Le regard de la poupée gonflable

Le regard de la poupée gonflable
Tomeo Javier
Ed. Christian Bourgois

De livre en livre, Javier Tomeo se dévoile un peu plus. Cette fois, il apparaît en voyeur solitaire, effondré sur son canapé, entre sa poupée gonflable et le fantôme de sa mère. La ville alentour dresse un décor hiératique, virtuel et précis, où de misérables distractions s'offrent au marcheur esseulé. Manifestation des cheminots jaunes et bleus, rousse en robe jaune, statues équestres, innombrables cheminées qui ferment son horizon, autant de surprises qui le renvoient incessamment à sa solitude. Qu'il s'agisse du théâtre, d'une soirée chez la Comtesse, des sopranos hongroises, du musée de Paléontologie, de soupes mortelles, de cravates jaunes à pois rouges et rouges à pois jaunes ou de suicides, tout est irréel et tout est poignant. Parce que, grâce à la magie d'une écriture récurée comme le squelette du fameux tyrannosaure, c'est la résolution d'une seule et unique question qui guide la lecture : qu'est ce que la vie pour qui est seul ?
Présentation de l'éditeur

La sarabande des soupirs

La sarabande des soupirs
Celati Gianni
Ed. Serpent à plumes

Frédéric Barberousse passe son temps à hurler et à draguer les ouvrières de sa femme, une couturière placide qui entretient le ménage pendant que leurs deux fils vivent leurs premiers émois en espionnant les clientes. Le grand se fait appeler Michel Strogoff, rêve d'aventures et écrit des romans dans le grenier tandis que son frère Garibaldi, le narrateur, essaie de trouver sa place dans cette maison de fous. Où tout le monde est amoureux de la belle Veronica Lake, l'ouvrière en chef de l'atelier, dont le frère se révèle être un gangster... La sarabande des soupirs ? C'est, à travers le regard naïf d'un jeune garçon inexpérimenté, le récit d'une ambiance cocasse pleine de désirs salaces et de fureur, d'humour et de tendresse qui rend hommage aux comics, à Pinocchio et aux films burlesques muets.
Présentation de l'éditeur

La cité des anges déchus

La cité des anges déchus
Berendt John
Ed. Archipel

Le 29 janvier 1996, un incendie détruit La Fenice, le plus célèbre opéra de la Cité des Doges. Une catastrophe pour les Vénitiens ! Trois jours plus tard, Berendt arrive sur les lieux du drame. Sans y prendre garde, il se mue en un détective au fur et à mesure qu'il se fond dans l'intimité de Venise et de ses habitants.
Au cours de son enquête, Berendt rencontre un poète vénitien qui se suicide mystérieusement ; la première famille d'origine américaine à devenir propriétaire d'un Palazzo ; les membres d'une fondation privée américaine très élitiste qui aide à la conservation de la cité de Venise, un peintre provocateur et extravagant...
Traduit dans douze pays, ce livre a été acclamé par la presse : « Une étonnante mosa?que de la vie moderne à Venise. » Publishers Weekly « Venise est peut-être en déclin mais, sous la plume experte de Berendt, la ville n'a jamais semblé plus colorée, complexe et attirante. » Kirkus Review
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Le bal des vipères

Le bal des vipères
Castellanos Moya Horacio
Ed. Allusifs

Dans les rues d'une capitale latino-américaine, Eduardo Sosa, un jeune homme dés?uvré, décide de suivre l'intrigant vagabond Jacinto Bustillo qui vit dans une vieille Chevrolet jaune. Quelques heures et autant de gorgées plus tard, Eduardo tue le clochard pour se glisser à la fois dans la Chevrolet et dans la personnalité de Jacinto. Divine surprise : à l'intérieur, Loli, Beti, Valentina et Carmela, de somptueuses créatures toutes d'écailles vêtues, l'adoptent. Ensemble, ils s'en vont régler quelques problèmes conjugaux du trépassé. Et tant pis si leur virée contraint à la fuite le gouvernement et met la moitié de la ville à feu et à sang.
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Correspondance générale

