À partir de 1957, Kerouac s'est détourné, lucide et rusé, de la misérable condition d'intrus sacralisé que lui réservait l'Amérique, refusant de lui sacrifier l'éclat et la singularité, la couleur et le rythme, la vitesse et la richesse, la fluidité et l'éclair de sa pensée. Octobre 1964 : « L'Amérique du Tous Ensemble, personne ne me fera ce coup-là. » Avec la publication des lettres réunies dans ce volume, le temps est venu de mettre fin à la célébration rituelle de la confusion et de l'égarement de Jack Kerouac. Cette correspondance permet de prendre la mesure de sa maîtrise (imposant ses livres, en dépit de l'hostilité de fond des éditeurs) et de sa détermination (jusqu'au bout libre de ses mouvements, en dépit des efforts pour le brider). Et aussi de comprendre ce qu'il a voulu dire lorsqu'il écrit, par exemple, dans une lettre de janvier 1960 : « Une pensée plus nue change la mer. » P. G.
Présentation de l'éditeur
Un quotidien britannique lance auprès d'intellectuels européens de tout poil une grande enquête sur la nature de l'au-delà : Frigyes Karinthy, piqué au vif de ne pas avoir été sollicité, rédige librement sa réponse, une vision originale et jouissive du royaume des cieux.
Merlin Oldtime, grand reporter aux capacités d'investigation hors normes, se livre à un incroyable reportage, récit au jour le jour de ses passages à travers les cercles successifs de l'au-delà en compagnie de Denis Diderot, l'encyclopédiste de l'ère nouvelle.
Karinthy fait une fois de plus la preuve de son imagination débordante : dans cet au-delà qui emprunte les formes d'un passé éternisé, Merlin Oldtime croisera toutes sortes de personnages, de Jules César au marquis, de Sade, d'Archimède à Hélène de Troie. Farce métaphysique extravagante, Reportage céleste bouscule et questionne en toute légèreté les certitudes et les valeurs d'ici-bas.
Reportage céleste
Roza a toujours été là pour lui, et le jeune Sidelnikov est incapable d'imaginer sa vie sans elle. Les temps sont durs sous Brejnev, et Roza a vu son mari partir au goulag juste avant la guerre, mais pour Sidelnikov, l'existence qu'il mène sous l'aile de cette femme indépendante et généreuse, dans une petite ville de l'Oural, est tout simplement la meilleure qu'il puisse imaginer. Il est vrai que cette âme candide fait l'éducation du petit garçon, puis de l'adolescent, avec une énergie et une tendresse qui semblent inépuisables.
À la mort brutale de Roza, Sidelnikov part à la dérive, et c'est seulement en inventant une autre façon de l'avoir toujours à ses côtés qu'il pourra poursuivre son chemin...
Roza est un roman de formation particulièrement original, une nouvelle voix russe, poignante et d'une grande poésie.
Présentation de l'éditeur
La trilogie qui a hanté Faulkner toute sa vie. « Je les hais, je me moque d'eux, j'ai peur d'eux depuis trente ans », disait-il des Snopes.
Traductions révisées par Marc Amfreville, Antoine Cazé et Aurélie Guillain.
Lettres choisies 1932-1961 ¤ Dictionnaire des personnages ¤ Bibliographie ¤ Filmographie ¤
Les convulsions que subit le comté de Yoknapatawpha, Mississippi, se propagent à partir d'une horde d'intrus rusés et opportunistes, les Snopes, ces canailles de petits blancs sans foi ni loi, dont l'ascension et la multiplication mettent en péril l'identité du Sud. Une fois l'onde de choc appréciée à sa juste mesure, le vieux Sud sort de sa léthargie et relève le gant. Une guerre inavouée, pernicieuse et sauvage, sorte de pendant de la guerre de Sécession.
« - Vous voyez, dit l'oncle. C'est à désespérer. Même quand vous vous débarrassez d'un Snopes, il y en a déjà un autre dans votre dos avant même que vous puissiez vous retourner.
- C'est vrai, dit Ratliff avec sérénité. Et dès que vous y regardez, vous voyez au premier coup d'oeil que c'est jamais rien qu'un Snopes de plus. » Le Domaine
Présentation de l'éditeur
Comprend :
Le hameau
La ville
Le domaine
Alors que la mondialisation des échanges progresse, que le monde devient un pour tous, des mondes-miniatures s'imposent, des pays et des régions entières affirment leur identité, revendiquent leur histoire ou leur langue, réinvestissent pleinement leur espace. Quoi de plus parlant qu'une miniature, la nouvelle, pour lever le voile sur ce monde-là, celui d'une diversité infinie et porteuse d'espoir ?
Liban Terre de lait et de miel des temps bibliques, carrefour de cultures et de civilisations, le Liban occupe une place à part entre Orient et Occident. Son histoire multimillénaire - des Phéniciens à l'Empire byzantin, des califats successifs à l'Empire ottoman et au Mandat -, sa géographie d'une grande diversité, point de rencontre de la Route de la soie et de la Méditerranée orientale, sa mosaïque de religions, tout cela ne pouvait que marquer durablement sa littérature, arabophone et francophone, écrite par les Libanais résidents comme ceux de la diaspora - plus de dix millions disséminés dans le monde. La réalité de cette terre aujourd'hui est celle d'un pays meurtri et déchiré et lorsque la réalité se fait menaçante ou tout simplement indicible, les Libanais savent recourir à la magie du verbe, avec force. Ce « Miniatures Liban » en est un témoignage supplémentaire.
