A vif. La création et les signes

A vif. La création et les signes
Ossola Carlo
Ed. Imprimerie nationale
Date de publication : 01/03/2013

Chaque fois que nous « donnons forme » à quelque chose, cette représentation nous figure, par signes, l’objet évoqué, mais nous confirme également qu’il ne s’agit que d’un simulacre. D’où le besoin, à chaque époque, de créer du vivant pour pallier cette déception : tel est le sens du mythe de Pygmalion. Ce livre s’organise donc autour de deux pôles : d’un côté la nécessité de figurer, et de figurer l’acte même de la perception (voir le chapitre « Un oeil immense artificiel ») ; de l’autre, l’impératif de dépasser le signe. Il s’agit d’un défi radical, qui concerne l’avenir même des arts. C’est la raison de ce titre, À vif, qui témoigne d’un « coup d’oeil » : un regard et une incision pratiquée à vif dans l’objet, un désir de définitif qui ne caresse plus la forme, mais qui pénètre, met à nu, éviscère dans les paroles et dans les actes. Dedans et derrière l’oeil, comme dans l’un des plus impassibles traités d’anatomie du Cinquecento.
Aujourd’hui, est-il encore vif notre oeil qui cherche le vivant ? N’est-il pas lui-même défiguré par l’informe qui s’est logé en nous ? Où est la pupilla viva qui illumine le Paradis et qui, de Dante à Baudelaire, a animé, de longs siècles durant, tant de quête mentale ? Il faut remonter à ces origines, parcourir les espaces séculaires et sidéraux dans lesquels le cosmos était ordre, beauté, compréhension ; où, justement, il était nécessaire de « captiver les yeux pour avoir l’âme ».
Cet essai se voudrait une parabole déployée au fil de l’ardente soif humaine d’« exorbiter », de brûler la distance du point de vue, pour accéder, maintenant et à jamais, au vivant.

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