Unissant le golfe Persique à la mer d'Arabie, le détroit d'Ormuz voit transiter une part importante du pétrole et du gaz irriguant l'économie mondiale. De temps à autre, l'Iran menace de le bloquer, cependant que les États-Unis y font défiler leurs navires de guerre. En gros, c'est ce que l'on désigne comme une zone de tensions, et comme un enjeu stratégique. Or Wax, un personnage aux contours indécis, a formé malgré tout le projet de le traverser à la nage.
Y parviendra-t-il, avec l'aide du narrateur et en dépit de difficultés innombrables, ou bien va-t-il plutôt se noyer dans le détroit, pour finir ?
Paris, début des années 1980. Un ancien militant basque refuse de rentrer en Espagne après vingt ans d'exil. Il réclame la protection de la France, car il se dit menacé de mort dans son pays.
Pour la justice française, l'affaire est délicate. Accéder à cette demande, c'est nier le retour de l'Espagne à la démocratie et à l'État de droit. Refuser serait faire preuve d'aveuglement sur la réalité de ces assassinats visant régulièrement les ex-opposants du franquisme. C'est au narrateur de ce livre, un jeune juriste encore inexpérimenté, qu'il va revenir de trancher.
De la décision de justice qui sera prise et du drame qui en découlera François Sureau a tiré le plus bref et le plus saisissant de ses textes.
Bosnie, années 90. Deux jeunes hommes venus de France se battent contre les Serbes.
Mosko est un fils d'immigrés polonais. À la faculté de Nanterre, il fait la connaissance d'un étudiant musulman qui oriente sa vie vers l'islam. Lors de l'éclatement de la Yougoslavie, il rejoint les moudjahidine, venus prêter main forte à leurs frères bosniaques... Fahrudin, lui, est un fils de Bosniaques arrivés en France après la mort de Tito. Il a grandi dans une cité de la banlieue rouennaise, avant de s'engager dans la Légion étrangère. Quand la guerre éclate, il déserte et regagne la Bosnie.
Deux destinées singulières se rencontrent, alors que la guerre embrase de nouveau le coeur de l'Europe.
En faisant revivre le conflit en ex-Yougoslavie, La route du salut offre un éclairage profond et sincère sur l'engagement, la foi, les vertus militaires et leurs limites, et sur la montée des identités dans l'histoire récente du vieux continent.
Un homme choisit de vivre dans sa voiture. À travers d'étranges inscriptions qui apparaissent sur les murs de Paris, il pressent l'annonce d'une révolution.
Le Renard pâle est le dieu anarchiste des Dogon du Mali ; un groupe de sans-papiers masqués porte son nom et défie la France.
Qui est ce solitaire en attente d'un bouleversement politique ? Qui sont les Renards pâles ?
Leur rencontre est l'objet de ce livre ; elle a lieu aujourd'hui.
« Dans ces terres reculées, dans ces pays perdus, on vit toujours plus ou moins dans une légende, dans l'image d'un chapiteau roman historié de scènes naïves et cruelles... »
Pierre Jourde revient sur des événements qui en 2005 ont défrayé la chronique. Lors de la parution d'un de ses livres, Pays perdu, une partie des habitants du village d'Auvergne dont il était question dans le récit s'est livrée à une tentative de lynchage de l'auteur et de sa famille.
Pierre Jourde y décrivait la rudesse de la vie dans ce hameau lointain dont il est originaire, mais aussi une fraternité archaïque, solide, des relations humaines à la fois brutales et profondes, tout cela raconté à l'occasion de la mort d'un enfant. Célébration du village aimé, le livre y a été reçu par certains comme une offense. La première pierre retrace les événements violents qui ont suivi la parution de Pays perdu, et propose l'analyse passionnante de leurs causes. Il offre aussi une magnifique démonstration des puissances de la littérature, en même temps qu'un récit vibrant d'émotion et d'admiration pour ces contrées et ces gens qui vivent dans un temps différent de celui des villes.
Bruxelles, ville provinciale, métropole européenne, est un noyau qui fermente. Ici, le noyau devient un noeud. Entre les fils mêlés de cette pelote mobile, Éléonore a joué sa vie.
