Que raconte White, première expérience de « non-fiction » pour Bret Easton Ellis ? Tout et rien. « Tout dire sur rien et ne rien dire surtout » pourrait être la formule impossible, à la Warhol, susceptible de condenser ce livre, d'en exprimer les contradictions, d'en camoufler les intentions. White est aussi ironique que Moins que zéro, aussi glaçant qu'American Psycho, aussi menaçant que Glamorama, aussi labyrinthique que Lunar Park, aussi implacable que Suite(s) impériale(s).
Passion, musique et trahison : la nouvelle symphonie romanesque du Maestro William Boyd
1894. Accordeur surdoué à l'oreille absolue, le jeune Brodie Moncur, employé d'un vénérable fabricant de pianos à Edimbourg, accepte avec joie un poste important dans la filiale parisienne, fuyant ainsi l'ennui de la province et la hargne de son pasteur de père. Mais sa rencontre avec John Kilbarron, le « Liszt irlandais », et la maîtresse de ce dernier, la soprano russe Lika Blum, dont il tombe fou amoureux, va changer inéluctablement le cours de son existence. Devenu indispensable au pianiste, il le suit de Paris à Saint-Pétersbourg, où sa liaison clandestine avec Lika est éventée par Malachi, le frère maléfique de Kilbarron.
Au panthéon des nouvellistes nord-américains, aux côtés d'un Raymond Carver ou d'une Alice Munro, Lucia Berlin est devenue une figure incontournable. Si la publication du Manuel à l'usage des femmes de ménage a révélé au public français une grande auteure injustement méconnue, Un soir au paradis confirme avec brio la place qu'occupe désormais Berlin.
Dans le canal d'irrigation, aux abords du village de La Matosa, un groupe d'enfants découvre le corps sans vie de la Sorcière. Les hommes avaient l'habitude de se rendre chez elle pour y trouver du plaisir et les femmes pour y chercher leur liberté, la Sorcière était à la fois amante, conseillère, parfois guérisseuse. Dans cette Chronique d'une mort annoncée, nous remontons le fil des événements pour faire connaissance avec les trois coupables présumés : Luismi, dont la petite amie avait été admise à l'hôpital en raison d'importants saignements après sa visite chez la Sorcière ; Munra qui était au volant du camion ayant transporté le cadavre le jour du meurtre ; et Brando, dont la misogynie et l'homophobie obsessionnelles semblent n'avoir aucune limite. Autant de perspectives qui racontent la misère, la drogue et la violence, en ce mois de mai où l'étouffante chaleur annonce une saison des ouragans féroce...
Innokenti Platonov se réveille amnésique dans une chambre d'hôpital. À la demande de son médecin, et pour l'aider à reconstituer son histoire personnelle, il consigne dans un journal des fragments chaotiques de souvenirs : visages, images, histoires, odeurs. Peu à peu sa mémoire fait émerger la ville de Saint-Pétersbourg dans les premières années du XXe siècle, l'enfance et ses bonheurs, sa première jeunesse, les études, l'amour, la révolution dont il a subi d'emblée les contrecoups, et, enfin, le camp des Solovki. Et Platonov devine, petit à petit, atterré, qu'il est né en 1900 et s'est réveillé en 1999..
Situé dans l’Indonésie contemporaine des voyous et des mafieux, le nouveau roman d’Eka Kurniawan est une époustouflante variation sur le thème de la vengeance.
Témoin du viol d’une simple d’esprit par deux policiers, Ajo Kawir en est traumatisé au point de devenir impuissant. L’adolescent va découvrir dans la bagarre un dérivatif à sa frustration sexuelle. Précédé par sa réputation, il est bientôt engagé pour liquider un caïd local. L’affaire se corse lorsque, à l’issue d’un corps à corps d’anthologie, il tombe amoureux de la somptueuse jeune femme employée comme bodyguard par sa future victime. Quand il lui avoue son infirmité, elle déclare vouloir l’épouser malgré tout.
La Blithuanie est un pays imaginaire d’Europe centrale, micro-nation issue de l’éclatement d’un empire vaincu née des grands traités qui ont suivi la première guerre mondiale. Dans ce banquet, deux personnages se font face. D’un côté, le général Baroutanski, héros de guerre devenu Lord-Protecteur du pays, de l’autre, son premier opposant, Niels Nielsen, docteur en droit, intellectuel renommé et ami d’enfance du premier. Quand le pouvoir de Baroutanski glisse vers un usage autoritaire et sanguinaire, Nielsen va incarner la résistance démocratique, au prix de l’exil.
H. Leivick décide à 71 ans de revenir sur les années de cachot qu’il a connues à 18 ans, de 1906 à 1912.
Dans une première partie, H. Leivick se souvient des six années passées dans un cachot obscur, de ses camarades de détention, révolutionnaires, juifs et non juifs. Il se souvient également des prisonniers de droit commun, dont certains avaient assassiné des Juifs. Des flash-back sur son enfance, son éducation traditionnelle puis son engagement politique parsèment le récit, alimentés par des dialogues intérieurs émouvants avec son père.
Sulayma a rencontré Nassim lorsqu'elle était encore adolescente, dans la salle d'attente du psychiatre qu'ils consultaient tous les deux. C'était à Damas, à la fin du XXe siècle, avant la guerre. Puis Nassim s'est exilé en Europe ; Sulayma reste seule, dans son appartement désormais vide, au cœur d'une ville secouée par la violence. Leur unique point de contact est le récit que Nassim a écrit et qu'il lui confie, miroir déformant où la peur que chacun éprouve vient se refléter en cascade.
Qu'est-ce qu'un Arabe israélien ? Une contradiction vivante. En s'expatriant aux États-Unis avec sa femme et leurs enfants, le héros de ce roman pensait résoudre le problème une bonne fois pour toutes. Mais sa nouvelle vie est hantée par ses souvenirs de jeunesse, et le mal du pays ne le quitte plus.
Rappelé d'urgence en Israël au chevet de son père hospitalisé pour un infarctus, il se trouve soudain confronté aux multiples mensonges dont sa vie est tissée. Devenu « nègre », spécialisé dans la rédaction d'autobiographies, il ne cesse en effet de mêler sa propre histoire à celles de ses clients, au point que le réel et l'imaginaire se confondent dans son esprit. Sa jeunesse a-t-elle vraiment été l'âge d'or qu'il décrit ?