Il commanda deux cafés et puis de quoi manger. Il fuma surtout. Une seule chose le tracassait vraiment : était-il encore quelqu'un ? Était-il encore déterminant dans la géopolitique du monde actuel ? Lui, Sigmund Oropa, ce chevalier insignifiant, parqué dans son placard de l'Office des fraudes de l'Union, à rédiger des rapports non contraignants sur de supposés détournements de fonds communautaires ? Il contempla la cime des arbres. Le ciel, les oisillons qui voltigeaient. Les acacias, les orangers, tout embaumait. En un sens, la situation n'était pas si désespérée. Il sentait qu'il avait eu raison de tenir tête à Angèle.
Jacques est un chômeur solitaire, passionné de vélo et d'une humanité à toute épreuve, qui, entre Clermont-Ferrand, les monts d'Auvergne et l'Aveyron, vit plus ou moins malgré lui une série d'aventures rocambolesques, mystérieuses, voire criminelles. Un roman sur une France oubliée et à l'abandon, marquée par la paupérisation des campagnes et une population diverse aux moeurs originales.
« Le cahier, c'était la première chose que m'avait montrée le juge, quand tout à l'heure j'étais entré dans son bureau. Sous la couverture souple et transparente, on pouvait lire au feutre noir : Mon maître et mon vainqueur.
Sur les pages suivantes, il y avait des poèmes. Voilà ce qu'on avait retrouvé sur Vasco : le revolver, un cahier noirci d'une vingtaine de poèmes et, plus tard, après expertise balistique, des résidus de poudre sur ses mains.
Voilà ce qu'il en restait, j'ai pensé, de son histoire d'amour. »
4 février 1912. Le jour se lève à peine. Entourés d'une petite foule de badauds, deux reporters commencent à filmer. Là-haut, au premier étage de la tour Eiffel, un homme pose le pied sur la rambarde. Il veut essayer son invention, un parachute. On l'a prévenu : il n'a aucune chance. Acte d'amour ? Geste fou, désespéré ? Il a un rêve et nul ne pourra l'arrêter. Sa mort est l'une des premières qu'ait saisies une caméra.
Hanté par les images de cette chute, Étienne Kern mêle à l'histoire vraie de Franz Reichelt, tailleur pour dames venu de Bohême, le souvenir de ses propres disparus.
Marseille, 1942. Helen, chanteuse anglaise sans succès, vit seule avec ses deux enfants - le narrateur et sa jeune soeur Liola. Lors de la débâcle de 1940, Helen, malade et sans le sou, s'est installée dans une mansarde donnant sur les toits. Mais son état de santé lui impose une hospitalisation et Helen craint que ses enfants ne soient recueillis séparément en son absence. Elle demande à son fils de construire un abri secret sur les toits, où il se réfugiera avec sa soeur en attendant sa guérison et la fin de la guerre. Les enfants emménagent dans leur cachette. Les voici seuls sur les toits de Marseille, où subsiste clandestinement toute une population marginale. Commence alors pour eux une vie pleine de surprises et de dangers.
Avec ce magnifique roman d'aventures, Frédéric Verger s'inscrit dans la lignée des grands enchanteurs de la littérature. (présentation de l'éditeur)
Ce récit-mémoire est celui d'une enfance : un non-lieu. Dans ces années-là, les adultes étaient libérés. De contrit à sans tabou, le sexe était au coeur de tout. Joyeux, bardés de musiques et d'électroménager, les parents laissaient leurs petits avec des paquets de surgelés pour partir à l'étranger. Et cette insouciance qui faisait ambiance... Les hommes en verve avec, dans leur sillage, les épouses, leurs regards posés, leurs gestes prétendus soignants, l'indicible : les corps d'enfants photographiés, chosifiés et - au passage - abîmés. Cela se passe dans un clos ; une sorte de ghetto qu'il faut fuir, fuir - et oublier.
Peu après la première guerre mondiale, pour fuir l'atmosphère compassée d'une adolescence bourgeoise, Carmen s'engage comme marin sur un bateau de pêche en Mer du Nord. Afin d'exercer ce métier réservé aux hommes, elle doit se vêtir comme eux, adopter leurs gestes, dissimuler son identité.
Elle ne sait pas encore que ce départ est le premier d'une longue série. Bientôt, c'est la danse qui lui révélera une autre dimension du monde. Et qui fera entrer dans son existence son double lumineux, compagne et indéfectible amie, Hélène.
Qui est cet homme déchu qui accepte de répondre aux questions d'un écrivain ? Un architecte jadis puissant, riche et célèbre.
Les mots d'ordre qui ont régi sa vie : jouer, s'amuser, gagner.
Ses jouets ? Les tours des Amoreiras, qu'il a conçues et qui surplombent Lisbonne. Mais aussi les femmes, auxquelles il impose des jeux sexuels et qu'il filme dans des positions dégradantes. La partie prend fin quand ces enregistrements lui sont dérobés. L'onde de choc se propage dans l'opinion publique : le Brutaliste est traîné dans la boue et les Lisboètes s'indignent ou se gaussent. Trente ans après l'affaire, son nom provoque toujours le malaise au Portugal
Les hommes sont des choses vides et des fois leur vie se remplit de bien et des fois de mal et des fois c'est partagé et ça fait une lutte.
Ces phrases extraites du Démon de la Colline aux Loups résument l'élan qui habite ce texte stupéfiant, et son désir de dire la condition humaine.
« J'ai conçu Canoës comme un roman en pièces détachées : une novella centrale, « Mustang », et autour, tels des satellites, sept récits. Tous sont connectés, tous se parlent entre eux, et partent d'un même désir : sonder la nature de la voix humaine, sa matérialité, ses pouvoirs, et composer une sorte de monde vocal, empli d'échos, de vibrations, de traces rémanentes. Chaque voix est saisie dans un moment de trouble, quand son timbre s'use ou mue, se distingue ou se confond, parfois se détraque ou se brise, quand une messagerie ou un micro vient filtrer ses paroles, les enregistrer ou les effacer. J'ai voulu intercepter une fréquence, capter un souffle, tenir une note tout au long d'un livre qui fait la part belle à une tribu de femmes - des femmes de tout âge, solitaires, rêveuses, volubiles, hantées ou marginales. Elles occupent tout l'espace. Surtout, j'ai eu envie d'aller chercher ma voix parmi les leurs, de la faire entendre au plus juste, de trouver un « je », au plus proche. »