Archéologie du sujet III L'acte de penser. 1, La double révolution

Archéologie du sujet III L'acte de penser. 1, La double révolution
de Libera Alain
Ed. Vrin

Qu'appelle-t-on penser ? La pensée est-elle un acte ? Une action ? Pensée et conscience vont-elles de pair ? Toute pensée est-elle consciente ? Personnelle ? Subjective ? Immanente ? Le sujet de la pensée est-il psychique ou corporel ? Unique ou multiple ? Âme ou esprit ? Esprit ou corps ? Avec ce troisième tome commence, scandé par les interventions successives de l'Université (condamnations parisiennes de 1270 et 1277) et du Magistère (concile de Vienne, 1312, et de Latran V, 1513), la relation d'un débat de plus de cinq siècles sur l'aptitude de l'homme à revendiquer le statut de sujet-agent psychique. Tout gravitant autour d'Aristote et de Descartes, on monte vers ce dernier en historiens du Moyen Âge et descend vers lui en archéologues de la modernité - d'où l'image de l'escalier à double vis. La description heideggérienne du «moment» cartésien de l'invention de la subjectivité ne suffisant pas à décrire le passage à la modernité, dans la mesure où elle ne livre que l'histoire allemande, idéaliste, transcendantale, bref «kantienne» de l'invention du sujet, on s'attache à l'autre source de la modernité en psychologie et philosophie de l'esprit : empiriste, autrichienne (Brentano), mais aussi anglaise (Locke) et écossaise (Reid, Hamilton). L'Acte de penser comporte donc deux volumes. La Double révolution va d'Aristote à Reid, avec Averroès, Siger de Brabant, Thomas d'Aquin et Olivi. L'Empire du sujet revient au Moyen Âge à partir de la modernité.

Le fil perdu. Essais sur la fiction moderne

Le fil perdu. Essais sur la fiction moderne
Jacques Rancière
Ed. La Fabrique

«Il n'y a pas de livre là-dedans» disait en 1869 un critique de L'Éducation sentimentale. Les fictions emblématiques de la modernité littéraire détruisent ce qui faisait depuis Aristote le principe même de la fiction : l'enchaînement des actions selon la nécessité ou la vraisemblance. Or cette rationalité causale qui s'opposait à la simple succession des choses exprimait elle-même l'excellence de la forme de vie d'une catégorie privilégiée d'humains. En récusant cette structure de rationalité, la fiction nouvelle témoignait d'un bouleversement qui mettait à bas la hiérarchie des formes de vie. Mais elle récusait aussi un modèle de l'action et une image de la pensée. À travers Flaubert, Conrad, Virginia Woolf, Keats, Baudelaire et Büchner, ce livre étudie les formes et paradoxes de cette révolution de l'écriture qui est aussi une révolution dans la pensée et remet en cause certaines interprétations de la modernité littéraire, comme la réification lukacsienne, l'effet de réel de Barthes ou l'analyse benjaminienne du «poète lyrique à l'apogée du capitalisme»

Le marteau des sorcières. Malleus maleficarum

Le marteau des sorcières. Malleus maleficarum
Jacques Sprenger Henry Instorid
Ed. Jérôme Millon

Bréviaire des chasseurs de sorcières utilisé pendant deux siècles dans toute l'Europe, cet ouvrage de la fin du XVe siècle contient sans doute le texte de démonologie le plus connu. Il constitue une source de référence sur l'étude des questions de spiritualité médiévale, sur la vision du monde propre aux inquisiteurs et sur les fantasmes des sociétés médiévales.

Chroniques d'anthropologie politique

Chroniques d'anthropologie politique
Jacques Taminiaux
Ed. Hermann
Choix de textes consacrés aux avatars historiques et aux implications anthropologiques de l'antique distinction entre poièsis et praxis. De la nécessité de distinction pour la cité démocratique athénienne, à la volonté de Platon de faire prévaloir en politique la solidité de la poièsis, jusqu'à l'oubli de cette distinction par la philosophie politique moderne.

Judaisme et révolution - Pour une éthique hors la loi vol 2

Judaisme et révolution - Pour une éthique hors la loi vol 2
Segré Ivan
Ed. La Fabrique

ettant en regard les textes antiques de la Bible et du Talmud et les textes modernes de Spinoza, Marx ou Freud, le philosophe examine les relations homme-femme, dominant-dominé. L'étude démontre que les divisions sont transversales et relèvent de l'identité et non pas de la religion. Cette assertion permet ainsi de s'interroger sur les invariants de la pensée émancipatrice.