Correspondance générale
Leopardi Giacomo
Ed. Allia

!!Quant à des nouvelles de moi, je ne pense pas que vous en attendiez. Sachez que je déteste la politique, parce que je crois, et même je vois, que les individus sont malheureux sous toutes les formes de gouvernement : à cause de la nature qui a fait les hommes pour leur malheur ; et je ris du bonheur des masses, parce que mon petit cerveau ne conçoit pas une masse heureuse composée d'individus malheureux. Et je pourrais encore moins vous parler de nouveautés littéraires, parce que je vous avoue que j'ai l'impression de ne plus savoir les lettres de l'alphabet, faute de lire et d'écrire. Mes amis sont scandalisés, et ils ont raison de rechercher la gloire et de rendre service aux hommes, mais moi qui n'ai pas l'intention de rendre service aux hommes et qui n'aspire point à la gloire, je n'ai pas tort de passer ma journée étendu sur un sofa, sans lever les paupières. Et je trouve fort raisonnable l'habitude des Turcs et autres orientaux qui se contentent de s'asseoir toute la journée les jambes croisées, et de regarder stupidement en face notre ridicule existence. G. L.Présentation de l'éditeur

La fin de ma Russie. Journal 1914-1919

La fin de ma Russie. Journal 1914-1919
Sayn-Wittgenstein Catherine
Ed. Phébus/Libretto

Lorsqu'en novembre 1918, la princesse Catherine Sayn-Wittgenstein, âgée de vingt-trois ans, s'enfuit devant les bolcheviks avec sa famille en traversant le Dniestr, elle emporte avec elle en Roumanie trois cahiers: les tomes II à IV de son Journal.
Ce document, qui n'a pas pris une ride, s'avère d'une immense valeur. En effet, tout l'univers de l'aristocratie russe, anéanti par la révolution, est restitué ici avec l'authen-ticité que seul permet un journal.
Nous vivons ainsi avec l'auteur, au jour le jour, les faits militaires, et la propagande qui les entoure, la révolution de Février, l'intermède démocratique qui la suit et le coup d'État des bolcheviks.
Et cette frêle jeune femme ne se limite pas à nous exposer les faits. Elle exprime aussi ses opinions, parfois naïves, mais souvent étonnamment lucides. «L'histoire nous condamnera-t-elle autant qu'elle l'a fait pour les nobles au moment de la Révolution française?» se demande-t-elle le 31 décembre 1917, et elle ajoute plus loin: «Oui, nous avons tort pour beaucoup de choses. Même nous, notre génération. Mais avons-nous réellement mérité une punition pareille?»
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Comment cesser d'exister

Comment cesser d'exister
Cuppy Will
Ed. Anatolia

« J'ai moi-même cessé d'exister le 23 août 1934. J'oublie où je me trouvais à ce moment-là, mais la date restera à jamais gravée dans ma mémoire. »

Ainsi s'exprimait Will Cuppy, l'homme à qui nous devons le désopilant Comment reconnaître vos amis des grands singes (Anatolia, 2006). Dans le présent recueil, Cuppy aborde l'extinction du dinosaure, du plésiosaure, du ptérodactyle, du mammouth laineux, du dodo et du paresseux terrestre géant et nous présente, avec une compétence certaine, un bon petit assortiment d'autres poissons et reptiles nettement moins disparus.

Le résultat est une anthologie délirante, regroupant une quarantaine de vignettes, dont chacune porte la marque inimitable et indestructible d'un maître humoriste qui a fait rire l'Amérique entière pendant vingt ans : « Les poissons pensent-ils vraiment ? », « Note sur le baron Cuvier », « Comme un poisson hors de l'eau », « J'élève mon serpent », « Qu'on cesse de nous bassiner avec Aristote ! » - parmi les observations pince-sans-rire et les commentaires carrément irrespectueux qu'il consacre à la morue (qui n'a aucun vice, mais dont les vertus sont abominables), la perche (la pire insulte qu'on puisse lancer à un poisson n'est autre que « Tu as l'intellect d'une perche ! »), la torture (qui est lente, balourde, herbivore et hostile à toute espèce de progrès), le boa constricteur, le cobra et bien d'autres.

L'humour de Cuppy, tendre et teinté de désespoir, est toujours aussi percutant et aussi drôle.
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L'art de l'insulte et autres effronteries

L'art de l'insulte et autres effronteries
Johnson Samuel
Ed. Anatolia

Samuel Johnson (Lichfield, 1709-Londres, 1784) considérait la conversation comme un combat entre deux adversaires. Il « parlait pour l'emporter », n'hésitant pas à avoir recours aux sophismes les plus outranciers pour s'octroyer la victoire. Comme le dit une de ses victimes : « Il était parfois facétieux, mais vous aviez l'impression de jouer avec la patte d'un lion... quand il parlait, c'était comme un éclair jaillissant d'un nuage noir. »

Traiter votre adversaire avec respect, c'est lui donner un avantage auquel il n'a pas droit... Sachez, monsieur, que traiter votre adversaire avec respect, c'est frapper mou au combat.

