« La belle mécanique n'a pas fonctionné comme prévu. Le suffrage universel, finalement conquis (plus ou moins tard selon les pays et en Italie presqu'en dernier), a déçu trop souvent ceux qui s'étaient battus pour lui et n'a pas produit les effets espérés. Au contraire, les urnes ont servi à légitimer des équilibres, des classes, un personnel politique presque immuable - et peu importe si ce dernier est diversifié et divisé.
Et si le vrai pouvoir était ailleurs ?
C'est ce dont il sera question, cher lecteur, dans les pages qui suivent. »
Canfora insinue bien plus que de vagues soupçons sur les déguisements du pouvoir : cette domination de quelques-uns - elle n'est d'un seul qu'en apparence - qui ne peut cependant se maintenir qu'à condition de s'assurer un large consensus. Tout en restant, bien entendu, au sens plein de ce mot, une domination.
La médiation familiale, fille du nouveau modèle de la famille émergeant depuis une trentaine d'années, véhicule une vision bien particulière du couple et de la parentalité. Si l'on n'y prend garde, elle en vient à s'aliéner une large frange de publics qui ne partagent pas cette vision.
L'auteur se fonde sur ces moments où le malaise s'installe et où le professionnel se voit confronté à ses propres limites. Il tente, progressivement, de redessiner les contours de sa discipline. Au départ d'une enquête de terrain et du croisement de regards sur la médiation, il propose des pistes et des outils susceptibles d'améliorer de manière très concrète la capacité des professionnels à recevoir en médiation des personnes a priori peu en phase avec ce type de démarche.
Au terme de cette vaste entreprise, le travail en médiation familiale est recentré autour de trois axes principaux. Le premier consiste en l'accueil sans jugement et l'intégration positive des différents vécus familiaux qui se manifestent, fussent-ils traditionnels. Le deuxième se caractérise par une vision pleinement assumée du conflit, qui suppose une acceptation de ses expressions les plus virulentes. Le troisième axe porte sur l'utilisation d'outils spécifiques facilitant l'accompagnement des protagonistes, tant dans le processus du deuil de leur relation, que dans la reconstruction identitaire à l'oeuvre pour chacun d'eux dans la foulée de la crise familiale qu'ils traversent.
«Dans le concret des entretiens qu'il nous relate, Damien d'Ursel montre comment le dispositif et les valeurs implicites de la médiation familiale peuvent provoquer la méfiance et l'opposition de certains consultants. En filigrane se dessine, à la lecture de ce livre, la distance sociale entre les professionnels et nombre d'usagers auxquels ils s'adressent. Un tel diagnostic n'intéresse donc pas que les médiateurs. Il concerne l'ensemble des professions qui, tant dans les domaines juridiques que de la santé mentale au sens le plus large, sont au contact de personnes et de familles en difficulté» (Pascale Jamoulle, socio-anthropologue).
ALIM. rassemble cinq textes de fiction commandés à des auteurs sur le thème des pratiques locavores (pratiques consistant à baser son alimentation uniquement sur des produits provenant de moins de 150 km). Le terme 'locavore' fut utilisé pour la première fois par la chef et auteur californienne Jessica Prentice en 2005 à l'occasion de la Journée mondiale de l'environnement, ce phénomène prend actuellement de l'ampleur et s'étend à la scène écologique internationale. Le phénomène locavore, en Europe se retrouve sous la forme des AMAP (Association pour le Maintien de l'Agriculture Paysanne). Les auteurs d'ALIM. se saisissent des données actuelles pour se projeter dans un avenir proche ou utopique, envisageant des reconfigurations territoriales et politiques. LOCAVORES est une résidence et un projet littéraire d'Emilie Notéris développé à l'espace Khiasma en Seine Saint-Denis. Cette résidence est constituée de zones de cultures locavores, de rencontres (Frédéric Neyrat, Jean Zin, Nathalie Blanc..., d'ateliers, et du livre collectif ALIM.
