Construit comme une enquête, avec une extraordinaire lucidité, le roman de Boubacar Boris Diop nous éclaire sur l'ultime génocide du XXe siècle. Avant, pendant et après, ses personnages se croisent et se racontent, s'aiment et se confessent. Jessica, la miraculée qui sait et comprend du fond de son engagement de résistante ; Faustin Gasana, membre des Interahamwe, la milice des massacreurs du Hutu Power ; le lumineux Siméon Habineza et son frère, le docteur Karekezi ; le colonel Perrin, officier de l'armée française ; Cornelius enfin qui, de retour au Rwanda après de longues années d'exil, plonge aux racines d'une histoire personnelle tragiquement liée à celle de son peuple.
« Ce roman est un miracle. Murambi, le livre des ossements confirme ma certitude qu'après un génocide, seul l'art peut essayer de redonner du sens. Avec Murambi, Boubacar Boris Diop nous offre un roman puissant, terrible et beau. » Toni Morrison
« Grâce à son talent de créateur, l'écrivain sénégalais fait pénétrer dans nos consciences les noms et les visages des victimes de la sanglante tragédie rwandaise. Murambi, le livre des ossements permet aussi de mesurer la responsabilité, souvent occultée, des puissances occidentales dans les grandes tragédies africaines. »
Sembène Ousmane
Qu'est-ce qui ne va pas dans la vie de Benjamin ? Quadragénaire aux muscles saillants, journaliste au quotidien libéral Le Gaulois, parisien d'une espèce particulière, celle des bobos-gays, Benjamin n'aurait en apparence que des motifs de satisfaction. Hélas, il a des certitudes vacillantes et quand son journal passe aux mains d'un industriel obtus, la promotion proposée devient un piège inéluctable. C'est que Benjamin ne se reconnaît dans aucune communauté, ni la future cour qui se presse autour de Sarkozy (nous sommes avant la dernière élection présidentielle), ni le ghetto doré du Marais. Benjamin est différent, il apprendra donc, à ses dépens, qu'au-delà d'une certaine limite, son ticket d'entrée dans la « bonne société » n'est plus valable...
Roman satirique, traversée de communautés étanches entre elles, portrait acide de la nouvelle comédie du pouvoir et d'une France qui déraille et qui grince. C'est drôle, irrévérencieux, polémique : l'auteur n'épargne personne, à commencer par lui-même.
Un vieil homme croit entendre chevaucher Frédéric II dans le royaume des Enfers. Un centurion marche vers une Rome gangrénée dont il devance l'agonie. Un soldat des tranchées fuit le 'golem' que la terre a façonné pour punir les hommes. Un juge anti-mafia tient le compte à rebours de sa propre exécution...
Dans la proximité de la guerre ou de la mort surgissent ces quatre récits où les héros - certes vaincus, mais non déchus - prononcent d'ultimes paroles. Ils veulent témoigner, transmettre, ou sceller des adieux. Minuscules fantassins de la légende des siècles, ils affrontent une Histoire lancée dans sa course aveugle. Et ils profèrent la loi tragique - celle de la finitude - qui, au-delà de toute conviction, donne force et vérité à leur message. D'où la dimension orale de ces textes qui revisitent la scène de l'oeuvre romanesque et, de Cris à La Porte des Enfers, réorchestrent des thèmes chers à Laurent Gaudé, auxquels la forme brève donne une singulière puissance.
Stan, un lycéen, apprend que son grand père était agent secret au Congo. Voilà de quoi impressionner les filles...
Qu'est-ce que cette tactique ? Quelle est la manière spécifiquement katangaise de concevoir une stratégie ? Quel est le terme important dans ce binôme ? Tactique ? Katangaise ? La tactique katangaise, c'est une formule passe-partout, vaguement euphémisante, pour désigner la combinaison des activités secrètes, CIA, Sûreté congolaise, sans oublier les Français, pour conserver dans le giron occidental la région la plus prospère de l'Afrique, et surtout le sous-sol permettant la course au nucléaire et l'équilibre de la Terreur. Stan, mon grand, retiens bien ceci : ce livre aurait très bien pu s'intituler Le Katanga tactique.
A la fin du XIXe siècle, une bande d'insolents jeunes gens vient secouer l'ordre établi. Ils se donnent comme noms les Vilains Bonshommes, les Zutistes, les Hydropathes, les Fumistes, les Hirsutes ou les Incohérents, ils fréquentent les alentours du Quartier latin et du Chat Noir montmartrois. Dans leur sillage, un volcan d'inventivité fait éruption, balayant sur son passage les institutions, la famille, l'honorabilité, les poètes officiels - et jusqu'au langage lui-même. Tout est prétexte à fantaisie, parodie, non-sens et sarcasme.
De Xavier Forneret, Erik Satie, Alphonse Allais ou Cami à Gustave Flaubert, Anatole France, Jules Renard en passant par Lautréamont, Jules Laforgue, Léon Bloy, Villiers de l'Isle-Adam ou Alfred Jarry - sans compter une pléiade d'écrivains méconnus ou oubliés - s'expérimente l'humour moderne dans tout ce qu'il a de plus subversif, d'inventif et d'irrespectueux. Les trois cents textes de cette anthologie - récits, contes, poèmes, aphorismes ou saynètes - permettent de retrouver les formes corrosives d'un rire qui sait prendre des risques.
