Parmi les nombreux peuples soumis par Rome, seuls les Judéens ou Juifs nous ont laissé un témoignage cohérent et continu sur leur vision de la puissance impériale du temps. En s'appuyant sur les textes en hébreu, grec ou araméen du IIe siècle avant J.-C. à la fin de l'empire païen au IVe siècle, Mireille Hadas-Lebel reconstitue l'évolution des relations entre Rome et la Judée : de l'alliance à la tension puis à la révolte et enfin à la résignation, sans que le peuple juif ait jamais perdu l'espoir de la rédemption.
Dans ce magistral essai sur la genèse du pouvoir politique, Karl Ferdinand Werner étudie l'instauration d'une société hiérarchique dont la fonction était de gouverner et protéger les hommes tout en servant Dieu et l'empereur. Cette «noblesse» est à l'origine de l'État chrétien des IVe-XIe siècles.
De Constantin le Grand, qui fit entrer à son service des hauts fonctionnaires, organisés selon le modèle de l'armée romaine, à l'ère de la chevalerie et de la civilisation courtoise, durant laquelle les grands vassaux prennent la tête de principautés territoriales, cet ouvrage met en lumière les fondements de l'Europe chrétienne, nous invitant à revoir une vision trop étroite de notre histoire pour prendre la mesure de tout ce que notre civilisation doit au modèle aristocratique.
«J'ai hésité longtemps sur le titre de ces Mémoires. Je ne savais pas s'il fallait les intituler La Dernière Offensive de Batista ou Comment 300 hommes en mirent 10 000 en déroute. Ce sera finalement Les Chemins de la victoire.
J'y inclus le récit des premières années de ma vie sans lequel on ne comprendrait pas le sens de ce livre. J'y explique ce qui m'a mené à la révolution et à la lutte armée dans les montagnes de la Sierra Maestra. Je ne suis pas né avec les réalités du monde, mais je les ai vite saisies...
Nombre d'historiens se sont penchés sur ce qui s'est passé dans la Sierra et sur le sort des guérilleros qui s'y étaient retranchés. Il me semble néanmoins que seul le meneur et chef de cette force de combattants novices peut relater les événements de façon vivante et précise. Soixante-quatorze jours de combat au cours desquels nous, les révolutionnaires, parvînmes à déjouer les plans des forces armées soutenues et équipées par les États-Unis, et fîmes que l'impossible devint possible. C'est aussi le meilleur moyen de rendre hommage à ceux qui sont tombés durant cette épopée.
À cette étape de ma vie, me voilà en mesure d'offrir mon témoignage. J'ai l'espoir qu'il aura une valeur pour les générations futures.»
«La dictature a lancé contre nous une véritable marée humaine. Mais l'Armée rebelle n'abandonnera jamais ses positions dans la Sierra Maestra. La mort ou la victoire, c'est l'unique alternative que nous acceptons.»
Pendant soixante-quatorze jours, le Commandant Fidel Castro, inlassablement, répartit ses effectifs en fonction de ce qu'il sait des déplacements adverses. Il envoie le Che ici, son frère Raúl ailleurs, un autre plus loin, au cas où... Un stratège hors pair et un communicant habile, qui galvanise la population sur Radio Rebelle.
Soixante-quatorze jours de courage et d'obstination, de discipline dans la fraternité, de compagnons tombés sous vos yeux, qu'on pleure discrètement, comme les autres, peut-être, vous pleureront demain. Pas de grandiloquence, pas de mots inutiles, juste l'humble détermination des défenseurs ardents des grandes causes de l'Histoire.
Pour le général de Gaulle, l'URSS, qu'il n'a cessé d'appeler la Russie, est essentielle pour des questions tout autant stratégiques que civilisationnelles.
La vingtaine de contributions françaises et russes ici rassemblées étudient les conceptions du général de Gaulle quant a l'URSS, les rapports de la Russie de Staline avec la France libre, les relations des deux États durant les crises des années soixante et, enfin, les différents aspects de la coopération durant la période de détente, notamment en matière économique, technique et scientifique.
Par la diversité des apports et la qualité des perspectives tracées en conclusion par Hélène Carrère d'Encausse, ce volume, sous la direction de Maurice Vaïsse, est d'un grand intérêt aujourd'hui pour cerner les facettes de la relation franco-russe à travers les vicissitudes du XXe siècle.
Les Guises, qui régnèrent longtemps en maîtres sur les affaires politiques de la France, connurent une ascension foudroyante sous le règne d'Henri II et devinrent tout-puissants sous celui de François II. Ils se rendirent célèbres en se faisant les champions de la cause catholique et en déclenchant la première guerre de Religion.
Leur illustre maison était originaire de Lorraine et se déclarait issue de Charlemagne. Le plus célèbre de ses princes, Henri le Balafré, paya de sa personne ses prétentions à la couronne : il mourut assassiné à Blois sur ordre d'Henri III. L'aventure des Guises ne s'acheva pas sur ce fameux épisode ni sur l'avènement de leur nièce et cousine Marie Stuart au trône d'Écosse puis de France.
Elle se poursuivit avec ceux que leurs contemporains nommèrent « les petits Guises » : Charles, amiral du Levant, héros du siège de La Rochelle ; Henri II, impliqué dans plusieurs complots contre Mazarin, proclamé roi de Naples ; Marie, mécène du compositeur Marc-Antoine Charpentier.
Autour du rameau principal, gravitèrent encore d'innombrables rejetons : les cardinaux Jean et Charles de Lorraine, fins esthètes, qui jouèrent un rôle considérable dans la lutte impitoyable contre les protestants.
Henri Pigaillem retrace avec brio la saga de cette dynastie princière, avide de pouvoir et d'honneurs.
