En septembre 1977 sort, aux Éditions Recherches, une première Révolution moléculaire. Suivie, en avril 1980, d'une autre Révolution moléculaire, en version poche, chez 10/18. Un seul titre pour deux livres fort différents l'un de l'autre : recueils d'articles écrits par Félix Guattari entre 1972 et 1980, ces deux versions ne livrent pas les mêmes textes, et, lorsqu'elles le font, elles les modifient tant qu'ils en deviennent presque méconnaissables.
Si cette Révolution Moléculaire version 2012 se donne comme ambition de rendre à nouveau disponible l'ensemble des textes qui furent publiés chez ses deux aînées, si elle a le même titre, elle ne constitue pas pour autant une réédition. Car, en les agençant, elle se donne, nécessairement, comme autre et singulière.
Comme si, rétive à une seule et unique version, toute révolution moléculaire ne pouvait se donner qu'au pluriel : des révolutions moléculaires, des pratiques plutôt qu'une théorie ; une façon de faire de la politique qui, ainsi que nous le rappelle Félix Guattari, «aura quelque chose à voir avec une perspective révolutionnaire s'il est vrai que les bouleversements sociaux, à l'avenir, deviendront absolument inséparables d'une multitude de révolutions moléculaires au niveau de l'économie du désir.
Si cette Révolution Moléculaire version 2012 se donne comme ambition de rendre à nouveau disponible l'ensemble des textes qui furent publiés chez ses deux aînées, si elle a le même titre, elle ne constitue pas pour autant une réédition. Car, en les agençant, elle se donne, nécessairement, comme autre et singulière.
Comme si, rétive à une seule et unique version, toute révolution moléculaire ne pouvait se donner qu'au pluriel : des révolutions moléculaires, des pratiques plutôt qu'une théorie ; une façon de faire de la politique qui, ainsi que nous le rappelle Félix Guattari, «aura quelque chose à voir avec une perspective révolutionnaire s'il est vrai que les bouleversements sociaux, à l'avenir, deviendront absolument inséparables d'une multitude de révolutions moléculaires au niveau de l'économie du désir.
« Cet essai, construit en étoile est composé de textes (…) qui, à défaut de s’enchaîner les uns aux autres, se répondent et communiquent par différents “passages”, selon la méthode mise en oeuvre par Walter Benjamin dans son Paris capitale du XIXe siècle. Il s’agit (…) de problématiser une question destinée à nous reconduire à notre objet, à son coeur – pourquoi la question de l‘étranger tend-t-elle à devenir, sous nos latitudes, l’obsession des pouvoirs contemporains ? Au travers de cette question, qui n’en est une pour nous qu’autant que les méfaits des sorcières en étaient une pour un certain XVIe siècle, n’est-ce pas plutôt la question du pouvoir et la question des discours qui se trouvent posées ? ». A.B.
En pierres denses et compactes, la langue d’Alain Brossat se révèle contondante, réparatrice à force de ne pas se plier à l’esprit du temps, d’y répondre sans formes prescriptives, sans marche à suivre. S’il figure quelques pistes pour des mouvements salvateurs, l’action principale consiste à re-tracer l’absurde d’une série d’énoncés en matière d’hospitalité et d’identité. En y intercalant des rappels historiques et en repeuplant les apories des discours en la matière, l’auteur nous donne la possibilité d’en faire autant : restaurer nos percepts et affects. En dix chapitres, Alain Brossat revient patiemment sur ce que nous entrapercevions en accéléré et de manière de plus en plus marquée : l’Europe forteresse déclinée en cinq chapitres philosophiques, deux textes de circonstance consacrés à Mohamed Merah et DSK, une célébration singulière de l’anniversaire de l’indépendance de l’Algérie, deux tableaux politiques du cinéma et « Qui a tué Walter Benjamin ? » ou le récit du verrouillage de toutes les portes, mentales, physiques, politiques.
Après plus d’un siècle d’enseignement obligatoire de la philosophie, où en sommes-nous de la formation de l’« esprit critique », jugé si précieux pour faire de chacun le citoyen d’une démocratie ?
Cette question n’est pas seulement pédagogique, elle concerne l’existence même de la philosophie : la circulation des idées est ce sans quoi la pensée n’existe pas ? sinon comme archive. Une idée reste lettre morte si elle n’est pas réactualisée par des individus vivants et curieux. Dès lors, à quoi bon se féliciter d’une richesse culturelle passée si n’est pas perpétuellement suscité un désir d’y puiser des idées qui seront pensées à nouveaux frais pour une situation donnée ?
