Dévoile
Ed. Arbre à paroles
Date de publication : 01/02/2011
Dévoile un je qui n’a de cesse qu’il ne naisse. Naisse non pas ici ou là, nu au hasard, aventureux, sans lien aucun avec le jeu de toute aînesse, mais dans ce lieu, ce nid, ce trou, qui en toi nie ce qui se noue et de la vie déjoue l’ivresse. Dévoile un je qui n’a de hâte qu’il ne happe au gré des vents tout ce qu’il hante de sa voix. Tout ce qu’il presse de sa langue en lui repue. Tout ce qu’il hante de l’oubli tant il lui manque. Tant se dérobe sous son pas ce lieu qui tangue sans milieu. Ce lieu qu’il ronge à s’égarer sans appétit. Ce lieu qu’il dresse à s’épuiser le temps qu’il tue à y puiser de quoi passer. Ce lieu sa gangue de passage. Ce lieu passager d’utopie. Ce lieu confît de cécité. Ce lieu sans nom. Ce lieu non dit. Ce lieu message et messager de tout mensonge. Ce lieu d’un songe qu’il ne fait que dans la rage. Ce lieu dont il – ce je divis – détruit le corps mais non l’idée. Et d’où chaque heure ou chaque nuit, dans un sommeil dont il ne suit sans s’apeurer tous les transports, il tente en vain de s’arracher, de se soustraire et retrancher, comme d’un tout ou d’une somme on ôte un lien surnuméraire, afin d’enfin prendre son vol, affirmer son essor, développer son poids dans la nue qu’il médite au plus loin de lui-même, écho coupé de sa redite…
Extrait