En longeant la mer de Kyôto à Kamakura [Kaidô-ki], qui n’avait jamais été traduit en français, est l’un des titres les plus emblématiques du genre appelé kikô. Les premières formes attestées de ces récits de voyage aux accents contemplatifs remontent au viiie siècle et mêlent, dès l’origine, passages en prose et série de poèmes.
Daté du printemps 1223, En longeant la mer s’inscrit donc dans une tradition littéraire vieille de quelques siècles déjà. Les notations visuelles suscitées par la traversée des paysages de l’Empire du Soleil- Levant s’associent naturellement à une multitude de références plus ou moins explicites aux légendes et épisodes historiques liés à ces sites bien connus du lecteur très cultivé auquel s’adresse leur auteur.
À la fois récit autobiographique et manifeste sociopolitique, Les Femmes est l’essai que Hilton Als consacre à trois figures majeures de sa vie et de son éducation : sa mère, immigrée de La Barbade à Manhattan ; Dorothy Dean, une mondaine underground du New York des années 70 et 80 ; enfin, Owen Dodson, un poète et dramaturge gay qui fut le premier amant de Als.
Tous avaient un point commun : noirs, ils avaient bâti leur identité et leur vie sur le refus ou la subversion des stéréotypes associés au concept de la « Négresse » dans la culture américaine. C’est ce concept que Hilton Als déplie dans Les Femmes : l’analyse la plus scrupuleuse se mêle à l’émotion, et produit une pensée nouvelle, vivante, explosive.
« Je dis parfois en plaisantant que je suis mort à neuf ans ; je vous dis, à vous mes amis, que le pont sur l’Agri s’écroula une heure après notre passage ; et toujours plus je me convaincs que tout ce qui m’est arrivé ensuite ne m’appartient pas. »
Né au début du 20e siècle dans une famille paysanne, au sud de la péninsule italienne, Leonardo Sinisgalli quitte très tôt sa famille pour poursuivre ses études à Caserte, à Naples puis à Rome. Devenu ingénieur, il travaillera à Milan tout en commençant à publier ses premiers poèmes. Dans toute son œuvre, il ne cessera de revenir aux paysages et aux coutumes de son enfance, qui nourriront toujours son imaginaire.
Ce livre majeur de Sabato rend compte de la crise universelle qui allait venir en Occident. Son expérience de physicien, qui s’était soldée par une crise existentielle, le plaçait en effet aux premières loges pour remarquer que la science, création de l’homme, avait échappé à son contrôle et allait lentement l’asservir et le transformer en rouages d’une grande machinerie.
Digne de la plus virulente fièvre de l’or, la course aux fossiles redonne vie à toute une région pour le meilleur et pour le pire. Contagion garantie.
Tout le monde se souvient en 1993 de la sortie au cinéma de Jurassic Park. La même année, en Patagonie, un autre dinosaure carnivore, plus grand que le tyrannosaure, révolutionne l’économie d’une ville sinistrée, El Chocón. Découverts par un paléontologue amateur, ces ossements deviennent l’objet de toutes les convoitises : touristiques, scientifiques, politiques. Pourtant, derrière ce regain de prospérité, se joue une guerre sournoise, à l’ombre des fossiles estimés à des millions.
Nistor Polobok, sexagénaire trapu à la barbe en fil barbelé, règne en maître sur la mairie de Chișinău. Lorsqu’il n’encaisse pas les pots-de-vins d’entrepreneurs peu scrupuleux qui défigurent la ville, il batifole en charmante compagnie. Jusqu’au jour où une mystérieuse brèche s’ouvre dans l’asphalte devant sa majestueuse villa…
« Mes souvenirs s'envolent : New York dans le crépuscule pluvieux, Detroit sous la neige, le fin fond du Kentucky aux mille fleurs d'automne, les trottoirs de Montréal, Canada, auxquels va si bien la lune, les averses de Memphis dans le Tennessee, le soleil estival à son zénith dardant ses rayons sur Lima et l'embrasement vespéral des forêts de Toledo, ou encore le brouillard de Pontiac, mais surtout la vie dans une pension de Chicago aux étés si courts - »
« J'ai fini par y aller vraiment, dans l'Himalaya. Non pour escalader les sommets, comme j'en rêvais enfant, mais pour explorer les vallées. Je voulais voir si, quelque part sur terre, il existait encore une montagne intègre, la voir de mes yeux avant qu'elle ne disparaisse. J'ai quitté les Alpes abandonnées et urbanisées et j'ai atterri dans le coin le plus reculé du Népal, un petit Tibet qui survit à l'ombre du grand, aujourd'hui perdu. J'ai parcouru 300 kilomètres à pied et franchi huit cols à plus de 5 000 mètres, sans atteindre aucun sommet. J'avais, pour me tenir compagnie, un livre culte, un chien rencontré sur la route, des amis : au retour, il me restait les amis. »
Paolo Cognetti
Les absurdités que Paul van Ostaijen nous présente ne sont pas plus absurdes que celles que les journaux nous servent au quotidien, d’où le caractère polémique de ses grotesques.
Né à Anvers en 1896, on peut dire que Paul van Ostaijen est resté largement inconnu du public francophone. Remercions le traducteur Jan H. Mysjkin qui a eu la sémillante idée de publier enfin ses ‘grotesques’ avec la complicité de la maison d’édition belge Samsa. Ses ‘absurdités’ sont d’une modernité inoxydable, peuplés d’idéalistes d’un monde ‘à l’envers’. Il faut lire d’urgence Le trust du patriotisme ! (Librairie Tropismes, Bruxelles.)