La mort de l’Adversaire a été écrit en deux temps : commencée avant la seconde guerre mondiale, l’oeuvre n’a été qu’achevée qu’après 1945 et publiée en 1959. Elle décrit sur le mode parfaitement métaphorique la montée d’Hitler et la souffrance d’un enfant juif devant la haine dont il est l’objet, les souffrances de ses proches, la trahison des êtres aimés (son meilleur ami s’engage dans un mouvement qui ressemble fort aux jeunesses hitlériennes, le frère de la jeune femme dont il est épris profane un cimetière juif).La particularité, et la force, de ce récit c’est précisément de ne faire aucune allusion directe aux événements historiques : fuyant le réalisme afin d’offrir à son récit une portée universelle, Hans Keilson n’emploie jamais les mots « nazi » ou « juif ». Hitler est le mystérieux Monsieur B. Le ton du roman est quasi détaché, sans affect. Le narrateur décrit la puissante ascension d’Hitler en tentant de comprendre, à travers les yeux de l’enfant puis du jeune homme, la mystérieuse fascination qu’exerce le bourreau charismatique sur les foules.
Décembre 1971. La guerre de libération du Bangladesh vient de prendre fin.
A présent que le pays est indépendant, mille défis restent à relever, que Sohail Haque et sa soeur Maya, vont aborder de manières diamétralement opposées. Médecin engagé, Maya aide résolument les femmes à conquérir leur liberté. Quant à Sohail, extrêmement affecté par les traumatismes de la guerre, il s'enferme peu à peu dans la religion, un islam intolérant et sectaire qui l'éloigne de ses anciens amis d'université, de sa soeur et même de son propre fils.
Très perturbée par la métamorphose de son frère, auquel elle est profondément attachée, Maya quitte la maison de son enfance. A son retour, dix ans plus tard, le fossé s'est encore creusé. Lorsque Sohail décide d'envoyer son fils dans une madrasa, Maya se sent contrainte d'agir, quitte à provoquer le déclenchement, longtemps retardé, d'une inéluctable tragédie.
Histoire d'une famille et d'un pays guetté par le fondamentalisme à l'ombre persistante d'une guerre dont les blessures peinent à se refermer, Un bon musulman est une plongée aussi inédite que bouleversante au coeur même de l'intégrisme tel qu'il se vit, s'exprime ou se combat au quotidien, chez des hommes et des femmes de chair et de sang dont il confisque douloureusement le destin.
« J'ai peur, si j'oublie le turc, que tout ce que j'ai vécu s'évanouisse en silence. »
Quand on a contemplé les lumières du Bosphore, il est difficile de s'accoutumer à vivre en Occident. Pourtant, Rosella Galante, juive allemande née à Berlin et qui a trouvé refuge pendant la guerre à Istanbul, vit depuis soixante ans à Genève. Là, elle y rencontre la jeune Pelin, étudiante contrainte elle aussi de quitter la Turquie.
Les Averses d'automne de Tuna Kiremitçi, c'est le récit d'une improbable amitié entre deux femmes que tout sépare, sauf la langue : le turc.
C'est aussi, semaines après semaines, une conversation intime et facétieuse, qui, entre l'Europe et l'Asie, nous invite à découvrir deux destins, deux générations, deux regards sur le monde, la vie et l'amour.
Les Averses d'automne est le premier roman traduit en français de Tuna Kiremitçi, l'un des jeunes auteurs les plus prometteurs de la littérature turque.
'An intoxicating brew of keen-edged satire, social porphecy, linguistic exuberance and emotional wallop' David Mitchell
In a very near future a functionally illiterate America is about to collapse. But no one's told Lenny Abramov. He's still turning up to work at 'Post Human Services', attempting to provide immortality for its super-rich clientele. He's also wooing the impossibly cute Eunice Park - just graduated with a major in 'Images' and a minor in 'Assertiveness'. When riots break out in New York and Chinese creditors look ready to foreclose on the whole country, Lenny must convince his fickle new love that in a time without standards or stability, there is still value in being a real human being.
Wildly funny, lyrical and humane, written by a writer at the dazzling peak of his powers, Super Sad True Love Story is a deliciously dark elegy, and a tale of America's coming years.
