« Tout a commencé avec une idée qui me travaillait sans répit. Il me semblait que la plupart des gens avaient accepté de se laisser traiter comme des chiens, prisonniers des clichés véhiculés par les modèles de la société de consommation. Ils se présentaient au monde courbés, passifs, englués dans une médiocrité coulante et confortable qui les rassurait. J'ai conçu La Famille Deschiens exactement comme si j'avais mis en scène les gens de ma famille sur un plateau de théâtre. Avec le même désarroi, la même résignation sage face aux velléités et à la bêtise humaine. Aux sources du rire espiègle, peut-être un peu désabusé, gronde une colère vive dont je n'ai jamais vraiment réussi à me débarrasser et qui reste aujourd'hui le ferment de mon engagement au monde. »
Avec la passion et l'humour qui le caractérisent, Jérôme Deschamps nous raconte sa vie si riche, évoque des souvenirs parfois douloureux de manière très intime, rend un vibrant hommage aux artistes qui ont tant compté pour lui – Jacques Tati, Antoine Vitez, Patrice Chéreau... – et nous parle de son combat infatigable pour rendre la culture accessible à tous.
Theatrum Mundi
La thèse qui soutient l'écriture de cet ouvrage se résume ainsi : si nous passons par l'état de spectateur (de la culture en général et de l'art en particulier), c'est pour mieux devenir acteur de notre propre vie. Ce qui conduit à se demander ce qu'est un « sujet-spectateur », et ce que signifie « devenir acteur de sa vie ».
Pour aborder ces questions, la recherche menée ici s'intéresse à l'oeuvre de Guy Debord (La Société du spectacle), et en particulier aux rapports qu'il entretenait avec le théâtre. Car le fondateur de l'Internationale situationniste a emprunté au théâtre, en les détournant, les notions d'« acteur », de « spectateur », et des « situations » qui les impliquent, si fondamentales dans sa réflexion. Déroulant le fil de cette recherche, le travail convoque Karl Jaspers et Bertolt Brecht, parmi d'autres, pour l'importance qu'ils accordent à ces notions dans leurs dimensions existentielle, artistique, politique.
Ces penseurs apparemment si différents s'accordent sur le fait que nous ne sommes jamais simplement spectateurs de quelque chose, mais toujours spectateurs à l'intérieur d'une situation à partir de laquelle nous pouvons nous transformer, nous-mêmes, ainsi que notre quotidien. Ou, pour le dire autrement : les spectateurs ici interrogés sont ceux qui apprennent à reconnaître dans ce qu'ils regardent et entendent les conditionnements qui les contraignent afin de mieux s'en dégager.
La Sorbonne, éditeur-imprimeur depuis 1470
En 1470, Jean Heynlin, prieur de la Sorbonne, installe, dans le cadre universitaire, la première imprimerie française. L'atelier, animé par les prototypographes Ulrich Gering, de Constance, et Michel Friburger de Colmar, imprime en Sorbonne les ouvrages destinés à la communauté universitaire : classiques latins et ouvrages d'érudition à destination des étudiants et de leurs maîtres. Ce fût l'origine de l'édition en France.
Entre 1911 et 1926, Raymond Roussel fit jouer quatre pièces de théâtre, les deux premières étant tirées de ses romans. Impressions d'Afrique (1911) présentait un grand spectacle digne du Châtelet : s'y succèdent le naufrage d'un paquebot, le couronnement d'un roi avec festivités indigènes, d'extravagants numéros de music-hall et des supplices très compliqués. En 1922, Locus Solus proposait sur fond d'intrigue policière une série de tableaux d'une grande violence poétique. Quant aux deux dernières pièces, L'Étoile au Front (1924) met en scène une collection de curiosités hétéroclites et La Poussière de Soleils (1926) une course au trésor échevelée dans un décor exotique et coloré.
Les représentations furent l'occasion de mémorables scandales qui donnèrent à Roussel une gloire paradoxale : «je fus connu du jour au lendemain» rappelle-t-il dans Comment j'ai écrit certains de mes livres. S'il dérouta la plupart des critiques, le théâtre de Roussel enthousiasma artistes et poètes de l'avant-garde, Marcel Duchamp, Francis Picabia, André Breton, Robert Desnos ou Michel Leiris qui disait de L'Étoile au Front : «on n'a peut-être jamais touché d'aussi près les influences mystérieuses qui régissent la vie des hommes».
Les versions théâtrales d'Impressions d'Afrique et de Locus Solus sont publiées ici pour la première fois dans leur intégralité.
Ushio Amagatsu est aujourd'hui l'un des chorégraphes et danseurs les plus importants du buto. La compagnie Sankai Juku, créée en 1975, le fit connaître dans le monde entier. C'est pourtant la première fois qu'Ushio Amagatsu se plie à l'exercice de l'autobiographie, grâce à une série d'entretiens recueillis par Kyoko Iwaki. Dans une langue poétique et imagée, l'artiste livre des souvenirs d'enfance et de jeunesse qui nous permettent de suivre son processus de création. Dans la seconde partie du texte, Amagatsu expose les diverses thématiques qui nourrissent son travail chorégraphique. Cet ouvrage permet au lecteur de mieux comprendre l'esthétique d'une oeuvre singulière où la contemplation tient une place primordiale.
