En 1972, date de la première édition de cet ouvrage, le mot révolution était l'un des plus récurrents de la langue française. Quarante ans plus tard, le vocable est quelque peu passé de mode, mais il demeure un puissant ferment de mobilisation idéologique, y compris et peut-être surtout dans l'impensé d'une époque qui croit en avoir fini avec les idéologies.
De la révolution aux révoltes :paradoxal, le titre de l'ouvrage en annonce la teneur à la fois critique et programmatique. Contrairement aux poncifs de la période du « tout politique » de ces années 50 à 70 où l'on croyait fermement que la prise de pouvoir par l'État allait changer le monde et la vie, Jacques Ellul montre qu'aujourd'hui la révolution est un leurre et que seules des révoltes locales peuvent avoir un réel impact sur les conditions concrètes d'existence.
Les raisons de se révolter ne manquent pas. Mais on ne se révolte pas n'importe comment : en démocratie, s'engager dans un combat contre l'injustice, l'inégalité ou la domination est un geste qui doit s'exprimer sous une forme d'action politique acceptable. Parmi ces formes se trouve la désobéissance civile qui consiste, pour le citoyen, à refuser, de façon non-violente, collective et publique, de remplir une obligation légale ou réglementaire parce qu'il la juge indigne ou illégitime, et parce qu'il ne s'y reconnaît pas.
Cette forme d'action est souvent considérée avec méfiance : pour certains, elle ne serait que la réaction sans lendemain d'une conscience froissée puisqu'elle n'est pas articulée à un projet de changement politique ; pour d'autres, à l'inverse, elle mettrait la démocratie en danger en rendant légitime un type d'action dont l'objet pourrait être d'en finir avec l'État de droit.
Ce livre original, écrit par un sociologue et une philosophe, analyse le sens politique de la désobéissance, en l'articulant à une analyse approfondie des actes de désobéissance civile qui prolifèrent dans la France d'aujourd'hui - à l'école, à l'hôpital, à l'université, dans des entreprises, etc. Il montre comment ces actes s'ancrent avant tout dans un refus de la logique du résultat et de la performance qui s'impose désormais comme un mode de gouvernement. À la dépossession qui le menace - dépossession de son métier, de sa langue, de sa voix - le citoyen ne peut alors répondre que par la désobéissance, dont le sens politique doit être pensé.
La correspondance entre Walter Benjamin et Gershom Scholem témoigne de ces amitiés que Nietzsche avait définies comme « amitiés stellaires », par-delà les divergences et par-delà l'éloignement.
Notre édition correspond à celle publiée par Scholem lui-même en 1980 chez l'éditeur Suhrkamp. Elle comprend toutes les lettres échangées entre 1933 et 1940 que Scholem avait pu rassembler après la découverte d'archives miraculeusement sauvées de la destruction, et qui avaient voyagé de Paris à Moscou, avant d'être remises aux Archives centrales de Postdam en RDA en 1960. Les deux amis se connaissent depuis près de 20 ans et Scholem vit à Jérusalem depuis dix ans. Ils abordent ainsi à la fois des questions d'actualité politique (sionisme, montée du nazisme) et des questions philosophiques et littéraires, suivant le fil de leurs travaux respectifs. « Juifs hétérodoxes », chacun à sa manière, Scholem et Benjamin rendent compte de l'entrelacs entre théologie et utopie, mystique et révolution, et témoignent de « deux expériences de l'exil », que ni la terre d'Israël pour l'un, ni les fréquentations marxistes pour l'autre, ne parviennent à apaiser. Correspondance exemplaire, elle permet de mieux comprendre et connaître l'oeuvre de Walter Benjamin, qu'on ne cesse de re-découvrir, et confirme le statut pleinement philosophique et politique de Gershom Scholem, par-delà son activité d'historien de la mystique juive.
Le volume est suivi d'un essai inédit de Stéphane Mosès (1931-2007), qui fut un ami proche de Gershom Scholem à Jérusalem de 1969 à 1982, et un spécialiste de l'oeuvre de Walter Benjamin qu'il a contribué à mieux faire connaître.
Voici la transcription de la première année des cours de Michel Foucault au Collège de France. Sa publication marquera une date dans la «réception» de Foucault. On ne pourra plus le lire comme avant.
