Noële a toujours vécu au pied de la Géante, la montagne immuable qui impose son rythme, fournit les fagots pour l'hiver, bleuet, bourrache, gentiane pour les tisanes et les onguents. Elle est un peu sorcière, a appris les plantes et la nature sauvage grâce à la Tante qui les a recueillis, elle et son frère Rimbaud qui ne parle pas mais chante avec le petit-duc. Elle sait qu'on ne peut rien attendre du ciel, et n'a plus levé les yeux vers le soleil depuis longtemps. Repliée dans cet endroit loin de tout, elle mène une existence rugueuse comme un pierrier.
Dehors, le bruit des tirs s'intensifie. Rassemblés dans la cour de l'école, les élèves attendent en larmes l'arrivée de leurs parents. La jeune narratrice de ce saisissant premier chapitre ne pleure pas, elle se réjouit de retrouver avant l'heure « son géant ». La main accrochée à l'un de ses grands doigts, elle est certaine de traverser sans crainte le chaos.
Ne pas se plaindre, cacher sa peur, se taire, quitter à la hâte un appartement pour un autre tout aussi provisoire, l'enfant née à Beyrouth pendant la guerre civile s'y est tôt habituée.
Une dizaine de nouvelles autour du thème du livre et de la lecture : une nuit extraordinaire durant laquelle un libraire et un client se font mutuellement la lecture, de jeunes néonazis condamnés par un juge à lire trente livres plutôt qu'à une peine de prison ou encore une jeune femme sans-abri, avide lectrice des oeuvres de Che Guevara.
Médecin juif ayant quitté l'Algérie lors de son indépendance, Harry décède à 34 ans en 1977. En 2019, sa fille rencontre quelqu'un qui l'a connu durant son enfance et dresse le portrait de ce père disparu. En parallèle, l'auteure raconte ses jeunes années marquées par la mort de son propre père et la dépression qu'elle a ensuite traversée.
Durant toute son enfance, Anne est témoin de phénomènes étranges qui la rendent différente des autres. A partir de ses 12 ans, le mystérieux Georg lui prescrit des comprimés pour réprimer ses visions. Elle tâche de vivre une vie normale mais sent au fond d'elle le danger que représente sa différence.
Après une rupture, Adélaïde, 46 ans, vit avec difficulté son célibat. Elle tente d'oublier sa détresse via son travail dans une grande maison d'édition ou en sortant avec ses amies. Un roman sur les difficultés d'une quadragénaire résolue face aux statistiques qui voudraient la condamner à la solitude.
Une réflexion sur l'ordinaire, cette répétition des jours et des nuits à laquelle l'individu ne peut se soustraire et qu'il cherche à fuir, soit en poursuivant l'extraordinaire soit en la recouvrant du masque du quotidien.
Enquête sur les adresses parisiennes des héros de romans français s'attachant à déterminer leur caractère fictif ou réel et ce qu'il y avait au moment où l'oeuvre fut écrite. Elle porte également sur les numéros de téléphone ainsi que sur les voisins et commerçants mentionnés aux alentours. L'ensemble invite à une promenade littéraire et à la découverte d'un Paris pittoresque.
Dans l'ancien Rwanda, à l'époque des pères missionnaires. Akayézu, jeune séminariste, est chassé pour avoir soigné et sauvé une fillette. Il disparaît dans le ciel à l'instar de la figure de Kibogo qui, dans les mythes rwandais, désigne un prince salvateur choisi pour se sacrifier et sauver le pays d'une guerre ou d'une famine. Une légende naît autour d'Akayézu et se répand grâce aux conteurs.
Ce livre est, à sa façon, une visite : non seulement de la maison que fit bâtir, en 1930, l'architecte Léon Claro, grand-père de l'auteur, pour rendre hommage au style néomauresque lors du centenaire de l'Algérie française, mais également de tout un passé - intime, historique, littéraire, politique - auquel l'écrivain avait toujours refusé de s'intéresser. Reconnaissant enfin, dans cette maison indigène, une vraie « boîte noire » dont il importe d'extraire la mémoire, Claro apprend qu'elle a été visitée en 1933 par un jeune homme de vingt ans, Albert Camus, lequel en ressortit littéralement ébloui et écrivit alors un de ses tout premiers textes : « La Maison mauresque », véritable acte de naissance littéraire du futur prix Nobel. Mais la « Villa Claro » - ainsi qu'on l'appelait parfois - a également accueilli un autre créateur : Le Corbusier, que Léon Claro convia à Alger en 1931 et qui, à cette occasion, s'égara dans la Casbah, allant jusqu'à s'aventurer dans une autre maison, « close » celle-là, où l'attendait le secret de son esthétique à venir.