Ce livre rompt définitivement avec le fantasme d'un consensus autour des guerres de croisade et des croisés, ces pèlerins armés partis conquérir les lieux saints, soutenir les royaumes chrétiens d'Orient, voire rétablir la foi catholique contre les cathares.
Au terme d'une enquête minutieuse à travers les chroniques médiévales, Martin Aurell fait resurgir les puissantes voix des chrétiens qui se sont élevés contre le pape et les princes prétendant libérer Jérusalem. Il révèle comment des prêtres, des moines et même des troubadours se sont dressés contre les exactions des hommes d'armes. Ils ont condamné les pogroms en Allemagne, les violences des chevaliers envers des populations désarmées, le pillage des villes, l'avidité des ordres militaires, dont les templiers. En réhabilitant les grandes consciences qui ont plaidé avec une étonnante précocité pour la tolérance, l'auteur restaure un humanisme ancré dans la foi.
L'ouvrage de Martin Aurell constitue donc une première : il dévoile des pages sombres et méconnues de l'histoire des croisades et modifie notre regard sur la violence au Moyen Âge et sur l'Occident.
De novembre 1814 à juin 1815, entre Restauration et Empire, se tient dans la capitale autrichienne la plus grande réunion diplomatique de l'histoire, destinée à réorganiser une Europe bouleversée par vingt-deux années de guerres. Elle fut bien plus qu'un tourbillon de fêtes, de bals et de spectacles. Dans cette ample machinerie de 300 délégations, le Français Talleyrand, représentant des vaincus, sut manoeuvrer avec maestria. Mais l'épisode des Cent-Jours vint tout compromettre, et le congrès reste, pour les Français, un mauvais souvenir. Ont-ils raison ? «Mon but, explique l'auteur, a certes été de raconter l'événement - ce qui vaut la peine -, mais aussi (...) d'évaluer l'importance de ses rebondissements, d'analyser ses décisions et leurs conséquences, sans me priver d'aller me promener dans ses coulisses.» Détaché du point de vue gallocentrique, cet ouvrage est en vérité le premier qui embrasse le congrès de Vienne dans toutes ses dimensions, en le rendant pleinement à son temps.
Le 18 mai 1860, alors que la question de l'esclavage déchire les États-Unis, quatre hommes attendent les résultats du vote d'investiture du tout jeune Parti républicain. Face à trois politiciens renommés, c'est finalement le quatrième homme, Abraham Lincoln, un petit avocat de l'Illinois, qui l'emporte. Quelques mois plus tard, il devient le seizième Président des États-Unis, confronté à la plus grande crise que le pays ait jamais traversée : la guerre de Sécession. À la surprise de tous, Lincoln rassemble alors ses rivaux pour former un gouvernement d'exception qui mènera l'Union à la victoire et délivrera l'Amérique du démon de l'esclavage.
Comment cet autodidacte, «avocat des prairies» sillonnant les campagnes pour plaider dans les villages les plus reculés, est-il devenu le plus grand Président des États-Unis ? Au-delà du génie politique, on découvre le destin d'un homme marqué par des tragédies personnelles qu'il a su dépasser pour transformer en réalité son rêve d'une Amérique unie.
Le 1er août 1914, la France décrète la mobilisation générale. Comme trois millions cinq cent mille Français, le lieutenant Charles Péguy reçoit sa feuille de route, embrasse les siens et rejoint son unité, le 276e régiment d'infanterie de réserve, à Coulommiers. Intellectuel engagé, normalien d'origine modeste, chrétien fervent, républicain et dreyfusard, pamphlétaire et poète, Péguy est à la croisée des grandes traditions françaises et incarne plus que tout autre ce qu'on appelle encore le «génie français». S'il vit ce moment avec un sentiment de plénitude, c'est que s'impose à lui comme à tous le devoir sacré de défendre la patrie, et, à travers elle, un système de valeurs démocratiques issu des Lumières et de la Révolution face à une puissance dont il a, l'un des premiers, compris la menace qu'elle faisait peser sur la vieille Europe. Ce combat unit dans une même détermination, une même exaltation quarante millions de Français, sans distinction d'opinions et de croyances, d'origines et de conditions.
La bataille des frontières se solde par une série de terribles défaites. Comme des centaines de milliers de soldats, le lieutenant Charles Péguy et ses hommes doivent marcher jour et nuit pendant quatre semaines sous des pluies battantes ou dans des chaleurs torrides, les pieds en sang dans leurs godillots cloutés, reculant sans cesse devant l'invasion ennemie jusqu'à ce que Joffre donne l'ordre de la grande contre-offensive de la Marne.
Charles Péguy ne verra pas cette première victoire. Il meurt le 5 septembre 1914 près de Meaux dans un assaut du 276e face aux mitrailleuses allemandes. Il repose depuis avec plus d'une centaine de ses soldats dans une grande tombe à l'endroit même où ils ont été ensemble «tués à l'ennemi».
Michel Laval, en racontant les trente-cinq derniers jours de la vie de Charles Péguy, entonne un requiem à la gloire de ce vieux peuple français en marche, avant que quatre ans d'une guerre impitoyable et inhumaine ne l'engloutissent dans la boue et le sang et emportent la «grande illusion» d'une «dernière guerre» pour la justice et la paix.