On y découvrira la profonde unité du projet qui va de Surveiller et Punir (1975), dominé par les thèmes du pouvoir et de la norme, à L'Usage des plaisirs et Le Souci de soi (1984), consacrés à l'éthique de la subjectivité.
Ces Leçons sur la volonté de savoir rappellent que le travail de Michel Foucault n'a jamais eu qu'un objet : la vérité. Surveiller et Punir achève une enquête sur le rôle des formes juridiques dans la constitution du dire vrai, dont on découvre ici les premiers jalons. La vérité naît dans des conflits, la concurrence des prétentions qui trouvent dans les rituels du jugement judiciaire la possibilité de départager qui a raison et qui a tort.
Au sein même de la Grèce antique se succèdent et s'affrontent différentes formes juridiques, différentes manières de partager le vrai et le faux, où viendront bientôt s'inscrire les querelles des sophistes et des philosophes. Sophocle, dans OEdipe roi, met en scène la puissance propre des formes du dire vrai : elles instituent le pouvoir comme elles le destituent. Contre Freud, qui fera d'OEdipe le drame d'un inavouable désir sexuel, Michel Foucault montre que la tragédie articule les rapports de la vérité, du pouvoir et du droit. L'histoire de la vérité est celle de la tragédie.
Au-delà de l'irénisme d'Aristote qui plaçait la volonté de vérité dans le désir de connaissance, Michel Foucault approfondit la vision tragique de la vérité inaugurée par Nietzsche, qu'il arrache dans un dialogue souterrain avec Deleuze à la lecture heideggerienne.
Qui osera parler, après ce cours, d'un Foucault sceptique ?
L'Enchantement du virtuel regroupe un ensemble de textes inédits ou devenus introuvables. Prolongeant Les Enjeux du mobile. Mathématique, physique, philosophie (Le Seuil, 1993), il questionne la physique et la philosophie du XXe siècle et éclaire d'un jour nouveau une oeuvre singulière. Penseur de l'individuation et de la magnification des libertés humaines, mais aussi théoricien du virtuel et du diagramme, Gilles Châtelet montre l'articulation entre algèbre et géométrie, entre mathématique et réalité physique, entre les opérations d'un être fini et l'auto-manifestation de la nature. On trouvera dans ce recueil les échos de son débat avec des figures contemporaines majeures : Alain Badiou, Gilles Deleuze, Roger Penrose ou René Thom, ainsi que son dernier manuscrit.
À la fin des années 1980, alors que la « déconstruction » suscite un débat passionné sur les campus américains, Michael Sprinker, qui enseigne la philosophie politique près de New York, écrit à Jacques Derrida. Il veut en savoir plus sur les relations que sa pratique philosophique entretient avec le marxisme, mais aussi sur ses relations personnelles avec Louis Althusser.
Cette curiosité se comprend aisément. Depuis le début des années 1950, Derrida côtoie le plus célèbre des exégètes français de Marx. Il fut brièvement son élève, puis son collègue à l’École normale pendant deux décennies. Une amitié indéfectible les lie encore, après les drames qui ont assombri la décennie en cours. Pourtant, Derrida s’est encore très peu exprimé sur la pensée marxiste.
Pour raconter la rencontre différée de la « déconstruction » et du « marxisme », c’est tout un pan de la vie intellectuelle en France que Derrida doit évoquer, de l’après-guerre encore dominé par les figures de Sartre et de Merleau-Ponty à Mai 68, des premiers travaux de Foucault au séminaire de Lacan, de la lecture du Capital par Althusser, Macherey, Balibar, Rancière et Establet à la réception de Heidegger.
On entend donc, dans ce remarquable entretien, l’écho fantomatique d’un débat qui n’eut jamais lieu, malgré la grande proximité de ses protagonistes, dans un milieu intellectuel bouillonnant mais rompu à la « diplomatie de l’évitement ». Vingt ans après, l’évaluation de l’héritage marxien reste au cœur de toute réflexion politique radicale.