Talleyrand : la personnalité controversée par excellence, parce que l'une des rares à avoir conservé une existence véritable dans l'ombre de Napoléon. «Le plus impénétrable et le plus indéchiffrable des hommes», dit de lui Mme de Staël, à laquelle il doit les débuts de sa carrière de ministre sous le Directoire. Un visage impassible : «Jamais visage ne fut moins baromètre», précise Stendhal.
Au Congrès de Vienne, il retrouve Metternich. Talleyrand et Metternich : deux jumeaux en diplomatie. Les deux modèles du diplomate accompli. Les deux experts - ou les deux acteurs - qui donnent à la diplomatie sa patine classique. Talleyrand et Metternich se connaissent depuis huit années, pendant lesquelles ils ont pu dialoguer et se rapprocher. Sans se départir d'une grande prudence : «Des hommes tels que M. de Talleyrand sont comme des instruments tranchants avec lesquels il est dangereux de jouer.»
Le 30 septembre 1814, c'est le coup d'éclat de Talleyrand, son coup de poing sur la table des négociateurs au Rennweg, devant Metternich et les représentants des quatre Grands, surpris et effarés. À Vienne, Talleyrand a voulu s'ériger en «tribun de la plèbe internationale», en porte-parole des petites puissances, non admises dans le cercle des «Grands». N'a-t-il pas ainsi inventé la «diplomatie à la française» ?
Au XIXe siècle, Hedwige Lubomirska, princesse romantique prompte à s'enflammer pour la Pologne disparue et martyre, connut l'exil et, à travers l'Europe, une vie très cosmopolite.
Devenue en 1836 l'épouse du prince belge Eugène de Ligne, elle fut à ses côtés, notamment à Paris, dans le faste ou plongée dans les affres des révolutions, une merveilleuse ambassadrice, tout en demeurant une mère attentive.
Au château de Beloeil comme à Bruxelles, dans le prestigieux hôtel de Ligne (siège actuel du Parlement de la Communauté française de Belgique), elle anima réceptions et salon de grand renom.
D'une plume alerte et sensible, Madeleine Lassère nous offre. sous la forme d'un « journal réinventé mais vrai », un récit passionnant et documenté mêlant la vie d'une femme aux vicissitudes de l'Histoire. »
«J'ai toujours voulu être journaliste politique et tous les lieux d'expression m'ont attiré : radio, télévision, presse écrite. La chance d'avoir pu collaborer largement à tous ces médias m'a permis de rencontrer en un demi-siècle tout ce que la France compte de personnages politiques mais aussi intellectuels, syndicaux ou religieux. Parmi eux, j'en ai privilégié une cinquantaine en me fondant sur deux critères : une connaissance directe et personnelle suffisante pour pouvoir me faire une opinion précise, et l'intérêt spécifique qu'ils me semblaient présenter pour les lecteurs. Autant dire que ma sélection est subjective et ne cherche en aucun cas à être exhaustive. J'ai laissé de côté des personnalités à propos desquelles j'avais le sentiment de ne rien apporter de neuf. J'en ai choisi quelques-unes, moins connues, mais qui me sont apparues justement dignes de l'être davantage. Les principaux personnages de ces cinquante dernières années figurent cependant pratiquement tous dans cette galerie de portraits. En tout cas, je les ai dépeints avec sincérité, sans mesquinerie je l'espère, mais aussi sans complaisance : tels que je les ai vus et connus.» Alain Duhamel
Henry Kissinger raconte deux mille ans d'histoire de la Chine, qu'il connaît intimement. Quelle vision du monde et de l'Occident ont les Chinois ? Comment envisager nos relations avec ce géant du siècle à venir ?
L'ancien secrétaire d'État fait d'abord oeuvre d'historien. Il explique sur quels fondements s'est bâti l'Empire du Milieu : nul autre pays ne peut se vanter d'avoir connu une civilisation ininterrompue aussi longue, ni d'entretenir un lien aussi intime avec ses principes classiques de stratégie et d'art politique.
C'est ensuite une histoire dont il a été un acteur essentiel que Kissinger retrace : celle des relations houleuses entre les États-Unis et la Chine, de la guerre de Corée au voyage de Richard Nixon à Pékin en 1972, jusqu'aux conséquences internationales des événements de la place Tiananmen en 1989.
Nourri d'anecdotes de première main et d'archives inédites, cet ouvrage magistral invite le lecteur dans les coulisses de la vie diplomatique du dernier demi-siècle et donne à comprendre les enjeux de demain.
Pieuvre géante, Golem envahissant, fantasme collectif et nouvelle grande peur des bien-pensants, l'extrémisme sculpte l'actualité. Mais qui sont les extrémistes ? Les mécontents, les ennemis du système, les contestataires, les destructeurs, les nihilistes, les terroristes, les rebelles ? Extrémistes, les militants du Front national, les néo-royalistes, les catholiques intégristes ? Extrémistes, les trotskystes, les maoïstes, les nostalgiques de Staline, les nationaux-communistes ? Toujours invoqué mais rarement défini, l'extrémisme serait-il la nouvelle hydre de Lerne des sciences politiques ?
En répondant à ces questions, et à beaucoup d'autres, Christophe Bourseiller décrypte un phénomène politique majeur. Il montre que les extrémistes se distinguent par leur incapacité à tolérer l'ambiguïté et l'incertitude. Fascinés par la violence, allergiques au présent, ils militent pour un changement radical de société et perçoivent leurs adversaires comme intrinsèquement maléfiques. Et, par-delà les programmes, les manifestes, les excommunications, en appellent à l'avènement d'authentiques contre-cultures.