Au grand mroir
Ed. Gallimard/L'un et l'autre
Date de publication : 01/05/2005
Dans l'oeuvre de Baudelaire, le recueil de notes et de fragments intitulé Pauvre Belgique n'est qu'une litanie d'injures et d'éructations à l'égard des Belges et de Bruxelles. Baudelaire s'est cependant obstiné à rester dans ce pays qu'il exécrait malgré l'échec de sa recherche d'un nouvel éditeur. L'auteur a enquêté sur place et étudié la correspondance du poète pour comprendre sa décision.
Son nouveau gîte bruxellois ne doit pas être beaucoup plus spacieux que sa chambre de l'hôtel de Dieppe, mais il offre encore cet avantage précieux d'être autre, ailleurs, différent. Et puis la Grand'Place n'est pas loin avec sa flèche ajourée, ses dorures, ses frontons en escalier, ses cavaliers sur les toitures et son style joujou, et les bruissantes galeries Saint-Hubert à deux pas. La ville, pour ce qu'il en a aperçu au cours de ses premières explorations, tiendrait plutôt de la grosse bourgade que d'une vraie capitale, la Senne puante qui court encore, ces années-là, à ciel ouvert, n'est pas la Seine, on l'a dit et il le répétera, mais il tâchera de s'y faire, comme à l'odeur des draps. Baudelaire n'est d'ailleurs pas venu ici pour flâner, de nombreuses tâches l'attendent et il s'y attelle sans tarder. Quoi faire d'autre, d'ailleurs, sinon s'occuper à occuper ses journées, et tenter de justifier ainsi ce qu'il faut bien appeler sa fuite? G.O.