Village de pêcheurs devenu métropole mondiale en moins de vingt ans, lieu de tous les superlatifs (plus haut gratte-ciel, plus vaste centre commercial, plus grandes îles artificielles, hôtel le plus étoilé...), Dubaï pourrait bien signaler l'émergence d'un stade nouveau du capitalisme, encore inconnu sous nos cieux : un système à la fois plus ludique, par la généralisation du loisir touristique et de la jouissance commerciale, et plus violent, entre chantiers esclavagistes et politique de la peur, grâce aux guerres qui font rage de l'autre côté du Golfe persique - soit une société sans vie sociale ni classe moyenne, pur mirage de gadgets sans nombre et de projets pharaoniques. L'analyse de Mike Davis pointe les rapports de force à l'oeuvre derrière le phénomène Dubaï ; elle est complétée par une réflexion de François Cusset sur les défis posés aux « démocraties » occidentales par l'insolente réussite de Dubaï, Inc.
Qu'est-ce que l'amour ? qu'est-ce que faire l'amour ? est-ce bon ou est-ce mauvais ? pourquoi ? Comment régler sa sexualité ? Existe-t-il un bon objet d'amour ? si oui, lequel ? pourquoi ? À ces questions, qui s'imposent à toute réflexion éthique, le présent ouvrage cherche des réponses dans la monumentale Éthique de Spinoza. On y apprend, guidé par les « mathématiques sévères », ce que sont libido et coït, et en quoi consiste une histoire d'amour. La raison en démontre les risques, et enseigne comment passer de l'amour ordinaire au seul qui vaille vraiment, l'amour envers Dieu autrement dit la Nature. Et, chemin faisant, on comprend que la raison et Spinoza n'enseignent pas seulement à en finir avec les passions tristes, ce à quoi chacun applaudit, mais également et peut-être surtout, avec les passions joyeuses, avec toutes ces amours téméraires qui nourrissent nos existences et les illuminent d'une joie douteuse. Tout à la fois « géométrie de l'Amour » et « roman d'amour », ce livre n'est, en somme, que l'union légitime de l'Éthique et du courrier du coeur.
« Quand, dans la société primitive, l'économique se laisse repérer comme champ autonome et défini, quand l'activité de production devient travail aliéné, comptabilisé et imposé par ceux qui vont jouir des fruits de ce travail, c'est que la société n'est plus primitive, c'est qu'elle est devenue une société divisée en dominants et dominés, en maîtres et sujets, c'est qu'elle a cessé d'exorciser ce qui est destiné à la tuer : le pouvoir et le respect du pouvoir. La division majeure de la société, celle qui fonde toutes les autres, y compris sans doute la division du travail, c'est la nouvelle disposition verticale entre la base et le sommet, c'est la grande coupure politique entre détenteurs de la force, qu'elle soit guerrière ou religieuse, et assujettis à cette force. La relation politique de pouvoir précède et fonde la relation économique d'exploitation. Avant d'être économique, l'aliénation est politique, le pouvoir est avant le travail, l'économique est une dérive du politique, l'émergence de l'État détermine l'apparition des classes. »
P.C.