En 1759, dans un petit village anglais, une effroyable controverse déchire la paroisse. Elle oppose le pasteur et son bedeau John, bientôt soutenus par le reste de la communauté, au sacristain, un dénommé La Tripatouille. Celui-ci multiplie démarches et manigances pour s'accaparer... un vieux manteau et une culotte de peluche noire usée. L'affaire prend des proportions colossales.
Le Roman politique, qui rapporte cette histoire édifiante et hilarante, arrive sous les yeux d'un cercle de notables. Il n'échappe pas à ses membres que le Roman est 'à clefs'. Mais lesquelles ? S'ensuit une seconde controverse - plus édifiante et hilarante encore que la première - sur l'interprétation qu'il convient de lui donner. Tout y passe. Et, de la chronique villageoise, on saute allègrement à la géopolitique : les puissants de l'époque ne sont-ils pas occupés, avec leurs alliances et leurs guerres, à déchirer le vieux manteau de l'Europe ? À travers le personnage de La Tripatouille, ne serait-ce pas le roi de France lui-même qui est vilipendé dans le pamphlet ?
Premier livre de Laurence Sterne, Le Roman politique fut brûlé. Quelques mois plus tard, paraissaient les premiers tomes de La Vie et les opinions de Tristram Shandy, sommet de la littérature universelle et revendication de l'autonomie absolue de l'écrivain.
« Ruth s’est réveillée à quatre heures du matin et son cerveau endormi lui a murmuré : “Tigre”. »
Ruth Fields, 75 ans, vit seule avec ses chats dans une maison isolée de la côte australienne. Sa santé décline, mais elle tient à son indépendance. La vie s’écoule lentement, bercée par le rythme des vagues et le bruit du vent. Mais certaines nuits, Ruth entend un tigre rugir dans son salon. Est-elle en train de perdre la tête ? Ou est-ce une manigance de Frida, son aide-ménagère depuis peu à son service ? À mesure que surgissent de troublants détails, chacune des deux femmes va s’accuser d’être une menace pour l’autre, et l'on ne sait à qui se fier. Tout cela finira mal, c'est certain.
L’Invité du soir est un huis-clos à l’ambiance hitchcockienne, où « l’inquiétante étrangeté » règne en maître. Au fil d’un suspens implacable, Fiona McFarlane esquisse un émouvant portrait du dernier âge de la vie, et interroge l’origine de nos peurs.
Que faire quand son couple bat de l’aile? Vers qui se tourner si son mariage prend l’eau? Consulter le premier thérapeute venu? Autant divorcer! Ou bien pousser la porte de l’agence Pillow, qui fait rimer conjugal avec conjugaison, chargeant les meilleurs spécialistes du langage de sauver les unions en plein naufrage… C’est ainsi que Jeremy Cook, le plus misanthrope des linguistes, est dépêché au secours des Wilson. Armé de sa seule science des adverbes kickapoos et de sa riche expérience des désastres amoureux, sera-t-il vraiment capable de ne pas créer plus de malentendus qu’il n’en existe déjà? Et l’étrange Manuel Pillow qui lui a été confié suffira-t-il à l’aider dans sa mission ô combien délicate? Mais surtout, parviendra-t-il à débusquer la bête immonde qui ronge chaque couple?
David Carkeet, auteur du Linguiste était presque parfait, nous livre dans ce nouvel opus un monde étrange tissé d’amour et de non-dits, de gestes attentionnés et de colères rentrées, où les scènes de ménage ressemblent à s’y méprendre à des scènes de crimes. Comédie domestique grinçante, analyse dévastatrice mais souvent touchante d’un mariage moderne à la dérive, Une putain de catastrophe nous entraîne au pays dangereux de «la schismogenèse complémentaire» et de «l’échec thématique» où, une fois de plus, l’humour le dispute à la tragédie.
Quand Mani Péleg disparaît quelque part en Amérique latine, son fils Dori, jeune père de famille en crise, saisit sa chance. Qui d'autre que lui pourrait partir à la recherche de son père, ancien héros de guerre et éminent conseiller économique, dont les dernières nouvelles laissent entendre qu'il n'a plus toute sa tête?
