Au printemps 1992, les Serbes encerclent Sarajevo. Vahidin et Marija, deux athlètes de l'équipe de tir yougoslave, s'entraînent en prévision des jeux Olympiques de Barcelone. Tous deux sont bosniaques, et amants ; lui est musulman, elle est serbe. Ils vivent à Ilid(...)a, une banlieue de Sarajevo, sans s'être jamais souciés de leurs origines. Pourtant, ils vont être brutalement séparés par le siège, puis au fil des mois enrôlés dans des camps opposés en raison de leurs exceptionnels dons pour le tir.
Jean Hatzfeld reconstitue l'atmosphère de Sarajevo sous les bombardements, le basculement des mentalités, il pénètre dans l'univers des tireurs d'élite, il décrit leurs techniques, leur adaptation à la topographie urbaine. Mais c'est avec les armes du romancier qu'il nous permet de vivre une tragédie contemporaine, à travers la malédiction qui frappe deux amoureux pris malgré eux dans l'engrenage guerrier.
« Quelque chose s'achève, que je suis encore incapable de mesurer mais dont l'obscur mouvement en moi fait entendre sa rumeur. Je ne serai pas un écrivain français : j'écris ce récit ; je le mènerai à bien ; ensuite je me tairai dans cette langue, moi qui suis pourtant né dans un nom français, Butte, Montana, 1 742 mètres d'altitude. Je reprendrai de la hauteur. Je m'élèverai au-dessus de la langue française que j'aurai sans doute mieux aimée que les Français, qui la négligent, commencent même à l'ignorer, tombent dans le puits où ils s'oublient, comme tous les peuples d'Europe. Je reviendrai à ma langue natale pour y vivre, aimer, mourir. Je dirai la vérité sur mon amour pour Rebecca. Je serai un écrivain américain, c'est-à-dire un homme sans nostalgie. »
Juliette, ingénieur dans l'informatique, et Olivier, journaliste, ont deux enfants et une vie de couple moderne. Lorsque Olivier avoue à sa femme avoir une liaison, l'univers de Juliette vacille.
Comment survivre à la trahison ? C'est à cette question que ce roman, écrit au scalpel, sans concession mais non sans humour, entend répondre. Rien n'y échappe, ni les risques de la vie à deux et les glissements du désir ni les contradictions d'un certain féminisme et la difficulté d'être un homme aujourd'hui.
Ma mère venait de mourir, je n'étais plus la fille de personne. En fixant son dernier visage, j'avais envie de comprendre quelque chose au mien, à cet héritage qui se transmet par la langue maternelle et s'appelle identité. Ce n'était pas l'identité tranquille et évidente qui m'intéressait, mais celle des exilés, ceux qui en sont plus conscients que les autres et qui doivent lutter pour la garder.
C'est pour ça que je suis partie à Buenos Aires où vivent encore aujourd'hui 30 000 Slovènes et leurs descendants, émigrés en Argentine en deux grandes vagues : ceux qui fuyaient la misère et le fascisme italien dans les années trente, puis les autres, les politiques, fuyant le régime communiste après la Seconde Guerre mondiale. Une idée curieuse, j'en conviens, d'autant que j'ai embarqué dans ce voyage un autre exilé, polonais et écrivain, c'est-à-dire exilé par essence, Witold Gombrowicz. Mais vous allez voir leurs visages de près...
Tous les lecteurs de la Beat Generation connaissent les poèmes de Jason Murphy, mais le bruit court qu'il aurait composé un roman, écrit sur un rouleau avant même le célèbre Sur la route de Jack Kerouac. Certains affirment que le professeur Marc Chantier l'aurait eu un moment en sa possession.
Un éditeur et une étudiante s'envolent sur la trace du fameux « scroll » de Paris à San Francisco. Chacun a ses raisons, chacun a ses chemins, chacun a ses moyens et c'est à qui arrivera le premier...
