La souterraine

La souterraine
Pradeau Christophe
Ed. Verdier/Chaoïd

La souterraine peut se lire comme l'accomplissement d'une promesse : « Nous avions juré de nous rappeler jusqu'à l'heure de notre mort - c'était la formule que j'avais répétée après elle - ce que ça fait d'être un enfant. »

Sur le chemin qui les ramène chaque dimanche de Lubersac, le village de la grand-mère, vers cette ville qui est la leur et « dont le nom est secret », Laurence et son frère, le narrateur, ont inventé, pour conjurer l'ennui et la nausée qui les assaillent en voiture, un jeu qui consiste à s'emparer de chaque détail du paysage en lui attribuant une histoire.

C'est ainsi que l'enfance se protège et s'oriente dans le brouillard des routes, de la peur, de la famille, de la géographie et de l'Histoire. Un soir d'hiver, sur l'écran de la vitre, ce brouillard que fend la voiture devient pour le frère et la soeur l'épaisseur même du langage. « S'engouffrer dans les mots », comme tout y invite dès lors, c'est explorer « l'intimité insituable des rêves » au risque de se perdre en retour dans ce qu'ils ont pour fonction de conjurer.
Présentation de l'éditeur

Romanciers libertins du XVIIIe siècle, vol. 1

Romanciers libertins du XVIIIe siècle, vol. 1
Collectif
Ed. Gallimard/Pléiade

Romans d'éducation, contes, dialogues agrémentés de récits enchâssés, de fantaisies orientales et autres stratégies narratives sont rassemblés dans la présente anthologie : ces douze textes de la première moitié du siècle s'éloignent autant de la vertu qu'ils connurent le succès. C'est à ce titre qu'ils constituent des classiques de la littérature libertine, souvent clandestine. Oubliés depuis le XVIIIe siècle, ou transmis dans des éditions corrompues, ils pourront ici être découverts dans leur version originale, pour autant qu'on a pu démêler les aventures illégales de leur première édition. Ils sont accompagnés, naturellement, de leurs gravures « libres ». Entre la Bastille et les petites maisons, la vie des libertins épouse les m?urs dissolues et galantes de la Régence et du règne de Louis XV - avant que le libertinage ne se mette au diapason de la Révolution, période qui fera l'objet du tome II.

Oeuvres vol.1 & 2

Oeuvres vol.1 & 2
Ferdinand Ramuz Charles
Ed. Gallimard/La Pléiade

Ramuz ? voilà un cas. Qu'un écrivain de cette dimension puisse être aussi méconnu, cela dépasse l'entendement. En Suisse, son pays d'origine, il est un monument historique. En France, de son vivant, il fut presque célèbre, et souvent mal compris (auteur « rustique », « romancier de la montagne », etc.) ; depuis sa mort (1947), il est peu réédité, peu lu. Il y a des absences dont on se console. Mais connaître Ramuz, c'est vouloir aussitôt le faire connaître. La Pléiade publie donc ses vingt-deux romans. Ils mettent en scène des paysans, la nature y est omniprésente, ils ne sont pas écrits en français standard : voilà pour la surface des choses ? c'est elle qui a pu faire taxer Ramuz de régionalisme. Mais creusons un peu. Ramuz traite la nature comme Cézanne ses paysages : il la réduit à ses lignes de force, le pittoresque n'est pas son affaire. Sa montagne n'est pas moins réinventée que les collines mississippiennes de Faulkner. Ses paysans, dépouillés, « élémentaires », et à vrai dire fantasmés, il fait d'eux l'équivalent des rois de Racine : des hommes en proie à la fatalité. Ses sujets ? l'amour, la mort, la séparation des êtres ? sont ceux des tragiques : aussi universels qu'intemporels. Quant à sa langue, pure création, constamment rythmée, elle repousse les bornes de la syntaxe et sert une narration qui conduit le roman aux limites du genre : il « doit être un poème ». Ramuz étonne. Conformistes s'abstenir. Mais ce n'est évidemment pas un hasard si des écrivains aussi différents (et le mot est faible) que Claudel et Céline l'ont aimé. Pour qui attend du roman autre chose que l'éternelle répétition de modèles et de discours convenus, il sera une découverte majeure.
Présentation de l'éditeur
Vol. 1 :

Les circonstances de la vie
Jean-Luc persécuté
Aimé Pache, peintre vaudois
Vie de Samuel Belet
La guerre dans le haut-pays
Le règne de l'esprit malin
La guérison des maladies
Les signes parmi nous
Terres du ciel