Tout semble avoir été dit sur les générations de femmes « libérées », ambitieuses, décomplexées et libres de leur corps. Mais les hommes ? Où sont les hommes ? Ceux qui savent combler une femme et bercer un enfant ? De l'avis des femmes, ils sont difficiles à trouver.
Pour leur répondre, Vincent Cespedes ausculte la condition masculine aujourd'hui, sans langue de bois ni tabou : pourquoi les hommes ont-ils peur de s'engager dans une relation durable ? Pourquoi se font-ils reprocher d'être égoïstes et lâches ? Comment concilier la tendresse et la virilité ? la responsabilité et la passion ? les fonctions de bon amant et de bon père, de prince charmant et de ménagère ?
De Sigmund Freud à George Clooney, en passant par les scénarios du « talk » et de la « date », des rituels de la drague et du couple jusqu'aux pièges de la paternité, Vincent Cespedes explore avec une franchise désarmante et beaucoup d'humour le nouveau continent inconnu du XXIe siècle : l'homme.
Aujourd'hui, Narcisse a remplacé Oedipe : l'adolescent n'est plus aux prises avec le sentiment de culpabilité et la crainte de la punition, il est obsédé par son image, plus ou moins indifférent au monde, tout entier consacré à la construction de son identité. Ce que l'on peut interpréter comme de l'arrogance n'exclut pas une fragilité propre à cet âge de mutation et au désir de plaire imposé par une société de consommation de plus en plus compétitive et dominée par l'image. C'est dans ce mélange de fragilité et d'arrogance que se définit le « nouvel adolescent », cet être en devenir dont la personnalité échappe, la plupart du temps, à des adultes sans autres repères que leur propre adolescence.
À travers un portrait aussi pertinent qu'insolite, le psychanalyste italien Gustavo Pietropolli Charmet nous invite dans ce livre formidablement stimulant à repenser le rapport aux adolescents ainsi que le projet éducatif qui leur est consacré.
Pourquoi dit-on en France que chanter faux fait pleuvoir ou que les filles qui ont leurs règles ne doivent pas se baigner ? On peut répondre dédaigneusement qu'il s'agit là de superstitions surannées, dont on ignore l'origine et qui n'ont, en tout cas, aucun rapport entre elles. Or ce livre traite d'un système de pensée élaboré par une société d'Afrique de l'Ouest, les Samo, l'interroge de l'intérieur et met en évidence des similitudes, non pas tant dans les faits à proprement parler que dans les raisonnements tenus. Cet ensemble conceptuel a une grammaire : l'idée d'une osmose par « sympathie » entre le cosmos, le corps biologique et les actes sociaux, par attraction ou répulsion entre eux d'éléments (personnes, objets, actions, événements...) dotés de qualités semblables ou différentes.
Nous en comprenons le fonctionnement, que ce livre dévoile, ne serait-ce que parce qu'il recourt à des composantes qui nous sont familières - tels les quatre éléments fondamentaux de la terre, du feu, de l'air et de l'eau -, qu'il rencontre des besoins que nous partageons et qu'il se fonde sur une exigence commune de l'humanité : donner un sens à des faits inexplicables qui ont été ou sont encore, pour ceux qui l'ont élaboré comme pour nous, des « butoirs pour la pensée ». Nous en tirons des lumières sur notre propre fonctionnement mental car, comme l'écrivait Georges Bataille, saisi par la « modernité » des représentations picturales de la préhistoire, il nous faut, devant l'évidence, postuler « une cohérence relative des mouvements de l'esprit humain ».
Le vaisseau spatial Terre continue à toute vitesse sa course dans un processus à trois visages : mondialisation, occidentalisation, développement.
Tout est désormais interdépendant, mais tout est en même temps séparé. L'unification techno-économique du globe s'accompagne de conflits ethniques, religieux, politiques, de convulsions économiques, de la dégradation de la biosphère, de la crise des civilisations traditionnelles mais aussi de la modernité. Une multiplicité de crises sont ainsi enchevêtrées dans la grande crise de l'humanité, qui n'arrive pas à devenir l'humanité.