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Devrait-on le taire parce que c'est attendu ? Dans ce recueil qu'il publie l'année de sa mort, Sait Faik est au sommet de son art. À la manière d'un Fellini, il convoque tous les personnages de sa vie : provinciaux ridicules et attachants, femmes légères et Mères Courage, pêcheurs grecs de son île, proxénètes d'Istanbul, poissons et mouettes à l'agonie. Et, tel le peintre qui, sur ses dernières toiles, ne s'embarrasse plus guère des contours mais fait primer la couleur, le mouvement et le rythme, Sait Faik déploie son petit monde de perdants - et lui avec - dans un carrousel grinçant et fascinant. Nedim Gürsel
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Hayri Irdal, le personnage principal de ce livre, est l'un des premiers antihéros de la littérature turque. Embauché par un drôle de bonhomme ayant fondé un institut de réglage des montres et des pendules, Hayri traverse la fin de l'Empire ottoman et les premières années de la république en dénonçant, à sa manière, l'absurdité de la bureau-cratie qui finit par paralyser le pays, les idées et la pensée. Mais est-il bien raisonnable, alors que l'époque ne fait pas encore la part belle à la science, de se fier à ces inventions censées mesurer l'avancement du temps et celui de l'instant, telles les métaphores d'une modernité espérée ? Est-il sérieux d'écouter les propos d'un individu dont la condition mentale est aussi relative que le bon fonctionnement d'une horloge...
Dans cette histoire située entre 1830 et 1950, Ahmet Hamdi Tanpinar évoque le passage de l'ancien au nouveau avec une ironie souveraine et l'oeil d'un horloger connaissant les rouages d'une société bouleversée qui tremble sur ses bases mais ne s'effondre jamais.
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En avril 1945, Budapest est libérée par l'armée russe au terme d'un siège implacable. Cet épisode historique, que Sándor Márai évoquera vingt-cinq ans plus tard dans ses Mémoires de Hongrie, lui inspire, à chaud, ce roman qu'il achève en quelques mois.
Libération évoque les dernières semaines du siège : dans les caves d'un immeuble se terrent une centaine de réfugiés. L'oreille tendue vers les tirs d'artillerie et le fracas des bombes au-dessus de leurs têtes, ils attendent l'issue d'un combat incertain. Autour de la jeune Elisabeth, fille d'un savant renommé, résistant au nazisme, se rassemblent des gens de toutes origines et de toutes opinions. Au fil des jours, dans l'atmosphère oppressante de ce huis-clos, la solidarité et la courtoisie initiales cèdent la place à la méfiance, à l'agressivité : les caractères se révèlent, les masques tombent. Et tandis que la situation au-dehors évolue, on ne sait ce qu'il faut redouter le plus : les «libérateurs» russes ou les derniers sévices des nazis acculés...
Dans cette oeuvre, qui ne sera publiée que pour le centième anniversaire de sa naissance, Márai donne une magistrale leçon de littérature : le matériau brut du reportage se transforme sous sa plume en un récit somnambulique et puissant, empreint d'un profond scepticisme et bouleversant de bout en bout.
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« Dis-moi ce que tu manges : je te dirai ce que tu es. »
Jean-Anthelme Brillat-Savarin
« Pensez au type qui, le premier, a goûté une saucisse de Francfort. »
Jérôme K. Jérôme
« Je n'ai pas eu le coeur de toucher à mon petit déjeuner.
J'ai dit à Jeeves de le boire lui-même. »
P.G. Wodehouse
« À partir d'un certain âge, on s'observe moins au dos des grandes cuillères. »
Nathalie Quintane
« Si les Anglais peuvent survivre à leur cuisine, ils peuvent survivre à tout. »
George Bernard Shaw
« On mangerait son propre père à cette sauce-là. »
Grimod de la Reynière
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Quand un grand écrivain ne parvient pas à rester concentré tandis qu'il se trouve sur la scène d'un centre culturel lors d'une soirée organisée en son honneur, les choses risquent de déraper. Il anticipe les questions du public, si prévisibles, si ennuyeuses. Alors pourquoi ne pas laisser son esprit divaguer, son regard se promener dans la salle ? S'emparer des silhouettes et des visages aperçus afin de leur inventer un destin, une biographie ou simplement une petite histoire d'amour ? Mais le jeu est dangereux, et la réalité se rappelle au souvenir de notre écrivain par la voix de Rochale Reznik, qui lit avec une sensibilité troublante des extraits de son dernier livre...
L'intrigue de Vie et mort en quatre rimes est dense, divertissante et riche en rebondissements, mais elle recèle avant tout une réflexion très mélancolique sur la difficile cohabitation de la sphère publique et de l'intime, et sur les malentendus qui menacent inévitablement l'écrivain, à plus forte raison s'il est célèbre. L'ironie mordante du texte semble nous mettre en garde contre une interprétation trop sérieuse de toute lecture, cependant Amos Oz n'aura peut-être jamais affirmé avec autant de brio la nécessité de l'imaginaire et la puissance de la littérature.
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