La philosophie n’est pas une discipline érudite, abstraite et difficile comme ont voulu le croire et le faire croire certains professeurs. Elle est d’abord une pratique concrète et émancipatrice qu’il s’agit de partager et de faire ensemble. Ainsi, il faut penser ces conditions concrètes et effectives de la pensée philosophique (en classe notamment) pour comprendre comment l’espoir politique d’émancipation collective peut faire sens pour nous aujourd’hui.
On l’aurait presque oublié, mais l’Éducation nationale, jadis mieux nommée par Condorcet « Instruction publique », est en son principe un projet révolutionnaire. À travers la question singulière de la place de la philosophie en son sein, et en s’instruisant des erreurs passées et des illusions sur les fausses réussites, on perçoit tout ce qu’il y a encore à penser et à faire si l’on veut véritablement être le plus nombreux possible à penser le plus possible.
Sébastien Charbonnier est philosophe et professeur de philosophie. Il est l’auteur de Deleuze pédagogue (2009).
Nicolas de Cues est un auteur encore peu connu du public français. Maurice de Gandillac a été le premier à le faire sortir de l'ombre en traduisant ses textes. Or le Cusain est un auteur majeur qui a assuré le passage du Moyen Âge à la Renaissance. C'est, en quelque sorte, le premier des humanistes, un théologien incontournable, un esprit universel qui s'intéresse aussi bien au droit qu'aux mathématiques, à l'astronomie, à la philosophie, ou à l'action sociale, comme en témoigne le célèbre hôpital qu'il a fait construire à Bernkastel-Kues pour accueillir les plus démunis. Même s'il opte pour la spéculation, il a le souci de rendre ses idées accessibles à tous, comme en témoigne le célèbre jeu de la boule, ou encore la référence à l'icône qu'il propose pour amener les fidèles à l'expérience de la vision de Dieu.
La présente anthologie, inédite en français, ne présente pas seulement l'ouvrage classique de Nicolas de Cues qu'est la Docte
Ignorance, mais offre un large choix de textes donnant une idée des différentes facettes de ce grand précurseur de la modernité.
Christian de Duve, prix Nobel de médecine, retrace ici les grandes étapes d'une existence exceptionnelle, qui lui a permis d'assister en témoin privilégié aux progrès révolutionnaires de notre compréhension de la vie accomplis depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, d'en connaître les principaux protagonistes et même d'ajouter sa propre pierre à l'édifice.
À ces mémoires scientifiques s'ajoutent aussi des souvenirs personnels, des portraits, des anecdotes.
Le récit d'une vie hors du commun.
Comme le fast food, la fast science, c'est vite fait, pas bon et pas très digeste ! Une économie spéculative - avec ses bulles et ses krachs - s'est emparée de la recherche scientifique : les chercheurs doivent intéresser des « partenaires » industriels, participer aux jeux guerriers de l'économie compétitive. Conformisme, compétitivité, opportunisme et flexibilité : c'est la formule de l'excellence. Mais comment poser publiquement la question d'un désastre lorsque l'on ne veut pas que le public perde confiance en « sa » science ? Les mots d'ordre comme « Sauvons la recherche » font consensus, alors qu'ils ne posent surtout pas la bonne question : « De quoi faut-il la sauver ? »
Isabelle Stengers montre que les chercheurs doivent cesser de se prendre pour le « cerveau pensant, rationnel, de l'humanité», refuser que leur expertise serve à faire taire l'inquiétude de l'opinion, à propager la croyance en un progrès scientifique inéluctable capable de résoudre les grands problèmes de sociétés. Il s'agit pour eux de nouer des liens avec un public potentiellement intelligent et curieux, c'est-à-dire aussi de produire des savoirs dignes de cette ambition.
En 1903, le philosophe américain William James (1842-1910) publiait « Le poulpe du doctorat ». Il éprouvait une telle répugnance vis-à-vis de l'enseignement académique qu'il se présentait comme un outsider, voire un charlatan. Au regard des plus récentes inventions institutionnelles visant àévaluer les chercheurs, les examens auxquels James s'en prend apparaissent pourtant comme d'innocents archaïsmes... Le poulpe enlace les chercheurs plus puissamment que jamais.
L'humanité a connu deux révolutions cognitives avec l'invention de l'écriture et celle de l'imprimerie. Raffaele Simone démontre qu'avec Internet et les médias numériques une troisième révolution s'opère, dont les effets sont déjà observables dans le fonctionnement de l'intelligence et des sens, ainsi que dans la relation au savoir et les rapports sociaux.
Cette Troisième Phase correspond à une mutation anthropologique sans précédent, marquée par la création de la médiasphère. Ce milieu, devenu aussi vital pour nous que l'air que nous respirons, résulte de la conjugaison des nouveaux médias et des outils informatiques connectés au Web.