Où nous conduit la voie suivie ?
Vers un progrès ininterrompu ? Nous ne pouvons plus le croire. La mort de la pieuvre totalitaire a réveillé la pieuvre des fanatismes religieux et stimulé celle du capitalisme financier. Elles enserrent de plus en plus le monde de leurs tentacules. La diminution de la pauvreté se fait non seulement dans un accroissement de bien-être matériel, mais également dans un énorme accroissement de misère.
Tout le monde sent bien, sait bien que nos sociétés ne pourront pas continuer longtemps sur leur lancée actuelle, en ravageant toujours plus la nature, en laissant exploser les inégalités, en lâchant la bride à une finance folle qui dévaste et corrompt tout. Mais quelle alternative imaginer ? Les idéologies politiques héritées ne semblent plus être à la hauteur des défis de l'époque. C'est dans ce contexte qu'il convient d'examiner ce qui est susceptible de réunir certains des courants de pensée les plus novateurs de ces dernières années : décroissance, recherche de nouveaux indicateurs de richesse, anti-utilitarisme et paradigme du don, plaidoyer pour la sobriété volontaire, etc.
Confrontant ici leurs points de vue, en cherchant davantage ce qu'ils ont en commun que ce qui les oppose, certains des animateurs les plus connus de ces courants constatent que l'essentiel, dans le sillage de certaines analyses d'Ivan Illich, est de jeter les bases d'une société conviviale : une société où l'on puisse vivre ensemble et «s'opposer sans se massacrer» (Marcel Mauss), même avec une croissance économique faible, nulle ou négative.
Vouloir éclairer le « rapport de la pensée à l’action » oblige sans doute à suivre quelques détours. Mais il faut aussi, ultimement, revenir à ce reste : il y a ce qui est dit dans les mots, il y a ce qui se fait dans les actes, et « entre » les deux, autre chose parfois que l’évidence d’un gouffre incomblable. [ ] Ma visée n’est ni de système, ni d’innovation, mais simplement d’insistance : il me semble nécessaire de reconduire la philosophie, et la politique elle-même, au point qu’elles ont illégitimement évacué, qui est celui de la nécessité de l’acte, en tant que cette nécessité pose problème à et pour la pensée.
À un commencement correspond une rupture subjective, une conversion, un choix d’existence. Mais, comme y insistait Kierkegaard, le choix doit être constamment renouvelé. C’est dire que de nouveaux actes doivent venir opérer ce renouvellement, des actes qui sont à chaque fois la vérification de la tenue d’un commencement en même temps que la seule forme d’épreuve possible de l’existence même du futur.
Le temps presse : il y a bien une pression, une précipitation du temps. Le choix politique s’accompagne de la perception de cette précipitation. Choisir la politique, c’est œuvrer à l’accomplissement, au déblocage du temps révolutionnaire, de notre temps.
Respiration, battements du coeur, cycle du sommeil, ovulation... La vie serait-elle rythme avant toute chose ? Une valse à trois temps qui se danserait sur des tempos plus ou moins lents dans chaque recoin de l'organisme ?
Albert Goldbeter présente dans ce livre la première synthèse des connaissances sur les rythmes observés aux différents niveaux de l'organisation biologique et médicale. De l'horloge circadienne qui permet l'adaptation à l'alternance du jour et de la nuit jusqu'à la floraison ou aux migrations qui se synchronisent avec le cycle des saisons. De l'horloge qui contrôle le cycle de division cellulaire jusqu'aux oscillations qui assurent le succès de la fécondation et du développement embryonnaire. Du cerveau qui produit les rythmes neuronaux et sécrète des hormones de manière pulsatile jusqu'aux troubles bipolaires ou aux variations cycliques du poids.
Par-delà les différences de mécanisme et de période, Albert Goldbeter met en lumière la profonde unité des rythmes du vivant. En prolongeant les recherches d'Ilya Prigogine, il contribue à élucider le mystère de la vie, qui ne cesse de se produire et de se reproduire.