La crise de 30 ans. La fin du capitalisme?

La crise de 30 ans. La fin du capitalisme?
Houban Henri
Ed. Aden

Septembre 2008. La faillite de Lehman Brothers provoque un cataclysme : les États volent au secours des grandes banques pour éviter la déroute totale.

Trois ans plus tard, la crise prend un tour nouveau. L'endettement des États est abyssal, les troubles monétaires ne semblent plus maîtrisables, tandis que les citoyens se voient confrontés à une hausse vertigineuse du chômage, à un allongement des retraites, à une privatisation massive des services publics. Suffit-il de mettre en cause les dérives de la finance et de la spéculation ? Serait-on confronté à un phénomène plus profond qui touche à l'essence même du système capitaliste ? L'auteur prend le parti de remonter aux origines de la crise actuelle, en retournant en 1973, quand la première tempête a secoué le monde de la production. Il décortique les multiples tentatives du système pour colmater les brèches depuis lors. Il montre que les solutions temporaires d'hier pour surmonter les récessions périodiques ont créé les conditions d'une crise mondiale majeure aujourd'hui.

Existe-t-il encore des portes de sortie dans le système actuel ? Henri Houben examine ces pistes à la loupe à la recherche d'un modèle économique qui éviterait aux citoyens de payer pour une crise dont ils ne sont pas responsables.

Petit guide des religions à l'usage des mécréans

Petit guide des religions à l'usage des mécréans
de Botton Alain
Ed. Flammarion

Petit guide des religions à l'usage des mécréants

Les religions sont trop utiles, trop efficaces et trop intelligentes pour être abandonnées aux seuls croyants. Voilà le point de départ de l'exploration, par un athée, des religions catholique, juive et bouddhiste. Délogées de leurs structures transcendantes ou surnaturelles, envisagées comme des sagesses à l'usage de tous, ces religions aident à résoudre des problèmes concrets de la vie moderne : elles engendrent des sentiments de communauté humaine, encouragent la vertu, prônent des relations longues et durables, aident à contenir l'envie et le ressentiment, et luttent contre le matérialisme de la société de consommation. Leurs rituels et leurs lieux de culte enseignent l'importance de la beauté, du savoir et de la culture. Mais surtout, elles dévoilent notre vraie nature : ce besoin d'être aimés et consolés qui ne peut jamais être entièrement satisfait par le cours ordinaire de la vie.

Au lieu de moquer les religions, athées et agnostiques feraient mieux de « piller » les bonnes idées dont elles regorgent. Ce livre leur ouvre la voie avec un humour, une finesse et une perspicacité remarquables. Mêlant la plus grande impiété et le plus grand respect, Alain de Botton prend ainsi à revers le sempiternel débat qui oppose croyants et non-croyants, invitant les seconds à jouir de tous les outils de connaissance de soi que les religions ont élaborés au fil des siècles.

Essais sceptiques

Essais sceptiques
Russell Bertrand
Ed. Belles lettres

« Ces propositions pourront paraître légères, mais, si elles étaient suivies, elles révolutionneraient totalement l'existence humaine. »

C'est avec ces mots que Bertrand Russell ouvre ce qui est en effet un livre révolutionnaire. Prenant pour point de départ l'irrationalité du monde, il offre par contraste un point de vue « violemment paradoxal et subversif » : la croyance en la capacité de la raison à déterminer les actions humaines. Parce qu'ils pressentirent les horreurs qui résultèrent, dans les années suivant leur première publication en 1928, des passions irrationnelles issues des convictions religieuses et politiques, ces Essais sceptiques furent constamment réimprimés.

