Agathon, abbé, conserva pendant trois ans une pierre dans la bouche, pour apprendre à se taire.
Un frère qui était irascible se dit à part soi : 'si je restais seul, je ne me mettrais pas si vite en colère'. Une fois qu'il emplissait d'eau un petit vase, il le renversa; il l'emplit une seconde fois et le renversa encore; une troisième fois, il le remplit, et le renversa; alors il s'irrita et brisa le vase. Enfin, revenu à lui-même, il reconnut avoir été le jouet du démon de la colère.
D'un autre côté, deux frères avaient vécu longues années ensemble et n'avaient jamais pu se fâcher. Une fois l'un dit à l'autre : 'Disputons-nous, comme les hommes font dans le monde'. L'autre répondit : 'Je ne sais pas comment on se dispute.' Et le frère lui dit : 'Voici une petite brique que je mets entre nous deux; et je dis : 'elle est à moi'. Vous au contraire dîtes : 'Non, mais elle est à moi', et ainsi commencera la dispute'. Ils mirent donc cette brique entre eux. Alors le premier dit : 'Ceci est à moi'. 'Non, repartit le second, mais c'est à moi'. 'Oui, reprit le premier, c'est à vous, prenez donc et allez.' Et ils se retirèrent sans pouvoir se fâcher l'un contre l'autre.
Jacques de Voragine, La légende dorée
En guise d'introduction inLe seul état de mes idées
Domination chinoise, invasions mongoles, tutelle coloniale française, impérialisme américain : le Vietnam a toujours été malmené. Pour sauvegarder leur identité, les Vietnamiens ont développé un farouche esprit de lutte, dont témoigne toute une littérature exaltant l'héroïsme national. Leur connivence avec les esprits, le culte des ancêtres familiaux et des génies protecteurs leur ont aussi permis de résister. Aujourd'hui, le vert tendre des rizières, les buffles paisibles et les paysans coiffés du chapeau en feuilles de latanier donnent l'illusion d'une paix champêtre. Mais le Vietnam est terre de contrastes : Hanoi, sa capitale, a des airs de sous-préfecture française ; Saignon - devenue Hô Chi Minh-Ville - est une ville grouillante. Du delta du Mékong à la baie d'Along, de la mer de Chine aux montagnes du haut Tonkin, voyage dans un pays né de l'eau et du riz en compagnie de Bao Ninh, Duong Thu Huong, Robert Olen Butler, Roland Dorgelès, Tran-Nhut, Philippe Franchini, Jean Tardieu, Marguerite Duras et bien d'autres.
Présentation de l'éditeur
Fondée au XIe siècle, Marrakech est l'une des villes impériales qui incarne le mieux tout à la fois le pays auquel elle a donné son nom - le Marac - et les rêveries orientalistes qui ont nourri l'imaginaire des voyageurs, des romanciers et des poètes. Elle possède un impressionnant patrimoine architectural comme la Koutoubia, les remparts entourés de jardins luxuriants, le palais Badi. Dans la première moitié du XXe siècle, les écrivains insistèrent sur l'exotisme et la nostalgie d'un monde révolu. Puis Marrakech devint à la mode : on célébra son charme, on y tourna des films. Aujourd'hui, Marrakech entraîne le visiteur dans le labyrinthe des ruelles de la médina et le bruit de la place Jama et Fna... Voyage dans une ville d'ombre et de lumière, spirituelle et charnelle, en compagnie de Jacques Majorelle, Adonis, Edith Wharton, Elias Canetti, Juan Goytisolo, Mohamed Saad Eddine El Yamani, Claude Ollier et bien d'autres...
Présentation de l'éditeur
La botanique, dans sa profusion de formes éphémères et parfaites, ne laisse pas facilement percer ses secrets intimes.
C'est le propos de ce superbe livre, illustré de plus de 150 photographies aussi majestueuses que surprenantes, que de lever le voile sur la face cachée des plantes. L'étrange alchimie de la vie végétale vous est révélée et expliquée par Patrick Mioulane, naturaliste de terrain et l'un des plus grands connaisseurs actuels des plantes et du jardin.
D'anecdotes en découvertes botaniques, cette chronique de l'univers captivant des végétaux vous fait voyager dans les mystères du monde vert et vous invite à pénétrer l'âme des plantes...
