Entendre Heidegger. Et autres exercices d'écoute

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Fédier François
Ed. Grand Souffle

C'est grâce à Jean Beaufret que j'ai pu entendre. Sans lui, je n'aurais sans doute pas été capable de porter attention au propos de Heidegger : il est au premier abord presque inaudible, tant ce qui y est dit demande qu'on ouvre grand les oreilles. Le renom du philosophe ne vient pas faciliter les choses. La gloire elle aussi est faite de malentendus.

Dissiper les malentendus est une entreprise fastidieuse : rien n'est plus obtus qu'un homme qui ne veut rien entendre. Le présent livre ne se propose donc pas ce but. Il lui suffit amplement de mettre autant que possible les lecteurs au contact de ce que montre Heidegger, cette contrée si proche, mais que nous avons les plus grandes peines du monde à percevoir, et où tant de richesses dorment à notre insu.

Les textes ici rassemblés, dont la moitié sont inédits, ont été écrits de 1983 à 2007.

Mon souhait le plus cher est que ce livre puisse donner envie d'écouter : un peu comme lors de ces instants d'attente joyeuse - quand, une fois le la donné à l'orchestre, chaque instrument se met pour lui-même à s'accorder dans sa tessiture, au milieu d'un brouhaha croissant, jusqu'à ce que s'installe soudain le silence où le concert peut commencer. François Fédier, décembre 2007

Présentation de l'éditeur

Pensée grecque, culture arabe

Pensée grecque, culture arabe
Gutas Dimitri
Ed. Aubier

Sous le pouvoir à peine conquis des Abbassides, Bagdad, entre le VIIIe et le Xe siècle, est le lieu d'un formidable éveil de la pensée philosophique et scientifique. Cet essor de la vie intellectuelle s'accompagne d'un vaste mouvement de traduction des textes grecs anciens. Que traduit-on ? Toutes les disciplines scientifiques - de l'astrologie, de la médecine, de l'astronomie, des mathématiques... et même des manuels d'art militaire -, puis de la philosophie, notamment Aristote. Tout un corpus se constitue - de traductions, fidèles ou paraphrastiques, en commentaires, de compilations en oeuvres propres -, qui deviendra la base de la pensée arabe classique et une source capitale de notre accès à l'Antiquité grecque.

L'originalité de Dimitri Gutas est d'analyser les facteurs sociopolitiques et surtout idéologiques qui ont permis ce grand mouvement culturel ; il corrige l'idée selon laquelle ces traductions auraient été faites en vertu d'une sorte de goût altruiste pour la culture. Il montre qu'elles émanent en réalité de la demande de l'État et plus généralement de la société, puisque leurs commanditaires sont les califes et aussi des marchands, des propriétaires terriens, des Arabes et des non-Arabes, des musulmans et des non-musulmans... Enfin, Dimitri Gutas décrit l'influence de cette grande entreprise de traduction sur cet autre renouveau intellectuel qu'on a appelé le «premier humanisme byzantin».

Salué, lors de sa parution en langue anglaise en 1998, par une critique unanime, ce livre est un classique des études sur les rapports entre l'Antiquité grecque et le monde arabe.

L'exception européenne. Ces mérites qui nous distinguent

L'exception européenne. Ces mérites qui nous distinguent
Dewitte Jacques
Ed. Michalon

En partant d'un tableau du Hollandais Jan Mostaert, Épisode de la conquête de l'Amérique, peint vers 1520-1540, Jacques Dewitte nous invite à réfléchir aux sources de l'identité européenne. À circonscrire ce lieu, l'Europe, perçu aujourd'hui comme exclusivement géographique alors que c'est avant tout une tournure d'esprit.

Que dit ce tableau ? Il est le témoignage pictural, muet et pourtant parfaitement éloquent de ce que la défense des peuples envahis et massacrés remonte aux débuts mêmes de la colonisation. Cette représentation révèle ce trait typique de l'esprit européen : la disposition à reconnaître sa propre culpabilité, à se confronter à son passé, à s'intéresser aux moeurs des autres peuples, à s'interroger sur la validité absolue de ses valeurs et de ses évidences. Et cette disposition est unique : l'Europe est la seule à avoir adopté une telle attitude critique, de sorte qu'il lui revient, par là même, un statut d'exception.