Aujourd'hui, harcelés que nous sommes par les assauts violents du capitalisme, la défense russellienne du scepticisme et de l'indépendance d'esprit est plus que jamais d'actualité. Par sa prose engagée, il nous guide à travers les problèmes philosophiques fondamentaux qui concernent notre vie quotidienne - la liberté, le bonheur, les émotions, l'éthique et les croyances - et nous offre des conseils avisés. « Quels pourraient être les effets, demande-t-il ironiquement à ses lecteurs, d'une extension du rationalisme sceptique ? »

Exhortation à la philosophie. Le dossier grec. Aristote

Exhortation à la philosophie. Le dossier grec. Aristote
Collectif
Ed. Belles lettres

« Il faut philosopher » : cette formule se rencontre en diverses oeuvres de l'Antiquité destinées à exhorter un public à pratiquer la sagesse ou la philosophie, et, en particulier, dans certains des rares témoignages sur le Protreptique d'Aristote désormais perdu. Plusieurs philologues, à partir de la fin du XIXe siècle, crurent retrouver un vaste ensemble de « fragments » de celui-ci dans l'ouvrage homonyme du néoplatonicien Jamblique. Cette « découverte » déboucha sur de nombreux travaux autour de l'authenticité aristotélicienne des chapitres V à XII du livre de Jamblique, et sur différentes tentatives - au demeurant hypothétiques - pour « reconstruire » l'original aristotélicien. Le statut des extraits de Jamblique est paradoxal : si leur contenu correspond, en majorité, aux doctrines du corpus aristotélicien et semble formulé dans le cadre d'une exhortation, jamais, toutefois, l'auteur ne se réfère explicitement au Stagirite.

La perspective du présent ouvrage tient compte de ce paradoxe : pour désigner l'ensemble comprenant les quelques témoignages et les rares citations de l'ouvrage aristotélicien extérieures à Jamblique, ainsi que les extraits de ce dernier, nous avons donc préféré au titre de Protreptique d'Aristote celui d'Exhortations aristotéliciennes. Cet appel à la prudence est aussi un moyen de déplacer l'intérêt de ces textes. Cet intérêt a été souvent grevé, en effet, par les questions de l'authenticité aristotélicienne, sans doute trop présentes, au détriment de ce que la traduction et le commentaire proposés dans cette édition veulent mettre en évidence : la richesse des réflexions sur le sens et la valeur de la philosophie développées dans ces extraits, source d'inspiration pour de nombreux auteurs de l'Antiquité plus tardive. L'introduction montre ainsi que la philosophie des Exhortations aristotéliciennes se situe au croisement de deux modèles conceptuels fondamentaux : elle est tantôt technique et science, tantôt accomplissement des facultés naturelles de l'homme. Ce qui explique aussi l'attention apportée, dans cette édition, à l'argumentation des Exhortations et aux questions rhétoriques, largement abordées dans une dernière partie de l'introduction.

Parménide

Parménide
Heidegger Martin
Ed. Gallimard/Bibliothèque de philosophie

« Notre pensée d'aujourd'hui a pour tâche de penser de manière encore plus grecque ce qui fut pensé de manière grecque », confiait Heidegger dans son dialogue avec un interlocuteur japonais.

Cet effort livre à l'ensemble de ce cours sur Parménide son itinéraire propre, au fil d'une méditation de la pensée grecque qui fait appel autant à Homère, Hésiode, Pindare, Sophocle et Platon qu'au Poème de Parménide. Réaccomplissant le voyage du penseur jusqu'à la demeure de la déesse qui l'accueille, au seuil du Poème, il introduit en même temps à ce qui forme le coeur de la pensée de Heidegger, c'est-à-dire le rapport de l'être à l'homme et de l'homme à l'être.

« Le dialogue avec Parménide ne prend pas fin », notait Heidegger au terme du texte consacré au penseur grec dans les Essais et conférences, « non seulement parce que, dans les fragments conservés de son Poème, maintes choses demeurent obscures, mais aussi parce que ce qu'il dit mérite toujours d'être pensé. Mais que le dialogue soit sans fin n'est nullement un défaut. C'est le signe de l'illimité qui préserve, en lui-même et pour la pensée qui revient vers lui, la possibilité d'une mutation du destin. »

Capitalisme, désir et servitude. Marx et Spinoza

Capitalisme, désir et servitude. Marx et Spinoza
Lordon Frédéric
Ed. La Fabrique

Comment un certain désir s'y prend-il pour impliquer des puissances tierces dans ses entreprises ? C'est le problème de ce qu'on appellera en toute généralité le patronat, conçu comme un rapport social d'enrôlement. Marx a presque tout dit des structures sociales de la forme capitaliste du patronat et de l'enrôlement salarial. Moins de la diversité des régimes d'affects qui pouvaient s'y couler. Car le capital a fait du chemin depuis les affects tristes de la coercition brute. Et le voilà maintenant qui voudrait des salariés contents, c'est-à-dire qui désireraient conformément à son désir à lui. Pour mieux convertir en travail la force de travail il s'en prend donc désormais aux désirs et aux affects. L'enrôlement des puissances salariales entre dans un nouveau régime et le capitalisme expérimente un nouvel art de faire marcher les salariés.

