Dans les montagnes boisées des Appalaches, Un été prodigue tisse trois histoires parallèles.
Deanna Wolfe, employée par l'office des forêts, vit coupée du monde dans un refuge d'où elle observe les animaux; elle y sera surprise par un jeune chasseur venu envahir ses espaces les plus intimes. Au fond de la vallée, une jeune intellectuelle citadine devenue femme de fermier devra, à la mort prématurée de son mari, déclarer son attachement à la terre et gagner le coeur d'une famille qui lui était hostile. Un peu plus loin, deux vieux voisins se chamaillent à propos de tout mais se retrouvent au fond confrontés aux mêmes complexités d'un monde auquel aucun d'eux ne s'attendait.
Pour qui a lu L'arbre aux haricots ou Les yeux dans les arbres, l'auteur confirme son intense générosité narrative. Barbara Kingsolver aime ses personnages ; elle aime aussi ce «monde largement coloré de vert» qu'elle décrit sans emphase, avec un respect quasiment animal.
Les éditions Rivages publient également Une rivière sous la lune, un roman nostalgique et fort où se mêlent drames personnels et guerre civile au Nicaragua.
Dans ce nouveau roman Haruki Murakami appose sa griffe rigoureuse
et lisse, étrange jusqu'au sublime, à une bouleversante histoire d'amour.
Hajime, à l'aube de la quarantaine, marié et père de deux petites filles adorables, propiétaire de deux bars en vogue à Tokyo et d'une résidence secondaire à la campagne, voit sa vie basculer quand une femme à la beauté envoûtante engage un soir la conversation avec lui. C'est Shimamoto-san, celle avec qui il partageait tout lorsqu'ils avaient douze ans.
De ces retrouvailles, l'auteur de la fabuleuse Course au mouton sauvage fait un livre poignant, dérangeant, un beau livre plein de sagesse et de vérités cachées, un conte obsédant d'intelligence.
Un recueil de nouvelles, Après le tremblement de terre, paraît également chez 10/18.
Hiver 1591, Istanbul est sous la neige. Mais un cadavre, le crâne fracassé, nous parle depuis le puits où il a été jeté.
Il connaît son assassin, de même que les raisons du meurtre dont il a été victime : un complot contre l'Empire ottoman, sa culture, ses traditions et sa peinture. Car les miniaturistes de l'atelier du Sultan, dont il faisait partie, sont chargés d'illustrer un livre à la manière italienne?
Roman polyphonique, Mon nom est rouge tient en haleine jusqu'à la dernière page par son extraordinaire construction : une subtile réflexion sur la confrontation entre l'Occident et l'Orient sous-tend la trame policière (un suspense fascinant), elle-même doublée d'une intrigue amoureuse.
On ne pourrait être plus dépaysé, et pourtant, tout est si proche. Exigeant et profondément original, Orhan Pamuk invite à la lenteur mais il surprend avec puissance.
« Aujourd'hui est mort l'homme que ma mère a aimé. Vieux comme les pierres, solide comme un roc jusque dans la mort.
Il s'est effondré tandis que, penché sur un pupitre, il tournait une page de la partition de la Symphonie en sol mineur de Mozart. Lorsqu'on l'a trouvé, il tenait dans sa main morte un bout de la partition déchirée : ces appels de cor du début du mouvement lent. Il avait dit un jour a ma mère que la Symphonie en sol mineur était le plus beau morceau de musique qu'on eût jamais composé. ?Il lisait depuis toujours des partitions comme d'autres lisent des livres. »
Urs Widmer fait ici le récit d'une vie, celle d'une femme qui n'a cessé d'être amoureuse d'un homme qui ne l'aimait pas. Lui, parti de rien, devient ?un peu grâce à elle -l'home le plus riche de Suisse ; à l'inverse, elle qui faisait partie de la jeunesse dorée se retrouve orpheline et sans le sou, se marie et mène une vie sans histoire.
C'est son propre fils qui raconte cet amour malheureux, véritablement incurable ; il parvient à y mettre un humour mélancolique et parfois même une drôlerie paradoxale qui rend le récit encore plus poignant
« La Hollande doit être le pays de l'infini, puisque les gares y ont deux côtés. »
Des îles d'Aran à Paris, des monastères du Japon aux musées d'Italie, parti de Hollande pour entrer dans « l'?il du cyclone », Cees Nooteboom nous offre ici un livre étonnant sur l'art, la littérature et la vie. Il voyage. Et compose des textes magnifiques habités par l'ailleurs, les amis et la poésie.
Imaginez un livre écrit par, disons, Vladimir Nabokov dans ses périodes les plus espiègles
et revu par Stephen King dans ses humeurs les plus cérébrales, mis en page par les graphistes les plus déjantés et publié par les éditeurs les plus audacieux. Le résultat pourrait bien être quelque chose comme La maison des feuilles.
Le premier roman de Mark Z. Danielewski (il a mis douze ans à l'écrire) n'a, à vrai dire, pas grand chose en commun avec tout objet littéraire identifié.
Au départ : la découverte d'un pseudo-académique manuscrit, le Navidson Record, écrit par un aveugle nommé Zampano, à propos d'un film documentaire inexistant ? qui lui-même parle d'un journaliste qui découvre une maison aux pouvoirs surnaturels (ses dimensions intérieures par exemple sont plus grandes que ses dimensions extérieures). À cet échafaudage de narrateurs-en poupée russe, Danielewski ajoute poèmes, nomenclatures scientifiques, collages, Polaroïds, appendices de fausses correspondances et « notes diverses », et un impressionnant index. On tourne et retourne le livre pour suivre les phrases placées n'importe comment ( ? ) sur les pages ? en haut, en bas, à l'envers, en diagonale -, les parenthèses sans contenus, les passages barrés, encadrés, bleutés, etc? Mais quoi ???
Si l'on en croit Johnny Errand, le jeune homme qui découvre le travail de Zampano, une fois que vous aurez lu le Navidson Record, « vous ne serez plus la personne que vous aviez cru être auparavant. Vous percevrez de lentes et subtiles modifications tout autour de vous, en particulier, d'importants changements en vous. Pire, vous vous apercevrez que les choses ont toujours changé, dans une espèce de miroitement, de vaste miroitement, mais sombre comme une pièce. Et vous ne comprendrez pas pourquoi ni comment. Vous aurez oublié ce qui vous a mis la puce à l'oreille. »
Ici, rien n'est fait pour rassurer le lecteur?
Tasmanie, 1954 : une femme quitte dans la nuit le campement de Butlers Gorge, abandonnant son mari et sa fille de trois ans.
Elle les aime, mais elle ne reviendra jamais. Trente-cinq ans plus tard Sonja, sa fille, retourne sur les lieux faire la paix avec son passé. Il lui faut retrouver son père qui l'a élevée seul, durement partagé entre culpabilité et amertume, mais aussi remonter le passé de ce couple déraciné, qui a dû fuir dans le désespoir les barbaries d'Europe centrale.
Richard Flanagan nous convie ici à une douloureuse et splendide histoire d'amour filial. À la fois conte sur les origines, quête identitaire d'un peuple d'immigrants victimes de l'Histoire, roman de guerre et de rédemption, c'est aussi un livre d'une poésie très particulière, obsédante et tenace, comme son beau titre : « The Sound of One Hand Clapping »