Au même moment, la jeune journaliste Inbar quitte Berlin, où elle a vainement tenté de se rapprocher de sa mère avec qui les liens s'étaient distendus après le suicide de son frère. Mais au lieu de rentrer en Israël auprès d'un mari qu'elle n'aime plus vraiment, Inbar embarque sur le premier vol en direction de l'Amérique du Sud.
Dori et Inbar vont se croiser, s'apprivoiser, puis retrouver Mani et son utopie de Neuland, une nouvelle terre d'accueil pour les émigrants du monde entier, tout comme la Palestine des années trente attirait les Juifs d'Europe Centrale. C'est Lili qui se fait la narratrice de cette époque : sur le bateau en direction de la Palestine où l'attend son fiancé, elle tombe amoureuse de Fima, le grand-père de Dori...
Neuland, porté par un souffle romanesque impressionnant, nous raconte l'histoire de ces vies qui auraient pu prendre un tout autre cours, le destin de ces utopies que l'on n'ose pas, tout comme la force de nos désirs et de nos regrets.
Chez les Ryan et les McNeil, on est truand de père en fils. Derniers rejetons de leur lignée, Johno et Shane n'entendent pas déroger à la tradition familiale. À l'orée des années 1980, tout juste sortis de l'adolescence, ils se lancent dans les « affaires ».
Après un séjour en prison, les deux amis vont prendre des chemins différents : tandis que Johno se bat pour devenir un homme respectable en élevant seul son jeune fils Danny, Shane récidive et retourne en détention, où il est « adopté » par des membres de la pègre locale.
Jusqu'au jour où leurs trajectoires se croisent à nouveau. ..
L'amour inconditionnel et rédempteur que Johno porte à Danny illumine ce roman noir dans lequel Alan Duff explore la violence du milieu criminel australien.
À travers ces portraits d'êtres désirant réécrire le scénario tragique de leur vie, l'auteur néo-zélandais signe peut-être ici son roman le plus poignant.
Figure emblématique de la littérature du XXe siècle, Samuel Beckett est avant tout connu et reconnu pour sa prose et son théâtre. Ce premier volume de lettres qu'il écrivit de 1929 à 1940 nous offre un portrait personnel et vivace de l'écrivain qui fut également un grand épistolier. Après avoir été lecteur d'anglais à Paris à l'École Normale Supérieure, il revient à Dublin pour enseigner à Trinity College, et démissionne au bout d'un an et demi, retourne ensuite à Paris, avant de gagner Londres, où il suit une psychanalyse à la Tavistock Clinic. Il relate son voyage à travers l'Allemagne entre 1936 et 1937 avant de s'installer de nouveau à Paris jusqu'à l'aube de la Seconde Guerre mondiale.
Au fil des années, la genèse, souvent difficile, de ses premières oeuvres apparaît : son essai sur Finnegans Wake de Joyce, son étude sur Proust, son recueil de nouvelles More Pricks Than Kicks, ses poèmes rassemblés dans Echo's Bones and Other Precipitates, son premier roman Murphy. On découvre l'importance de sa relation avec Joyce et l'immense influence de celui-ci sur son oeuvre. Une familiarité frappante se dessine avec la littérature européenne, notamment avec les oeuvres de Dante, Goethe, Racine et Proust. Beckett révèle dans ses lettres un goût prononcé pour la peinture des grands musées européens.
Ce document remarquable nous présente un auteur naviguant sans effort entre l'anglais, le français, l'italien et l'allemand, jouant sans cesse avec les possibilités des langues, pratiquant un humour parfois féroce, écrivant dans un idiome à la fois polyglotte, encyclopédique et intertextuel.
Mais un Beckett plus intime transparaît également : jeune écrivain à la recherche d'un éditeur essuyant de nombreux refus, il confie également ici son obsession de la maladie et de la déchéance physique, tout en démontrant sa fidélité en amitié. Ce premier volume sera suivi de trois autres tomes offrant au lecteur une vision unique sur soixante années d'écriture (1929-1989) d'un grand auteur qui obtint le Nobel en 1969. Les éditions françaises de l'ensemble de cette correspondance seront publiées aux Éditions Gallimard.
Après Les nuits froides de l'enfance, son premier roman « troublant et plein d'éclats » (Le Monde), voici Pautre oeuvre majeure de l'écrivaine turque Tezer Özlü, qu'elle a composée en allemand, la langue de l'exil, quatre ans avant sa mort.