Compléter le structuralisme marxien des rapports par une anthropologie spinoziste de la puissance et des passions offre alors l'occasion de reprendre à nouveaux frais les notions d'aliénation, d'exploitation et de domination que le capitalisme voudrait dissoudre dans les consentements du salariat joyeux. Et peut-être de prendre une autre perspective sur la possibilité de son dépassement.

Kant chez les extraterrestres. Philosofictions cosmopolitiques

Kant chez les extraterrestres. Philosofictions cosmopolitiques
Szendy Peter
Ed. Minuit

«Kant, oui, a parlé des extraterrestres.»

Ainsi pourrait s'ouvrir ce petit traité de philosofiction (comme on parle de science-fiction).

Ce qu'il s'agit avant tout d'interroger, avec ces aliens que Kant a dû prendre au sérieux comme nul autre dans l'histoire de la philosophie, ce sont les limites de la mondialisation. C'est-à-dire ce qu'il nommait le cosmopolitisme.

Toutefois, avant de lire les considérations kantiennes sur les habitants des autres mondes, avant de suivre son aliénologie raisonnée, on en passe par l'analyse de la guerre des étoiles qui fait rage au-dessus de nos têtes. Et l'on envisage d'abord les actuels traités internationaux réglant le droit de l'espace, ainsi que la figure de ces cosmopirates que Carl Schmitt a pu évoquer dans ses écrits tardifs.

À suivre ensuite les allées et venues des extraterrestres dans l'oeuvre de Kant, il apparaît qu'ils sont la condition nécessaire pour une introuvable définition de l'humanité. Infigurables, échappant à toute expérience possible, ils sont pourtant inscrits au coeur même du sensible. Ils en sont le point d'Archimède, depuis lequel se trame son partage.

Lire Kant, le lire en le faisant dialoguer avec des films de science-fiction qu'il semble avoir vus d'avance, c'est le faire parler des questions qui nous pressent et nous oppressent : notre planète menacée, l'écologie, la guerre des mondes... Mais c'est aussi tenter de penser, avec lui ou au-delà, ce qu'est un point de vue.

Principe responsabilité ou principe espérance ? Hans Jonas, Ernst Bloch, Günther Anders

Principe responsabilité ou principe espérance ? Hans Jonas, Ernst Bloch, Günther Anders
Münster Arno
Ed. Le Bord de l'eau

Si Hans Jonas occupe une place si importante dans la pensée du XXIe siècle, c'est parce que sa réflexion écologique et éthique porte sur des points sensibles de l'évolution de notre civilisation technologique.

Fondé sur une « heuristique de la peur », à savoir l'anticipation de la menace que comporte le développement des technologies de pointe pour la survie même de l'humanité, le « tractatus technologico-ethicus » que Jonas propose dans Le Principe responsabilité (1979), a pour objectif de construire une éthique nouvelle adaptée aux problèmes réels de notre époque ; une éthique non seulement de la sagacité, mais aussi de la responsabilité et du respect du prochain, d'une éthique défiant la résignation positiviste de la philosophie contemporaine.

Le succès qu'a connu ce livre et l'accueil plutôt positif qui lui avait été réservé, notamment dans les milieux écologistes, ne devrait pas cependant dissimuler le fait que la confrontation systématique que cherche ici Jonas avec l'idéal utopique, la pensée utopique en général, et avec le marxisme en particulier, qui aurait « élevé l'utopie au rang d'un but explicite », ne fait pas unanimité. C'est pourquoi la lecture critique du Principe Responsabilité que propose ce livre a pour but de questionner les jugements critiques et parfois excessifs formulés par Jonas à l'encontre d'Ernst Bloch, le philosophe (marxiste) de l'espérance et de l'utopie concrète.