Un si fragile vernis d'humanité. Banalité du mal, banalité du bien

Un si fragile vernis d'humanité. Banalité du mal, banalité du bien<br />
Terestchenko Michel
Ed. Bourgois

On a pu croire ou espérer, un temps, que les monstruosités de la Seconde Guerre mondiale étaient derrière nous. Définitivement. Or partout, à nouveau, on massacre, on torture, on extermine. Comment comprendre cette facilité des hommes à entrer dans le mal ? La réponse à cette question devient chaque jour plus urgente.

Michel Terestchenko rouvre ici le débat. D'abord, en complétant la démonstration de Hannah Arendt : de même que ce ne sont pas seulement des monstres qui basculent dans l'horreur mais des hommes ordinaires, trop ordinaires, de même, montre-t-il, il n'est pas besoin d'être un saint pour accomplir le juste et secourir des victimes au risque de sa vie. Héros ou salaud ? C'est toujours une petite décision initiale, à peine perceptible, qui décide du côté dans lequel, une fois engagé, on se retrouvera in fine. Mais qu'est-ce qui explique cette décision ? C'est là où l'enquête de M. Terestchenko prend toute son ampleur. En procédant à une reconstitution critique du débat central de la philosophie morale depuis le XVIIe siècle, aujourd'hui relayé par la majorité des sociologues et des économistes, elle montre combien est stérile l'opposition entre tenants de la thèse de l'égoïsme psychologique et défenseurs de l'hypothèse d'un altruisme sacrificiel. Ce n'est pas par « intérêt » qu'on tue ou qu'on torture. Ni par pur altruisme qu'on se refuse à l'abjection.

Les travaux qui analysent les phénomènes de soumission à l'autorité, de conformisme de groupe ou de passivité face à des situations de détresse, invitent à comprendre tout autrement les conduites de destructivité. Tirant les conclusions philosophiques de recherches récentes entreprises en psychologie sociale et s'appuyant sur certains exemples historiques particulièrement éclairants - tel le cas de Franz Stangl, le commandant de Treblinka, ou, à l'opposé, les actions héroïques du pasteur André Trocmé et de sa femme Magda au Chambon-sur-Lignon -, l'auteur propose de penser les conduites humaines face au mal selon un nouveau paradigme : celui de l'absence ou de la présence à soi.
Présentation de l'éditeur

La production platonicienne. Thèmes et variations

La production platonicienne. Thèmes et variations<br />
Rosen Stanley
Ed. PUF/Chaire Etienne Gilson

Cet ouvrage reproduit les six conférences données par Stanley Rosen dans le cadre de la Chaire Étienne Gilson de l'Institut catholique de Paris en novembre 2003. La pertinence de la question de l'être, au regard de l'oeuvre d'Étienne Gilson, n'a guère besoin d'être soulignée. Il n'est pas davantage nécessaire de s'attarder sur l'extraordinaire influence exercée par l'interprétation de Platon donnée par Martin Heidegger sur la pensée des XXe et à présent XXIe siècles, particulièrement en ce qui concerne la France. Bien qu'il soit plus juste d'envisager Gilson en tant que philosophe aristotélicien qu'en tant que platonicien, il demeure que l'interprétation faite par Heidegger de Platon en particulier et de la philosophie grecque en général, s'oppose au courant dont Gilson était un représentant si distingué.

Les conférences ont été consacrées aux trois principaux aspects de l'approche heideggerienne de Platon : l'assimilation à l'aristotélisme ; la métaphysique de la production et le traitement platonicien de la « parousie » ou, plus précisément, de la présence et de l'absence, de la lumière et des ténèbres, de la découverte et de l'occultation. L'ensemble de ces conférences tire son titre général de la question de savoir si la structure de l'intelligible doit être découverte ou produite.
Présentation de l'éditeur