Les dictionnaires de citations, les encyclopédies de jeux de mots, les livres de blagues ne manquent pas ! L'ennui, c'est qu'ils contiennent tous, à quelques différences près, les mêmes mots, les mêmes astuces, les mêmes blagues.
Josy Eisenberg, talmudiste, auteur d'ouvrages avec Elie Wiesel, Adin Steinsaltz ou Armand Abécassis, a repris des mots - et aussi dans des registres libertins, où l'on n'attendait guère un Grand Rabbin - pour provoquer notre imagination.
Prenez un mot de la langue.
Lentement, patiemment, envisagez sous plusieurs angles son vocable. Et à la manière des talmudistes, créez à partir de ce mot une définition inédite et drôle.
Toute lecture devient ainsi une permanente et imaginative gymnastique intellectuelle.
Le Grand Rabbin Josy Eisenberg fut accoutumé, dès son enfance, en lisant un mot en hébreu, à lui attribuer simultanément plusieurs significations. Et, tout aussi naturellement, à en faire de même avec la langue française.
À la manière d'un psychanalyste, il a aussi couché sur son divan moult noms ou expressions pour décrypter leur inconscient.
Ce n'est pas une lecture, c'est une écoute.
Avec les yeux, on ne saisit que le sens littéral. Mais avec l'oreille, tout change.
Elle entend autre chose que ce que voit l'oeil, et entendre est synonyme de comprendre.
Ce livre est euphonique. Il ne faut pas lire les variations qu'il suggère : il faut presque les prononcer. C'est la polysémie constituant la trame de ce livre qui le rend atypique et particulièrement drôle.
Que voient les hommes quand ils regardent le ciel ?
Selon l’époque à laquelle ils vivent, selon les lieux, selon leur profession, leurs croyances, leur culture, leurs aspirations, ils ne voient bien sûr pas tous ni toujours la même chose.
La manière dont on se représente le ciel contribue ainsi à façonner l’existence humaine, à lui assigner sa place dans l’univers.
Surface de projection fantasmatique, objet d’investigations scientifiques,
domaine d’expérimentations technologiques, enjeu stratégique, territoire à conquérir, siège réservé du divin ou horizon ordinaire, le ciel offre une multiplicité de figures et de formes pour l’imaginaire et pour la connaissance.
C’est cette diversité que ce volume collectif explore, à travers un ensemble de textes d’auteurs, des rencontres, des entretiens, et la réédition de L’Éternité par les astres d’Auguste Blanqui.
Les auteurs
Julien d’Abrigeon, Jakuta Alikavazovic, Jean-Marie Blas de Roblès, François Bon, Duncan Campbell, Claro, Véronique Decaix, Johan Faerber, Jérôme Ferrari, Anne-Marie Garat, Hélène Gaudy, Patricio Guzmán, Caroline Hoctan, Maylis de Kerangal, Mathieu Larnaudie, Alban Lefranc, Laure Limongi, Stéphane Legrand, Jean-Pierre Luminet, Jean-Noël Orengo, Renaud Pasquier, Hubert Reeves, Oliver Rohe, Anne Savelli, Jérôme Schmidt, Violaine Schwartz et Pacôme Thiellement.
Merci pour tout retrace le parcours d’une vie sur une longue période – vingt-six ans.
L’Algérie à la veille de l’indépendance, où l’auteur accomplit son service militaire, la révolte de mai 68 à laquelle il participe, la kyrielle des présidences de la République jusqu’au retour fantasmé de la gauche au pouvoir. L’écrivain poursuit sa propre quête créatrice entre de grandes rencontres avec des écrivains français (Le Clézio, Mauriac, Montherlant, Green…) et étrangers (Truman Capote, Anaïs Nin, Angus Wilson…) et une évocation des milieux littéraires en pleine évolution. De multiples voyages formateurs et la consignation des moments heureux comme des deuils avec, en toutes choses, le souci d’établir une reconnaissance sans fard de soi par soi...
«Je voulais dire à mon grand-père que je l'aimais, mais je n'y suis pas parvenu. J'ai si souvent été en retard sur les mots que j'aurais voulu dire. Je ne pourrai jamais faire marche arrière vers cette tendresse. Sauf peut-être avec l'écrit, maintenant. Je peux le lui dire, là.»
David Foenkinos nous offre ici une méditation sensible sur la vieillesse et les maisons de retraite, la difficulté de comprendre ses parents, l'amour conjugal, le désir de créer et la beauté du hasard, au fil d'une histoire simple racontée avec délicatesse, humour, et un art maîtrisé des formules singulières ou poétiques.
En 1187, le jour de son mariage, devant la noce scandalisée, la jeune Esclarmonde refuse de dire «oui» : elle veut faire respecter son voeu de s'offrir à Dieu, contre la décision de son père, le châtelain régnant sur le domaine des Murmures. La jeune femme est emmurée dans une cellule attenante à la chapelle du château, avec pour seule ouverture sur le monde une fenestrelle pourvue de barreaux. Mais elle ne se doute pas de ce qui est entré avec elle dans sa tombe...
Loin de gagner la solitude à laquelle elle aspirait, Esclarmonde se retrouve au carrefour des vivants et des morts. Depuis son réduit, elle soufflera sa volonté sur le fief de son père et ce souffle l'entraînera jusqu'en Terre sainte.
Carole Martinez donne ici libre cours à la puissance poétique de son imagination et nous fait vivre une expérience à la fois mystique et charnelle, à la lisière du songe. Elle nous emporte dans son univers si singulier, rêveur et cruel, plein d'une sensualité prenante.