Le cousin de Fragonard

Le cousin de Fragonard
Roegiers Patrick
Ed. Seuil

Un Fragonard peut en cacher un autre. Honoré, né à Grasse, se forme à l'anatomie auprès du dénommé Lemoignon, avant de monter à Paris pour enseigner auprès de Bougrelat, fondateur de l'Ecole vétérinaire de Maisons-Alfort, où il se voue à l'exploration des chairs, des peaux, des dépouilles et conçoit ses fameux écorchés. Attentif aux grandes expérimentations scientifiques caractérisant le basculement du XVIIIe au XIXe siècle, il est un personnage singulier, profondément émouvant, qui traverse une époque effervescente où le monde est défini sous l'éclairage de la raison, et non plus de la religion. Il croise des peintres (Jean-Honoré, son célèbre cousin, ainsi que David), des écrivains (Diderot), des figures pittoresques. Mais aussi l'amour : une jeune fille littéralement foudroyée lors de leur seule et ultime rencontre, et dont le deuil demeure impossible.
Ce roman foisonnant et haut en couleur révèle la part d'ombre qui sous-tend les Lumières, muant ainsi le siècle classique en un siècle baroque. On retrouve ici tout l'humour, l'invention verbale, le délire, la puissance visionnaire de l'auteur d'Hémisphère Nord et de La Géométrie des sentiments, deux livres qui, avec Le Cousin de Fragonard, composent une triologie sur les rapports de la science et de l'art.
Présentation de l'éditeur

Cavalier seul. Journal équestre

Cavalier seul. Journal équestre
Garcin Jérôme
Ed. Gallimard/Blanche

'27 août 2005
Dernier galop dans la plaine arrosée de l'été déjà finissant. Dernière cueillette de mûres, et l'Eaubac gourmand qui s'arrête le long des haies épineuses et incline sa tête curieuse vers ma main gorgée de juteuses douceurs. Dernière plongée dans les sous-bois où je serre si fort et embrasse son encolure de velours pour éviter les branches basses et le laisser m'emmener, comme un fils donne la main à son père. Dernier trotting sur les petites routes, et je ferme les yeux, et je ne vois qu'avec mon corps en lévitation, et j'oublie tout, bercé par le rythme cadencé des fers sur le macadam tiède. Derniers frissons. Dernière promenade amoureuse, animale, végétale, sous un ciel d'accompagnement, dans une lumière d'autrefois qui lentement décline.'
Présentation de l'éditeur

La Pièce d'or

La Pièce d'or
Bugul Ken
Ed. Ubu

La Pièce d'or... la pièce magique qui donne pouvoir et richesse à son possesseur, peut-être même l'immortalité ! Et si cette pièce d'or mythique, échappée de l'écuelle du Condorong, était l'ultime espoir d'un continent, l'Afrique ?

Sur ce territoire, dévoré par ses anciens et nouveaux occupants avides de pouvoir, le peuple s'est mis à errer. Les villages se vident dans les villes et les villes se vident dans la capitale, tandis que les déchets, au centre, s'accumulent dans une monstrueuse montagne de plastique et de misère. Et ce voyage, cet exode, Ba'Moïse, père de Moïse, le révolutionnaire, va l'entreprendre à son tour.

C'est de sa terre et pour faire face à sa terre que Ken Bugul écrit. Elle dénonce la faillite de la démocratie en Afrique, les turpitudes des pouvoirs, le dévoiement des religions, mais envers et contre tout elle dit une Afrique où hommes et femmes se tiennent debout, résistent et portent l'espoir.
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Taxiderme