C'est de cette civilisation de la curiosité, du doute et de l'interrogation qu'il sera question dans ce livre, une réflexion en forme de cheminement, mêlant littérature et philosophie, intuitions, idées et imaginaire, en compagnie d'Hérodote, Montaigne, Kolakowski, Castoriadis, Levinas, Husserl, Octavio Paz, Simon Leys, Camus et Naipaul.

Au-delà de l'image. Une archéologie du visuel au Moyen Age. Ve-XVIe siècle

Au-delà de l'image. Une archéologie du visuel au Moyen Age. Ve-XVIe siècle
Boulnois Olivier
Ed. Seuil

À quoi bon des images ? Peuvent-elles nous faire accéder à l'essentiel ?

Pour explorer ces questions, ce livre analyse les différentes théories formulées pendant un long Moyen Âge, qui va d'Augustin au Concile de Trente. Les concepts de trace, de symbole, de ressemblance, d'image mentale, de figure matérielle construisent, dans une confrontation permanente avec la parole et l'écriture, les structures souples mais cohérentes de la représentation. Objets de mémoire et de récit, de méditation et de visualisation, d'usage et de vénération, les images appartiennent alors à une histoire des formes de la vérité.

Pourtant les penseurs médiévaux admettent aussi que l'essentiel (la pensée et le divin) est invisible pour les yeux. Ils orientent l'image vers ce qui la dépasse. Travaillée par l'opposition entre ressemblance et non-figuration, la doctrine de l'image enchaîne ainsi conflits et crises.

Au cours de cette histoire tumultueuse, l'art, la philosophie et la théologie s'entrecroisent. Et peu à peu s'affirment la visibilité de Dieu, l'exaltation du contemplateur, et la souveraineté de l'artiste - le triomphe du visible, si proche de notre modernité.

L'image médiévale n'appartient pas seulement à l'histoire de l'art, elle nous donne aussi à penser.

La création humaine, vol. 3, tome 2. La Cité et les lois

La création humaine, vol. 3, tome 2. La Cité et les lois
Castoriadis Cornélius
Ed. Seuil/La couleur des idées

Ce volume, où sont repris douze séminaires donnés en 1983-1984 par Cornelius Castoriadis à l'École des hautes études en sciences sociales, est pour l'essentiel consacré à la naissance, à la nature et au fonctionnement de la démocratie athénienne, et plus particulièrement à ce phénomène singulier que fut la démocratie directe telle que la pratiquèrent les Athéniens. Il montre comment ils surent mettre en question l'idée qu'il puisse y avoir une expertise particulière quant aux affaires de la cité ; quelles furent les institutions qu'ils créèrent, et surtout la tragédie, pour imposer des limites à la démocratie ; et les fins de cette société, telles qu'elles apparaissent dans l'«Oraison funèbre» prononcée par Périclès chez Thucydide. Avec, en filigrane, une discussion d'auteurs anciens (Sophocle, Hérodote, Platon, Aristote) ou modernes (Rousseau, Arendt). On y verra à quel point reste actuelle la question de la participation de tous aux affaires communes : celle de la démocratie.

Introduction à une phénoménologie de la vie

Introduction à une phénoménologie de la vie
Barbaras Renaud
Ed. Vrin

La question de la corrélation entre l'étant transcendant et ses modes de donnée subjectifs, question qui est au coeur de l'entreprise phénoménologique, conduit inévitablement à aborder le problème du sens d'être du sujet de la corrélation en tant que celui-ci à la fois appartient au monde et est une condition de son apparaître. Conformément à cette double exigence, le sujet doit être caractérisé comme vivre, ce qui revient à dire que la phénoménologie n'a de sens que comme phénoménologie de la vie. La vie doit ici être comprise en un sens originaire, plus profond que la distinction de l'être en vie (leben) et de l'épreuve de quelque chose (erleben) : elle échappe à l'alternative d'une vie intransitive et d'une vie transitive.

Le but de ce livre est de jeter les bases de cette phénoménologie. Une telle entreprise requiert d'abord de mettre en évidence les limites et les présupposés des philosophies, phénoménologiques ou non, qui se confrontent à la question de la vie. Elle débouche sur une caractérisation positive du vivre comme Désir, autre nom de la corrélation, rapportant l'un à l'autre un sujet qui est Réalisation et un Être qui est Inachèvement.

La parallaxe

La parallaxe
Zizek Slavoj
Ed. Fayard/Ouvertures

La parallaxe est le déplacement apparent d'un objet que provoque un changement du, point d'observation. Le philosophe ajoutera que la différence observée n'est pas simplement subjective. Dans la terminologie hégélienne, on dira plutôt que le sujet et l'objet sont en fait intrinsèquement « médiatisés », si bien qu'un changement épistémologique dans le point de vue du sujet traduit toujours un changement ontologique dans l'objet lui-même.

