La guerre économique franco-anglaise au XVIIIe siècle

La guerre économique franco-anglaise au XVIIIe siècle
Crouzet François
Ed. Fayard

Les livres d'histoire parlent souvent de « rivalité » économique entre la France et l'Angleterre au siècle des Lumières. C'est pour le moins un euphémisme, car c'est bien le mot « guerre » qui convient ! De la Méditerranée à l'Atlantique, de l'océan Indien à la mer de Chine, la guerre sur mer - commerciale et/ou militaire - se déchaîne (y compris la guerre de course). Sur terre, en Inde, en Amérique, aux Antilles, les colonies changent de mains (plusieurs fois pour certaines, en peu de temps), le commerce des esclaves en est affecté, mais s'intensifie... Le bras de fer dure longtemps, très longtemps. Ce n'est pas avant la Révolution française et l'Empire que l'Angleterre l'emporte définitivement. Le triomphe anglais était-il inscrit dans les astres ? La France s'est-elle trop occupée de sa domination sur le continent ? Lequel des deux adversaires a-t-il le premier entrevu où était l'avenir, c'est-à-dire dans la révolution industrielle ? Quelle est la chronologie de cette longue lutte ? L'économie a-t-elle été l'enjeu de celle-ci ou bien n'en a-t-elle été qu'un des champs de bataille ? Autant de questions auxquelles répond avec une souveraine maîtrise de son sujet le grand historien François Crouzet.

Mississippi. Voyage aux sources de l'Amérique

Mississippi. Voyage aux sources de l'Amérique
Maffi Mario
Ed. Grasset

Les tribus indiennes l'appelaient Occochappo (« anciennes eaux »), Misha Sipokni (« au-delà du temps »), ou le « Grand Fleuve » : Misi-ziibi. Au fil de l'eau et des siècles, on lui donnera d'autres noms encore : le Père des Fleuves, le Grand Boueux, le Nil d'Amérique, le « Vieil Homme » chanté par les bluesmen de Memphis - Old Man River...

Creuset de culture et berceau de la civilisation américaine, le Mississippi, avec ses 4 000 kilomètres de long, ses 250 affluents prenant leur source dans 31 des Etats de l'Union et son fameux delta, est sans doute e monument naturel le plus grandiose de l'Amérique, qu'il coupe en deux telle une immense artère liquide, tantôt majestueuse, tantôt furieuse, charriant un foisonnement de paysages, d'histoires et de légendes.

Depuis les guerres de colonisation jusqu'aux ravages de l'ouragan Katrina, sur les traces de Mark Twain ou de Faulkner, en compagnie des griots cajuns et des magiciens vaudous, Mario Maffi raconte les mille et une circonvolutions d'un fleuve à la richesse inépuisable. Aussi poétique qu'érudit, entre carnet de route littéraire et rêverie géographique, Mississippi s'inscrit dans la lignée du Danube de Claudio Magris ou du Radeau de la Gorgone de Dominique Fernandez.

Aristote au Mont-Saint-Michel. Les racines grecques de l'Europe chrétienne

Aristote au Mont-Saint-Michel. Les racines grecques de l'Europe chrétienne
Gouguenheim Sylvain
Ed. Seuil

On considère généralement que l'Occident a découvert le savoir grec au Moyen Âge, grâce aux traductions arabes. Sylvain Gouguenheim bat en brèche une telle idée en montrant que l'Europe a toujours maintenu ses contacts avec le monde grec. Le Mont-Saint-Michel, notamment, constitue le centre d'un actif travail de traduction des textes d'Aristote en particulier, dès le XIIe siècle.

On découvre dans le même temps que, de l'autre côté de la Méditerranée, l'hellénisation du monde islamique, plus limitée que ce que l'on croit, fut surtout le fait des Arabes chrétiens. Même le domaine de la philosophie islamique (Avicenne, Averroès) resta en partie étranger à l'esprit grec.

Ainsi, il apparaît que l'hellénisation de l'Europe chrétienne fut avant tout le fruit de la volonté des Européens eux-mêmes. Si le terme de «racines» a un sens pour les civilisations, les racines du monde européen sont donc grecques, celles du monde islamique ne le sont pas.

--> voir aussi Pensée grecque, culture arabe 

 

La culture équestre de l'Occident, XVIe-XIXe siècle. L'ombre du cheval

La culture équestre de l'Occident, XVIe-XIXe siècle. L'ombre du cheval
Roche Daniel
Ed. Fayard

Un siècle et quelque après l'invention du moteur à explosion, l'Occident presque totalement oublié le rôle qu'a joué le cheval dans son histoire, qu'il s'agisse de son usage économique et guerrier ou de ses fonctions symbolique, politique et culturelle. Comment le rapport des hommes à la gent équestre a-t-il fonctionné de la Renaissance à la Belle Époque ? Tel est l'objet de l'immense enquête entreprise par Daniel Roche et qui comptera trois volumes.