Vol. 2 :

Présence de la mort
La séparation des races
Passage du poète
L'amour du monde
La grande peur dans la montagne
La beauté sur la terre
Farinet ou La fausse monnaie
Adam et Eve
Derborence
Le garçon savoyard
Si le soleil ne revenait pas
La guerre des papiers

Prix de lancement jusqu'au 31 janvier 2006

Dans les replis nocturnes de mon coeur

Dans les replis nocturnes de mon coeur
Lalande Françoise
Ed. Grand Miroir/Nouvelles

« ... de tout façon, j'aurais mieux fait de rester chez moi, ce matin, car je me demande encore comment j'en suis arrivé là, à me retrouver ligoté comme un saucisson, au milieu d'une voie ferrée à Boitsfort, j'entends encore mes agresseurs murmurer à mon oreille Que cela te serve de leçon, sale type ! »

Du monologue intérieur d'un misanthrope attaché aux rails d'une ligne de chemin de fer presque désaffectée à l'amour bouleversant d'un homme pour sa femme, de l'évocation de l'horreur face à l'image d'un petit garçon sur le quai d'une gare à la violence infligée à une fillette, en passant par la solitude des créateurs (Rimbaud, Van Gogh, Rousseau), Françoise Lalande met l'énergie de sa plume au service des obscurs, des sans-grade et des malmenés de l'Histoire.

Dans un style comme un torrent, l'auteur a laissé couler sa colère. Chacun des textes, ainsi chargés, loin des faux-semblants, recèle une force extraordinaire : car ce que l'écriture porte, dans chaque récit, derrière sa fulgurance, c'est un murmure d'amour. Et si « la prudence en amour est la négation de l'amour », il en est certainement de même en littérature lorsqu'elle puise sa matière aussi profondément, dans les replis nocturnes des coeurs.
Présentation de l'éditeur

Plop !

Plop !
Charras Pierre
Ed. Dilettante

«Il y a bien quelque temps déjà qu'Antoine n'a plus peur. Il continue cependant à boire, un peu par habitude, un peu par paresse. C'est souvent la même chose... Un peu - beaucoup ! - par goût, bien sûr. En réalité, il boit comme il respire, sans trop savoir pourquoi. Il pourrait aussi bien arrêter : il n'a seulement pas essayé, voilà tout.»
À propos de Francis Bacon, le ring de la douleur

«Pierre Charras signe là un sombre petit livre fouaillant la tripe des souvenirs, flirtant avec l'indicible et l'obscène. Un étonnant mélange de critique d'art et de littérature expressionniste.»
R. Sourgues, Le Républicain lorrain

«Entre autobiographie et fiction, ce récit cinglant et sanglant enchaîne des saynètes qui ont la puissance des uppercuts. L'écriture a les élans d'un foudroiement. On quitte ce livre étourdi, mais heureux.»
P. Paillardet, Le Matricules des anges
Présentation de l'éditeur

Amère

Amère
Runtz Bertrand
Ed. Finitude

A la mort de sa mère, un enfant apprend à vivre avec des souvenirs trop encombrants et un père à la dérive. L'homme qu'il est devenu se souvient et commence à comprendre.


«Et si parfois il arrivait à mon père de faire tourner un disque sur la platine, c'était alors un 78 tours aux sillons laborieux et accidentés, chevrotants. Une lente valse à trois temps qu'il exécutait en pensée, planté au milieu du salon, les bras ballants, ou bien recroquevillé au fond du canapé, les yeux un peu trop brillants dans la lumière chiche filtrée par les rideaux jaunis et pleins d'accrocs, de taches indéfinissables, les tapis rêches dont la corde apparaissait çà et là, comme des os sous la peau d'une bête mal comme des os sous la peau d'une bête mal empaillée. Tout rappelait le temps d'avant, mais d'une manière encore plus cruelle.»


Amère est un premier roman maîtrisé et puissant, une histoire de famille difficile que jamais l'auteur ne laisse sombrer dans la tragédie.

Bertrand Runtz sait nous tenir le coeur serré entre ses lignes, tout en nous dérobant un sourire.
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Tohu

Tohu
Vuillard Eric
Ed. Léo Scheer

Le monde onirique d'Éric Vuillard se développe dans un roman alternant scènes de clair-obscur, suspens, foisonnement de paroles, avec une logique quasi cinématographique. Tohu crée un univers envoûtant s'imposant comme un geste littéraire majeur.

