Jean Eustache a tourné treize films de tout format et de tout genre, des films courts (plutôt que des courts métrages) et des films fleuves, des films de cinéma et des films pour la télévision, des documents (plutôt que des documentaires) et des fictions, un film célèbre, La Maman et la Putain, et des films discrets. Tous ont une part autobiographique, au sens où Eustache était l'ethnographe de son propre réel. Ce fut un cinéaste secret, souffrant du manque de succès, mais charismatique. Qu'est-ce qui nous touche tant chez lui, quand Alexandre parle à n'en plus finir, que Véronika rit et pleure dans le même mouvement, que la Rosière sourit ou qu'on découpe le cochon ? Qu'est-ce qui subsiste ainsi, irréductiblement, trente ans après son suicide, en novembre 1981, diamant qu'on ne saurait rayer, regard clair qui ne saurait s'éteindre ?
À ces différents questions, le Dictionnaire Eustache voudrait répondre, explorant cet univers et cette vie comme un puzzle bio-filmographique, une forme en multiples détails - ces détails dont Eustache était fou -, une marqueterie faite de séquences, d'histoires, d'amitiés, d'amours, de collaborations, de références et de fétiches personnels. Qu'est-ce ainsi que le « désir » ou la « mort » chez Eustache, l'« adolescence » ou le « montage », la « captation du réel » ou le « fondu au noir » ? Pourquoi le « vouvoiement », le « trou », le « passé », le « sexe », la « mélancolie » ou la « drague » ? Quelles places ont occupées ses acteurs, tels Jean-Pierre Léaud ou Françoise Lebrun, ses proches et sources d'inspiration, tels Jean-Noël Picq ou Jean-Jacques Schuhl, ses modèles cinématographiques, tels Murnau ou Renoir ?
Le Dictionnaire Eustache propose une manière originale, ludique, cinéphile et littéraire de décrire et de comprendre l'univers et la vie du cinéaste, curiosité se déclinant sur près de deux cents entrées qui tentent de dire au plus juste qui il était et ce qu'étaient ses films.
Je me vois comme un fantaisiste, mot qui possède quelques lettres en commun avec fanatique.
Je suis peut-être un fantaisiste fanatique. Fanatique peut aussi avoir une connotation obsessionnelle.
Il se peut donc que je sois un fantaisiste fanatique obsessionnel. F.W.
Frederick Wiseman est né à Boston en 1930. Depuis ses débuts controversés avec Titicut Follies (1967) jusqu'à Boxing Gym (2010) présent au festival de Cannes et longuement ovationné, il a réalisé près de 40 films sur la société et les institutions américaines.
Il a récemment tourné en France, La Comédie-Française, La Danse : Le Ballet de l'Opéra de Paris et Crazy Horse. Il a également mis en scène, pour la Comédie-Française, La Dernière Lettre de Vasily Grossman et Oh les beaux jours de Samuel Beckett.
En écho à la rétrospective que lui a consacré en 2010 le Musée d'Art Moderne (MoMa) de New-York, cet ouvrage richement illustré propose à travers le regard d'éminents écrivains, artistes et critiques, une vision actuelle d'une des oeuvres les plus audacieuses de ces dernières décennies. Pour la première fois, Frederick Wiseman accepte de parler de lui, de son enfance bostonienne, de ses années d'apprentissage, de son itinéraire personnel, de sa pratique cinématographique apportant ainsi un éclairage nouveau sur l'ensemble de son oeuvre.
De l'enfance rarement explorée pour comprendre la genèse de son inspiration aux relations d'Alfred Hitchcock avec les femmes, avec l'argent, avec les studios, avec François Truffaut, cette biographie définitive explique comment l'un des plus grands cinéastes de l'histoire a construit une oeuvre où l'étrange se mêle à l'extrême intelligence, jusqu'au mausolée qui fait de lui pour toujours le 'Maître du suspense'.
En 1948, Georges Hugnet choisit dans sa collection de cartes postales une série des années trente représentant des dames plus ou moins dévêtues. Et reprit la technique de la gouache.
