice favori : la revue de presse.
Pourquoi refaire l'histoire de la Grèce classique, du VIe siècle av. J.-C. à Alexandre le Grand ? D'abord, parce que l'on dispose d'une masse d'informations nouvelles sur les 1 035 cités-États qui s'étendaient de l'Espagne à la mer Noire, des données exploitées ici pour la première fois de manière systématique. Ensuite, parce que, contrairement à ce que les historiens ont longtemps cru, le monde grec a connu une croissance économique qui restera sans équivalent jusqu'à la Renaissance, rendue possible par l'invention de la démocratie et des droits civiques, sur fond d'innovations institutionnelles, techniques et culturelles (théâtre, philosophie, mathématiques, etc.) permanentes. Enfin, parce que les Grecs ont expérimenté toutes les ressources de la démocratie : élection, limitation des mandats, tirage au sort, etc. Ils ont réfléchi aux relations entre citoyens et dirigeants, au rôle des experts, aux moyens de réduire le pouvoir de nuisance des démagogues, à la place de la religion. Autant de questions qui sont à l'origine de l'« efflorescence grecque » et au coeur du débat démocratique actuel.
Congo. Ambitions et désenchantements est un livre consacré au déroulement d'une étape, à la fois courte et décisive, dans le long passé de cette région. Au point de départ, les années 1880. Elles virent la concrétisation de vieux rêves de découpage de l'Afrique en grands ensembles transcontinentaux. Rien n'annonçait toutefois que le fleuve Congo devienne un marqueur géopolitique. Ce coup de crayon sur la carte porte la griffe de Léopold II, personnalité hors normes, grand rêveur et maître-manoeuvrier au sein de différents mondes, ceux de la diplomatie, du capital et des « affaires », mais qui fut aussi porté par les grandes inspirations de l'époque, le mouvement scientifique, le réveil chrétien, la vague antiesclavagiste tout comme par les recompositions alors en cours en Afrique même. Sans lui, il n'y aurait eu ni « Congo belge », ni page congolaise dans l'histoire de Belgique.
Pendant près de trente-deux ans, de 1965 à 1997, Mobutu régna d'une main de fer sur le Congo, instaurant une dictature féroce alliant crimes de sang, corruption et pillage éhonté des richesses nationales, L'Histoire porte sur lui et son régime un verdict accablant. L'homme à la toque de léopard n'était pourtant pas un vulgaire tyran : cet ami de l'Occident a joué, pendant la guerre froide, un rôle stratégique de premier plan, promouvant son pays en « rempart du communisme » en Afrique.
Arrivé au pouvoir dans le sillage d'une guerre civile impitoyable, il n'eut de cesse de maintenir l'unité, souvent menacée, du Congo-Zaïre, immense puzzle ethnique aux quelque quatre cents tribus. Plus, il dota son peuple d'une conscience nationale en exaltant son identité, ses racines et ses traditions : ce fut le recours à l'« authenticité ».
A peine la paix signée sur les décombres du IIIe Reich, l'alliance contre nature du totalitarisme soviétique et des démocraties occidentales est brisée. La méfiance puis l'affrontement lui succèdent ; pendant près d'un demi-siècle, du fait de l'entrée dans l'ère atomique, l'humanité va vivre au bord du gouffre. Drôle de guerre où l'on se bat sur tous les fronts - Corée, Vietnam, Angola... - mais jamais face à face. Drôle de victoire pour un Occident qui s'était résigné à un antagonisme durable.
Ramsès II a presque soixante ans lorsqu'il tombe amoureux au premier regard d'une jeune princesse dont il fait aussitôt son épouse : voici le premier « coup de foudre » historiquement attesté. Trois mille ans plus tard, Stendhal, qui trouve l'expression ridicule, en convient : « La chose existe ». Aujourd'hui, elle est loin d'être remise en question . Mais comment s'explique cette mystérieuse et soudaine attirance entre deux êtres ? Par la sensibilité ou la science (des atomes crochus... ou des phéromones) ? Le surnaturel (la flèche de Cupidon... ou l'intervention du Malin) ? Une pure attraction physique ou un phénomène chimique ?
Comment comprendre la notion de catastrophe naturelle dans la pensée médiévale ? Étonnement, puissance, terreur, fonction purificatrice, choc des consciences...
Avec tous les fantasmes qu'ils drainent dans leur sillage et la stupeur qu'ils produisent sur les esprits, ces « accidents de la nature » ouvrent une fenêtre fascinante sur l'histoire des représentations au Moyen Âge. Revisitant les textes des chroniqueurs qui tentèrent d'en rendre compte, Thomas Labbé montre que le récit du phénomène extrême favorise toujours la déformation de la réalité vécue.
Les organisations mafieuses israéliennes comptent parmi les plus violentes et les moins connues. Elles sont le produit d'une société profondément divisée, parcourue de violentes secousses sociales, et en guerre depuis bientôt soixante-dix ans. Si certaines se contentent d'opérer à l'intérieur des frontières de l'État Hébreu, la plupart étendent leurs activités sur tous les continents. Serge Dumont retrace pour la première fois leur histoire depuis 1948. Loin des élucubrations antisémites propagées par les partisans d'un « complot mondial » dont Israël serait le centre, la « mafia israélienne » n'est pas une structure comme Cosa nostra. Pas de hiérarchie, pas de stratégie commune : les mafieux « blancs et bleus » passent leur temps à essayer de se détruire, et, à l'étranger, leurs relations avec les communautés juives de la Diaspora sont inexistantes, ou glaciales. À la fin des années 2000, l'escroquerie à la taxe carbone a permis d'amasser un pactole d'au moins 1,6 milliard d'euros.
Istanbul est un continent urbain inconnu, trop souvent réduit à quelques prétendus hauts lieux - de plus en plus perdus dans l'immensité métropolitaine environnante - extraits d'un imaginaire réducteur, aux figures par trop rebattues. Il y a pourtant urgence à sortir des lieux communs pour prendre la mesure de l'organisme urbain monstrueux devenu ces deux dernières décennies la principale métropole du bassin méditerranéen, au pouvoir attractif croissant.
Versailles, lieu de pouvoir ? Oui, mais aussi lieu de plaisirs. Du pavillon de chasse de Louis XIII, le jeune Louis XIV fait une garçonnière pour y abriter ses premières amours avec Louise de La Vallière, puis décide, au grand dam de Colbert, d'aménager le lupanar de ses jeunes années. De la pulpeuse Mme de Montespan à l'ardente Mme de Maintenon, maîtresses, favorites ou passades d'un soir se succèdent alors en un tourbillon mutin. On y lutine avec ardeur dans les alcôves des appartements de Le Brun ou derrière les bosquets des jardins de Le Nôtre. Après les mignons de Monsieur et les orgies du Régent, les demoiselles du Parc-aux-cerfs choisies par la Pompadour se disputent l'honneur d'être troussées par l'insatiable Louis XV. Las, Louis XVI le Mou peine à honorer Marie-Antoinette et, à la veille de la Révolution, la « petite Sodome » aux moeurs débridées a jeté ses derniers feux. (présentation de l'éditeur)