George, un ancien horloger, agonise parmi les siens, et tandis que s'égrènent ses dernières heures et que le monde lui échappe, les souvenirs affluent, de plus en plus vibrants, telles des pièces d'orfèvrerie menacées par le temps. Un père toujours en vadrouille, hanté par la foudre et l'épilepsie, des objets chargés de sens et d'émotion, des instants de pure nature, des éclats qu'il convient de polir une dernière fois...
Par la magie de son écriture aussi minutieuse qu'éblouissante, Paul Harding plonge le lecteur dans le miroir brisé d'un personnage inoubliable, nous offrant l'histoire d'une vie faite d'apparitions et de disparitions, de saisons et de silences, une ode à l'éphémère d'une rare intensité.
Les conspirateurs, un roman d’espionnage qui se déroule au Portugal, met en scène toute une société cosmopolite et, parmi elle, des espions qui agissent à la solde des nazis. Dénoncé par un membre de son propre réseau qui travaille pour les nazis, Vincent Van der Lyn, révolutionnaire hollandais, est en prison. On l’aide à s’évader et il se lance aussitôt à la recherche de celui qui l'a trahi. Mais qui est ce traître, telle est la première question qui se pose : elle va le lancer dans une suite d'enquêtes, de rendez-vous douteux, d'aventures à haut risque. Vincent, le héros « à la fois innocent et dangereux » ; Quintanilla, l’Espagnol radical à l’esprit « jonché de ruines » ; Irina la belle Russe qui a multiplié les liaisons sans avoir jamais vraiment aimé ; Von Mohr, l’informateur nazi « mort depuis longtemps » avant même que Vincent ne l’achève par une nuit de tempête…
Portraits, paysages, situations sont décrits au cours de scènes extraordinaires qui emportent le lecteur : Prokosch est aussi un poète.
Présenté avec un art consommé du découpage, Les conspirateurs est avant tout un hommage à Lisbonne que l’auteur affectionne autant que ses personnages pris dans les affres de la guerre et des passions. On retrouve dans ce cinquième roman toutes les qualités d’un écrivain qui, dès Les Asiatiques (1935), suscita l’admiration des meilleurs, et dont Albert Camus a pu dire qu’il avait inventé le « roman géographique ».
Fondée à Paris par Harold L. Humes, Peter Matthiessen et George Plimpton en 1953, la Paris Review a contribué, décennie après décennie, à faire connaître des écrivains importants en les publiant à leurs débuts. Mettant l'accent sur le processus créatif, les fondateurs de la revue ont aussi eu à coeur de laisser les auteurs parler eux-mêmes de leur travail en publiant dans chaque numéro un entretien avec un grand écrivain. Leurs réponses constituent certains des autoportraits les plus révélateurs de l'histoire littéraire. Ce volume offre pour la première fois en français une sélection de quinze entretiens, avec Martin Amis, Beryl Bainbridge, Jorge Luis Borges, Paul Bowles, Truman Capote, William Faulkner, Jack Kerouac, John le Carré, Mary McCarthy, Ian McEwan, Iris Murdoch, Vladimir Nabokov, Isaac Bashevis Singer, Jeanette Winterson et Marguerite Yourcenar.
«Les interviews de la Paris Review sont des objets d'émerveillement qui ont construit ma première et plus intense perception de ce que c'est que d'être un auteur.» Jonathan Lethem
Depuis le début des années 80, David Byrne parcourt le monde à bicyclette. Il a roulé sur l'asphalte de presque toutes les grandes villes du monde : de Paris à Manille, de Buenos Aires à Los Angeles en passant par Londres ou Detroit. Et bien sûr, New York où il réside.
Très vite, le mythique chanteur des Talking Heads en vient à constater que le vélo le transforme et éclaire sa perception du monde. Ce simple moyen de locomotion lui permet de mieux appréhender l'espace urbain, d'en cerner la beauté, l'étrangeté, d'en épouser les sinuosités. Alors, il pédale, pédale encore, sur une route qui devient une voie vers la liberté et la connaissance de l'autre.
Carnets de voyage, mais aussi essai politique, sociologique, traité d'architecture ou de vélosophie, Journal à bicyclette est une fenêtre sur presque tous les recoins du monde dont il nous fait découvrir l'architecture, la vie artistique, l'essor ou le déclin des industries, mais aussi l'imprégnation historique et des facettes souvent méconnues ou inattendues.
Sunny Pascal, amateur de tequila et de planches de surf, gagne sa vie en lavant les grands d'Hollywood des scandales les plus incroyables. En cette année 1963, un nouveau contrat l'emmène à Puerto Vallarta, dans son Mexique natal, sur le tournage du nouveau film de John Huston, La Nuit de l'iguane, qui réunit sur une même plage le sulfureux couple d'Elizabeth Taylor et Richard Burton, la sublime Ava Gardner, la capricieuse Sue Lyon et tout un staff haut en couleur. Entre deux cocktails bien corsés, Sunny devra veiller à ce que ce casting de marque ne s'entre-tue pas avant le clap de fin. Une gageure lorsque l'on sait que le réalisateur a offert à chacun un pistolet en or muni de balles en argent gravées à leur nom...
