Walter Benjamin. Archives. Images, textes et signes

Walter Benjamin. Archives. Images, textes et signes
Collectif
Ed. Klincksieck

L'oeuvre de Walter Benjamin est un audacieux projet d'histoire, d'art et de pensée. En tant que tout formant un seul et même fonds, se composant d'innombrables archives: elles rassemblent images, textes et signes que l'on peut voir et comprendre, mais aussi expériences, idées et espoirs que l'auteur a consignés et analysés. C'est avec l'ethos d'un archiviste que Benjamin a posé les bases du sauvetage de son fonds posthume. Les techniques archivistiques ont marqué de leur empreinte le processus de l'écriture, Benjamin exerçant celles-ci avec passion: systématiser, reproduire, classer sous des sigles, extraire et transférer. Treize archives sont visitées ici: manuscrits à la présentation très travaillée; schémas et signets colorés pour l'organisation du savoir; photographies d'un appartement meublé seigneurial, des passages et de jouets russes; cartes postales imagées de Toscane et des Baléares; registres, fichiers et catalogues tenus avec un soin obstiné; carnets de notes où chaque centimètre carré est utilisé; une collection de mots et locutions du fils en son jeune âge; des énigmes et de mystérieuses Sibylles. Le tout formant réseau d'une subtile manière. Les archives de Walter Benjamin sont fort complexes et très personnelles, parfois irrationnelles et marginales, et pourtant elles mènent au centre de son oeuvre. Elles tracent un portrait de l'auteur émergeant de ses archives.

Contre l'érotisme

Contre l'érotisme
De Sutter Laurent
Ed. La Musardine

Nous avons besoin d'un nouvel art de jouir. L'héritage de la révolution sexuelle s'est épuisé. Pourquoi ? Parce qu'il paraît vain d'imposer un programme, quel qu'il soit, à la jouissance. Ce programme, la révolution sexuelle l'avait baptisé ' érotisme '. Peut-être, pour en finir, faut-il donc aussi en finir avec cet érotisme. En finir au profit d'une autre conception de la sexualité où la jouissance participe d'un véritable art. Tel est du moins le but du présent essai - un but qu'il ne sera possible d'atteindre qu'au prix d'un bouleversement complet du partage entre admissible et inadmissible en matière de sexe. En serez-vous capables ?

L'Etat-monde. Libéralisme, socialisme et communisme à l'échelle globale

L'Etat-monde. Libéralisme, socialisme et communisme à l'échelle globale
Bidet Jacques
Ed. PUF

À lire comme on lit un roman policier : comme une analyse complexe mais systématique qui vous entraîne là où vous ne voudriez pas aller. L'argumentaire met aux prises philosophes (Spinoza, Kant, Hegel, Althusser, Derrida, Habermas, Honneth), historiens du moderne (Brenner, Meiksins Wood) et du global (Wallerstein, Arrighi, Sassen), Schmitt, Bourdieu et Foucault. Il fait apparaître qu'émerge, derrière notre dos, un État-monde de classe articulé au Système-monde impérialiste. Une anti-utopie, donc. Une thèse réaliste, qui n'est pas celle d'un État mondial.

Ou bien comme on lit un recueil de nouvelles liées les unes aux autres : comme autant de mises en perspective du même sujet. On peut ainsi scruter chaque chapitre pour lui-même. Les uns s'adressent aux économistes, d'autres aux sociologues et aux politologues, d'autres encore aux féministes, altermondialistes, théoriciens du discours ou chercheurs du postcolonial, d'autres enfin aux historiens, juristes ou géographes. Ils prennent chaque destinataire sur son terrain «scientifique» particulier. En y impliquant chaque fois le philosophe, c'est-à-dire aussi le citoyen.

Il n'y a qu'une seule idée, un seul paradigme : une théorie. Il s'agit bien sûr de transformer le monde, mais en commençant par le comprendre, là où Marx a en partie échoué. C'est donc aussi une refondation du marxisme qui est proposée.

Ce livre est le quatrième d'un ensemble publié aux PUF - Que faire du Capital ?, 1985, Théorie Générale du droit, de l'économie et de la politique, 1999, Explication et reconstruction du Capital, 2004 - qui a fait l'objet de traductions en une dizaine de langues étrangères.

Herméneutique contemporaine. Comprendre, interpréter, connaître

Herméneutique contemporaine. Comprendre, interpréter, connaître
Collectif
Ed. Vrin

Le lecteur rencontrera dans les textes ici rassemblés certains des thèmes et des problèmes liés à l'interprétation, qui lui assurent une place dans la discussion philosophique contemporaine. Ils abordent la question du statut des sciences de l'homme, de la connaissance littéraire et de la logique de l'interprétation. Entre les positions extrêmes d'un scepticisme tendant à reconduire toute connaissance à une interprétation qui en vaut bien une autre et d'un réalisme considérant que l'on peut toujours retrouver, sous le vernis des interprétations, la « vérité » des « faits », se déploie une « logique des positions » qui définit les conditions de la connaissance herméneutique.