Dans La Vie hors du temps, elle a les mêmes mots, simples, le même style, déstructuré, pour dire le chaos qui l'habite à Berlin, puis son voyage à travers l'Europe sur les traces de Kafka, Svevo et, surtout, Pavese, ses « frères d'âme » disparus. Un voyage au bout de la littérature qui l'affranchit, de la liberté qu'elle recouvre, de l'amour physique qui la transporte. Elle est crue, gaie, grave. Elle note : « J'adore les rails. Ils représentent la liberté. Le mouvement. Le fait de ne pas devoir s'adapter. Les rails sont une sorte d'infini. Un infini terrestre. ».
Que peut avoir à faire un homme de lettres à la Documenta de Kassel, foire mondiale d'art contemporain ? C'est pourtant bien à un écrivain barcelonais que les commissaires de l'événement ont adressé une invitation pour une intervention inattendue : se présenter chaque matin dans un restaurant chinois afin d'écrire en public. La perplexité et la timidité l'incitent d'abord à décliner cette proposition. Mais une jeune émissaire tactiquement envoyée à sa rencontre achève de le convaincre. Oscillant entre optimisme et pessimisme, marqué par une ironie permanente, Impressions de Kassel aborde ainsi, au coeur de la fiction littéraire, la question de la représentation contemporaine et propose un bel éloge de l'art.
« Le livre parle de mon voyage et de ma participation à la Documenta de Kassel. C'est une promenade, comme Locus Solus de Raymond Roussel, à travers des lieux très étranges, mais tous imprégnés d'une grande créativité. C'est aussi la découverte d'un art contemporain plus vivant présent à Kassel, un art qui se confond avec la vie, et qui passe comme la vie. »
Enrique Vila-Matas, La Razón
'À l'été 2012, de vieilles blessures ont été rouvertes en Belgique quand on a su que Michelle Martin, l'ex-femme et complice de Marc Dutroux serait libérée sur parole. J'essayays de savoir ce qui pouvait se passer dans sa tête.' - Kristien Hemmerechts
La Femme qui donnait à manger aux chiens est le roman de cette histoire terrible.
Elle est la femme la plus haïe de Belgique. Elle passe ses journées en prison, après avoir été la complice de terribles crimes sexuels commis par M, son époux et le père de ses trois enfants.
Elle n'a jamais cherché à l'arrêter. Elle a fait tout ce qu'il lui demandait. Presque tout. Elle sera bientôt libérée sur parole, et transférée vers un couvent. Pour travailler. Et lorsqu'elle ne travaillera pas, elle priera. Qui est cette femme ? N'est-elle qu'un monstre sans scrupule ?
Écrivain flamand très populaire en Belgique et aux Pays-Bas, Kristien Hemmerechts est née en 1955 à Bruxelles. Connue pour son franc-parler et pour son engagement social, elle est l'auteure d'une vingtaine de romans, recueils de nouvelles et essais autobiographiques. Elle enseigne la littérature anglophone à l'université catholique de Bruxelles et l'écriture créative à Anvers.
Courtney Farell est une jeune fille révoltée de quinze ans. Depuis le divorce de ses parents, elle partage son temps entre Manhattan, où son père, figure absente, travaille dans l'édition, et Los Angeles, où sa mère, actrice oubliée, tente de se refaire un nom à Hollywood. Avec ses amis de débauche, mis à la porte de Yale ou d'Harvard les uns après les autres, Courtney s'efforce par tous les moyens possibles d'échapper à son quotidien.
Roman mordant et désenchanté, mais aussi tendre, d'une adolescente qui s'éveille à l'amour avant de s'engouffrer dans les délices de l'alcool et du sexe, Chocolates for Breakfast a scandalisé l'opinion à sa parution en 1956. Soixante ans plus tard, il reste un témoignage poignant de la façon dont les jeunes filles se heurtent à l'adolescence, souvent avec fracas.
Pamela Moore est la représentante d'une jeunesse gâtée, instruite, aimée, mais de telle sorte qu'elle finit par en pourrir. Ce n'est pas la faute de l'Amérique.
Il y a des Pamela Moore partout où règne cette forme douce de la liberté : la licence.