Un polar noir et glamour campé sur le mythique tournage de La Nuit de l'iguane de John Huston.
Une canicule s'est abattue sur Rome, contraignant les habitants à fuir vers le nord. Seuls capables de supporter cette chaleur accablante, les Chinois se sont emparé de la ville. Le narrateur, l'unique Romain à être resté, mène une existence oisive dans une capitale métamorphosée. Sa vie est bouleversée par sa rencontre avec une prostituée chinoise bientôt retrouvée assassinée à son domicile.
Rock-star et messie en herbe, Bucky Wunderlick, en proie à une crise spirituelle, lâche son groupe au beau milieu d'une tournée pour aller se terrer dans un appartement minable de l'East Village de New York, afin d'échapper à la machine infernale d'un système dont il a jusqu'alors parfaitement joué le jeu.
Pendant que les fans en délire aspirent au retour sur scène de leur idole charismatique, Bucky, moins coupé de ses semblables qu'il ne l'aurait souhaité, se voit mis en demeure, par divers interlocuteurs plus ou moins bien intentionnés et diversement amateurs de substances illégales, de déchiffrer la partition inédite composée à son intention par un monde déviant et éminemment toxique, capable de le manipuler jusqu'à attenter à son intégrité psychique.
Contemporain d'une époque - le début des années 1970 - dont il reflète les cauchemars et les hallucinations, Great Jones Street constitue une pénétrante approche des arcanes d'une pop culture au sein de laquelle s'inaugure la fusion de l'art, de la loi du marché et de la décadence urbaine.
Sur les origines d'une scène culturelle toujours prégnante et dont la mythologie ne cesse de donner lieu à des revivals en tout genre, Don DeLillo apporte ici, loin des clichés qu'engendrent de pures récupérations mercantiles, un témoignage aussi authentique que visionnaire.
Jeune femme d'une grande beauté et au caractère impétueux, Batsheba Everdene hérite à vingt ans d'un beau domaine, qu'elle dirige seule. Quand un incendie se déclare dans sa propriété, un ancien soupirant ayant connu des revers de fortune, Gabriel Oak, apporte une aide précieuse pour sauver ses récoltes. Elle lui procure un emploi parmi ses gens, mais devient l'élue de deux autres prétendants, bien décidés l'un et l'autre à obtenir sa main. Oak s'avérera quant à lui d'une étonnante fidélité...
Publié en 1874, Loin de la foule déchaînée est le premier des grands romans de Thomas. Hardy (1840-1928), à qui il apporte la notoriété. Il marque l'apparition dans son oeuvre de la région imaginaire du Wessex, calquée sur son Dorset natal. C'est le texte fondateur d'un univers familier aux lecteurs de Tess d'Urberville ou Jude l'obscur.
Les gens honnêtes à la vie réglée pouvaient espérer une soirée paisible.
Ilka Dimén s'exerça au baiser sur une reine-marguerite, puis elle défit ses cheveux et les parfuma avec de la menthe de Notre-Dame cultivée amoureusement. Et, pendant ce temps, elle caressait certains espoirs concernant le soir.
Mihályka apaisait son coeur tourmenté et, lorsque le temps le lui permettait, il tâtait sa gorge brutalisée.
Emre, lui, entama la meilleure période de sa vie. Le visage en feu, il plastronnait, versait du lait chaud dans la boîte à cire pour parfaire le lustre miroitant de ses bottes, car il est séant que les bras et jambes d'un jeune homme étincellent. Ses entrailles flamboyaient déjà du feu de son amour pour elle, et, plein d'une chaleur ardente, il voulait cueillir la beauté de la vie.
Deuxième livre d'Hemingway imprimé à Paris en 1924 à 170 exemplaires par la Three Mountains Press, In our time est ici réimprimé pour la première fois Édition bilingue
Traduction de l'anglais par Céline Zins et Henri Robillot
Avec le frontispice de l'édition originale, un bois gravé de Henry Strater
« Nous étions dans un jardin à Mons. Le jeune Buckley revint avec sa patrouille d'une virée qu'il était allé faire de l'autre côté de la rivière. Le premier Allemand que j'aperçus était en train d'escalader le mur du jardin. Nous attendîmes qu'il eût passé une jambe pour le canarder. Il transportait un équipement extraordinaire et il eut l'air terriblement surpris puis il tomba dans le jardin. Trois autres escaladèrent le mur un peu plus loin. Nous les descendîmes. Ils y passèrent tous de la même façon. »
Ernest Hemingway, De nosjours, chapitre 4, 1924.