Jean-Jacques Rousseau : l'au-delà du politique

Jean-Jacques Rousseau : l'au-delà du politique
Destain Christian
Ed. Ousia
Date de publication : 01/04/2005

De la solitude des origines humaines à la solitude autobiographique

Une bonne partie de l'oeuvre de Jean-Jacques Rousseau est consacrée à une tentatice de construction théorique d'une société regénérée par un politique nouveau. La constatation faite par le Genevoix de la corruption de ses contemporains, dûe à un mauvais usage du savoir et à l'inégalité criante des conditions, fruit de l'histoire malheureuse de l'humanité, va le pousser à repenser le politique. A partir d'une anthropologie philosophique radicalement anhistorique, il va développer les notions d'ordre et d'harmonie, qu'il trouve chez Leibniz et qu'il va adapter à son propos. Sa philosophie politique repose sur quelques principes apparemment simples : le contrat social, la volonté générale et l'unanimisme qui est son idéal, la figure du législateur, véritable organisateur de la cité et la religion civile tournée vers la réalisation des devoirs du citoyen. Cette religion civile trouve ses fondements théologiques dans la religion naturelle dont Rousseau établit la légitimité dans la Profession de foi du vicaire savoyard. Ces principes, par leurs côtés révolutionnaires, sont peu faits pour rassurer les monarchies, les pouvoirs en place et les Eglises. Rousseau s'attire les foudres des politiques et des différents clergés, qui ont compris le danger des théories de l'auteur de l'Emile. S'ensuit une série impressionnante de condamnations, d'objections et de mises au point. Les deux plus importantes attaques contre Rousseau seront celles de l'archevêque de Paris, Christophe de Beaumont et celle du procureur général de Genève, Jean-Robert Tronchin. A Christophe de Beaumont, il répondra en mettant à mal tant la théorie de la monarchie absolue de droit divin que le coeur même du christianisme : la notion de péché originel. Face à Jean-Robert Tronchin, dans les Lettres écrites de la Montagne, il montre que tout projet politique, aussi généreux soiil, finit toujours par sombrr dans le despotisme. Commence alors pour Rousseau la dernière période de sa vie, période de fuite et d'exil. Son projet politique, il s'en rend compte, est irréalisable. Cette idée, dans laquelle il avait mis tous ses espoirs, celle de la reprise de la notion d'harmonie et son passage de la sphère théologique à la sphère politique, est impossible à réaliser. Il restera désormais à Rousseau à trouver un bonheur paradoxal dans la solitude, une solitude dans laquelle il redécouvre la nature et Dieux, une solitude qui lui permet enfin, sur le plan individuel, de vivre en harmonie avec lui-même et la nature dans laquelle se montre la beauté du Créateur. C'est le but des écrits autobiographiques d'exposer cette unique possibilité du bonheur et de présenter au monde la figure du juste pourchassé, solitaire, mais heureux et la conscience en paix. Le trajet de Rousseau est donc celui d'un espoir politique qui s'abîme dans la désillusion mais aussi le trajet d'un homme qui, pour finir, trouvera une paix assumée dans la solitude et la certitude d'une harmonie basée sur la bonté de Dieu.
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