L'empire de la valeur. Refonder l'économie

L'empire de la valeur. Refonder l'économie
Orléan André
Ed. Seuil

La crise financière a révélé au grand jour les limites de la théorie économique : celle-ci n'a su ni prévoir les désordres à venir, ni même mettre en garde contre de possibles instabilités. Cet aveuglement est le signe d'un profond dysfonctionnement qui exige, pour être corrigé, un renouvellement radical des approches et des concepts, au premier rang desquels celui de valeur économique. La tradition économique conçoit la valeur, que ce soit celle des marchandises ou celle des titres financiers, comme une grandeur objective qui s'impose aux acteurs à la manière d'un fait naturel. Or il n'existe pas de «vraies valeurs». Dans un monde incertain comme le nôtre, plusieurs prix sont possibles car plusieurs avenirs sont possibles. Pour cette raison, l'évaluation n'a rien de neutre. Elle n'est jamais la mesure de ce qui est mais toujours l'expression d'un point de vue au service d'intérêts. Elle est l'acte par lequel la société s'engage en décidant quelles voies seront explorées et quelles autres rejetées.

C'est cette vision nouvelle de l'économie que ce livre propose à la réflexion.

Revenons sur terre. Comment échapper à l'enlisement des négociations sur le changement climatique

Revenons sur terre. Comment échapper à l'enlisement des négociations sur le changement climatique
Stevens Michel
Ed. L'Harmattan

Protection de l'environnement et développement économique ne sont pas en conflit. Contrairement à une proposition souvent entendue, il n'y a pas opposition mais convergence entre ces deux perspectives.

A l'instar des usines, machines et outils, les ressources naturelles constituent un capital économique. Erosion, désertification, montée des océans et autres dommages résultant du changement climatique entament ce capital naturel. Comme les machines, dont la valeur productive est entamée par l'usure, le capital naturel détérioré doit être amorti par un prélèvement sur les richesses produites. L'humanité a oublié d'amortir son capital naturel.

En acceptant un réchauffement limité à 2°C, la communauté internationale pose un diagnostic erroné. Elle s'attache à un symptôme, l'élévation des températures, et ferme les yeux sur la nature véritable du problème : un déséquilibre écologique profond qui résulte de l'absence d'amortissement du capital économique naturel entamé par l'utilisation d'énergies fossiles. Ce déséquilibre occasionne de graves préjudices aux habitants des régions affectées par les altérations du climat.

Résultat : pendant que nos gouvernements se trouvent paralysés par un faux dilemme entre amélioration de la prospérité et limitation du réchauffement, les négociations s'enlisent, les dommages écologiques s'accumulent et l'humanité s'appauvrit un peu plus chaque année.

Il est temps de revenir sur Terre et de refaire le plein... de bon sens.

Homo sacer, vol. 2-5. Opus Dei. Archéologie de l'office

Homo sacer, vol. 2-5. Opus Dei. Archéologie de l'office
Agamben Giorgio
Ed. Seuil

Si la philosophie politique ne se donne pas pour tâche de nettoyer la situation verbale, d'entreprendre une critique radicale de sa tradition et de son vocabulaire, elle se trouve dans une situation qui n'est pas sans rappeler celle que décrivait Pasolini : un homme utilise un horaire des chemins de fer périmé et s'étonne de ne pas voir passer les trains. Poursuivant l'archéologie entamée dans Le Règne et la Gloire, Giorgio Agamben mène dans ce nouvel ouvrage l'enquête sur la signature théologique des concepts cruciaux de la pensée morale et politique contemporaine. Comment penser l'action aujourd'hui ? Comment articuler action et œuvre ? Alors que ces questions agitent la philosophie morale mais aussi les discussions politiques les plus vives, Giorgio Agamben se tourne vers leur passé théologique. A partir d'une archéologie de l'Opus Dei - l'Oeuvre de Dieu - et ses notions fondamentales telles que la liturgie, le sacerdoce ou l'office, le philosophe italien montre que l'Eglise a inventé un nouveau paradigme ontologique et pratique dans lequel l'être prescrit l'action, mais l'action définit intégralement l'être. Et ce paradigme ' offert à l'action humaine s'est révélé constituer pour la culture séculaire de l'Occident un pôle d'attraction étendu et constant '.

Homo sacer, vol. 4-1. De la très haute pauvreté. Règles et forme de vie

Homo sacer, vol. 4-1. De la très haute pauvreté. Règles et forme de vie
Agamben Giorgio
Ed. Rivages

Qu'est-ce qu'une règle, si elle semble se confondre avec la vie ? Et qu'est-ce qu'une vie humaine si, en chacun de ses gestes, en chacune de ses paroles, en chacun de ses silences, elle ne peut plus se distinguer de la règle ?