On connaît aujourd'hui toute une série de parallaxes, dans des domaines très différents. Dans la physique quantique (la dualité de l'onde et du corpuscule) ; dans la neurobiologie (l'écart entre le cerveau et la pensée) ; la parallaxe de la différence ontologique : la discordance entre l'ontique et l'ontologique ; la parallaxe du Réel (le réel lacanien n'a aucune positivité substantielle, il est juste l'écart entre la multiplicité des points de vue qui le visent) ; la parallaxe de l'inconscient, qui commande l'absence de mesure commune entre les deux aspects de l'édifice théorique de Freud : l'interprétation des formations de l'inconscient et la théorie des pulsions ; et enfin la parallaxe politique, dont le vieux nom est « lutte des classes ».

Finalement, ce livre tente de renouveler le matérialisme dialectique, tout en restant fidèle au projet communiste.

Sous-cultures. Le sens du style

Sous-cultures. Le sens du style
Hebdige Dick
Ed. Zones

Et de résistance.

La jeunesse britannique des années 1970 fut le creuset du punk et du « glam-rock » - avec la figure de Bowie -, mais aussi d'une puissante sous-culture rasta importée en Angleterre par les migrants caribéens.

Pour comprendre l'émergence du punk, il faut saisir l'importance de ces dialogues, par styles interposés, entre jeunesse britannique et immigrée : les sous-cultures se répondent entre elles dans un jeu complexe d'échanges, de déplacements et de citations. Avec une avance remarquable sur l'état du débat intellectuel en France, cet ouvrage essentiel fournit des outils conceptuels pour mieux comprendre la grande circulation des signes et des identités qui traverse les sous-cultures de jeunesse en situation postcoloniale.

Quand le soleil voulait tuer la lune. Rituels et théâtre chez les Selk'nam de Terre de Feu

Quand le soleil voulait tuer la lune. Rituels et théâtre chez les Selk'nam de Terre de Feu
Chapman Anne
Ed. Métailié

Lola Kiepja, dernière descendante des Seik'nam (que leurs ennemis appelaient Ona), est morte en 1966 ; avec elle disparaissait le dernier témoin direct d'une haute culture et d'une antique société. Anne Chapman a effectué de nombreuses missions en Terre de Feu, chez les Seik'nam, entre 1964 et 1999. Aujourd'hui encore elle entend la voix de Lola psalmodier un chant pour Lune, la mythique matriarche bientôt vaincue par Soleil et ses alliés les hommes. À travers Lola, Angela et les travaux de l'anthropologue allemand Gusinde, tous disparus aujourd'hui, c'est le « secret » du Hain qu'elle cherche à reconstituer. Premier théâtre au monde, assure-t-elle, en tout cas théâtre et rituel unique au monde, qui a disparu avec les Seik'nam, le Hain consistait en un jeu de rôles très dangereux pour les humains tant du côté des acteurs que des spectateurs qui y participaient. Sur la scène du Hain, inversement symétrique du domicile céleste de Lune où elle reçoit les esprits des chamans qui lui rendent visite pendant l'éclipse, on voit surgir et s'opposer, nus sur la neige, des esprits masqués souterrains et célestes chargés d'une incroyable puissance, qui infligent aux jeunes initiés des épreuves cruelles et dégradantes qui doivent les conduire à la maturité.

En révélant la complexité et la richesse de ce monde aboli, l'ethnologue montre ce qui a été perdu avec sa disparition, avec son génocide, et fait prendre conscience de l'atteinte qui a été portée à l'humanité tout entière.

Le Paléolithique

Le Paléolithique
Groenen Marc
Ed. Cavalier Bleu/Idées reçues

'L'environnement au Paléolithique était glacial et hostile'

'L'homme préhistorique habitait dans les cavernes'

'Tous les outils étaient en silex'

'L'homme de Cro-Magnon était vêtu de peaux de bêtes'

'L'homme du Paléolithique a peint dans les grottes, mais ce n'est pas un artiste'...

Issues de la tradition ou de l'air du temps, mêlant souvent vrai et faux, les idées reçues sont dans toutes les têtes. L'auteur les prend pour point de départ et apporte ici un éclairage distancié et approfondi sur ce que l'on sait ou croit savoir.

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