Le livre que vous avez entre les mains s'inspire d'un cycle de cours que Stanley Cavell dispensa à l'université de Harvard : les mardis étaient consacrés aux grands textes de la philosophie morale, les jeudis aux chefs-d'oeuvre de l'âge d'or du cinéma hollywoodien. La composition de ce livre, qui fait alterner un chapitre sur un philosophe avec un chapitre sur un film, reflète à la fois les circonstances de son élaboration et son ambition : nous replonger dans la salle de cours, nous faire redécouvrir et la philosophie et le cinéma.
La plupart des histoires de la philosophie moderne relèguent au second plan sa vocation morale ; en ouvrant ce livre avec le philosophe américain Emerson et en le refermant avec Platon, Stanley Cavell nous invite au contraire à refuser l'éclatement de la philosophie en domaines séparés et à restituer à la philosophie morale toute sa place.
Le cinéma ne tient pas lieu ici d'« illustration » philosophique : il ouvre au spectateur-lecteur une voie nouvelle, loin de tout conformisme, en faisant naître des questions que certaines théories philosophiques (voir les chapitres sur Kant, Mill ou Rawls, par exemple) n'ont parfois pas su formuler. Ces films magiques (New York-Miami, La Dame du vendredi, Indiscrétions, Cette sacrée vérité...) parlent du corps, du mariage, de l'aspiration à une vie et à un moi meilleurs, de l'éducation, des femmes, de la politique. Ils incarnent le perfectionnisme à travers l'une de ses caractéristiques constantes : la conversation. C'est peut-être cette dernière qui fournit l'instrument le plus efficace pour lutter contre la mélancolie, le cynisme ou le snobisme qui empêchent parfois de « désirer le monde et de désirer qu'il change ».
« La perte du lieu, c'est comme la perte d'un autre, du dernier autre, du fantôme qui vous accueille chez vous lorsque vous rentrez seul. » M. A.
Il suffit d'avoir déménagé une ou deux fois dans sa vie pour pouvoir imaginer sans trop de mal les effets destructeurs qu'entraîne la perte des repères spatiaux-temporels. Ce n'est plus seulement la psychologie qui est en cause dans la situation des sans-logis, mais directement le sens de la relation, de l'identité et de l'être. Candide ou le Persan de Montesquieu étaient des personnages d'ethnofiction, mais ils regardaient le monde pour s'en étonner. C'est en se regardant lui-même, aujourd'hui, que le personnage d'ethnofiction découvre la folie du monde.
Every culture is a unique answer to a fundamental question: What does it mean to be human and alive? Anthropologist and National Geographic Explorer-in-Residence Wade Davis leads us on a thrilling journey to celebrate the wisdom of the world’s indigenous cultures.
In Polynesia we set sail with navigators whose ancestors settled the Pacific ten centuries before Christ. In the Amazon we meet the descendants of a true Lost Civilization, the people of the Anaconda. In the Andes we discover that the Earth really is alive, while in the far reaches of Australia we experience Dreamtime, the all-embracing philosophy of the first humans to walk out of Africa. We then travel to Nepal, where we encounter a wisdom hero, a Bodhisattva, who emerges from forty-five years of Buddhist retreat and solitude. And finally we settle in Borneo, where the last rainforest nomads struggle to survive.
Understanding the lessons of this journey will be our mission for the next century. For at risk is the human legacy — a vast archive of knowledge and expertise, a catalogue of the imagination. Rediscovering a new appreciation for the diversity of the human spirit, as expressed by culture, is among the central challenges of our time.
'Fabulous - I couldn't put it down and shouted out Yes! Yes! on many pages... a landmark book that will have people talking and arguing for years into the future' Lee Smolin
Something went wrong around the start of the twenty-first century. The crowd was wise. Social networks replaced individual creativity. There were more places to express ourselves than ever before... yet no one really had anything to say.
Does this have to be our future ?
In You Are Not A Gadget digital guru and virtual reality pioneer Jaron Lanier reveals how recent developments in our culture are deadening personal interaction, stifling genuine inventiveness and even changing us as people.
Showing us the way to a future where individuals mean more than machines, this is a searing manifesto against mass mediocrity, a creative call to arms - and an impassioned defence of the human.
'A provocative and sure-to-be-controversial book... Lucid, powerful and persuasive' The New York Times
'There is hardly a page that does not contain some fascinating provocation' Guardian
'Mind-bending, exuberant, brilliant' Washington Post