En prolongeant ces réflexions vers l'oeuvre encore mal connue en France de Günther Anders, mais aussi vers Hannah Arendt, Theodor W. Adorno ou André Gorz, le livre veut reposer la question du lien entre critique de la civilisation technologique, marxisme et utopie.

Le roi de l'opium. Et autres enquêtes à Asie du Sud-Est

Le roi de l'opium. Et autres enquêtes à Asie du Sud-Est
Vollmann William T.
Ed. Tristram

Durant toutes les années 1990, William T. Vollmann n'a cessé de parcourir l'Asie du Sud-Es, ses jungles, ses villages, ses capitales.
Au Cambodge, il est parti sur les traces de Pol Pot et des Khmers rouges. En Thaïlande, il a exploré les réseaux de la prostitution, allant jusqu'à enlever une enfant qui avait été vendue comme esclave sexuelle. En Birmanie, il a rencontré le chef révolutionnaire Khun Sa, connu comme étant le principal producteur d'opium du 'triangle d'or'. Au Japon, il a enquêté auprès des yakuzas et s'est intéressé à ces 'Intouchables' qu'on appelle les Burakumin.

L'auteur de Gomorra, Roberto Saviano, écrit : 'Vollmann raconte ce que sont l'Histoire et l'humanité, et sonde tous les aspects de cette dernière. Rien de ce qui est humain ne lui est étranger. Dans ses livres-reportages, il est là, enfoncé dans la réalité qu'il explore. Raconter la misère de l'homme, la toxicomanie, la prostitution, l'exploitation farouche ne signifie pas être attiré par l'abjection, ou exalter la dégradation. C'est voir son propre temps plus clairement et rechercher dans les traces du présent, tel un archéologue, les sédimentations du passé, là où l'homme demeure identique à lui-même, dans sa soif de pouvoir, de sang, de conquête.'
Le livre des violences - sur un autre versant de la même démarche - explorait la violence dans l'Histoire. Traduite en français en 2009, cette somme a été un considérable événement éditorial et critique.

Le Roi de l'Opium et autres enquêtes en Asie du Sud-Est inaugure une série de volumes, dont les suivants seront consacrés aux enquêtes que William Vollmann a menées en Afrique et dans le monde musulman, dans l'ancienne Yougoslavie, ainsi que dans les pays d'Amérique du Nord et du Sud.
Ces textes impressionnent autant par la profondeur de leurs vues et leur puissance d'expression que par l'engagement de l'auteur. S'il a vécu les situations qu'il nous raconte (à la première personne), Vollmann donne surtout la parole aux protagonistes eux-mêmes - qu'ils soient victimes ou bourreaux. Il fait entendre leurs récits, leurs justifications. Et ce faisant apparaissent des vérités dont seule la littérature, portée à ce niveau d'humanité et d'empathie, peut rendre compte.

 

La paix toujours présente. Santé psychique et santé spirituelle

La paix toujours présente. Santé psychique et santé spirituelle
Desjardins Arnaud
Ed. Table ronde

Au-delà, ou plutôt en deçà, des philosophies et des théologies contradictoires, un dénominateur commun à toutes les voies de transformation personnelle, religieuses ou non, fait l'unité des enseignements de sagesse : il s'agit de demeurer établi dans la paix, la sérénité et l'amour qui n'ont pas de contraire.

Or, ce dépassement du monde des opposés (réussite/échec, bonheur/malheur, création/destruction...) demande ce que la tradition chrétienne désigne par « la mort du vieil homme » et « la naissance de l'homme nouveau », ce que le soufisme dénomme fanâ' et le bouddhisme nirvana, plus qu'un changement : une métamorphose.

Composé à partir de réponses données à des auditoires québécois et mexicains en quête du sens de l'existence, La Paix toujours présente nous invite à cette aventure radicale. Elle n'est pas réservée à quelques yogis, moines ou moniales retirés du monde. Le verset le plus célèbre des Upanishads nous concerne tous : « De l'irréel conduis-moi au Réel, des ténèbres à la Lumière, de la mort à l'Immortalité. »

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