De ces dames à leur toilette, il fera les proies consentantes de ses nouveaux personnages, les Spumifères. Terme qui signifie porteurs d'écume. Ils sont pour la plupart couverts de plumes ou de duvet, très hauts en couleurs et dans l'ensemble plutôt contents d'eux. Ils portent des noms en rapport avec leur personnalité comme «Le Purlaine orgueilleux», leur lieu de vie tel «La Pigruleuse du maquis» ou une distinction physique comme «Le Torchas casqué». Ce sont des amants obsédés par leur besoin de se reproduire, ce qui ne peut se faire que par le contact d'un corps de femme.
Hugnet réalisa quarante Spumifères. Quarante comme les académiciens. Il devient naturaliste pour décrire leurs ébats avec beaucoup de précisions.
Il les fit aussitôt photographier, encadrer : cadre en chêne clair, passe-partout liseré or, cartouche portant le nom de chacun.
Mais les porteurs d'écume ne furent pas quarante très longtemps car leur créateur en fit cadeau à ses amis les plus proches : Lise Deharme, André Thirion, Marie-Laure de Noailles, «La Minoche émancipée» à Paul Éluard. Six seront ainsi dispersés (tous récupérés depuis). Qu'importe, disait Georges Hugnet, les académiciens sont rarement au complet. Trente-quatre ne furent jamais montrés, «L'Émandole des sables» fut volé.
Dans les années 1960, Georges Hugnet écrit des textes pour accompagner ses cartes postales. Ceux dont il a fait cadeau n'auront pas de texte.
Les quarante Spumifères et les textes qui les accompagnent sont présentés ici pour la première fois.
«Formidablement documenté, écrit avec précision, le livre de Richard Brody est une biographie remarquable en tous points, passionnante et scrupuleuse. Une prouesse qui impose le respect.» Los Angeles Times
Le critique américain Richard Brody s'appuie sur des centaines d'entretiens avec les amis, collaborateurs et membres de la famille de Jean-Luc Godard ainsi que sur des séquences d'archives inédites pour dresser un portrait riche et complet de l'insaisissable chef de file de la Nouvelle Vague. Particulièrement attentif aux courants politiques et intellectuels de l'époque, mais aussi à la sensibilité qui a modelé l'oeuvre de l'artiste, l'auteur retrace le parcours du cinéaste, de ses premiers écrits pour Les Cahiers du cinéma jusqu'à l'apogée de sa gloire avec des succès populaires comme A bout de souffle ou Le Mépris, en passant par ses années Mao ou encore sa magistrale série de documentaires pour la télévision, Histoire(s) du cinéma. Richard Brody démontre qu'il est impossible de dissocier l'oeuvre de Godard de son contexte et de la vie du cinéaste, ses films étant le produit d'un seul et même objectif : fusionner biographie, créativité et histoire.
Longtemps relégué à l'arrière-ban car considéré comme un genre mineur, le documentaire revient en force sur le devant de la scène avec des oeuvres puissantes comme Bowling for Columbine ou La Marche de l'Empereur. D'après une étude du CNC (Centre national du cinéma et de l'image animée), la production documentaire a progressé de 8,1 % en 2009 pour atteindre un total de 2 225 heures. Qu'elle vise la télévision, le cinéma ou le DVD, cette forme d'expression attire un nombre croissant de jeunes cinéastes car le marché offre de grands débouchés et les moyens techniques actuels permettent une réelle souplesse.
Réaliser son premier documentaire s'adresse à tous les jeunes cinéastes qui désirent se tourner vers le documentaire. Il décortique chaque étape, de la genèse du projet jusqu'à sa diffusion. Vous y apprendrez comment aborder votre sujet, le scénariser ou non, choisir votre matériel, rechercher des intervenants, trouver des financements, mener à bien le tournage, le montage et la distribution.
Dans cet ouvrage, organisé de manière chronologique, toutes les phases de la conception jusqu'à la commercialisation d'un documentaire sont analysées. Présenté sous forme de cours, vous y trouverez des exercices ainsi que de nombreux conseils pour vous perfectionner. Par ailleurs, une étude de cas réel vous montre, à chaque étape clé, comment l'auteur a fait face aux contraintes de production.