« Je vais essayer de tout dire. J'ai un retard de sincérité à rattraper, il y a longtemps que j'y pense. » Dans ce récit autobiographique, Dominique Noguez raconte le début tumultueux de sa relation amoureuse avec Cyril Durieux, très beau jeune homme aussi attendrissant que cruel, obsédant et néanmoins volatil. À partir de ses souvenirs, de ses carnets, de ses photos, « sans aucune altération du vécu », l'auteur revient sur cette rencontre qui a profondément affecté sa vie. Entre Paris et le Japon, Une année qui commence bien est un voyage au coeur même de l'intimité d'un écrivain qui s'interroge, entre autres, sur la nature de l'amour - et sa puissance.
« Comme j'ai été lent à faire le tour de ma maison ! 3 ans pourtant c'est 3 fois moins qu'Ulysse revenant de Troie. Ulysse ne voulait pas rentrer à Ithaque, et moi je m'évertue à rester ici, je supplie de ne pas sortir. »
L'appartement de Thomas Clerc fait 50 mètres carrés. Il y vit depuis 10 ans. Il y passe la majeure partie de son temps. Sans doute parce qu'il est un homme d'intérieur, il a entrepris d'en faire le tour intégral avec cette espèce de vertige qui le pousse toujours à épuiser la totalité d'un espace.
Le Vieux-Port de Marseille au temps de sa splendeur. Un soir de l'été 1875, deux très jeunes gens, un Français et un Polonais, se rencontrent au bord des quais pittoresques de la ville la plus remuante d'Europe. Ils sont tous les deux profondément marqués par l'Odyssée, par Victor Hugo, par Jules Verne et surtout par Baudelaire. Ils rêvent d'aventures exotiques, de mers lointaines, de déserts ou de tempêtes, de rencontres surprenantes, de terres inconnues, de peuples sauvages...
L'un deviendra le plus célèbre des poètes français, connaîtra une étrange carrière, exil, errances, disparaîtra au loin avant de revenir mourir dans la cité phocéenne. L'autre, d'abord marin pendant vingt ans, changera de langue et se métamorphosera en l'un des plus grands romanciers britanniques du XXe siècle. Ils ne se reverront jamais et pourtant leurs vies offrent de troublants parallèles, au coeur d'une Histoire mouvementée, de la Commune à la Grande Guerre. Le lecteur devinera aisément les noms de ces deux personnages devenus légendaires et dont les destins croisés composent un vrai roman d'aventures et d'inquiétude.
Majésu Monroe est brocanteur. Il propose à sa clientèle des objets ayant appartenu à des célébrités : un portrait du Christ à la mine de plomb dessiné par un officier romain, une chaussette - trouée - de Rimbaud, et mille autres raretés qui sentent à la fois l'escroquerie et la poésie. Très sûr de sa haute valeur, Majésu rencontre un jour Noème, fille d'un couple richissime, bien décidée à faire payer à ses parents les crimes de la bourgeoisie (Noème est devenue communiste, et sa mère a bien souffert de voir Staline la supplanter dans le coeur de sa fille). L'amour naît instantanément, fondé sur une même haine des riches, un même penchant pour l'alcool et une même absence de scrupules : le mariage est inévitable. Mais à la mort accidentelle des parents de Noème, les projets du couple tournent court : un énorme héritage est en jeu, et soudain le principe de la communauté des biens paraît moins attrayant. Pire qu'une guerre civile, la guerre conjugale commence. On retrouve ici l'imagination retorse de Franz Bartelt, sa verve anarchisante et son style impeccable, pour la plus grande hilarité du lecteur.
« Ceux qui partent dans ce livre sont moi. J'ai digéré toutes leurs histoires, je les écoute, les réécoute, je me parcours et je retrouve dans l'écho du miroir mes histoires miennes. »
Entre décembre 2011 et avril 2013, François Beaune est parti collecter des histoires vraies autour du bassin méditerranéen. Il a choisi d'en retrans-crire environ deux cents, dont les siennes, et d'en ordonner la matière au fil des âges de l'existence - depuis l'enfance jusqu'à la mort -, telle l'autobiographie imaginaire d'un seul et même individu-collectif. La lune dans le puits dessine ainsi L'odyssée insolite, populaire et iconoclaste de celles et ceux qui portent les légendes contemporaines du berceau de l'humanité.