En 1943, dans une clinique en Allemagne, une jeune femme, sous le poids des malédictions en chaîne et du manque d'amour, se déclare morte. Elle dit s'appeler Blandine.
Vivante, elle s'appelait Esther. C'est aux Etats-Unis qu'elle se trouvait, avec sa famille exilée après la défaite allemande de 1918. Puis ce fut le retour en Allemagne, le nazisme, les déchirements familiaux.
Destruction et tragique reconstruction d'une femme dans une quête hallucinatoire - à travers des signes, des traces, une nature hirsute et des fantômes bien réels - d'une vérité qu'il ne faut pas dire.
«La rumeur, portée par l'énigmatique mistral, le disait speaker, aruspice, horticulteur et même plénipotentiaire, un orchestre allemand aurait interprété en 1944 une messe nuptiale de sa composition, son père biarrot aurait connu Mata Hari et Bolo-Pacha, lui-même aurait été l'ami de Jean Cocteau et l'élève d'Alfred Cortot, il aurait fait jouer à la télévision Emmanuelle Riva et Delphine Seyrig, mais, dans tout cela, qu'y avait-il de vrai ?»
Dix ans après la mort de l'énigmatique François-Régis Bastide - auteur de La fantaisie du voyageur, fondateur du Masque et la plume, ambassadeur de France à Copenhague et à Vienne -, Jérôme Garcin fait le portrait de cet écrivain-musicien qui a tant compté pour lui, et que l'époque a oublié.
Commencé et terminé dans la maison d'été de François-Régis Bastide, à La Garde-Freinet (Var), Son excellence, monsieur mon ami n'obéit qu'à une émotion, celle du souvenir.
Médecin des hôpitaux, pionnier de l'humanitaire « sans frontières », écrivain, prix Goncourt 2001, aujourd'hui ambassadeur de France au Sénégal, Jean-Christophe Rufin mène sa vie au grand galop. Selon une image tirée d'un poème de Senghor, il semble aller comme un cheval qu'un léopard aurait saisi au garrot.
Pourtant, sous l'apparente diversité de cette existence, on distingue une unité profonde, née de la fidélité à une seule passion : la médecine, vécue comme un engagement total dans une discipline moins scientifique qu'humaniste.
Voyage dans une vie, ce récit, en tirant sur ce fil qu'est la médecine, fait défiler sous nos yeux trente ans de notre histoire, d'un point à l'autre de la planète.
De nouveau, l'auteur de Rouge Brésil et de L'Abyssin offre au lecteur une belle aventure. Mais, cette fois-ci, c'est la sienne.
Un Journal n'est pas ce qui s'appelle un journal intime. C'est le cahier impersonnel et singulier d'un poète qui fait des confidences générales. Dans la difficulté, comme un Merlin après le départ de Viviane, il trouve une continuité, une suite musicale de pensées.
Sous la cloche de verre, ou prison d'air enchantée, il regarde intensément le monde et ses rudesses ambiguës, ses oeuvres. Il écrit des lettres ouvertes. Et le journal se change en lieu de rendez-vous. C'est une bande de liberté peuplée de gens aimés et de passants considérables. On y voit Joubert, Cyrano, Thoreau, Arendt, Benjamin, Maurice Leenhardt, Etty Hillesum et Lucile Desmoulin, Tchekhov, Akhmatova, Tristan, Haydn ou Bergman, Dreyer, Ninon de Lenclos et Renoir... D'autres aussi, Turner, John Ford, Matisse, Lipavski sortent de chez eux. Ils sont les noms de rêves éveillés, de gestes purs qui délivrent des leçons ou quasi-sermons. Le Journal se fait table d'hôte publique pour changer les dispositions d'un monde. Bien des thèmes y sont évoqués : lumière, sommeil, attente, oubli, génie, coeur parlant, silence, politique, amour et travail, sincérité, mièvrerie, démasque... Et la prose est gagnée par le rythme de la force de contacter, qui s'appelle poésie.
Gabriel a bien tenté de croire au bonheur. Subjugué par Laura, il s'est arrimé à son rire et s'est employé à vivre au présent. Mais du jour où elle lui a annoncé qu'elle attendait un enfant de lui, il a pris la fuite, sans un mot...
Quand, après des mois d'errance dans Londres, il échoue par hasard dans une synagogue, les chants des hommes l'apaisent, et libèrent enfin sa parole. Il se lance alors dans l'écriture de cette longue confession, où le silence et la culpabilité dansent un vertigineux pas de deux.
De lui, de son enfance solitaire, de sa soeur aînée fauchée par un chauffard ivre, de ses parents murés dans leur deuil, de leur refus de rien lui révéler sur leur passé, il n'a jamais pu parler, ni à Laura, ni à son ami Léo. Jamais il n'a pu exprimer la vérité de ses sentiments. Et, si des mots il a fait son métier, c'est pour traduire ceux des autres, barricadé derrière une montagne de dictionnaires.