Le temps du Christ. Coeur et fin de la théologie de l'histoire selon Hans Urs von Balthasar

Le temps du Christ. Coeur et fin de la théologie de l'histoire selon Hans Urs von Balthasar
Dockwiller Philippe
Ed. Cerf

Comment comprendre que la venue historique du Verbe en chair, Jésus de Nazareth, récapitule toutes les dimensions entendues sous l'expression « théologie de l'histoire. », à savoir le devenir historique de l'humanité, l'originalité et le caractère absolu du fait chrétien, le sens chrétien du temps, l'harmonie des deux Testaments, la signification du temps de l'Église, l'achèvement de l'homme dans l'histoire, l'espérance chrétienne et la destinée ultime des créatures ? Pour les chrétiens, bien qu'il appartienne à une époque révolue, Jésus-Christ reste la clé de la totalité du développement historique. Une telle affirmation peut-elle être autre chose qu'une conviction arbitraire sans fondement rationnel ? Si, en revanche, elle n'est pas absurde, cette affirmation n'a pas seulement une conséquence sur la manière de concevoir la succession des époques et des âges. Elle induit une manière concrète d'habiter le temps, celui du quotidien, mesuré par les horloges et le calendrier. Hans Urs von Balthasar (1905-1988), en proposant sa Dramatique divine (1973-1983), éclaire, par la médiation du théâtre comme genre littéraire et comme performance en scène, l'originalité propre à l'intelligence chrétienne du temps décisif, le temps de la vie du Christ, temps définitif accompli et modèle de la temporalité chrétienne. Le temps et l'histoire sont bien développés selon le schéma linéaire d'un avant et d'un après Jésus-Christ. Mais ils sont également conçus comme disposés autour de ce centre. À la croisée d'un temps mesuré par le chronomètre et d'un temps qualifié par l'apparition et la rencontre des personnes, la représentation théâtrale donne à comprendre la validité esthétique, dramatique et théologique d'une conception à la fois linéaire et concentrique du temps et de l'histoire.

Encyclopédie des mystiques rhénans. D'Eckhart à Nicolas de Cues et leur réception

Encyclopédie des mystiques rhénans. D'Eckhart à Nicolas de Cues et leur réception
Collectif
Ed. Cerf

« Ce volume, qui est la première étude systématique d'Eckhart et de Nicolas de Cues, portera beaucoup de fruits dans les décennies à venir. Sans chercher à opposer pas plus qu'à identifier ces deux auteurs, la présentation qui en est faite, en lien avec leurs sources et leur influence, met en évidence le réseau complexe des relations entre eux, de manière tout à fait nouvelle et ouvre ainsi de larges champs à la recherche. C'est pourquoi, l'Encyclopédie des mystiques rhénans d'Eckhart à Nicolas de Cues et leur réception est une contribution originale à la recherche sur la pensée du Moyen Âge tardif et un apport substantiel à l'histoire de la philosophie et de la théologie médiévales. Les lecteurs trouveront dans ses pages tout un déploiement - une nourriture pour la pensée, pas seulement à propos des grands luminaires de la tradition médiévale, mais aussi pour des questions qui continuent à se poser à tous ceux qui s'interrogent sur le sens de Dieu et de l'humanité. »
Bernard McGinn, Université de Chicago, Préface.

Cette Encyclopédie est au coeur d'un ensemble d'ouvrages, constitué notamment par deux Anthologies, l'une des mystiques rhénans, l'autre de Nicolas de Cues, ainsi que d'un volume sur L'Iconographie des mystiques rhénans. Vladimir Lossky, lui qui a présenté magistralement la Théologie mystique de l'Église d'Orient et rédigé sa thèse en Sorbonne sur Eckhart, reconnaissait dans l'oeuvre de celui-ci « l'apogée de la théologie mystique de l'Église d'Occident ». C'est également l'originalité et la profondeur des textes d'Eckhart (souvent appelé le plus grand mystique du Moyen Âge), de Jean Tauler, d'Henri Suso et de Nicolas de Cues, qui nous ont fait donner ce titre à cette vaste entreprise franco-allemande, qui rassemble une centaine d'auteurs.

La sainte ignorance. Le temps de la religion sans culture

La sainte ignorance. Le temps de la religion sans culture
Roy Olivier
Ed. Points

Ce livre tente de montrer que la «crise des religions», visible à travers la poussée fondamentaliste, vient d'une disjonction croissante entre religion et culture(s). Le religieux demeure pour ainsi dire isolé, sorti des cultures traditionnelles où il est né, écarté des nouvelles cultures où il est censé s'intégrer. De cette schizophrénie naissent, selon Olivier Roy, la plupart des phénomènes religieux «déviants» qu'on peut observer aujourd'hui.