Présentation de l'éditeur
En analysant les structures paysagères, en donnant des clés de compréhension des paysages et en suscitant une prise de conscience des enjeux qui leur sont liés, ce livre s'adresse à tous. Du simple randonneur aux responsables des collectivités publiques, des aménageurs aux industriels, du concepteur de projet paysager au jardinier et à l'habitant de maison individuelle, chaque citoyen a son rôle à jouer pour assurer la conservation et la qualité de l'évolution de ce patrimoine que sont les paysages, façonnés par des générations d'hommes et de femmes et porteurs d'une accumulation de savoirs.
Pourtant, compte tenu de la multiplicité des acteurs et de la complexité des enjeux, aménager un paysage à l'échelon d'un pays constitue un véritable défi. Existe-t-il des précédents historiques ? Est-il possible d'élaborer des projets en la matière et de les mettre en oeuvre ? Quels sont les systèmes qui structurent les paysages et sur lesquels il est possible d'agir ? Pays et paysages de France propose des réponses à ces interrogations, car au cours des dernières décennies, un corpus de savoirs a été réuni et des chaînes de compétences mises en place. Il existe ainsi une meilleure compréhension des enjeux liés aux paysages et une vision plus claire des modes d'action concrets. Il y a donc tout lieu d'espérer qu'en pensant à la qualité du cadre de vie et aux générations à venir, le XXIe siècle saura mieux que le précédent maîtriser les évolutions des espaces et répondre à la nécessité d'inscrire toutes les réalisations dans la perspective d'un développement durable devenu une exigence à l'échelon mondial.
Au sein des ministères chargés de l'Environnement et de l'Equipement, Jean Cabanel, qui a animé de nombreuses années l'équipe de la mission puis du bureau du paysage, a eu la charge de dégager des méthodes pour aménager et gérer de grands paysages. Il était donc particulièrement bien placé pour faire la synthèse des multiples opérations menées sur le terrain, des réflexions d'architectes paysagistes, philosophes, sociologues, responsables des services publics et membres d'associations ainsi que des ouvrages portant sur les paysages.
Chef-opérateur de nombreux films, Raymond Sauvaire a réalisé des séries photographiques sur les structures paysagères. Ses clichés ont illustré de nombreuses publications. Beaucoup ont également été présentés lors de manifestations sur le paysage. Il est par ailleurs un photographe reconnu dans le domaine de la céramique d'art.
Présentation de l'éditeur
Du désert, les dictionnaires donnent une définition globale - «zone très sèche, aride et inhabitée» - juste mais partielle. De sable ou de pierre, chauds ou glacés, les déserts sont multiples et paradoxaux. Au Ténéré, l'eau semble envahir le désert en se confondant avec la lumière qui l'inonde. En Mauritanie, il meurt sur le rivage de l'océan Indien... Le Sahara, de l'Atlantique à la mer Rouge, contient tous les déserts : regs rocailleux, tassilis - plateaux étagés aux défilés coupe-gorge -, massifs montagneux, sebkras à la croûte desséchée par le sel affleurant, ergs majestueux... De Gobi, du Kalahari, de Mojave, de Namib, du Colorado, africain, australien, asiatique ou américain, chaque désert a sa personnalité, liée à ses conditions climatiques et aux cultures de ses peuples. Les arpenteurs étrangers, nomades par vocation, ont aussi contribué à nourrir leurs légendes. En caravane ou en solitaire, balade en compagnie de Marco Polo, Bruce Chatwin, Marie-Louise Lédé, Jemia et J. M. G. Le Clézio, Isabelle Eberhardt, Salah Stétié, Dino Buzzati, Joseph Kessel et bien d'autres.
Présentation de l'éditeur
J'irai de l'Aral à la Caspienne. Je gagnerai l'Azerbaïdjan à bord d'un ferry. De Bakou, je cheminerai vers la Turquie par la Géorgie. A pied, à vélo, je ne le sais pas encore, mais loyalement, sans propulsion motorisée. Au bout de ma route, j'aurai relié trois mers, abattant le même trajet que celui d'une larme d'or noir de la haute Asie convoyée à travers steppes et monts pour que le monde poursuive sa marche folle.
Profitant de cette traversée de terres à haute valeur pétrolifère, je consacrerai mon temps d'avancée solitaire à réfléchir au mystère de l'énergie. Celle que nous extrayons des strates de la géologie mais aussi celle qui attend son heure au plus profond de nous.
Pétrole et force vitale procèdent du même principe : l'être humain recèle un gisement d'énergie que des forages propices peuvent faire jaillir. Pourquoi nos ressorts nous poussent-ils à l'agitation au lieu de nous convertir à la sagesse zen ?