Éric Vuillard réalise avec Tohu un geste littéraire qui en fait d'ores et déjà l'un des auteurs-clef de sa génération sachant allier densité d'un style poétique et efficacité romanesque en prise avec les affects les plus profonds.

A la fois roman et travail de la langue, Tohu fait appel à la curiosité du lecteur, développant un univers d'une originalité absolue et fascinante. Un jeu de cache-cache jouant de l'ellipse et de la révélation, mobilisant les mystères de la vie et de la mort, du désir et de la parole, dans une quête littéraire profonde et absolue.

Le style d'Éric Vuillard est direct et excessif, baroque et fulgurant. Il nous entraîne au sein d'un genre inédit : un roman exaltant qui serait aussi épopée de la langue, musicale, visionnaire, métaphysique.

Éric Vuillard, 37 ans, est l'auteur du Chasseur (Éditions Michalon, 1999) et de Bois vert (Éditions Léo Scheer, 2002).
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L'adieu à la littérature. Histoire d'une dévalorisation, XVIIIe-XXe siècle

L'adieu à la littérature. Histoire d'une dévalorisation, XVIIIe-XXe siècle
Marx William
Ed. Minuit/Paradoxe

La littérature n'a peut-être jamais été plus mal considérée qu'aujourd'hui. Tous les signes montrent cette fragilisation. Mais plutôt que de s'arrêter à la description d'un mal contemporain dont nul ne doute, ce livre propose de retrouver les causes profondes de cette baisse d'influence, qui résulte d'une évolution de longue durée. La thèse est simple : entre le XVIIIe et le XXe siècle eut lieu en Europe une transformation radicale de la littérature ; sa forme, son idée, sa fonction, sa mission, tout fut bouleversé. Du magnétisme animal aux cultural studies, du sublime selon Boileau au plaisir selon Barthes, du tremblement de terre de Lisbonne au camp d'Auschwitz, de l'apothéose de Voltaire au départ de Rimbaud et aux silences de Beckett, le récit des métamorphoses de la littérature est présenté en une vaste fresque européenne, qui met en évidence un mouvement de bascule conduisant inévitablement du sommet à l'abîme.

Comprendre ce mécanisme de dévalorisation, ce traumatisme de l'adieu, c'est pénétrer au coeur de la crise existentielle permanente où se débat maintenant la littérature. Mais c'est aussi se donner les moyens d'en sortir.
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L'enfer est à nous

Couverture non disponible
Görgün Kenan
Ed. Quadrature

En apparence, une enquête policière, une légende paysanne, une chronique de la drogue, une fable de science-fiction écologique sous acides, un conte pour enfants tristes, et même un hommage à la Quatrième Dimension, chaque récit détournant avec passion les règles du genre abordé... Mais sous ces apparences, veille l'enfer et ses multiples masques. Enfer charnel, conjugal, mythologique ou mental, l'enfer de la marge, de la rébellion, de la déchirure, de ce qui ne s'intègre pas, ne s'égalise pas, l'enfer des écorchés, des égarés, évadés du monde et d'eux-mêmes. Ces enfers qui nous happent à tout instant...
Présentation de l'éditeur

Kenan Görgün est né en 1977. Auteur de romans, de nouvelles et de poèmes, il signe aussi des scripts, des scénarios et des textes de chansons rock.

La maison rectangulaire

La maison rectangulaire
Hélèna Villovitch & Hendrik Hegray (ill.)
Ed. Estuaire/Carnets littéraires

La maison rectangulaire est une maison ayant réellement existé, quelque part en banlieue, dans les années 70. Un pavillon sans fantaisie, sans goût, sans âme, dans lequel vivait une famille composée de deux parents et de deux enfants (un garçon et une fille) sans passion, sans amour. Dans cette maison, pourtant, bien des choses se sont déroulées, ou auraient pu se dérouler ; bien des mots se sont dits ou n'ont pas été dits. La fille de la maison a treize ans et demi, elle n'a rien de la jeune fille modèle. Récit vif, violent, sans concession de son enfance finissante avec en toile de fond le portrait de sa famille au vitriol. Hélèna VILLOVITCH et Hendrik HEGRAY nous livrent un carnet très expressif, voire agressif, donnant de cette vie pavillonnaire un aperçu dantesque duquel l'humour n'est jamais absent. Un humour grinçant à la secrète noirceur.
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