Au Moyen Âge, « métaphysique » cesse d’être le nom d’une série de livres d’Aristote, pour devenir celui de la science la plus haute, dont cet ouvrage explore les diverses formes. Science théologique, la métaphysique conserve d’abord une dimension d’exercice spirituel. Tournée vers la considération rationnelle de Dieu, elle rivalise avec le kalam musulman comme avec la théologie chrétienne.
Mais la genèse n’est rien sans une interrogation sur les structures : peut-on ramener le jaillissement infini des métaphysiques du Moyen Âge à une forme d’unité générale ? Ce livre souhaite d’abord faire droit à la « diversité rebelle » des métaphysiques médiévales. Il montre comment se croisent et se diffractent de multiples manières l’ontologie et la théologie. Il les regroupe donc autour de trois structures : entre la multiplicité infinie des positions historiques et l’unité abstraite d’une « essence de la métaphysique », il aperçoit une diversité médiatrice.
On y lit que le concept d’« onto-théologie » est trop vaste pour être pertinent, et en filigrane s’y dessinent quelques pistes pour renouveler la question de la métaphysique aujourd’hui.
La joie occulte le tragique de notre existence et nous insensibilise aux souffrances du monde. Les philosophes, dès lors, en font une passion sage une vertu. Sont-ils pour autant des êtres joyeux ? Les penseurs tristes, eux, nont rien de doctrinaires de la tristesse. Ils contemplent notre condition à travers les loupes de leurs larmes. Leur lucidité ne nous rend pas plus heureux. Comme elle s'exprime avec élégance, elle invite notre intelligence et notre sensibilité au plaisir de flirter entre elles. Elle nous rend le sourire. Nous sommes sous le charme. F.S.
Un autre monde est-il vraiment possible?
Il le faut car le monde actuel ne l'est plus.
Mais peut-on engager la transition vers une société
vivable? Avec qui et comment?
Les réponses, multiples, sont déjà sous nos yeux, issues
des mouvements de la société.
Pour leur donner corps et cohérence, Attac propose:
- une cible: l'hégémonie de la finance,
- un objectif qui est aussi un instrument: la prise de
pouvoir des citoyens sur leur vie,
- une méthode: la construction de convergences entre
mouvements sociaux, du local au global.
Pour permettre aux citoyens de faire de la politique
autrement, sans carrières ni rivalités, au seul service du
bien commun.
Même si la route est longue, elle peut être tracée. C'est
du moins ce que veut montrer ce petit manuel à l'inten-
tion de tous ceux, aujourd'hui nombreux, qui se de-
mandent si l'espoir est encore permis.
Amitié, Arendt, Atome, Balzac, Beckenbauer, Cézanne, Christianisme, Communisme, Consommation, Critique de la raison pure, Descartes, Économie, Enfant, Enseignement, Éthique, Europe, Féminité, Génétique, Geste, Habiter, Humour, Japon, Joie, Keats, Langue française, Mai 1968, Mathématique, Mort de Dieu, Ordinateur, Parménide, Parti nazi, Pensée juive, Poésie, Pudeur, Racisme, Rhin, Sécurité, Sexualité, Shoah, Socrate, Stravinsky, Technique, Théologie, Tolstoï, Traduction, Utilité, Zvétaieva...
Un dictionnaire de plus de 600 entrées
« Les concepts, il nous faut chaque jour les penser à neuf. »
Conversation avec Régis Meyran
Sommes-nous entrés dans une phase de populisme, comparable aux années 1930, susceptible de mettre en péril la démocratie? Dans cet entretien avec Regis Meyran, Raphaël Liogier décortique les ingrédients originaux du populisme actuel, nourri par le sentiment de frustration collective qui contamine une Europe, France en tête, définitivement déchue de sa prééminence mondiale. Le populiste s'exprime au nom du peuple tout entier pour le sauver de la chute annoncée, échappant ainsi au clivage droite/gauche, mêlant dans son discours des slogans conservateurs et progressistes. Agitant la traditionnelle menace de l'ennemi intérieur - hier le juif surpuissant, aujourd'hui le musulman envahissant - ce nouveau populisme ne se cristallise plus sur des idéologies mais fluctue au gré des sondages. Il s'appuie sur la notion vague d'une culture « occidentale » à défendre pour infuser l'ensemble de la classe politique et ronger progressivement l'État de droit. C'est ce populisme « liquide », caractéristique de notre époque, que décrypte ici finement Raphaël Liogier dans une analyse déstabilisante et alertante.
L'ordre existant, ce scandale permanent et mondial, ne répond plus à personne, ni de rien. Il a renoncé à tout argument, hormis celui de la force.