« Laurence Rees, le grand historien, auteur du remarquable Auschwitz. Les nazis et la Solution finale, pose comme toujours les bonnes questions avant d'y apporter les meilleures réponses. Mêlant témoignages de contemporains, preuves et documents, son livre nous offre une vision saisissante de ces millions d'Allemands tombés sous le 'charisme' d'Hitler et l'adulant. » Ian Kershaw
« Une étude fascinante. » Antony Beevor
L'Histoire fut la grande puissance et la grande croyance des temps modernes. Véritable théologie, elle organisait le monde et lui donnait sens. On se mit à son service, au point de s'aveugler, voire de commettre le pire en son nom. Juge suprême des conduites et des événements, elle enthousiasma et terrifia. Affaire des historiens, elle ambitionna d'être une science, tandis que les romanciers s'attachèrent à dire ce monde saisi par l'Histoire.
Depuis les années 1980, cette toute-puissance est mise en cause. Notre rapport au passé est désormais affaire de mémoire plus que d'histoire ; trop imprévisible ou trop prévisible, l'avenir semble avoir disparu de notre horizon, et l'historien est pris dans l'urgence du présent. Devenue justiciable plutôt que juge, l'histoire peine à remplir son rôle de trait d'union entre le passé, le présent et le futur. Quel sens donner aujourd'hui au mot « histoire » ?
Dans le sillage de ses travaux sur le temps, François Hartog fait intervenir, au cours de cette vaste enquête sur notre monde contemporain, historiens, philosophes et romanciers - de Thucydide à Braudel, d'Aristote à Ricoeur, de Balzac à Mc Carthy - afin de saisir sur le vif les enjeux d'une époque nouvelle.
1885-1945
Rares sont les chefs de guerre qui ont suscité autant de ferveur et de haine, recueilli autant d'honneurs et provoqué autant de controverses que le général George Patton. Chef de la légendaire Troisième Armée, Patton est souvent décrit comme un leader tyrannique et mégalomaniaque, flirtant parfois avec la folie.
Les archives et notes personnelles du général permettent d'en brosser un portrait bien plus nuancé. Elles éclairent d'abord la période la moins connue de la vie de Patton - son enfance, son séjour à West Point, la traque de Pancho Villa et les batailles de 1917 dans la Somme et en Champagne. Puis, on entre de plain-pied dans les opérations de la Seconde Guerre mondiale : la Tunisie, la Sicile, la France et l'Allemagne.
Ses notes, lettres et journaux intimes permettent de suivre ses pensées et impressions jour après jour, ses « coups de gueule » autant que son génie tactique. Ces documents nous donnent accès à un être bien plus complexe qu'on l'imagine, tourmenté par le doute, exalté par la guerre et toujours volontaire pour aller au combat.
Qui fut Saint Louis? Peut-on le connaître et, Joinville aidant, entrer dans son intimité? Peut-on le saisir à travers toutes les couches et les formations de mémoires attachées à construire sa statue et son modèle ? Problème d'autant plus difficile que, la légende rejoignant pour une fois la réalité, l'enfant roi de douze ans semble avoir été dès le départ programmé, si l'on ose dire, pour être ce roi idéal et unique que l'histoire en a fait.
Cette étude approfondie ne se veut - c'est ce qui fait sa puissante originalité - ni la «France de Saint Louis» ni «Saint Louis dans son temps», mais bien la recherche, modeste et ambitieuse, tenace et constamment recommencée, de l'homme, de l'individu, de son « moi », dans son mystère et sa complexité. Ce faisant, c'est le pari de fondre dans la même unité savante et passionnée le récit de la vie du roi et l'interrogation qui, pour l'historien, le double, l'habite et l'autorise : comment raconter cette vie, comment parler de Saint Louis, à ce point absorbé par son image qu'affleure la question provocatrice «Saint Louis a-t-il existe?».
« Un homme fait ce qu'il a à faire malgré les conséquences sur sa vie, les obstacles, les dangers et la pression ; c'est la base de toute morale humaine. »
Héros de la Seconde Guerre mondiale, sénateur du Massachusetts à l'âge de trente-cinq ans, John Fitzgerald Kennedy (1917-1963), qui a inventé une forme nouvelle de leadership, et dont la présidence, marquée par la crise des missiles de Cuba, l'engagement au Vietnam et la montée en puissance du mouvement des droits civiques, fut celle d'un basculement entre deux mondes et deux ordres politiques, reste, aujourd'hui encore, un des personnages les plus charismatiques du XXe siècle. Enseignant que « diriger et apprendre ne sont pas dissociables », il ne sacrifia jamais ses convictions politiques, certain que « l'humanité devrait mettre un terme à la guerre, faute de quoi cette dernière mettrait un terme à l'humanité ».
Ce recueil réunit les articles et les études d'Henry Laurens publiés dans la revue L'Histoire où il écrit depuis vingt ans. Avec clarté, dans un style limpide, l'auteur nous livre là l'essence de ses travaux sur l'histoire de l'orientalisme, sur le concept d'empire, sur l'histoire de la Méditerranée et sur la question de la Palestine.
Un ouvrage édifiant, qui rend plus intelligible cet Orient que le général de Gaulle qualifiait de « compliqué », et éclaire d'un jour nouveau des événements et des concepts majeurs liés au monde arabe, au Levant ou au bassin méditerranéen, zones où la cohabitation des religions et des idéologies a engendré, depuis des siècles, malentendus, luttes d'influence et conflits, mais aussi dialogue et espérances.