Le 28 juin 1914, dans Sarajevo écrasée de soleil, un certain Gavrilo Princip se réfugie à l'ombre d'un auvent pour guetter le cortège officiel de l'archiduc François-Ferdinand... Cinq semaines plus tard, le monde plonge dans une guerre qui entraînera la chute de trois empires, emportera des millions d'hommes et détruira une civilisation.
Pourquoi l'Europe, apparemment prospère et rationnelle, était-elle devenue si vulnérable à l'impact d'un unique attentat perpétré à sa périphérie ? Quels formidables jeux d'alliances géopolitiques toujours fluctuantes et d'intérêts nationaux contradictoires se mêlaient-ils ? Quelles craintes ancestrales, quelles mythologies nationales animaient les opinions publiques et influencèrent les décisions des diplomates ? C'est ce que raconte cette fresque magistrale. Multipliant les points de vue et faisant dialoguer avec brio études classiques et sources inédites (en anglais, allemand, français, bulgare, serbe et russe), Christopher Clark replace les Balkans au coeur de la crise la plus complexe de l'histoire moderne et en décrit minutieusement les rouages.
Plus clairement que jamais, il montre que rien n'était écrit d'avance : l'Europe portait en elle les germes d'autres avenirs, sans doute moins terribles. Mais de crise en crise, les personnages qui la gouvernaient, hantés par leurs songes et aveugles à la réalité des horreurs qu'ils allaient déchaîner, marchèrent vers le danger comme des somnambules.
1661 : Mazarin est mort, laissant à Louis XIV un royaume pacifié dans une Europe que domine la France. Mais l'État, ruiné par vingt-cinq ans de guerres, est au bord de la faillite. Le jeune roi décide de gouverner par lui-même, mais nul ne l'en croit capable. Sur les conseils de Colbert, son premier geste d'autorité, pour appuyer l'indispensable réforme des finances, est la mise en jugement du surintendant Fouquet, accusé de prévarication. Mais le procès, qui devait être bref, échappe à ses initiateurs, il déborde le cas de l'intéressé et tourne au bras de fer avec la magistrature. Il s'étire sur plus de trois ans pour conclure sur un bannissement, que le roi mue en prison à vie.
Pourquoi et comment en est-on arrivé là ? Ce livre est une enquête sur son procès, qui prend en compte les comportements successifs des différents acteurs. Riche en péripéties parfois drôles, captivant comme un roman policier, le récit, fondé sur des témoignages d'époque, s'en distingue par son respect de l'histoire et son refus du manichéisme.
Il fait revivre une société encore mal remise des turbulences récentes. Il narre aussi l'aventure personnelle de trois hommes contraints de faire face à l'imprévu : un roi novice qui découvre les limites de son pouvoir réputé «absolu», un accusé qui déploie pour sauver sa tête toutes les ressources de sa formation initiale d'avocat, et un magistrat honnête et loyal qui se transforme, pour la défense du droit, en irréductible opposant.
Sur un sujet qui passe pour bien connu, c'est un éclairage très neuf, mis en valeur par le talent de conteuse de Simone Bertière.
Voici l'ouvrage de référence sur la Première Guerre mondiale. Sous la direction de Jay Winter, professeur à l'université de Yale, avec le Centre international de recherche de l'Historial de la Grande Guerre et coordonné par Annette Becker, il réunit les plus grands spécialistes internationaux du conflit. Il paraît simultanément chez Fayard et dans la très prestigieuse collection «Cambridge History», au Royaume-Uni.
Véritable oeuvre transnationale, et manifeste d'une génération d'historiens, ce livre englobe tous les espaces et les temps de la guerre qui, si elle est née en Europe, devient très vite mondiale par le jeu des Empires coloniaux des grandes puissances. Premier volume d'une trilogie, Combats montre que la guerre, pensée en différents fronts, a été par bien des aspects totale : les combats, terrestres, aériens, navals et les soldats ne peuvent se comprendre sans les fronts «domestiques», d'occupations, de prisonniers et de réfugiés, dans les usines, les champs et les écoles - questions qui sont au coeur des volumes 2 : États, et 3 : Sociétés.
À l'heure du centenaire, ce livre, appelé à faire date, porte la plume d'une mémoire encore à vif, en deuil de près de 10 millions de combattants et de centaines de milliers de civils. Il soulève le voile des illusions perdues pour retrouver la guerre, telle qu'elle fut.
A travers l'ascension des samouraïs et la naissance d'une société guerrière qu'on a pu qualifier de féodale, ce livre nous plonge dans les temps troubles du Moyen Age japonais (XIIe-XVIe siècle). Pierre-François Souyri montre l'importance des conflits sociaux qui déchirèrent le pays, la poussée des classes populaires, les diversités régionales, l'émergence, enfin, de nouvelles formes culturelles à l'origine du Japon «traditionnel». Chemin faisant, il éclaire la dynamique d'une société fondamentalement instable que les chroniqueurs contemporains désignaient comme «un monde à l'envers».
Ce dictionnaire est le répertoire des ancêtres du diable : dieux mauvais, démons, esprits des morts, et de ses émanations, vampires, loups-garous. Il présente les penseurs, les écrivains, les peintres, les musiciens qui l'évoquent, les théologiens, les philosophes qui l'ont étudié.
Après plusieurs millénaires d'esprits malfaisants, de démons tourmenteurs, le christianisme a inventé le Diable, héritier du Serpent et des Satans de la Bible.