Il en résulte une approche très neuve du phénomène religieux, avec des questions essentielles reposées par notre actualité : quel rapport entre religion et culture, religion et civilisation ? Mais d'abord : qu'est-ce qu'une culture, une civilisation ? La culture doit-elle être en opposition ou en accord avec le fait religieux ? Que fait-on de la culture de celui qu'on veut convertir ? Que devient la religion de celui qui est déraciné de sa culture d'origine ? Comment la culture mondialisée transforme-t-elle le religieux ? De nombreux exemples, pris dans l'islam et le christianisme contemporain, illustrent une réflexion qui explique la conjoncture religieuse étrange de notre temps.

Essai de critique littéraire dans le nouveau monde arabo-islamique

Essai de critique littéraire dans le nouveau monde arabo-islamique
Urvoy Marie-Thérèse
Ed. Cerf

S'il est inéluctable que les circonstances mettent l'orientaliste au contact de sujets très variés où l'aspect littéraire n'est pas le seul en présence, doit-on se contenter de ce caractère fortuit ? N'y a-t-il là une voie méthodologique spécifique à creuser ?

Communément l'islamologue a toujours tranché les questions de sens et d'interprétation, et le littéraire a travaillé les formes d'écriture, le rythme de la langue et l'innovation dans l'expression. Il y a là une espèce de dialectique entre le « technicien » et l'« artiste » qui rappelle celle du « principe de réalité » et du « principe de plaisir » de la psychologie des profondeurs. L'histoire comparée de l'islamologie et des disciplines linguistiques et littéraires, depuis le XIXe siècle, nous a installés dans cette dichotomie où aucun espoir de transversalité ni de simple passerelle n'est offert ou même suggéré.

Depuis trop longtemps, c'est sur une sorte de gnose du langage qu'islamologues et littéraires ont assis leur magistère. Chacun s'activant dans son champ, ils en ont oublié le principe fondamental dans l'immense univers des humanités : la mise en perspective de chaque domaine par rapport à l'autre. Le raffinement littéraire d'une part, et la complexité islamologique de l'autre, ne devraient pas faire l'objet d'un rejet de communion active des deux, mais plutôt d'un déplacement de l'un vers l'autre. N'est-il pas possible de rapprocher davantage l'islamologie de la littérature (si spécifique en arabe) ? de mettre au service de la littéralité du texte-source de l'islamologue tous les procédés de la langue-cible du littéraire ?

L'intelligence sociale en danger. Chemins de résistance et propositions

L'intelligence sociale en danger. Chemins de résistance et propositions
Chauvière Michel
Ed. La Découverte

Au cours du XXe siècle, un modèle social s'est imposé en France au prix de luttes parfois dures et longues. Beaucoup d'intelligence et de pugnacité ont été nécessaires pour penser et mettre en oeuvre une architecture pertinente, à la hauteur des enjeux. Celle-ci repose notamment sur quatre principaux registres interdépendants : les droits, les institutions, les savoirs et les actes de métier.

Or les politiques mises en oeuvre ces dernières années opèrent une dislocation de ces différents registres, au nom du pragmatisme, de l'individualisation ou de la performance. En outre, la recherche effrénée d'économies s'accompagne d'un lot de publicités mensongères (qualité, libre choix, droit opposable...). Un intense travail de remise en cause des représentations du social et des valeurs de solidarité est passé par là, contribuant à affaiblir les pratiques de terrain et la culture politique propres au champ social, malgré la remontée préoccupante des inégalités. Comment y résister collectivement ?

Poursuivant la réflexion entamée dans Trop de gestion tue le social (La Découverte, nouvelle éd. 2010), Michel Chauvière montre ici que notre héritage juridique, institutionnel, cognitif et professionnel, loin d'être la cause d'inutiles dépenses publiques et d'un assistanat chronique, constitue au contraire une ressource incontournable pour apporter une réponse solidaire et globale à la question sociale qui nous interpelle tous.

Repenser la pauvreté

Repenser la pauvreté
Esther Duflo & Abijit V. Banerjee
Ed. Seuil

Près d'un milliard de personnes vivent avec moins de un dollar par jour. Les politiques destinées à lutter contre la pauvreté semblent souvent incapables d'améliorer leurs conditions de vie. Cet échec pourrait-il être dû aux failles des théories qui sous-tendent ces programmes plutôt qu'au caractère écrasant de la tâche ?

C'est cette hypothèse que défend cet ouvrage. Les experts ont pris l'habitude de décider à la place des pauvres de ce qui est bon pour eux sans prendre la peine de les consulter. Abhijit V. Banerjee et Esther Duflo ont initié la démarche inverse. Plutôt que de s'interroger sur la cause ultime de la pauvreté, ils se sont intéressés aux choix qu'opèrent les pauvres en matière de consommation, de mode de vie et d'éducation afin de tester expérimentalement l'efficacité des méthodes préconisées pour améliorer leur sort. Faut-il subventionner les denrées de base ou privilégier les transferts sociaux ? Vaut-il mieux donner ou vendre les moustiquaires qui protègent du paludisme ? La microfinance est-elle le remède espéré pour sortir des «pièges de pauvreté» ?

À distance des réflexes partisans, ce livre aborde ainsi le défi du combat contre la pauvreté comme une série de problèmes concrets qui, une fois correctement identifiés et compris, peuvent être résolus un à un.

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