Présentation de l'éditeur
En 1961, Alberto Moravia entreprend un voyage en Inde en compagnie d'Elsa Morante, sa femme, et de leur ami Pier Paolo Pasolini.
De ce voyage, la littérature gardera deux livres complémentaires et éblouissants: L'Odeur de l'Inde, de Pier Paolo Pasolini, et Une certaine idée de l'Inde, d'Alberto Moravia, jusqu'alors inédit en français, traduit ici par Ida Marsiglio.
Ce qui saisit Moravia, c'est, par-delà la violence du choc culturel, la vision d'un pays en train de relever un véritable défi social.
Analysant les causes de l'extrême pauvreté, il s'en entretient avec le Premier ministre Nehru, dénonçant le système des castes (légalement aboli, mais qui continue de régir les rapports du quotidien). Il s'intéresse aux nombreuses religions, décortique les innombrables superstitions du pays et note les effets - positifs et négatifs - des colonialismes qui s'y sont succédé.
Enfin, il traduit avec une rare élégance de style l'immensité et la douceur des paysages.
Présentation de l'éditeur
De la même génération que les cinéastes de la Nouvelle Vague, Jean-Marie Straub, refusant d'aller se battre contre les Algériens, est contraint de s'exiler en Allemagne où il devient l'une des figures du 'nouveau cinéma allemand' des années 60. Il co-signe tous ses films avec sa compagne et collaboratrice Danièle Huillet. La plupart des films de 'Straub-Huillet' sont des mises en scènes de textes revisités : Corneille (Othon, 1969), Hölderlin (La Mort d'Empédocle, 1986), Cézanne (Cézanne, 1989), Une visite au Louvre (2003), Kafka (Amerika, rapports de classes, 1984), Brecht (Antigone, 1991), Franco Fortini (Franco Fortini, 1976), Heinrich Böll (Non réconciliés, 1965), Pavese (De la nuée à la résistance, 1979).
Le titre de leur film : Non réconciliés/Seule la violence aide là où la violence règne, sonne comme une devise. Depuis 1965, rien n'a changé pour eux, ni l'impérialisme, ni l'exploitation n'ont disparu de l'histoire. Ils ne partagent pas l''euphorie sinistre' d'aujourd'hui.
Ils ignorent que les 'idéologies' ont changé, que plus personne n'ose citer Karl Marx ou Bertold Brecht, que plus personne ne parle de luttes de classes. Ils ne se sont jamais repentis.
Leur cinéma est un défi, chaque fois renouvelé, de trouver les moyens d'un travail minutieux et têtu, celui d'un artisan qui ne pourra faire naître les merveilles du hasard que grâce à la multiplicité des répétitions, des repérages et des prises. Il leur faut surtout du temps, ils sont parmi les rares cinéastes à ne pas se laisser écraser par la vitesse.
Extrait de la présentation de l'éditeur
«C'est par le cinéma que je sus que le pire venait juste d'avoir lieu», écrivait le critique Serge Daney. Plus précisément, grâce à Nuit et Brouillard, le film d'Alain Resnais sorti en 1956. Walter Benjamin incitait l'historien à «découvrir dans l'analyse du petit moment singulier le cristal de l'événement total». C'est ce que propose Sylvie Lindeperg dans cette microhistoire du court-métrage qui a marqué profondément notre imaginaire des camps nazis. A partir d'archives inédites, elle reconstitue la genèse et les enjeux du film. Elle s'interroge sur les lectures et les usages, parfois inattendus ou contradictoires, dont Nuit et Brouillard a fait l'objet en France comme à l'étranger. Elle retrace le destin singulier de ce 'lieu de mémoire' en suivant l'évolution des regards portés sur les images et sur l'événement depuis cinquante ans. Elle pose, dans toute son actualité, la question du rapport entre l'archive et la représentation des camps. Présentation de l'éditeur À partir d'archives inédites, elle reconstitue la genèse et les enjeux du film. Elle s'interroge sur les lectures et les usages, parfois inattendus ou contradictoires, dont Nuit et Brouillard a fait l'objet en France comme à l'étranger. Elle retrace le destin singulier de ce «lieu de mémoire» en suivant l'évo-lution des regards portés sur les images et sur l'événement depuis cinquante ans. Elle pose, dans toute son actualité, la question du rapport entre l'archive et la représentation des camps.