C'est à ces questions que le nouveau livre de Giorgio Agamben tente de donner une réponse, à la faveur d'une relecture passionnée de ce phénomène fascinant et d'une portée considérable que fut le monachisme occidental depuis Pacôme jusqu'à François d'Assise. Tout en s'appuyant sur une reconstruction minutieuse de la vie des moines dans leur souci obsessionnel de la scansion temporelle et de la règle, Agamben montre que la véritable nouveauté du monachisme ne réside pas dans la confusion entre la vie et la norme, mais dans la découverte d'une nouvelle dimension humaine où, pour la première fois peut-être, la « vie » comme telle s'affirme dans son autonomie et où la revendication de la « très haute pauvreté » lance au droit un défi dont notre époque doit encore tenir compte.

La privation de monde. Temps, espace, capital

La privation de monde. Temps, espace, capital
Fischbach Franck
Ed. Vrin

 la source de ce livre il y a la conviction que certaines des évolutions les plus négatives des sociétés contemporaines confèrent une actualité nouvelle au concept d'aliénation selon la compréhension qu'en ont proposée des penseurs aussi apparemment éloignés l'un de l'autre que Marx et Heidegger : l'aliénation comprise comme privation de monde. Nos sociétés mondialisées sont paradoxalement celles où s'impose l'expérience d'une privation de monde sans précédent. Plusieurs dimensions de cette privation sont analysées ici, notamment l'expérience temporelle d'un présent éternel, l'épuisement de l'historicité et l'accélération frénétique des maintenant successifs. Quant au lieu où se joue originairement la privation de monde, Franck Fischbach soutient la thèse qu'il s'agit du travail dans la forme salariale qui est la sienne sous le capital et dont le caractère mutilant n'a cessé d'être amplifié par les plus récentes évolutions. C'est donc aussi d'une transformation du travail que dépend la possibilité d'un advenir historique de l'être de l'homme dans le monde.



Philosophie du geste. Essai philosophique

Philosophie du geste. Essai philosophique
Guérin Michel
Ed. Actes Sud

L’auteur a retenu quatre gestes faire (la technique et le travail), donner (le social et les échanges), écrire (le geste renversé, révolté) et danser(le geste pur). C’est qu’on ne peut philosopher sur le geste sans assumer la dimension du fragment, de l’esquisse... L’idée de fond, c’est que le sens, avant d’être “logique”, est d’abord forme et même posture, disposition. Entre le corps propre et la représentation abstraite, le geste esquisse la première tournure de la pensée comme de l’action. A la fois moule (physique) et modèle abstrait, le geste manifeste un génie des commencements mais aussi le talent de poursuivre.

Mélancolie. Essai sur l'âme occidentale

Mélancolie. Essai sur l'âme occidentale
Földényi Laszlo F.
Ed. Actes Sud

« Au moment où la mélancolie apparaît en tant que concept, tout ce qui pouvait être dit à son propos l'a déjà été. L''imprécision' du concept est manifeste dès le début, et les époques ultérieures n'y changent rien. Il n'existe pas de définition claire et rigoureuse de la mélancolie, dont l'histoire est un processus sans fin de clarification des concepts. Voilà pourquoi les affres du commencement sont multiples. Car où est le commencement ? Là où notre sujet apparaît pour la première fois en tant que concept (dans l'Antiquité) ou bien là où notre propre vie s'est liée à ce concept pour ne plus jamais s'en détacher ? »
L. F. F.

La mélancolie, c'est l'histoire de cette épreuve solitaire indépassable mais c'est aussi et surtout une épreuve décisive de lucidité, selon le pessimisme serein du philosophe hongrois László F. Fôldényi, qui, dans cette traversée passionnante de l'histoire de la culture européenne, redonne avec clairvoyance ses lettres de noblesse et sa densité philosophique à un vague à l'âme.

Lyotard et l'aliénation

Lyotard et l'aliénation
Pagès Claire
Ed. PUF

La pensée de Lyotard a longtemps été injustement méconnue en France. Peu étudiée, on avait tendance à la réduire, d'une part, à des problématiques esthétiques relatives à la notion de figuralité et, d'autre part, aux débats suscités par le livre de 1979, La Condition postmoderne. Par ailleurs, l'étiquette de «pensée française», quand on l'utilise à propos de Lyotard, comme on a coutume de le faire aussi pour ses contemporains mieux connus que sont Deleuze ou Derrida, occulte en partie la richesse d'une philosophie qui passe en complexité le seul souci de la différence.