Aussi, nous ne le critiquerons plus, nous l'attaquerons. Pour attaquer, il faut constituer une force et disposer d'un plan. Ce livre est une proposition de plan pour rendre l'insurrection irréversible, pour que le vieux monde ne puisse plus faire retour, passé le moment où le pouvoir se sera évaporé, où ses débris tournoieront dans le vide. Un plan pour sortir du cycle trop connu des révolutions ratées.
Quant à la force, nous la constituerons en commun, tout en discutant, en amendant ce plan, en en formant un meilleur. Avec tous ceux qui n'en peuvent plus et qui attendent que quelque chose se lève pour nous porter ailleurs.
Il faut faire vite : le vent de la révolte parcourt le monde et le domino français ne va pas tarder, comme bien d'autres avant lui, à tomber.
Rencontrons-nous. Organisons-nous.
Soulevons-nous.
De tous les humains, le Nègre est le seul dont la chair fut faite marchandise. Au demeurant, le Nègre et la race n'ont jamais fait qu'un dans l'imaginaire des sociétés européennes. Depuis le XVIIIe siècle, ils ont constitué, ensemble, le sous-sol inavoué et souvent nié à partir duquel le projet moderne de connaissance - mais aussi de gouvernement - s'est déployé. La relégation de l'Europe au rang d'une simple province du monde signera-t-elle l'extinction du racisme, avec la dissolution de l'un de ses signifiants majeurs, le Nègre ? Ou au contraire, une fois cette figure historique dissoute, deviendrons-nous tous les Nègres du nouveau racisme que fabriquent à l'échelle planétaire les politiques néolibérales et sécuritaires, les nouvelles guerres d'occupation et de prédation, et les pratiques de zonage ?
Dans cet essai à la fois érudit et iconoclaste, Achille Mbembe engage une réflexion critique indispensable pour répondre à la principale question sur le monde de notre temps : comment penser la différence et la vie, le semblable et le dissemblable ?
Intermittente par nature et devenue symbole des combats de rue, la barricade est le lieu d'histoires singulières, souvent poignantes. Amas d'objets disparates, barriques (dont elle tire son nom), planches, moellons, charrettes, elle offre à un peuple d'ouvriers, d'enfants, de cantinières le moyen de s'opposer au pouvoir, bouleversant à chaque fois l'espace de la ville. Journée des barricades de 1570, barricades de la Fronde ou des canuts, barricades de la Commune : l'histoire de France, et plus encore celle de Paris, est marquée par ces objets hétéroclites et provisoires.
Dans un récit documenté et foisonnant, Eric Hazan livre une passionnante histoire de la révolte populaire dont la barricade est devenue l'emblème.
Face aux promesses trahies de l'«idéal démocratique», le plébéien est celui qui s'acharne à en demander les comptes. Au cours de deux siècles d'odes vibrantes au Progrès, d'hymnes à la Science, à l'Humanité une et indivisible, il est ce subalterne ombrageux, ce lutteur infatigable qui s'active en faveur de l'égalité, contre les logiques inflexibles de la reproduction sociale. Figure politique de la modernité, il perpétue, des premiers temps du salariat à l'ère du capitalisme mondialisé, le différend sans issue entre le serviteur et son maître. Du calme apparent à la violence enragée, son activisme contre les fondements prétendument naturels de l'ordre établi épouse les soubresauts de l'Histoire.
Dans cet essai, Alain Brossat poursuit la généalogie de cette figure entreprise en 2003 dans Le serviteur et son maître, pour en explorer, cette fois, la face sombre. Contre une certaine tendance à la dépolitisation des enjeux littéraires, il se propose ici d'étudier, dans toute leur épaisseur politique et historique, les figures romanesques ou cinématographiques du Jean-Jacques des Confessions, du Julien Sorel de Le Rouge et le Noir, du démoniaque Heathcliff des Hauts de Hurlevent, de Mellors, le garde-chasse de L'Amant de lady Chatterley, de Barnett, le valet de The Servant, le film de Joseph Losey, et de quelques autres plus récentes. Ce faisant, il ouvre la lecture de ces classiques à une véritable contre-histoire de la modernité.
Dans les deux textes composant ce volume, on confronte Descartes pour qui la liberté est un fait certain et plus clair qu'aucun autre avec Hobbes qui récuse la validité de ce fait au nom de la nécessité universelle qui gouverne aussi bien les événements naturels que les actions humaines. On cherche à montrer ensuite que la liberté ne serait pas le pouvoir ou la perfection propre à chacun de nous sans l'épreuve de la résistance que le corps propre oppose à l'effort (Maine de Biran), sans une confrontation de tous les instants avec ce que Ricoeur nomme l'involontaire, engageant ainsi une discussion de fond, féconde et exigeante, avec Descartes auteur d'un Traité des passions. Le croisement entre le point de vue phénoménologique et celui du « physicien » sur l'affectivité montre aussi qu'expliquer et comprendre ne sont pas comme des mondes parallèles.