Dans Le cheval moteur, il montre comment l'accroissement des chevaux a été suscité par les besoins en énergie, comme il a été porté par des exigences stratégiques ou distinctives. Le triomphe des attelages et voitures est le résultat le plus spectaculaire d'une révolution que n'ont pas, pendant longtemps, freiné les chemins de fer et les machines à vapeur.

En dressant l'inventaire des lieux concrets et des situations ordinaires - l'écurie, la caserne, le haras, la route, l'auberge, l'atelier du maréchal-ferrant, du carrossier et du sellier... -, en interrogeant le travail des éleveurs, des cochers, des marchands de chevaux, des entrepreneurs de transport, en montrant les effets provoqués sur l'élevage et les métiers du cheval par des besoins nouveaux, l'étude définit la modernité de la culture équestre qu'entraînent l'utilité, le pouvoir et la passion.

Lire et écrire à Babylone

Lire et écrire à Babylone
Charpin Dominique
Ed. PUF

Vers 3200 avant notre ère, l'histoire de l'humanité connut un tournant radical : l'écriture fut inventée à Sumer. Pendant plus de trois mille ans, la civilisation mésopotamienne fit un usage intensif du cunéiforme, dont témoignent les centaines de milliers de tablettes d'argile découvertes à ce jour ; elles renseignent sur toute la société, des rois jusqu'aux esclaves.

Qui était alors capable de lire et d'écrire ? Pas uniquement des scribes professionnels : la connaissance de l'écriture était aussi le fait des élites. On a découvert des archives non seulement dans des temples ou des palais, mais aussi chez de nombreux particuliers, qui gardaient à domicile leurs «papiers de famille». Les bibliothèques (ainsi celle d'Assurbanipal, à Ninive) n'étaient pas tant destinées à conserver le savoir de l'époque qu'à fournir des instruments de référence aux différents spécialistes de la religion (devins, exorcistes, chantres). L'écrit servait également à communiquer avec l'au-delà : des messages adressés aux dieux et à la postérité étaient enfouis par les rois dans les fondations des bâtiments qu'ils édifiaient... L'auteur restitue ces différents usages (également marchands et diplomatiques) de façon aussi précise qu'éclairante.

Les débuts de l'histoire. Le Proche-Orient, de l'invention de l'écriture à la naissance du monothéisme

Les débuts de l'histoire. Le Proche-Orient, de l'invention de l'écriture à la naissance du monothéisme
Bordreuil (dir.) Pierre
Ed. La Martinière

Les plus anciens signes d'écriture datent d'il y a plus de cinq mille ans et ont été retrouvés à Uruk, dans le sud de l'Irak. C'est alors que l'humanité est passée de la Préhistoire à l'Histoire. Grâce à ce nouveau moyen de communication, apparu à la même époque que les grandes cités-États de Mésopotamie, les hommes ont pu se projeter dans le temps comme dans l'espace, enregistrer leurs biens, faire des contrats, ou encore graver des codes de lois. Au fil des siècles, les scribes ont pu aussi consigner les hauts faits de leurs souverains, transmettre les savoirs et les mythes qu'ils tenaient des générations précédentes. En trois millénaires ont ainsi été élaborés, du Levant à l'Iran, des techniques, des institutions, des modes de pensée dont nous avons largement hérité.

Des premiers alphabets aux premières bibliothèques, de la comptabilité aux mathématiques en passant par la médecine, des premières cosmogonies au monothéisme, cette histoire du Proche-Orient ancien montre comment des populations d'origines différentes ont pensé le monde et réalisé d'innombrables objets, monuments et oeuvres d'art qui ont traversé les siècles.

Un procès de canonisation au Moyen Age. Essai d'histoire sociale

Un procès de canonisation au Moyen Age. Essai d'histoire sociale
Didier Lett
Ed. Puf

Au cours de l'été 1325, une commission d'enquête est envoyée par le pape Jean XXII dans cinq villes de la Marche d'Ancône. Durant trois mois elle recueille les témoignages d'hommes et de femmes sur les qualités extraordinaires et les miracles qu'aurait accomplis un ermite de Saint-Augustin, Nicolas de Tolentino, mort en 1305, en vue de sa canonisation. Des dépositions ont été consignées dans un long procès-verbal conservé sur deux manuscrits. Cette 'trace de l'histoire' est au centre de ce livre dont l'objet est l'étude d'une société produite par une source et par un historien. L'auteur montre comment on obtient une bulle autorisant l'ouverture d'un procès de canonisation et comment on 'fabrique' un saint. Il s'interroge pour savoir comment elle a été produite et de quoi elle est composée, il étudie cette société du procès à partir de témoignages oraux consignés par écrit, en montrant comment les rapports sociaux s'inscrivent dans un espace donné. Ce livre est un remarquable essai d'histoire sociale.

