Un truc très beau qui contient tout : lettres 1944-1950

Un truc très beau qui contient tout : lettres 1944-1950
Cassady Neal
Ed. Finitude

La Beat Generation c'est Kerouac, Ginsberg, Burroughs : trois écrivains qui allaient bousculer durablement l'Amérique. Mais l'étincelle, celui qui a mis le feu aux poudres, s'appelle Neal Cassady. Il est l'alter ego, le «frère de sang» de Jack Kerouac qui en fait le héros de «Sur la Route» et du reste de son oeuvre.

Il est charmeur, flamboyant et excessif, dans la vie comme dans ses lettres. Ces lettres fulgurantes qui impressionnent et enthousiasment. «Elles se rangent parmi les meilleures choses jamais écrites en Amérique» s'enflamme Kerouac qui s'en inspirera dans ses romans, allant même jusqu'à s'en approprier des pages entières.

Inédites en français, ces lettres étourdissantes font enfin entendre les propres mots de celui qui reste «l'âme de la Beat Generation» - parfois tendres et touchants, parfois insolents et délirants. Voici le véritable Neal Cassady, brut et intégral.

Une saison de nuits

Une saison de nuits
Didion Joan
Ed. Grasset

Joan Didion n'a pas trente ans lorsque paraît, en 1963, son premier roman - premier jalon d'une oeuvre immense dont il annonce les thèmes de prédilection et le style si singulier. Une saison de nuits, c'est l'anatomie d'un couple, celui que forment Lily Knight et Everett McClellan, héritiers d'une longue lignée de pionniers californiens qui, par un été torride à l'aube des tumultueuses années 1960, voient s'écrouler leur empire sous le poids accumulé des faux-semblants, des non-dits et des trahisons. Le récit démarre et se clôt par un coup de feu, dont la détonation propulse le lecteur vingt ans en arrière, aux origines de ce lent effondrement. Prenant prétexte d'un drame domestique en apparence anodin (un mari tue l'amant de sa femme), Didion, armée d'un lyrisme puissant ; et teinté d'ironie, tord le cou aux clichés romanesques pour dresser en visionnaire le tableau d'une Amérique à bout de rêves, entrée dans une saison crépusculaire dont elle ne ressortira plus.

Me reconnais-tu ? : récit

Me reconnais-tu ? : récit
Bajani Andrea
Ed. Gallimard

Me reconnais-tu ? est l'histoire d'une amitié entre deux écrivains. L'aîné - dans sa maturité, et célèbre dans le monde entier - ouvre grand les bras à un jeune romancier de trente ans son cadet après avoir lu son dernier livre. Dès la première entrevue, l'affection est réciproque, puissante et, parfois, débordante. Les coups de griffe du plus âgé en direction du plus jeune ne manquent pas, mais ce sont surtout l'impertinence, l'humour et la tendresse qui tissent petit à petit une relation forte et complexe entre les deux hommes, un lien qui sera mis à rude épreuve quand la maladie fera irruption.

Andrea Bajani fut ce jeune romancier qu'Antonio Tabucchi avait accueilli dans sa vie et dans sa famille, et, dans un récit boulversant qui remonte le temps, des funérailles à leur première rencontre, il rend le plus bel hommage que l'on puisse imaginer au grand écrivain disparu en mars 2012.

 

La sourde violence des rêves

La sourde violence des rêves
Duiker K. Sello
Ed. Vents d'ailleurs

Roman-fleuve autant que livre-choc, La sourde violence des rêves raconte la quête d'une identité. Celle de Tshepo, étudiant marginal aux semelles de vent. Vaste Odyssée urbaine, le récit le suit dans son errance à travers la ville du Cap. Sur sa route, des petites frappes aux businessmen branchés, des mafieux violents aux prophètes rastas, toute une comédie humaine défile : hommes, femmes, prostitués amoureux, travelos mystiques. Tout simplement le genre humain à la recherche de lui-même dans un monde qui bouge, où les frontières entre les genres s'estompent. Ecrit dans une soviété post-apartheid au carrefour des cultures, La sourde violence des rêves, récit polyphonique boulversant, nous parle de nous-mêmes.

 

Pour Ida Brown

Pour Ida Brown
Piglia Ricardo
Ed. Gallimard

Invité à donner un séminaire dans l'une des grandes universités nord-américaines, un célèbre romancier argentin du nom de Renzi observe d'un oeil amusé les moeurs étranges de la vie académique aux États-Unis.

Peu de temps après son arrivée, il entreprend une liaison érotico- amoureuse avec Ida Brown, jeune universitaire brillante, rebelle et énigmatique. Mais cette relation est brutalement interrompue par la mort de la jeune femme dans un accident de voiture. Les autorités classent rapidement l'affaire sous la pression de l'université mais Renzi s'aperçoit que des zones d'ombre persistent et se lance dans une enquête dangereuse aux multiples rebondissements.

Roman de campus puis histoire d'amour, ce livre exceptionnel débouche insensiblement vers un thriller haletant. Il fait le bilan d'une génération qui voulait changer le monde et dont l'échec a encore de lourdes conséquences aujourd'hui ; mais il nous offre surtout une intrigue passionnante et bien ficelée qui cache en filigrane un grand hommage à la littérature nord-américaine et une critique farouche du devenir des États-Unis.