Taxiderme
Incardona Joseph
Ed. Finitude

Un employé EDF, le Père Noël, des gosses, un ouvrier agricole, une famille en vacances, un coup de téléphone à neuf heures du matin, deux acteurs célèbres, des nudistes, deux malabars, Michel-Ange, un ex-taulard, un labrador sans nom, Johnnie Walker, un écrivain, son éditrice, de nouvelles fringues de chez Tati, Laurence Pernoud, les gens dans le RER, Gallimard, un ami de Fellini, Chanel, une petite fille qui aime les blancs de poulet, James Dean, Mimi, Orange Mécanique, Max et ses fils, une boiteuse, un facteur, les seins d'Isabelle, un couple de retraités, deux motards, Coldplay, Bougons Frères, les Fisher, les coursiers de DHL, un assureur, Edith et ses enfants, un mannequin, Jensen Corporation, un représentant en matériel orthopédique, un petit connard, Raymond Carver, un aveugle, Julie, une auto-stoppeuse, Moby Dick, Moïse, Jack Kerouac, un SDF, le Sacré-Coeur...

... mis en scène par Joseph Incardona.
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La géographie du danger

La géographie du danger
Skif Hamid
Ed. Naïve/Fictions

'Les patronymes que je m'attribue sont fonction de l'employeur. Je suis turc, arabe, berbère, iranien, kurde, gitan, cubain, bosniaque, albanais, roumain, tchétchène, mexicain, brésilien ou chilien au gré des nécessités. J'habite les lieux de ma métamorphose.'

Un sans-papiers vit depuis des mois terré dans une chambre de bonne. Observant par la lucarne les habitants de l'immeuble d'en face, le jeune homme se remémore son passé, fait défiler les figures pittoresques ou sinistres de l'exil et attend jour après jour la visite de Michel, l'étudiant qui l'héberge et le ravitaille en secret.

Plus qu'une méditation sur le partage du monde, ce roman incandescent permet au lecteur de ressentir, au plus intime de lui-même, la peur et la misère des clandestins, la douleur du malentendu.

'La voix de Hamid Skif est de celles qu'on préférerait ne pas entendre car elles sont trop émouvantes et trop proches.' Der Spiegel
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L'imitation du bonheur

L'imitation du bonheur
Rouaud Jean
Ed. Gallimard/Blanche

En 1871, une Constance Monastier, jeune épouse d'un maître soyeux des Cévennes, n'a a priori rien à partager avec un Octave Keller, proscrit de la Commune de Paris, réchappé de la semaine sanglante et de ses 30.000 morts. Tous les oppose : leur milieu, leurs convictions, et cette interprétation de l'insurrection parisienne au sujet de laquelle la jeune femme, dans la diligence qui la ramène à Saint-Martin-de-l'Our, en aura entendu des vertes et des pas mûres.
Tout les oppose, et pourtant c'est bien cette Constance qui profitera d'un incident de parcours pour fausser compagnie aux autres voyageurs, et fuir à travers les monts cévenols avec ce vagabond fiévreux trouvé blessé sur le chemin. Octave aura trois jours pour donner à la jeune femme une autre image de ceux qu'on appelle les communeux. De quoi évoquer la haute figure de l'Admirable, autrement dit d'Eugène Varlin, de quoi la convaincre que la justice et la générosité font un très honnête programme, de quoi le réconcilier, lui, hanté par les visions du massacre, avec le meilleur de la vie, de quoi découvrir ensemble que l'amour n'a pas déserté, alors que tout autour le monde ancien bascule dans la modernité, que le cheval cède devant le train, que le cinéma s'annonce, et que le roman en aura bientôt fini avec ce genre d'histoires. Mais Constance Monastier, la plus belle ornithologue du monde, dont une pierre gravée sur le mont Lozère porte le souvenir, valait bien qu'on renoue avec certaines pratiques romanesques...
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Chaque jour est un arbre qui tombe

Chaque jour est un arbre qui tombe
Wittkop Gabrielle
Ed. Verticales

'Le dernier jour fut gris et rose, d'un gris d'ombre plate, d'un rose chancreux. L'année, minime fragment temporel, est maintenant éparpillée en un mouvement centrifuge d'étoile, en un motif qui ne peut être saisi que par la force de sa propre dispersion.
1er janvier. Chaque jour est un arbre qui tombe. Comme si une voix m'avait éveillée par ces mots. Ma propre voix, celle de mes plus secrètes cellules, celle des oracles et des rêves, celle qui clame dans les ivresses et chuchote dans les agonies. Chaque jour est un arbre qui tombe. Et j'ai vu le déclin du jour et la chute de l'arbre...'