Ce livre très illustré est le guide idéal pour vous accompagner dans la réalisation d'un documentaire.
Cette somme rassemble un choix de textes parus et inédits, fruit de trente années de recherche sur l'art du dix-neuvième siècle à nos jours. Elle propose un récit foisonnant, vivant, lacunaire, érudit.
L'art moderne a renouvelé les modes de perception, les définitions et les hiérarchies, le vocabulaire et la syntaxe des formes ; depuis l'invention de la photographie, premier procédé d'enregistrement, il n'a cessé de se réinventer, entre oeuvre et activité.
Jean-François Chevrier écarte les périodisations convenues (modernisme, postmodernisme) et les labels. Il fait apparaître des mécanismes de création, des réseaux de figures et des territoires qui participent de l'histoire autant que de la poésie. Il retrace des situations spécifiques dans lesquelles une pensée et un geste ont fait surgir une forme, ici et maintenant, au-delà d'une conception étroite de l'actuel.
Une phrase de Mallarmé pourrait servir d'épigraphe aux sept livres : «Mal informé celui qui se crierait son propre contemporain.»
Les relations du corps fait partie d'une collection de sept livres de Jean-François Chevrier publiés aux éditions L'Arachnéen en 2010 et 2011 :
* La trame et le hasard
* Entre les beaux-arts et les médias
* Walker Evans dans le temps et dans l'histoire
* Des territoires
* Les relations du corps
* L'hallucination artistique
* OEuvre et activité
Cette somme rassemble un choix de textes parus et inédits, fruit de trente années de recherche sur l'art du dix-neuvième siècle à nos jours. Elle propose un récit foisonnant, vivant, lacunaire, érudit.
L'art moderne a renouvelé les modes de perception, les définitions et les hiérarchies, le vocabulaire et la syntaxe des formes ; depuis l'invention de la photographie, premier procédé d'enregistrement, il n'a cessé de se réinventer, entre oeuvre et activité.
Jean-François Chevrier écarte les périodisations convenues (modernisme, postmodernisme) et les labels. Il fait apparaître des mécanismes de création, des réseaux de figures et des territoires qui participent de l'histoire autant que de la poésie. Il retrace des situations spécifiques dans lesquelles une pensée et un geste ont fait surgir une forme, ici et maintenant, au-delà d'une conception étroite de l'actuel.
Une phrase de Mallarmé pourrait servir d'épigraphe aux sept livres : «Mal informé celui qui se crierait son propre contemporain.»
Cadre, seuil, limite. Il s'agit ici d'envisager la question de la limite (et des notions qui lui sont apparentées) pour elle-même, avant qu'elle ne reçoive une caractérisation déterminée, autrement dit, de la saisir dans sa signification intrinsèque et dans ce qu'elle peut éventuellement comporter d'implicite, d'instable et, donc, d'insaisissable. Cette question, avec ce qu'elle charrie d'équivocité, concerne en particulier toutes les voies de l'esthétique, de la philosophie et de la théorie de l'art. Nombre d'études relevant de ces domaines, qu'elles soient anciennes ou actuelles, et qui portent sur la peinture, l'architecture, la littérature, le théâtre ou les arts plus récents que sont la photographie, le cinéma et la vidéographie, témoignent de la place cardinale qu'y occupe, en chaque genre, le traitement spécifique de la bordure et, corrélativement, celui de son possible débordement, du cadrage et du décadrage, des frontières et de leur passage. Les investigations théoriques engagées visent à en dégager les enjeux majeurs lorsque, une fois mise à l'oeuvre et à l'épreuve par les multiples activités créatrices comprises dans leurs spécificités génériques, cette notion se trouve soumise à un traitement artistique.
Les questionnements autour du champ sémantique de l’idée de créativité avec Marcel Duchamp influencèrent certes beaucoup d’artistes du XXème siècle. Mais que penser de la nouvelle fonction de l’art dans un monde désenchanté ? Qu’en est-il de l’art autonome en tant que vision sociale ? L’analyse esthétique et concrète de «Duchamp romantique» amène un peu de sel sur la planche de nos réflexions pour poursuivre nos recherches en continuant d’affiner notre «frisson rétinien». À bon regardeur, salut !