« La nuit, déjà, et Muette écoute vibrer les insectes, glissée jusqu'au nez dans son sac de couchage. Elle a chaud mais ne peut se résoudre à se découvrir. Dehors, dans le grand monde, des gens courent à sa recherche, elle n'a plus de doute à ce sujet. Elle y est. Elle a grand ouvert les portes de sa vie. »
Par sa maîtrise de la langue au plus près des émotions, des impulsions et des souvenirs d'une jeune fugueuse, Eric Pessan, l'auteur d'Incident de personne, compose un roman envoûtant et d'une rare justesse pour évoquer la mue mystérieuse de l'adolescence.
«En écrivant ce livre sur mon père, j'ai découvert que ce que nous recueillons de nos parents, et dont il est beaucoup plus difficile de se débarrasser que de leurs idées, ce sont leurs affects, vivante et palpitante matière transmise à leur insu et au nôtre, irrémédiablement. On connaît, sans mots, sans discours, intuitivement, les cordes et les accords blessés, les joies aussi, sur lesquels ils sont bâtis et qui fournissent, par legs inconscient, notre ossature. Puis on passe une vie à essayer de s'en accommoder. J'ai toujours été bouleversée, et cela est vrai pour mes deux parents, de si bien savoir, pour l'avoir constamment éprouvé, ce qu'ils sentaient. Et - tant pis pour l'air de sentimentalisme - il y a (avait) une telle beauté, alliée à la fragilité, dans ce monde affectif et moral, que je ne peux cesser d'en avoir le coeur étreint.»
«Des vêtements à peine écartés, des ventres et des reins maladroitement caressés. Des intentions plus que des actes. On donne, on offre, on laisse à l'autre le soin de prendre, de saisir, de posséder. Mais l'autre est dans le trouble de la conquête, avec le trop-plein de lumière qui éclaire la chambre. Il est difficile d'accéder au secret en plein jour. Alors les yeux se ferment, les doigts s'agrippent et les cuisses s'extraient des pantalons. Il cherche, soulève, accélère. Je veux bien, veux tout, ne résiste pas.»
Avoir un corps est la trajectoire d'une enfant qui devient fille, puis femme, racontée du point de vue du corps, une traversée de l'existence, véritable aventure au quotidien où il est question d'éducation, de pudeur, de séduction, d'équilibre, d'amour, de sensualité, de travail, de maternité, d'ivresse, de deuil et de métamorphoses. L'écriture au réalisme vibrant, sensible et souvent drôle, interroge ce corps qui échappe parfois, qui ravit ou qui trahit. Un roman qui rappelle que la tête et le corps entretiennent un dialogue des plus serrés, des plus énigmatiques.
«Petite Boîte d'Os» est la fille du pasteur d'une communauté vivant sur les bords d'un lac nordique. Elle grandit dans les senteurs d'algues et d'herbe séchée, et devient une adolescente romantique aux côtés de son amie Blanche. Elle découvre l'amour avec le vieux Joseph, revenu au pays après le «Déluge», enveloppé d'une légende troublante qui le fait passer pour cannibale.
Dans ce monde à la beauté trompeuse, se profile le spectre d'un passé enfui où vivaient des oiseaux, une espèce aujourd'hui disparue. Le lac, d'apparence si paisible, est le domaine où nagent les cochons fluorescents, et au fond duquel repose une forêt de cercueils, dernière demeure des habitants du village.
Une histoire d'amour fou aussi poignante qu'envoûtante, un roman écrit comme un conte, terriblement actuel, qui voit la fin d'un monde, puisque l'eau monte inexorablement et que la mort rôde autour du lac...