Ce journal imaginaire tenu par une femme, Hippolyte, entremêle souvenirs d'enfance, d'amours, de voyages (en Inde, dans les îles de Krakatoa, Sumatra ou Java) et réflexions sur le Temps. Autoportrait d'une individualité exceptionnelle dont l'existence se déploie entre la naissance et la mort - ces deux bornes qui la limitent et lui ouvrent paradoxalement l'espace infini d'une vie superbe et éphémère. La cruauté froide et luxueuse qui anime l'écriture de Gabrielle Wittkop est dans Chaque jour est un arbre qui tombe à sa plus haute mesure.
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Comment faire disparaître la terre ?

Couverture non disponible
Pireyre Emmanuelle
Ed. Seuil/Fiction & Cie

Parmi les personnages de Balzac figurait la femme de 30 ans, créature accablée, dont le rôle était des plus difficiles à porter. L'auteur, ayant passé la trentaine, s'aperçoit que tout va bien et décide de mettre à jour cette notion en redéfinissant une femme de 30 ans à l'enthousiasme neuf pour l'existence matérielle comme pour l'existence métaphysique.
Comment faire disparaître la terre ? est un livre qui pose des questions contemporaines (comment s'évader si on est prisonnier ? quels sont les critères pour l'achat d'un pull ? pourquoi boire autant de verres d'eau et si peu de verres de vin ? comment s'orienter dans un lotissement de banlieue ?) et y répond en compulsant les documents disponibles, du site internet à la biographie littéraire ou au feuilleton télé.
Ce texte hybride, poétique, philosophique et déjanté est une tentative sérieuse et désastreuse de la littérature pour être aussi utile qu'un manuel pratique.
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Tout à coup, je ne suis plus seul. Roman chanté compté

Tout à coup, je ne suis plus seul. Roman chanté compté<br />
Darras Jacques
Ed. Cri

Nous nous appellerions tous Laurence Sterne et nous serions des «Voyageurs sentimentaux ». Amoureux de la route, ses détours et digressions, comme des rencontres qu'elle nous ménage. Mais, à la différence du célèbre romancier, nous irions jusqu'au bout de nos sentiments. Nous serions des poètes du roman. Nous voyagerions le long des rivières, des petites villes, des vallées secrètes, nous arrêtant pour humer le parfum des noms et des roseraies. Sentimentaux, mais ayant le sens des infimes continuités qui font la beauté de l'existence.Amoureux, mais désireux de suivre nos humeurs jusqu'au bout. Bref, hommes et femmes d'au-delà les cassures, les ruptures où se complurent les siècles précédents. Petits pèlerins attentifs d'Europe, adeptes de la navigation lente, « beatniks cartésiens », nous ne rêverions plus jamais à l'Amérique. Depuis l'extrême pointe atlantique de l'Irlande, à Dingle, jusqu'à l'estuaire de la Meuse et du Rhin, à Rotterdam, nous filerions telles des hirondelles de mer au ras des vagues. Jacques Darras
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Jacques Darras

Cahin caha

Cahin caha
Lenner Anne
Ed. Dilettante

«Parfois, je me figure que je suis comme les dodos. Les dodos ont tous disparu : trop lourds pour voler, ils ont tous terminé en brochettes. Pourtant, ça ne m'empêche pas de me sentir comme eux : un handicap, c'est comme une limite de vitesse imposée qui vous condamne à vie à rouler au pas et à tousser dans le sillage des autres. Dans le grand derby de la vie, comme canasson, je ne vaux pas un bourrin : j'ai l'air d'avoir douze ans alors que j'en affiche cinq de plus au compteur et déplié, je culmine péniblement à un mètre cinquante-six. De là à dire que les perspectives d'avenir d'un handicapado ont de quoi flanquer la frousse à n'importe quel clampin...»
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