Quand, à la faveur d'une rencontre des traducteurs de Thomas Mann en Hongrie, une clef de son passé lui est révélée dans un cimetière de Budapest, ses souvenirs se bousculent : les phrases murmurées par ses parents dans une langue étrangère, la saveur de la cuisine magyare, la fascination pour la littérature de la Mitteleuropa qu'avait su éveiller en lui le vieux libraire du pays champenois où il a grandi...
Évoquant le désarroi existentiel et sentimental de cet homme fragile livré à lui-même, Jean Mattern écrit avec des accents justes et mesurés un lumineux roman des origines.
Le capitaine Belalcazar, archéologue à la retraite et vague descendant d'un conquistador espagnol, met les voiles une nouvelle fois vers la jungle du Pérou pour trouver l'or de la mystérieuse cité inca de Païtiti. Un beau bateau, une belle équipe, un itinéraire rigoureusement planifié : cette tentative sera la bonne. Sauf que rien ne se passe comme prévu. Les obstacles se multiplient. On n'a pas fini d'être surpris. Et l'auteur semble y prendre un malin plaisir.
Syngué sabour [s(...)ge sabur] n.f. (du perse syngue « pierre », et sabour « patiente »). Pierre de patience. Dans la mythologie perse, il s'agit d'une pierre magique que l'on pose devant soi pour déverser sur elle ses malheurs, ses souffrances, ses douleurs, ses misères... On lui confie tout ce que l'on n'ose pas révéler aux autres... El la pierre écoute, absorbe comme une éponge tous les mots, tous les secrets jusqu'à ce qu'un beau jour elle éclate... Et ce jour-là on est délivré.
Obsédée par les fêlures de son amante, une femme se perd dans de singulières joutes passionnelles sur fond d'océan... Comment endurer les cinglantes lignes de fuite de Chloé, amazone à la troublante armure ? Comment déchiffrer les langues intimes de son journal, vertigineuse tour de Babel intérieure dans laquelle cette dernière s'est enfermée à double tour ? Comment surtout découvrir le code secret à même de pénétrer les mystérieux écrits d'Ossip, son grand-oncle survivant des camps qui vient de se jeter dans la mer ? Au fil des jours se précise un tragique roman familial : la disparition des siens durant l'orgie de sang de la Seconde Guerre mondiale, l'interminable silence du dieu des Étoiles jaunes...
D'une écriture visionnaire, Véronique Bergen conjugue les mille énigmes d'une passion à une hallucinatoire traversée des pulsions barbares du XXe siècle. Creusant les méandres d'un inépuisable panthéisme amoureux, elle nous happe dans la flamboyante folie de la guerre.
Nous aurions tous aimé faire le voyage de Gaspard. Embarquer sur un navire en partance pour un monde enchanté, par la bonté. Chevaucher le temps, découvrir un univers fabuleux dont la réalité entre en résonnance avec nos destinées.
Ce roman foisonnant à la logique vertigineuse éclaire notre vie. À l'instar d'un Swift ou d'un Borges, Eric Pauwels use des ressorts du fantastique, des mythes et des légendes du monde, pour toucher à la sagesse universelle. Condensé d'aventures folles et de savoirs ancestraux, Le Voyage de Gaspard est un roman de l'imaginaire, de la connaissance et de l'ouverture à l'autre.
Barnabé le colporteur de trous, Lionel Kafiu le chercheur d'histoires, ou le pirate Bartholomé Longue-vie croisent la route de Gaspard et de son chien Put dans ce périple aux rebondissements sans fin. Ils font partie d'une foule de personnages qu'on n'oublie pas, des mille visages de cette fresque romanesque qui, ensemble, font de la diversité la plus grande des richesses.
Gaspard est un héros de notre temps et une incarnation de nos rêves.
Paul Stern - toulousain, la cinquantaine - hésite. Entre une épouse (Anna) qui s'enfonce dans une profonde dépression et s'éloigne de lui chaque jour davantage et un père (Alexandre) dont le remariage scandaleux lui révèle soudain la vraie nature, il est tenté de tout abandonner. La proposition d'un studio de cinéma tombe à pic : quoi de plus providentiel qu'une année à Hollywood pour réécrire le scénario d'un film français afin d'en tirer un remake ?
Embauché par la Paramount, Paul découvre un univers entièrement factice qui le renvoie à ses propres contradictions. Jusqu'au moment où, dans un couloir des studios, il rencontre Selma Chantz. Et sa vie bascule. Car Selma est le sosie parfait d'Anna, avec trente ans de moins...
Après un détour par le comique (Vous plaisantez, monsieur Tanner) et l'inquiétante étrangeté (Hommes entre eux), Jean-Paul Dubois a écrit un grand roman sur l'illusion dont chacun de nous est la proie, tout en jetant sur son époque un regard lucide. On y retrouve le souffle romanesque d'Une vie française, et le charme de ses héros, éternels adolescents écartelés entre leur amour de la vie et leur sens aigu de la culpabilité.