'A terrific novel... a ribald comic romp through a dystopian near-future America, where the truly alarming aspects of life are esstially just slightly exaggerated aspects of ours, here, right now' Dazed & Confused
'As hilarious as it is alarming' London Review
Ulrich, un vieil homme bulgare, a raté sa vie : musicien d'abord, puis chimiste - ses deux passions -, il a vu ses espoirs écrasés lorsqu'il a dû rentrer dans son pays, son père étant ruiné et ne pouvant plus lui payer ses études. Soixante-dix ans plus tard, il vit toujours en Bulgarie, alors dans les décombres de l'ère post-communiste, dont Rana Dasgupta donne des descriptions cruelles et convaincantes.
Mais les « rêves éveillés » d'Ulrich, qui occupent toute la seconde partie du livre, vont le tirer de son marasme : le voici sauvé par le pouvoir de l'imaginaire, qui le transporte aux États-Unis. Ses visions et pérégrinations offrent alors un saisissant contrepoint au récit morne d'une vie frustrée. Est-ce pour autant un univers paradisiaque qu'il découvre ? Des péripéties extraordinaires, dignes des Mille et Une Nuits, ne voilent pas tout à fait l'autre face d'une réalité où tout nous parle d'une motivation unique : le succès, l'argent, la richesse.
Rana Dasgupta possède la capacité de donner vie à ses personnages et à ses situations : il en fait des évidences, si bien que le lecteur est prêt à le suivre. Sa langue est inventive, son imagination, débridée, son art de conter, magnifique : la lecture de ce livre est aussi séduisante qu'instructive.
Qu’elle évoque, dans Rois de la pelle, ces Irlandais venus à Londres creuser les canalisations ; qu’elle explore le trouble de la sexualité chez une vieille logeuse dans Pécheurs ; qu’elle suive la trace d’un activiste politique juste sorti de prison dans Fleur noire ; qu’elle nous fasse partager, dans Georgette verte, les rêves déçus d’une petite fille invitée avec sa mère dans la plus jolie maison du bourg ; ou qu’elle nous entraîne, avec Vieilles blessures, la dernière et la plus poignante des nouvelles de ce recueil, sur une île du Shannon dont le cimetière est l’enjeu d’une querelle familiale, Edna O’Brien – hormis avec Manhattan pot-pourri, haletante autopsie d’un coup de foudre – enracine son livre dans la terre d’Irlande.
Tous de passion, de beauté et de chagrin contenus, ces onze textes courts sont autant de joyaux où le lyrisme de l’écrivain distille une sourde émotion. Son attention aux moindres détails, sa sensibilité exacerbée aux hommes et à la nature illuminent d’une grâce singulière les fortes histoires qui font le destin souvent tragique de ses personnages.
Jorge Luis Borges se plaisait à dire qu'il laissait à d'autres le soin de se glorifier des livres qu'ils avaient écrits, car il préférait pour sa part tirer gloire des livres qu'il avait lus. Cette anecdote donne le ton d'Alphabets, ouvrage dans lequel Claudio Magris nous convie à un long voyage à travers des livres qui ont laissé en lui une durable empreinte. La littérature est à ses yeux une expérience de vie. Elle soutient ou attise l'intensité de notre existence et en dilate infiniment les confins. Il évoque dans Alphabets des livres qui nous forment, mais aussi des livres qui ont à la fois le pouvoir de nous blesser et d'apaiser la blessure. Des livres qui nous permettent de connaître et d'ordonner le monde, et d'autres qui en révèlent le chaos destructeur, l'enchantement et l'horreur. Des livres qui s'entrelacent à la vie, se confrontent à l'Histoire et nous marquent parfois de leur « signe absolu ». Des livres qui transcendent leur propre perfection esthétique pour dire la douleur non moins que la beauté, l'amour non moins que la tragédie ou l'abjection. Des livres traversés par des lueurs salvatrices et d'autres qui se penchent au bord du néant.
Au terme d'un vaste et passionnant périple qui nous emmène à la rencontre de nombreux écrivains et qui explore des thèmes aussi divers que la colère, le courage, la mélancolie ou la guerre, Alphabets se conclut par une réflexion lucide et nuancée sur les rapports entre littérature, éthique et politique. On découvre alors que, avec ce nouveau livre, le grand écrivain triestin a dessiné en filigrane une sorte d'autobiographie littéraire, comme dans le célèbre apologue borgésien où un artiste peint des paysages, des montagnes, des îles et s'aperçoit au soir de sa vie qu'il a en réalité composé son autoportrait.