L'homme qui pleurait les morts

L'homme qui pleurait les morts
Tendo Arata
Ed. Seuil

Shizuto parcourt le Japon à pied pour 'pleurer les morts' oubliés, ceux que l'on efface des mémoires, après le drame. Sur des cahiers d'écolier il note avec soin ce qui a fait la beauté d'une vie - fut-elle la plus courte ou la plus triste. Sa route croise celle de Makino, journaliste cynique et déchu à l'affût d'histoires sordides, puis celle de Yukiyo, qui a assasiné son mari et erre en compagnie d'un étrange fantôme... Quant à sa mère, Junko, elle le suit par la pensée, tout en préparant sa fin prochaine et la naissance de son premier petit-enfant.

Les faits divers se multiplient, les enquêtes criminelles se croisent et se répondent. La face sombre de la société japonaise émerge peu à peu, entre suspense et fantastique. Shizuto, gardien du souvenir et ange tutélaire, maître d'un rituel hors de tout jugement et de toute logique humaine, donne leur sens à ces destins tragiques. Un air de manga, dérangeant et énigmatique, baigne ce roman multiple.

Tendo explore avec grâce et poésie les liens étroits qui unissent les vivants aux âmes des trépassés et à leur propre mort.

 

L'ancêtre

L'ancêtre
Saer Juan José
Ed. Le Tripode

L'Ancêtre est un roman inspiré d'une histoire réelle. En 1515, trois navires quittent l'Espagne en direction du Rio de la Plata, vaste estuaire à la conjonction des fleuves Paranà et Uruguay. A peine débarqués à terre, le capitaine et les quelques hommes qui l'accompagnent sont massacrés par des Indiens. Seul un mousse en réchappe. Fait prisonnier, il n'est rendu à son monde que dix ans plus tard, à l'occasion du passage d'une autre expédition. De ce fait historique, Juan José Saer tire une fable d'une écriture éblouissante.

 

La troisième île

La troisième île
Sjöberg Frederik
Ed. Corti

Donner une idée des écrits de Fredrik Sjöberg est à la fois facile et très difficile. Facile parce qu'il suffit d'évoquer la prose envoûtante et mélancolique de W. G. Sebald et de dire : voici la même famille d'esprits, en plus humoristique, plus ludique, mais tout aussi fascinant et profond. Difficile, parce que, comme chez Sebald, c'est une prose inénarrable : la décrire c'est comme décrire un morceau de musique, c'est-à-dire passer à côté de l'essentiel.

L'histoire ? Bien sûr, il y a une histoire : le narrateur, un entomologiste (comme l'auteur lui-même) commence à s'intéresser au destin d'un homme à facettes multiples : un scientifique, spécialiste des vers de terre, qui fut également historien d'art, viticulteur de renom, photographe, aquarelliste, mais aussi théosophe, ami de Strindberg et un des pionniers du mouvement écologique aux Etats-Unis. Gustaf Eisen (1847-1940) est le nom de cet étonnant personnage dont Fredrik Sjöberg raconte la vie - et ce faisant, il raconte la sienne propre : sa passion de collectionneur (d'insectes et de destins énigmatiques), son rapport à son travail, scientifique et littéraire, ses méditations sur la nature, sur la collecte et les collectionneurs, l'art et la science...

Point de spéculations abstraites, il ne s'agit pas de bâtir un système ; des histoires drôles, des anecdotes, des saynètes constituent la matière première de cette prose à la fois légère et profonde. Une pensée qui vagabonde sans jamais s'égarer ; des rêveries d'un « promeneur solitaire », mettant en scène une foule de personnages, aux destins souvent rocambolesques.

L'arrogance des vauriens

L'arrogance des vauriens
Smart Elizabeth
Ed. Les Allusifs

La liaison qu'entretint Elizabeth Smart avec le poète britannique George Barker dans les années 1940 fut immortalisée, sous ses aspects tant grandioses que douloureux, dans le magistral A la hauteur de Grand Central Station je me suis assise et j'ai pleuré. Publié plus de trente-deux ans plus tard et inédit en français jusqu'à ce jour, L'arrogance des vauriens est en quelque sorte la suite de ce récit.
Situé dans le Londres dévasté de l'immédiat après-guerre, ce texte témoigne des difficultés d'une jeune mère aux prises avec le rationnement et la pauvreté, en quête de réponses sur la finalité de l'amour, les compromis à faire et le sens de l'existence même. Le récit de Smart est bouleversant ; même lorsqu'elle se heurte à un désespoir envahissant, la narratrice conserve cette volonté indéfectible de vivre, d'écrire et de résister.
L'arrogance des vauriens est un véritable chef-d'oeuvre d'incantation poétique d'une existence redevenue ordinaire après avoir brillé de tous ses feux.

Lucky Jim

Lucky Jim
Amis Kingsley
Ed. La Martinière

Chargé de cours dans une université de seconde zone, Jim Dixon accumule les déboires professionnels et sentimentaux. Il échoue à faire bonne impression au professeur Welch, le chef de la section d'Histoire, un mandarin dont la paresse n'a d'égal que le ridicule, et est pris au piège du chantage émotionnel qu'exerce sur lui Margaret, une collègue très coliante.

Face à l'adversité, Jim dispose néanmoins de quelques ressources : son talent pour les grimaces et son imagination fertile.

Lucky Jim est un roman pour tous ceux qui en sont venus un jour à détester leur travail tout en ne pouvant se permettre de le quitter, et tous ceux - parfois ce sont les mêmes - qui n'ont jamais suffisamment de monnaie sur eux pour se payer à la fois une bière et un paquet de cigarettes.

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