Au milieu des années vingt, dans les plaines sauvages du Montana, deux frères d'une quarantaine d'années
tiennent seuls les rênes du vaste ranch familial. Phil l'aîné, esprit brillant et misogyne notoire, règne en tyran sur la propriété tandis que George peine à s'imposer. Tout deux sont pourtant inséparables et vivent en parfaite harmonie. Jusqu'au jour où George épouse la veuve d'un médecin poussé au suicide par les humiliations répétées de Phil.
Dans ce roman iconoclaste d'une extraordinaire intensité psychologique, Thomas Savage explore en profondeur les aspects les plus troubles de l'âme humaine. Il faut lire jusqu'au dernier mot cet impressionnant affrontement du vice et de la vertu, cet éblouissant et machiavélique histoire d'hommes.
Thomas Savage porte bien son nom, et en lui, l'âpre saveur des grands espaces.
À travers l'histoire de trois jeunes Allemands - Helmut, jeune photographe dans le Berlin des années30,
Lore traversant une Allemagne défaite et dévastée, Micha, tentant cinquante ans après, de découvrir si son grand-père a participé aux meurtres systématiques de l'armée -, Rachel Seiffert raconte comment une nation a perdu l'innocence.
Sa prose dense et limpide, terriblement subtile, agit comme un révélateur photographique, faisant peu à peu apparaître l'irracontable. Avec audace et clairvoyance, elle avance sur le terrain crucial des silences de l'histoire.
Dans un petit village du Nord de la Norvège, plongé les trois-quarts de l'année dans la nuit polaire,
Kathrine, 28 ans, employée des douanes, vit avec son enfant. Jour après jour, elle contrôle les chalutiers qui viennent décharger leur pêche au port. De temps à autre, elle va boire une bière à l'Elvekroa, l'unique pub du village. Parfois, elle chausse ses skis de font et va rendre visite au gardien du phare.
Pour rompre sa solitude, elle épouse Thomas, chef de production à la conserverie locale. Mais cette union s'avère un douloureux échec. Kathrine s'enfuit, monte à bord du Polarlys qui longe les ports vers le Sud.
Elaborant une sorte d'alphabet mélodique, Peter Stamm nous introduit par une suite aléatoire d'esquisses au c?ur de l'univers de Kathrine. C'est une lutte pour trouver la lumière et peu à peu, c'est avec les yeux qu'on apprend à toucher.
Après Agnès et Verglas, l'auteur réussit ici un livre beau et sobre sur la solitude, la fragilité de l'amour, la douleur de vivre et les illusions perdues. Un admirable portrait de femme.
Lorsqu'il ouvre les yeux, Fabio Rossi, jeune journaliste d'origine italienne, ne sent plus que la moitié de son visage.
Il ne sait plus où il est ni, bien sûr, comment il y est arrivé et il ne reconnaît pas la moitié des personnages qui défilent autour de lui.
Fabio souffre d'une amnésie rétrograde posttraumatique qui a effacé cinquante jours de sa mémoire.
Après Small World et La face cachée de la lune, dans ce roman où le lecteur n'en sait jamais plus que le héros, Martin Suter nous entraîne à nouveau dans les méandres du cerveau et de la mémoire humaine. Confusions, embranchements inattendus, rebondissements? Comme dans un roman policier terriblement efficace, nul ne sait quel « autre » Fabio Rossi émergera en fin de compte de cette enquête.
C'est l'idée du suspense plutôt que sa mise en acte qui donne sa vitesse au récit, l'idée de l'oubli, l'idée du soupçon et celle du regret ? et c'est extrêmement subtil.