Rien n'est plus terrible pour un auteur que de passer inaperçu ; les critiques, la haine et l'hostilité sont, en comparaison, autant de noms que l'on donne au bonheur.

Hélas, monsieur, dans quels terribles désordres serions-nous jetés si chaque évêque, chaque juge, chaque avocat, chaque médecin et chaque homme d'Église devait écrire des livres.

Il n'est pas de pire ennemi de l'ordre public que l'homme qui emplit les faibles cervelles de griefs imaginaires et qui rompt le fil de la subordination civile en incitant les classes inférieures de l'humanité à empiéter sur les classes supérieures.

Monsieur, vos chers niveleurs veulent bien niveler jusqu'à leurs personnes en partant du haut ; mais ils ne supportent point d'en faire autant en partant du bas. Ils veulent tous avoir du monde au-dessous d'eux ; alors, pourquoi n'en auraient-ils pas au-dessus ?

On s'éloigne à tel point de la vérité en disant que les hommes sont égaux de nature qu'on ne peut mettre ensemble deux hommes pendant une demi-heure sans que l'un acquière sur l'autre une supériorité évidente.

Les Souvenirs et anecdotes sur Samuel Johnson de Hester Thrale (Anatolia, 2005) complètent avec bonheur le portrait de l'immense écrivain anglais du XVIIIe, plus que jamais notre contemporain.
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Pelures d'oignon

Pelures d'oignon
Grass G?nter
Ed. Seuil/Cadre vert

À quatre-vingts ans, Günter Grass se souvient. Métaphore du souvenir : l'oignon - notre passé, notre expérience, tout ce qui définit notre personnalité - dont on ôte les pelures une à une en cherchant en vain le coeur n'est autre que cette accumulation de strates plus ou moins denses, plus ou moins fiables.

Le récit débute à Dantzig en 1939 avec l'entrée en guerre et la perte de l'innocence. Il s'achève à Paris en 1959 avec la publication du Tambour et la consécration littéraire. Il décrit les épisodes les plus marquants d'une biographie et la genèse d'une oeuvre : enfance dans un milieu étriqué, guerre d'un adolescent endoctriné, survie dans les ruines, affirmation d'une vocation, trois faims qui ponctuent ces années d'apprentissage : la nourriture, l'amour charnel, l'art.

En révélant, avant même la publication du livre en Allemagne, qu'il avait à dix-sept ans servi sous l'uniforme SS dans les derniers mois de la guerre, l'écrivain, qui n'a pourtant cessé de confronter son pays aux horreurs de son histoire, a déchaîné une tempête médiatique.

Les lecteurs français ont enfin la possibilité de replacer la controverse dans le contexte de son récit intime : une chronologie tâtonnante, en crabe, où alternent l'émotion, le grotesque, la gravité, tantôt dans la plus belle écriture classique, tantôt dans l'argot et le populaire.

On l'aura compris : cet ouvrage est primordial pour entrer dans l'oeuvre d'un maître de la langue allemande et en donner les clefs.
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Les contes (Karen Blixen)

Les contes (Karen Blixen)
Blixen Karen
Ed. Gallimard/Quarto

Karen Blixen, cet esprit libre, a construit un labyrinthe de contes. L'imprévisible ensorceleuse propose aussi des fils, étroitement enlacés, pour en trouver l'issue.

L'art divin du conte est celui du travestissement. Qui donne le meilleur récit : Dieu, le destin ou l'artiste ? Il n'y a pas de morale dans les créations de l'auteur de La Ferme africaine, la vie est bien trop facétieuse, une histoire en contient toujours tellement d'autres, aucun n'est celui qu'il prétend être jusqu'à ce que tombent les masques.

Rien ne vaut une bonne histoire. On peut avoir tout perdu, c'est l'histoire qui contient en elle-même la raison de vivre.

« - Seigneur, dit la dame, ce que vous appelez l'art divin me paraît à moi un jeu dur et cruel qui maltraite et raille ses créatures humaines.

- Il peut paraître dur et cruel, dit le cardinal. Cependant, nous qui remplissons notre haut office de gardiens vigilants de l'histoire, nous pouvons vous dire, en toute vérité, que pour ses personnages humains il n'y a au monde aucune autre voie de salut. » Karen Blixen, « Le premier conte du cardinal », Derniers Contes, 1957.
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