A Bruxelles, François s'est lié d'amitié avec Robert et Faustin, deux Hutu rwandais. Quand les Tutsi d'un mouvement rebelle basé en Ouganda envahissent le nord du Rwanda, il prend fait et cause pour les Hutu, écrit de virulents pamphlets anti-Tutsi et part pour Kigali, où il publie ses chroniques dans un journal. Lorsqu'en signe de reconnaissance, un chef de milice hutu lui offre une jeune Tutsi violentée, ses yeux finissent par voir ce qu´il ne voulait pas regarder : si dans le Nord, les Tutsi se livrent à des exactions, partout ailleurs ils sont massacrés. Il prend alors une décision qui scellera son destin.
Tout est simple et tout se complique, rien ne se passe (en apparence) et pourtant tout arrive - tout peut arriver - dans les nouvelles à l'humour noir et lumineux de Véronique Bizot : un homme se fait construire une maison invivable, un assassin se produit dans un théâtre, un reporter de guerre meurt dans un déjeuner de famille, un frère et une soeur achètent une voiture. Des hommes et des femmes ordinaires ou presque affrontent avec une forme de grâce modeste et néanmoins récalcitrante l'impitoyable vertige d'exister, lequel surgit dans les infimes recoins du quotidien, de la mémoire, de l'espérance.
Prisonnière du dortoir, le petite Solange attend un miracle pour la délivrer de la rigueur du pensionnat algérien. Celui ci se produit : c'est le retour précipité au pays. Avec l'arrivée dans ce « pays miracle, pays Miracoli, pays tout mélangé salé sucré », Solange n'est pas pour autant libérée. C'est une vie de femme qui s'ouvre, admirable et brutale, marquée au fer rouge par cet adage martelé alors par les mères à leurs filles : « La femme donne, elle se donne, l'homme prend ». Solange subira la morale des hommes, qui tout interdit, qui tout salit. Mais quand elle chante, contre les dents du monde, Solange enfin change de vie : le chant déborde et la déborde. Solange se libère et pourtant disparaît, dans le même mouvement.
Frères sorcières
Trois voix puissantes, toutes liées au théâtre, à la féminité, au chamanisme et à la mort.
Automne 2015. Alors qu'une chaleur inhabituelle s'attarde sur l'Europe, une femme se rend en Autriche pour écrire un article sur les conditions d'accueil des réfugiés. Elle se prénomme Sarah. Elle est aussi psychologue, vit à Paris avec Paul, un intellectuel connu pour ses écrits sur la fin du monde, avec qui elle a un enfant. À Vienne, elle rencontre Richard, un musicien mondialement célébré. Ils se volent. Ils s'aiment. Elle le fuit puis lui écrit, de retour en France. Il vient la retrouver. Pour Sarah, c'est l'épreuve du secret, de deux vies tout aussi intenses menées de front, qui se répondent et s'opposent, jusqu'au point de rupture intérieur : à l'occasion d'une autre enquête, sur une extermination d'enfants dans un hôpital psychiatrique autrichien, ses fantômes vont ressurgir. S'ouvre alors une fresque puissante et sombre sur l'amour fou, où le mal familial côtoie celui de l'Histoire en marche, de la fin du XIXe siècle aux décombres de la Deuxième Guerre mondiale, de l'Afrique des indépendances à la catastrophe climatique de ce début de millénaire.
Début du XVIIe siècle. Un jeune homme originaire de la Montagne libanaise est envoyé à Rome pour étudier et entrer au service de la papauté. Avide d'atlas et des découvertes scientifiques d'un temps dominé par Galilée, Raphaël Arbensis ne tarde pas à se détourner de la carrière qui s'imposait à lui, rêvant d'autres vies possibles. De Rome à la république de Venise, puis à Istanbul et Ispahan, de Vicence à Paris et Amsterdam, le voici tour à tour aventurier, diplomate, marchand, côtoyant la famille Barberini et ses papes, Fabri de Peiresc, Borromini, Corneille ou Rembrandt. Ami des peintres, il se mêlera aussi d'astronomie, tâtera de la politique auprès de Mazarin à l'heure de la Fronde, connaîtra la disgrâce et les déceptions amoureuses...
Un beau dimanche d'avril, c'est dans l'euphorie et la fierté qu'est accueillie l'annonce de Paul : il sera candidat aux primaires de son parti en vue de l'élection présidentielle. Épouse dévouée, mère exemplaire, Marie inaugure pour l'occasion un journal, avide de tenir la chronique des deux années à venir qui s'annoncent pleines de suspense, de promesses et d'accomplissements. Leurs quatre enfants, jeunes adultes, se réjouissent du sens que ce projet paternel donne à une vie d'engagement et le soutiennent avec chaleur. Personne ne semble mesurer les conséquences d'une telle mise en lumière, ni ne pressent le souffle des scandales qui s'apprêtent à ébranler la cellule conjugale et le cocon familial...
Dans un aéroport, une femme attend : son époux s'est absenté un instant. En escale à Paris, ils partent pour Sydney, Ismaïl est chirurgien, Médée est sculpteur. Mais l'attente se prolonge. L'embarquement de leur vol vient d'être clôturé, il ne reviendra pas. Médée se fige.
Mariée depuis vingt-cinq ans, elle n'a cessé de célébrer leur couple, comblée par la naissance de ses enfants, assumant sa vie de mère et trouvant néanmoins l'espace et le temps nécessaires à l'édification d'une oeuvre considérable, elle ne pouvait imaginer une telle chute.
Médée est immobile, elle ne veut pas sortir du sas où l'a placée la violence de l'abandon, et pour cela décide de s'installer dans une chambre de l'hôtel attenant à l'aéroport.
Adelphe, la soixantaine, vit seul à Paris. Epris de littérature, il travaille depuis de nombreuses années dans une maison d'édition réputée. Mais le soir, chez lui, c'est à son clavecin qu'il se consacre.
Dans les livres, dans la musique, et dans cette ville qu'il arpente la nuit, Adelphe recherche fiévreusement la beauté, dont il attend la lumière et une forme de révélation, ce qu'il appelle la « formule du monde ». Les mots, les sons, comme les monuments de la ville, sont autant de figures tutélaires qui lui servent de remparts contre l'érosion que provoquent en lui les profondes mutations de l'époque.