Début des années quatre-vingt-dix. Au terme d'une jeunesse tumultueuse, Frank Schreiber cherche à rentrer dans le rang. Apprenti écrivain, il accepte un travail de «nègre» auprès d'un ami de sa famille, Patrick Zimmermann, ancien gauchiste devenu économiste à succès. Frank est bientôt attiré par son épouse Paula, une femme aux multiples facettes, dont il devient l'amant. S'ensuit alors une spirale de mensonges et d'ambiguïtés où nul n'est ce qu'il semble. Pas même Frank, tandis que, adopté par le couple, il pénètre dans un milieu intellectuel et politique proche du pouvoir qui le fascine et le rêvulse à la fois. Ce n'est que vingt ans plus tard, sur fond de déréliction sociale et de scandales publics, qu'il en découvrira certaines clés.
Marc Weitzmann, fidèle à ses obsessions, offre ici une fiction explosive sur quelques aspects de la crise française. Corruption et intégrité, relations de couple et domination, imposture et quête de soi, sont quelques-uns des thèmes de ce roman audacieux et drôle dont l'action se déroule sur deux décennies.
C'est l'histoire du misérable combat des humains contre l'oubli. Écrire des musiques, mélanger les couleurs, déclencher des batailles, construire des cathédrales, s'espérer ainsi immortel.
Aujourd'hui est une journée particulière dans la vie de Daffodil Silver. Elle a rendez-vous chez le notaire pour régler la succession d'une famille aux destinées tragiques et glorieuses, une famille où les femmes portent des prénoms de fleurs et les hommes des prénoms d'arbres, une famille fantasque et vulnérable.
Un roman bouleversant, qui marche sur la mince bordure qui sépare la vie de la mort, et parfois trébuche.
Deux soeurs, au coeur du printemps parisien. La petite, fragile et ravissante, se protège du monde dans le cocon de sa chambre de bonne. La grande, elle, s'agite dans la ville. Nymphomane, tyrannique et machiavélique, elle tient sa cadette sous emprise. Liées par un terrible passé, elles se démènent pour tenter d'exister, chacune à sa façon.
Si le sort semblait avoir scellé leur destin, les rencontres parfois peuvent rebattre les cartes...
Le Soleil à mes pieds est, avant tout, l'histoire d'une résurrection.
PRIX ROSSEL 2013
Des années vingt aux années soixante, le récit nostalgique et picaresque d’un émigré polonais à Bruxelles.
Quand le narrateur entreprend, dix ans après la mort de son père, de ranger les archives familiales, il découvre petit à petit que le “brave” pharmacien de Bruxelles, a traversé, tel un Don Quichotte des temps modernes, bien des aventures, rencontré bien des obstacles, connu bien des dangers, dont il s’est sorti avec la plus efficace des potions magiques, l’optimisme, la vraie étoffe des héros !
Avec ce onzième livre, Alain Berenboom prouve que l’on peut aborder avec humour les pages les plus sombres du XXe siècle.&
La robe en miel était le point d'orgue de la collection automne-hiver de Marie. À la fin du défilé, l'ultime mannequin surgissait des coulisses vêtue de cette robe d'ambre et de lumière, comme si son corps avait été plongé intégralement dans un pot de miel démesuré avant d'entrer en scène. Nue et en miel, ruisselante, elle s'avançait ainsi sur le podium en se déhanchant au rythme d'une musique cadencée, les talons hauts, souriante, suivie d'un essaim d'abeilles qui lui faisait cortège en bourdonnant en suspension dans l'air, aimanté par le miel, tel un nuage allongé et abstrait d'insectes vrombissants qui accompagnaient sa parade.
Daniel est un musicien accompli. À cinquante ans et quelques, sa carrière est faite, il est l'auteur de plusieurs gros succès, de plus d'une dizaine d'albums, et tourne dans le monde entier. Le public et la critique l'adorent, on le reconnaît dans la rue et le désordre de sa vie conjugale avec Rachel fait parfois la une de la presse people.
Mais ces derniers temps, l'industrie du disque a changé sans qu'il s'en aperçoive. Et quand il remet à sa maison de disques ses nouveaux morceaux, le verdict tombe : pas assez commercial.
Renvoyé en studio, il doit d'urgence trouver l'inspiration, quand sa femme, qui l'avait quitté depuis huit mois, choisit justement ce moment pour revenir...