Caractérise déjà cette pensée sa profonde évolution. Lyotard ne cesse de remettre sur le métier ses positions. Sa philosophie traverse des crises et connaît des remaniements profonds. Ainsi son traitement du concept d'aliénation s'est-il beaucoup modifié. Commençant par défendre la nécessité de cette notion comme catégorie critique, Lyotard en vient à la rejeter ainsi que l'idée corrélative d'émancipation, pour enfin tenter d'élaborer une notion d'aliénation constitutive, qui a pour modèle notre rapport à l'enfance, la langue et l'inconscient. Ainsi, demeure toujours l'exigence de déterminer le rapport de la pensée à l'égard du concept et du phénomène d'aliénation.

Les positions lyotardiennes possèdent une actualité et un intérêt tout particuliers, aujourd'hui que renaissent les débats autour de l'apport du concept d'aliénation pour la théorie sociale. Si nous voulons aujourd'hui discuter - et défendre - cette notion, il faut sans doute connaître les profondes objections de Lyotard et y répondre. En retour, peut-être faut-il aussi confronter la critique lyotardienne à une certaine irréductibilité ou résistance du concept d'aliénation.

La République de Platon

La République de Platon
Badiou Alain
Ed. Fayard

«Cela a duré six ans.

Pourquoi ce travail presque maniaque à partir de Platon ? C'est que c'est de lui que nous avons prioritairement besoin aujourd'hui : il a donné l'envoi à la conviction que nous gouverner dans le monde suppose qu'un accès à l'absolu nous soit ouvert.

Je me suis donc tourné vers La République, oeuvre centrale du Maître consacrée au problème de la justice, pour en faire briller la puissance contemporaine. Je suis parti du texte grec sur lequel je travaillais déjà avec ardeur il y a cinquante-quatre ans.

J'ai commencé par tenter de le comprendre, totalement, dans sa langue. Je me suis acharné, je n'ai rien laissé passer ; c'était un face-à-face entre le texte et moi. Ensuite, j'ai écrit ce que délivrait en moi de pensées et de phrases la compréhension acquise du morceau de texte grec dont j'estimais être venu à bout. Peu à peu, des procédures plus générales sont apparues : complète liberté des références ; modernisation scientifique ; modernisation des images ; survol de l'Histoire ; tenue constante d'un vrai dialogue, fortement théâtralisé. Évidemment, ma propre pensée et plus généralement le contexte philosophique contemporain se sont infiltrés dans le traitement du texte de Platon, et sans doute d'autant plus quand je n'en étais pas conscient.

Le résultat, bien qu'il ne soit jamais un oubli du texte original, pas même de ses détails, n'est cependant presque jamais une 'traduction' au sens usuel. Platon est omniprésent, sans que peut-être une seule de ses phrases soit exactement restituée. J'espère être ainsi parvenu à combiner la proximité constante avec le texte original et un éloignement radical, mais auquel le texte, tel qu'il peut fonctionner aujourd'hui, confère généreusement sa légitimité.

C'est cela, après tout, l'éternité d'un texte.»

Alain Badiou

Bergson et James. Cent ans après

Bergson et James. Cent ans après
Stéphane Madelrieux (dir.)
Ed. PUF

Il y a un peu plus de cent ans paraissaient simultanément L'Évolution créatrice de Henri Bergson et Le Pragmatisme de William James. Pour James, L'Évolution créatrice était «un véritable miracle dans l'histoire de la philosophie» ; pour Bergson, Le Pragmatisme était «le programme, admirablement tracé, de la philosophie de l'avenir». Les deux auteurs ont partagé une même gloire, puis un commun oubli. Aujourd'hui que leurs oeuvres font de nouveau l'objet de l'attention philosophique, une nouvelle comparaison s'impose, instruite cette fois des contresens du passé.

Psychologies du courant de conscience, fonction pratique de la connaissance, cohabitation de l'activité créatrice de l'esprit avec l'objectivité scientifique, réinscription de l'expérience au coeur du religieux, empirisme pluraliste de James et métaphysique de la durée de Bergson, goût partagé pour les «recherches psychiques» : jusqu'où leurs analyses et leurs réflexions coïncident-elles ? Ce recueil est une contribution à la compréhension des nombreux échanges entre pragmatisme et bergsonisme, instrumentalisme et conventionnalisme, anti-intellectualisme et modernisme qui ont ouvert la philosophie du XXe siècle tant en France qu'aux États-Unis.

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