L'auteur analyse comment la primauté de l'image et de l'écran induit un fonctionnement synthétique et passif de l'esprit et remet en cause une acquisition intellectuelle majeure de l'humanité que l'écriture avait apportée : la vision alphabétique, qui stimule l'intelligence analytique et la réflexivité.
La « culture numérique » tend à substituer à la réalité un spectacle permanent où les simulacres l'emportent. Concluant par un examen critique de l'idée d'une démocratie rendue authentique grâce à Internet, qui a permis l'émergence de mouvements politiques et sociaux auto-organisés, Raffaele Simone propose une réflexion à la hauteur des temps et du défi qu'impose une révolution irréversible des modalités de l'expérience humaine.
«Trois passions simples mais irrésistibles, a écrit Bertrand Russell, ont commandé ma vie : le besoin d'aimer, la soif de connaître, le sentiment presque intolérable des souffrances du genre humain ; ces passions comme de grands vents m'ont poussé à la dérive, de-ci, de-là, sur un océan d'inquiétude, où je me suis parfois trouvé aux bords mêmes du désespoir.»
C'était bien donner le ton de cette Autobiographie exceptionnelle en tous points. Elle nous permet de retrouver un personnage hors normes à la vie riche en événements de toutes sortes, dont les deux guerres mondiales qui ont ensanglanté et endeuillé le XXe siècle ne furent évidemment pas les moindres. Tant il est vrai que sa vie durant, cumulant conquêtes intellectuelles et combats politiques, Bertrand Russell sut conjuguer comme personne la réflexion du logicien, ami de Wittgenstein et de Whitehead ou Moore, avec une action dans le siècle qui lui fit notamment connaître la prison en 1918 et une révocation de l'université à New York pour immoralité !
Plus d'un personnage célèbre a croisé notre héros tels Bernard Shaw, Joseph Conrad, D. H. Lawrence, Katherine Mansfield ou J. M. Keynes que l'on retrouvera au fil de ces pages. Traversée du XXe siècle à hautes altitudes, cet autoportrait d'un géant de l'époque est une lecture nécessaire pour les citoyens du XXIe.
Cessons de nous raconter des histoires sur « la crise » !
Et regardons de face le cœur du problème qui se pose à la société humaine en ce début du XXIe siècle : les contraintes écologiques interdisent que le niveau de vie occidental se généralise à l’échelle du monde. Il devra donc baisser pour que chacun ait sa juste part. Autrement dit, l’appauvrissement matériel de l’Occident est inéluctable.
Comment allons-nous vivre cette mutation : en changeant nos sociétés pour nous adapter au mieux à ce nouveau monde, ou en nous opposant au sens de l’histoire, au prix d’un déchaînement de la violence ?
Déjà en cours de traduction dans plusieurs langues, ce récit phosphorescent d’idées originales prend comme fil conducteur les tribulations de l’humanité depuis son apparition sur terre. Captivant et à rebours du discours dominant, il nous invite à une dérangeante lucidité. Mais ce livre est également habité par un optimisme communicatif : oui, un nouveau monde est possible.
Hervé Kempf poursuit un travail de synthèse et de renouvellement de l’écologie politique, qui rencontre la faveur du public, en France et à l’étranger. Récemment : Pour sauver la planète, sortez du capitalisme (2009) et L’Oligarchie ça suffit, vive la démocratie (2011).
Ils sortent de la faim et de la pauvreté des centaine de milliers de personnes. Ils sauvent des entreprises. Ils construisent des habitats coopératifs, écologiques et solidaires. Ils ouvrent des cliniques gratuites, des microbanques, des épiceries sans but lucratif ou des ateliers de réparation citoyens. Ils reverdissent le désert et régénèrent les écosystèmes. Ils financent des emplois ou des fermes bio. Et partout dans le monde, ils échangent sans argent des biens, des services et des savoirs, redynamisent l'économie locale ou rendent leur village autonome grâce aux énergies renouvelables.
Qui sont-ils ? De simples citoyens et citoyennes. Mais ils sont les pionniers de nouveaux modes de vie, qui sont en train de transformer la planète. Bénédicte Manier, journaliste, a parcouru plusieurs pays et observé la réussite de ces révolutions silencieuses. Son livre est le premier à appréhender la dimension mondiale de ces alternatives qui foisonnent depuis trois décennies et ne cessent de se développer. Des initiatives qui n'émanent pas de groupes marginaux, mais de classes moyennes bien intégrées, aspirant à vivre dans un monde plus juste.
Il s'agit là d'un mouvement inédit, mené par une société civile lucide, ayant décidé de reprendre en main les enjeux qui la concernent et qui, des États-Unis à l'Inde, du Canada à la France, de l'Argentine au Japon, fait émerger des solutions innovantes à la plupart des maux de la planète. Peu à peu, elle dessine ainsi les contours d'une société plus participative, plus solidaire, plus humaine.