Ceci n'est pas un manuel de traduction, mais un guide de voyage. Il n'y est pas question de méthode ni de techniques, mais des bananes qui ont poussé dans l'Évangile selon saint Matthieu, ou encore du poisson Babel, merveilleuse créature extraterrestre qu'il suffit de s'enfoncer dans l'oreille pour comprendre aussitôt toutes les langues de l'univers. Autrement dit, de ce que peut et de ce que fait la traduction dans tous les domaines où elle intervient, du jeu littéraire à la diplomatie en passant par le tourisme, la science-fiction ou le sous-titrage.
Qu'est-ce qu'une « belle infidèle » ? Pourquoi existe-t-il plusieurs traductions valables d'un même énoncé ? À quoi servaient les premiers dictionnaires ? Comment savoir si vous lisez une traduction ou un texte original ? Pourquoi l'adjectif « bleu » n'a-t-il pas d'équivalent en russe ? Par quel truchement nous est parvenu le mot « truchement » ? Y a-t-il de l'intraduisible ? Combien cette phrase compte-t-elle de mots ? En quoi le procès de Nuremberg a-t-il marqué une étape décisive dans l'histoire de l'interprétation ? Comment traduire le mot américain jazzercise en araméen ? L'hégémonie de la langue anglaise est-elle un danger pour la diversité linguistique ?
Telles sont, parmi bien d'autres, les questions que le lecteur se pose dans ce livre, guidé de plume de maître par David Bellos, lui-même traducteur chevronné et biographe reconnu. Un périple érudit et humoristique au merveilleux pays des mots, où l'on croise le comédien Chaplin et le philosophe Austin, Christophe Colomb et saint Jérôme, mais aussi Marot, Kafka, Perec ou Makine... Un livre malin et savoureux pour tous les amoureux de la langue et tous ceux qui aiment qu'on leur raconte des histoires.
Le héros vieillissant de ce roman, Keith Nearing, se remémore l'été de ses vingt ans, en 1970, quand eut lieu un mystérieux événement qui bouleversa sa vie sexuelle et donc son existence entière. Dans un château en Italie, piégé dans l'histoire de la « révolution sexuelle », il hésite entre trois femmes : sa petite amie Lily, Shéhérazade, l'objet de ses fantasmes, et la très troublante et très « virile » Gloria. Ce sont les obsessions de l'auteur qui, dans ce roman à idées, se font jour : l'identité masculine, l'impossible rapport entre les sexes, la hantise de l'anéantissement, le malaise du corps.
Cette évocation de la libération des moeurs dans les années soixante-dix brille par l'intelligence provocante de sa vision. Excédant les limites du roman à thèse, Martin Amis demeure avant tout un immense styliste, à l'écriture vigoureuse, aux trouvailles fulgurantes, inimitables. Il est ici au mieux de sa forme, plus audacieux que jamais.
«La lecture apprend aussi, ce me semble, à écrire», pensait Madame de Sévigné.
Ce recueil de chroniques littéraires et de préfaces rédigées au cours de la dernière décennie nous mène d'Europe centrale aux Amériques, du Japon en Afrique australe. J.M. Coetzee met en évidence l'importance du contexte historique, politique et culturel dans lequel chaque écrivain qu'il nous présente a composé ses ouvrages et cerne les «mécanismes internes» de l'acte d'écriture. Par-delà une érudition éblouissante, un intérêt marqué pour la langue et le style, on retrouve dans ces textes les préoccupations humanistes et esthétiques de l'auteur. Sans jamais recourir au jargon de la critique moderne, Coetzee nous fait découvrir des aspects cachés de l'oeuvre d'auteurs célèbres - Walt Whitman, Samuel Beckett, William Faulkner, Günter Grass, Nadine Gordimer - ou redécouverts - Graham Greene, Hugo Claus, Sándor Márai, Joseph Roth.
Ce voyage lucide d'un observateur perspicace et sans complaisance dans la littérature moderne est aussi, pour le lecteur, une invitation irrésistible à revisiter l'univers romanesque de ces écrivains.