Les 100 discours qui ont marqué le XXe siècle

Les 100 discours qui ont marqué le XXe siècle
Ed. André Versaille

Si tout le monde a en tête le Je vous ai compris de De Gaulle, le Un rideau de fer s'est abattu à travers le continent européen de Churchill ou le Ich bin ein Berliner de Kennedy, peu en revanche connaissent vraiment le reste des discours d'où proviennent ces fameuses paroles et encore moins les contextes historiques. Ce livre offre la possibilité d'aller au-delà de ces «phrases choc» en permettant la lecture des différents discours dans leur entierté, tout en resituant chacun d'entre eux dans son époque.

S'inscrivant dans la démarche d'Eric J. Hobsbawm, l'équipe inter-universitaire et pluridisciplinaire de politologues et d'historiens à la base du présent ouvrage retrace l'histoire de ce court XXe siècle à travers les grands discours qui l'ont marqué. Chacun de ces discours est précédé d'une introduction qui le contextualise dans le moment historique et permet d'en mesurer l'impact au niveau international. De plus, les nombreux renvois permettent au lecteur de suivre l'évolution d'une même problématique à travers le temps : colonisation, guerre froide, décolonisation, etc.

Simon Bolivar. Le rêve américain

Simon Bolivar. Le rêve américain
Vayssière Pierre
Ed. Payot

Coup de canon dans le ciel de la liberté, l'homme qui donna son nom à tout un pays, la Bolivie, reste associé pour toujours aux combats pour l'indépendance d'une Amérique latine soumise durant trois siècles au joug espagnol. Une vie romanesque à souhait et une personnalité exaltée et charismatique, qui inspirèrent bien des écrivains dont Gabriel García Márquez, ont achevé d'ériger Símon Bolívar (1783-1830) en mythe.

Issu d'une riche et puissante famille de Caracas, le jeune créole appartient à cette élite blanche nourrie de la pensée des Lumières qui formera le creuset des idées nouvelles d'émancipation venues d'Europe et des États-Unis. Dans un Empire espagnol en crise bientôt menacé par Napoléon, il s'engage résolument du côté des patriotes et se lance, à la tête des guérillas unifiées, dans une interminable guerre civile pour libérer le Venezuela, la Colombie et l'Équateur. Non content d'y proclamer la République de Grande-Colombie, dont il devient le président malgré lui, « el Libertador » repartira à l'assaut du Pérou dans un incroyable périple à travers les Andes. Fragiles, ses fédérations d'États voleront bien vite en éclats et son utopique rêve panaméricain tournera court.

Chef de guerre volcanique et imprévisible, ce qui lui vaudra plusieurs échecs militaires cinglants, républicain convaincu mais partisan d'un pouvoir fort, volontiers dictatorial, visionnaire déçu en quête d'une gloire vaine, le « Don Quichotte de l'Amérique » continue aujourd'hui encore de nourrir de vives polémiques par son bilan politique contrasté. En Amérique du Sud, l'icône de l'Homme à cheval hante toujours les consciences, comme en témoignent Hugo Chávez et sa « révolution bolivarienne ».

Histoire de la Roumanie

Histoire de la Roumanie
Sandu Traian
Ed. Perrin

La Roumanie, longtemps ballottée entre grandes puissances, est l'un des derniers pays européens à avoir réalisé son unité nationale au début du XXe siècle. Elle cherche aujourd'hui sa pleine et entière intégration au sein de l'Union européenne.

Cioran se plaignait que le peuple roumain n'eût pas participé à la Grande Histoire : mais si les Roumains n'ont pas fait l'histoire, celle-ci s'est faite chez eux, sur l'isthme Baltique-mer Noire, là où se sont déversées migrations et invasions orientales depuis l'Empire romain jusqu'au déferlement de l'armée Rouge à l'été 1944. Tout en décrivant comment la Roumanie a été un enjeu entre puissants - Romains, Barbares, Hongrois, Mongols, Ottomans, Russes et Occidentaux -, l'auteur fait justice d'une certaine historiographie présentant complaisamment les Roumains comme d'éternelles victimes innocentes.

Lire l'Histoire de la Roumanie, c'est donc suivre le destin sinueux de trois principautés hétérogènes - Valachie, Moldavie, Transylvanie - vers l'unité nationale, phénomène récent et non enraciné dans un passé lointain, largement mythifié. Pays émergent, la Roumanie a encore à se débarrasser des pesanteurs d'une histoire mouvementée pour profiter de l'avenir que lui réserve son appartenance à l'Europe des Vingt-Sept.

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