En commençant son travail sur l'enfance au Cambodge, Laurence Leblanc pose une question difficile : comment tous ces enfants peuvent-ils vivre avec le poids de la mémoire et les traces quotidiennes des massacres ? Elle choisit de se confronter aux gestes de l'enfance, de comprendre et de reconstruire, à travers la photographie, la réalité de ce pays où l'incompréhension du passé, les cauchemars, les traces de l'horreur sont omniprésents.
Laurence Leblanc interprète les gestes joyeux d'enfants et leurs jeux qui se chargent, dans ses images, de tension et de souffrance. Son récit crée un monde onirique douloureux habité par de petits fantômes innocents qui semblent vouloir se libérer d'un cauchemar.

Laurence Leblanc devient en 2003 lauréate de la Fondation CCF pour la Photographie qui récompense Rithy, Chéa, Kim Sour et les autres. Autre travail récompensé en 2003 : Vous êtes ici.

Mathieu Bernard-Reymond utilise avec une grande maîtrise la technologie numérique. Sur une base classique et rigoureuse, qui se rattache à la leçon de photographie contemporaine de paysage, il met en scène de petits événements impossibles. Avec ses multiples prises, assemblées numériquement, il analyse le comportement humain dans l'espace, en reconstruisant les traces de la présence, des déplacements, des relations interpersonnelles. Ses images, qui font à tous l'effet de véritables photographies, jouent sur le concept du temps et de l'espace, soulignant l'ambiguïté originelle de la représentation de la réalité.

Mathieu Bernard-Reymond devient avec Vous êtes ici lauréat 2003 de la Fondation CCF pour la Photographie. Autre travail récompensé en 2003 : Rithy, Chéa, Kim Sour et les autres

Voilà un ouvrage documenté sur Antonin Dvorak, compositeur tchécoslovaque longtemps ignoré dans les pays francophones d'Europe. Bien des idées fausses circulent à propos de ce compositeur, qu'Annie Thirion s'efforce ici de combattre. L'ouvrage - édité à compte d'auteur - comprend outre une biographie revisitée, un guide pour l'écoute des oeuvres de Dvorak.
Annie Thirion est historienne de l'art spécialisée en musicologie. Elle dédie son ouvrage au Professeur Jarmil Burghauser (décédé en 1997), considéré comme le meilleur spécialiste de la vie et de l'oeuvre d'Antonin Dvorak.

Historien de l'art et germaniste, Edouard Pommier regroupe ici une série d'études consacrée à Johann Joachim Winckelman (1717-1768), savant allemand aujourd'hui tombé dans l'oubli. Dans le fil d'une réflexion sur les origines de l'idée de musée et sur le développement d'un discours historique sur l'art, Edouard Pommier montre comment Winckelman constitue l'Antiquité en paradigme de l'art. Si l'oeuvre du savant eut un retentissement certain dans la France du XVIIIe siècle, c'est parce qu'elle liait décadence de l'art et servitude politique, exaltant le message d'une liberté grecque que les révolutionnaires rêvaient peut-être de ressusciter à Paris...

La collection est étudiée ici en tant que fait historique, au cours d'un millénaire qui la voit changer deux fois de forme : au départ trésor de temple ou de palais, elle devient, à partir du XIVe siècle, collection particulière et, à la fin du XVe siècle, musée. L'auteur s'attarde longuement à la Venise du Moyen Age et de la première modernité pour arriver, au terme de son parcours, aux Etats-Unis de la fin du XIXe et du début du XXe siècle, en passant par l'Italie et la France. L'anthropologie historique des objets qu'apporte ce livre révèle les tendances à l'oeuvre dans l'évolution des attitudes à l'égard du sacré, de la nature, de l'histoire et de l'art.

Hors de la vaste jungle des herbes incertaines

Il y a d'un côté les adeptes des plantes et des tisanes, qui apprécient la relative innocuité des médecines douces et se satisfont d'une tradition souvent millénaire quant à l'usage et aux effets de telle ou telle espèce.
D'autres à l'opposé se vantent de ne pas y croire, et refusent fermement d'ingérer tout ce qui n'a pas la forme d'un comprimé : un biochimiste et un médecin vont ici les réconcilier. C'est sous une livrée bicolore modeste que se présente Des plantes auxquelles se fier, ouvrage dont Jacques Falquet et Bertrand Graz ont eu l'idée après des années de coopération dans des pays où le prix des médicaments dépasse souvent considérablement les possibilités économiques des malades.
Regroupant une petite trentaine de plantes aux possibilités thérapeutiques éprouvées (tests en double-aveugle, vérification approfondie de l'innocuité, prise en compte de la marge du dosage), ce petit livre jaune et vert propose au lecteur ordinaire une synthèse tirée d'articles médicaux parus en français, allemand et anglais, avec une première sélection de plantes courantes (menthe poivrée, eucalyptus, camomille?), pouvant figurer dans le traitement rationnel de quelques symptômes courants (acné, maux de tête et migraines, rhumes, troubles du sommeil, nausées?). Les auteurs décrivent leurs caractéristiques, les espèces avec lesquelles elles pourraient être confondues, et la meilleure façon de les cultiver au jardin ; le temps de traduire et de vérifier d'autres sources, ils publieront en principe un deuxième volume, jetant enfin la base d'une pharmacopée végétale fiable et sans danger.
(Anne de Bardzki)

Récit d'un voyage long de vingt ans auprès des tribus nomades d'Algérie, Errances bédouines est plus qu'un reportage d'ethnologue ; c'est un livre plein du vent de l'aventure, du sable du désert, du talent d'un écrivain marquant son attachement intime à une culture en voie de disparition.

Daniel Pellagra est ethnologue et cinéaste. Il enseigne à l'université de Lyon-II.