Le diable a droit à notre reconnaissance, car il prend à sa charge le Mal dans la vie et dans l'Histoire, qui est l'oeuvre de la diabolique espèce humaine.
Entre superstition, religion et réalité, il joue tous les rôles : bourreau, victime, fantasme, tentation, péché, plaisir, malheur. On le décrit, on l'évoque, on le représente, on le fait parler et chanter. Ecrivains, poètes, peintres, musiciens, si l'on doute de lui, le font exister. Avec Dieu pour complice, l'Enfer pour royaume, il se manifeste dans la vie, dans l'Histoire, dans la culture. Aujourd'hui, on le combat, on l'exorcise ou on le célèbre.
17 février 1943. Amanda Stassart, surnommée Mouchka, comme chantonnait sa maman, s'éveille à ses 20 ans. Elle est seule dans une grande pièce, dans les bureaux de la Gestapo, rue des Saussaies à Paris. Au centre, une table et, derrière la table, un officier jusque-là inconnu. Son expertise : briser les corps. L'esprit suivra et la langue se déliera. Il reprend l'interrogatoire à ses débuts...
Avoir 20 ans et vivre son pays occupé est suffisant à une certaine jeunesse de France et de Belgique pour entrer dans un réseau de résistance, y accepter les règles et les défis. Mouchka est de ceux pour qui La Liberté est à ce prix. Cette passion, elle la cultive toute sa vie. Jouer avec les étoiles et vivre dans le ciel, elle en fera un métier. Toujours belle et élégante, heureuse de l'instant. Ce livre en est le chant.
Privée de maternité, elle passe les vingt dernières années de sa vie entourée de jeunes. Elle leur apprend l'histoire en direct. Leur explique l'installation du déni des droits, la déshumanisation progressive et impitoyable de l'homme par l'homme. Ne leur dit rien de la force de l'espoir ; la vit devant eux, rebondit avec eux. Ce livre est à eux.
Ces 31 articles écrits entre août 1936 et septembre 1939, publiés à l'époque dans des revues, en espagnol, en français et en anglais, offrent un point de vue lucide et métaphysique au coeur de la guerre.
Partout en Europe, la gauche est en crise. Alors que, depuis 2008, la faillite du capitalisme financier est évidente, la gauche ne parvient plus à convaincre. La solidarité, sa valeur centrale, est contestée de toutes parts. De larges segments de la classe moyenne craignant un déclassement se laissent séduire par les critiques libérales des services publics et de la protection sociale. Et les messages populistes touchent une partie de la classe ouvrière, qui a de plus en plus de mal à se concevoir comme telle. La gauche voit ainsi une large part des groupes sociaux qui ont fait sa force, et dont elle a rendu l’émancipation possible, lui échapper.
La gauche, aujourd’hui, doit oser un débat interne, vaste et sans tabous. Pour retrouver le fil de ses fondements, appréhender les défis de l’époque, et abandonner la nostalgie des « trente glorieuses » qui la paralyse.
Tel est l’objet de ce livre qui invite les hommes et les femmes de gauche à interroger leurs convictions.
Le 11 août 1950, au cri de « Vive la République ! », les communistes viennent chahuter la prestation de serment du roi Baudouin. Une semaine plus tard, le leader charismatique du parti communiste, Julien Lahaut, est assassiné sur le pas de sa porte. Ce meurtre politique, considéré comme le plus important de l'histoire belge, n'a jamais été élucidé. Qui a assassiné Julien Lahaut ? lance aujourd'hui un regard critique sur l'enquête judiciaire réalisée à l'époque et déterre de nouvelles pistes.En plongeant dans les archives, les auteurs de cette enquête exclusive ont ainsi retrouvé un document « oublié » remontant à un certain André Moyen, un espion occupé à développer un réseau anticommuniste dans la Belgique d'après-guerre. Le livre s'engouffre sur la piste Moyen, retraçant les faits et gestes de son réseau parallèle. Les auteurs ont également mis au jour toute une série d'erreurs et de fausses vérités issues de l'enquête judiciaire, allant même jusqu'à expliquer pourquoi le meurtre n'a jamais été résolu et à le replacer dans le contexte de la Guerre Froide qui sévissait alors secrètement en Belgique.Né et assassiné à Seraing, Julien Lahaut est un homme politique communiste, syndicaliste belge, militant wallon et antifasciste.
Le grand retentissement d’un livre peut ressusciter quelquefois des personnalités et des phénomènes menacés par l’oubli. C’est l’effet que produisit, pour Joris-Karl Huysmans, sa présence prégnante dans le dernier roman de Michel Houellebecq. Le succès immédiatement international de Soumission a eu pour effet collatéral un regain d’intérêt inattendu pour l’auteur d’À rebours, écrivain fin-de-siècle auquel le protagoniste du livre-événement qui restera associé à l’attentat contre Charlie Hebdo accorde tous ses soins, et dont le cheminement spirituel s’inspire. Le moment était venu, a-t-il semblé à l’Académie royale de Langue et de littérature françaises de Belgique, d’exhumer l’essai que l’un de ses membres, Gustave Vanwelkenhuyzen, il y a 80 ans de cela, consacra aux relations étroites que Huysmans entretint avec la Belgique. Belgique qui, au demeurant, est très présente aussi dans Soumission, dont le personnage central tour à tour se désole, et se réjouit ensuite, de la fermeture suivie heureusement de la réouverture de l’hôtel Métropole, place de Brouckère à Bruxelles…