Comédienne, elle aura joué tout, mais elle l'aura joué à tour de rôle. Avant de quitter la scène, partagée entre tant de points cardinaux, tant de forces contraires, telle Bruxelles, Éléonore affronte le dernier acte avec ceux qui l'entourent et face à ceux qu'elle aime, en organisant le théâtre d'une représentation finale. L'actrice désire voir, à son tour, le spectacle de la comédie que chacun joue naturellement, croit-il, elle qui sait que rien n'est naturel. Qui tire les ficelles et les fils de la pelote ? Chacun ? Personne ? Éléonore, la comédienne qui n'a pas même entendu le secret de son propre nom : Elle est au nord.
« Paul était devant le poste, à mille lieues d'envisager qu'on pût lui réserver un anniversaire surprise fin juin, à lui, natif de février... »
Sur le toit-terrasse d'un hôtel parisien, en attendant qu'on leur serve quelque chose à boire et que Paul apparaisse au bras de Marguerite, les invités prennent possession des lieux. Peu à peu, la soirée dérive loin du projet initial.
À l'autre bout de la ville, Marguerite tente en vain de convaincre Paul de sortir sans dévoiler la surprise. C'est le début d'une guerre dont les proportions vont bientôt leur échapper à tous deux.
Maria Pourchet explore le fonctionnement d'un couple contemporain, les origines de son désastre mais aussi l'étendue des solitudes, chacun tentant d'échapper à l'autre, à la vérité, à lui-même. On rit à chaque page... non sans un certain effroi.
« Au ciel tout va mal, Dieu se détourne de sa création. Les Anges sont livrés à eux-mêmes. Seul Raphaël, sans mission ni message, médite encore un modeste miracle. Depuis son balcon il se penche au-dessus du monde. Le ciel s'ouvre. Le hasard fait - mais est-ce le hasard ? - que là-bas, tout en bas, dans une maison construite à flanc de montagne, surplombant un lac dont les reflets font paraître le ciel plus beau, il aperçoit une femme endormie.
Nora est allongée en travers du lit défait, paupières closes, encore absente au monde, la chemise de nuit remontée au-dessus de la taille, les seins évadés du coton blanc. Un premier rayon de soleil vient glisser sur sa chair, gainer lentèment ses jambes, caresser ses cuisses, chauffer son ventre. Le matin le plus ordinaire est aussi l'origine du monde. Quand la lumière atteint son visage, plaquant sur ses yeux une lame chauffée au rouge, Nora fait un bond hors du lit. Debout au milieu de la chambre, elle vacille. Ses pieds nus collent au carrelage tandis que la chemise retombe autour de son corps luisant de sueur. Son coeur cogne, comme d'habitude, à la seule idée de devoir affronter le jour. »
« Dimanche 11 janvier. Les cloches sonnent sans relâche : c'est la fête de la Sainte-Naufragée. Je n'aime pas ce jour de l'année, il fait toujours gris, et c'est toujours dimanche.
Freddie et moi ne sortons pas de la journée. Je feuillette le livre que j'ai acheté sur les constellations. Je n'y comprends pas grand-chose, mais je note dans mon cahier jaune le nom des étoiles dont j'aime la sonorité : Zeta Persei, Mu Geminorum, Xi Draconis, Upsilon Scorpii... Je coupe les cheveux de Freddie, avec peine parce qu'il bouge sans cesse. Heureusement, il ne remarque pas le grand trou que je lui fais sur la nuque. Il semble ravi de sa nouvelle coupe, et je souris en moi-même. »
Mes souvenirs sont faux, et les vôtres aussi, tous. Ne vérifiez pas : c'est une réalité neurologique, et linguistique. Vous n'y pouvez rien. Ce dont nous nous souvenons, ce sont des souvenirs, au sens de ces bricoles dénuées de sens que l'on trouve dans les boutiques où on les vend ; et ces souvenirs on les garde dans un tiroir, on les retrouve sans plus se rappeler d'où ils viennent : objets cassés, cailloux muets. De quoi se souvient-on ? De pas grand-chose ; et encore c'est faux. On garde des fragments dont on ne sait pas de quoi ils proviennent, et ils prennent toute la place. Ils sont faux, cassés, isolés. Mais ils pèsent tant sur nos rêves et nos pensées qu'ils doivent être la partie qui dépasse d'une très grosse pierre enterrée. Alors je prends la pelle, et je creuse autour. Ce que je trouve, bien sûr, n'est pas du tout ce que je cherchais.