Deleuze épars. Approches et portraits

Deleuze épars. Approches et portraits<br />
Collectif
Ed. Gallimard/Blanche

Il y a dix ans, Gilles Deleuze est mort. Quelques ami(e)s se reprennent à parler de lui, et du chantier qu'est devenue, dans le monde entier, son oeuvre, avec une sobriété (Jean Pierre Faye) qui tolère l'émotion du souvenir (Jeannette Colombel, Roger-Pol Droit, Pascale Criton) et s'engage dans les chemins d'une érudition teintée d'humour (Philippe Choulet, Richard Zrehen, Charles J. Stivale, André Bernold) ou d'humeur polémique (Arnaud Villani), voire dans ceux du rêve (Raymond Bellour). Un ethno-musicologue (Jérôme Cler) explique comment Mille Plateaux l'ont fait devenir ce qu'il est. Jean-Claude Dumoncel nous fait les honneurs du nouveau jardin, deleuzien, de Raymond Roussel. Jean-Luc Nancy ouvre enfin la méditation conjointe de Deleuze avec Derrida, et René Schérer explore ce que peut être un mysticisme athée. Simon Hantaï envoie un Pli en triple état, Hélène Bamberger et Marie-Laure de Decker des photos inédites. Richard Pinhas nous montre un manuscrit qui lui fut confié. Timothy S. Murphy scelle le tout de sa minutieuse bibliographie.

Deleuze épars ? Non. Deleuze est tout entier rassemblé dans les multiplicités d'une intempestive audace. C'est nous qui sommes épars autour de lui.
Présentation de l'éditeur

Des hommes sur le fil. La construction de l'identité masculine dans les milieux précaires

Des hommes sur le fil. La construction de l'identité masculine dans les milieux précaires<br />
Jamoule Pascale
Ed. Imec

Comment quitter l'adolescence, devenir un homme et s'affirmer en tant que tel dans les cités et autres zones dénigrées, touchées de plein fouet par la désindustrialisation et son cortège d'insécurités sociales et mentales ? Cette enquête de terrain menée pendant trois ans dans des cités d'anciennes villes ouvrières s'intéresse aux figures masculines dans des milieux où la précarité s'étend. Elle montre comment les prises de risque et conduites «décalées» permettent aux jeunes gens de poser les bases de leur identité virile et de construire leur réputation sur un territoire. Mais aussi, plus avant dans leur vie d'hommes, de gagner leur vie dans les réseaux souterrains, de diversifier leurs relations et de répliquer à la honte de vivre dans des lieux stigmatisés.

Ces prises de risque s'apparentent à des conduites d'honneur et de distinction, et sont souvent le fruit d'une conjonction d'éléments : fragilisation du rapport au travail, question du logement social, évolution des relations familiales, culture des cités stigmatisées et tensions de genre exacerbées qu'elle produit...

À travers les multiples portraits de jeunes gens et d'hommes vivant dans des cités sociales ou dans la rue, Pascale Jamoulle montre combien la précarisation accentue les souffrances psychiques, familiales et sociales, et exacerbe les tensions familiales. Certains pères, disqualifiés par femme et enfants, perdent pied ; d'autres trouvent des appuis dans différents réseaux sociaux ; d'autres encore engagent des trajectoires de soins et tentent de reprendre leurs engagements affectifs, d'assumer leur fonction paternelle.

Cet ouvrage offre un éclairage sensible sur ces hommes touchés par la précarité, qui intéressera en particulier toutes les personnes amenées à intervenir auprès d'eux.
Présentation de l'éditeur

Balades politiques. Entretiens avec Jean-Christophe Marti

Balades politiques. Entretiens avec Jean-Christophe Marti<br />
Véronique Nahoum-Grappe & Jean-Christople Marti
Ed. Omnibus

Dans Balades politiques, Véronique Nahoum-Grappe invite le lecteur à la pratique de la balade comme mode privilégié de « résistance au présent ». C'est en effet au cours de ces moments qui s'inscrivent « dans le rien de la vie », que sont déjouées le plus vigoureusement nos prétentions à lire le monde, que sont malmenées nos certitudes et nos convictions. Ce temps de « l'accueil », parfaitement adapté à nos capacités cognitives, a une dimension politique: il ouvre à la possibilité de la nouveauté, du surgissement de l'événement. La balade, c'est l'absence de cause finale, c'est la « suspension du monde », et donc un outil pour penser ce qui est en train d'arriver.
Au cours de ces promenades parisiennes, Véronique Nahoum-Grappe nous propose aussi de pénétrer au c?ur de son univers, éclaté et pourtant cohérent: elle évoque le travail de description comme seule posture « honnête » face au présent, elle revient sur son expérience de la guerre en ex-Yougoslavie, elle explique comment l'approche anthropologique des violences extrêmes est nécessaire à leur définition juridique, elle exprime une vision singulière du féminisme et du féminin et éclaire les liens concrets entre politique et sexualités...
Présentation de l'éditeur

Newsletter