Comment et pourquoi la «drag queen» est-elle devenue la figure iconique d'un certain féminisme contemporain ? D'où vient et que signifie la revendication de «visibilité» qui caractérise les mouvements sociaux contemporains, et particulièrement ceux, divers, des minorités sexuelles ? Qu'arrive-t-il à la «différence sexuelle» quand elle traverse et retraverse l'Atlantique ? De quoi les débats sur la prostitution qui divisent le champ théorique et politique du féminisme depuis plus de trente ans sont-ils le signe ? Quelles relations complexes le féminisme occidental entretient-il avec l'économie et l'idéologie capitalistes ?
Ce sont quelques-unes des questions auxquelles Anne Emmanuelle Berger tente de répondre dans cet essai stimulant, provoqué par les modes de réception de la gender theory en France. Forte de sa connaissance exceptionnelle de la scène intellectuelle et culturelle américaine, l'auteure livre ici une réflexion informée et rigoureuse, iconoclaste et bien-veillante à la fois, sur les formes et les enjeux de la théorie du genre contemporaine. Ce faisant, elle éclaire d'un jour inédit ce qu'elle nomme «le tournant queer du féminisme».
“A ceux qui enveloppent, emballent, enferment, ensevelissent
leurs multiples personnages,
Je dédie ce premier brouillon d'une fuite insensée,
De prisons en abîmes,
D'emballages en déballages.” Philippe Genty, “Voyageur immobile”.
Entre théâtre, danse et marionnette, Philippe Genty poursuit l'élaboration d'un langage visuel inédit à travers ses créations jouées dans le monde entier. Un parcours à l'imaginaire tendre, loufoque et foisonnant, dont il confie les principales clés dans ces Paysages intérieurs.
Lors d'un tournage de son film La Plainte de l'impératrice Pina Bausch apprend que la danseuse interprétant le rôle de la victime dans le Sacre du printemps est tombée malade. La représentation est programmée pour le lendemain. Aussi Pina Bausch décide d'interrompre le tournage et organise immédiatement une répétition pour préparer Kyomi Ichida au rôle. Plusieurs membres de l'équipe du film se rendent sur place. Saisissant l'opportunité, ils commencent à filmer le répétition.
Face au monde, ses crises et son devenir, un théâtre s'invente. Il réagit, dénonce, explique, illustre, propose : ce théâtre est politique. À ce titre, il s'inscrit dans une longue histoire, bien souvent déconsidérée : celle d'un théâtre qui prend acte des batailles de son temps. Mais ce théâtre d'aujourd'hui n'est pas homogène, il défend des orientations politiques dissemblables et fait en particulier de la place accordée au spectateur le lieu d'enjeux différents. En effet, la politique au théâtre se découvre aussi, de façon décisive, dans le rapport que le spectacle entend entretenir avec son spectateur.
C'est à travers ce prisme qu'Olivier Neveux propose d'analyser le champ théâtral politique à l'heure du néolibéralisme. Comment le théâtre « transgressif » conçoit-il ses spectateurs ? Quelles facultés le théâtre « postdramatique » entend-il solliciter ? Que nous apprennent ces volontés de brusquer, sensibiliser, éclairer, mobiliser le spectateur ? Dans leur diversité, quelles conceptions de l'émancipation tous ces théâtres soutiennent-ils ? Car c'est bel et bien une interrogation sur la possibilité de l'émancipation et la part que peut y prendre le théâtre qui anime cet ouvrage : celle du spectateur, de l'artiste et de l'oeuvre émancipés. Réfléchir aux politiques du spectateur signifie alors s'intéresser tout autant aux politiques que le théâtre défend, à celles qu'il applique et aux définitions implicites qu'il propose, par là, de la politique.
« J'aime répéter, j'aime beaucoup moins jouer. »
Maria Casarès
Exilée espagnole née en Galice le 21 novembre 1922, Maria Casarès a marqué tout un pan de l'histoire du théâtre contemporain en participant aux grands jalons de son évolution. La femme, ses rôles, ses rencontres, son travail d'interprétation, son image, ses visions du théâtre... sont autant d'angles d'approche que Florence M.-Forsythe explore dans le parcours de cette actrice qui a traversé la vie théâtrale des années 1940 jusqu'au milieu des années 1990.
On découvre une femme de rupture pour qui la vie et le théâtre se trouvent intimement liés au travers de rencontres avec Albert Camus, Jean Vilar, Jean Genet, Maurice Béjart, Bernard Sobel, Jorge Lavelli, Patrice Chéreau...
« Le théâtre est le bouton qui attache le ciel à la terre. »
Dans un livre à la fois recueil d'aphorismes, anthologie poétique et méditation théorique, Olivier Py nous offre ses Mille et Une Définitions du théâtre. Métaphores, allégories ou anecdotes historiques nous font voyager à travers tous les théâtres, des Grecs à nos jours, souvent guidés par la figure de Hamlet. Avec des accents lyriques et jubilatoires, il fait de cet art la forme de pensée la plus urgente de son temps, un art d'être au monde.