Les faits mis en scène ici par Karl Kraus se sont réellement produits ; les conversations les plus invraisemblables ont été tenues mot pour mot ; les inventions les plus criardes sont des citations ; les récits prennent vie sous forme de personnages, les personnages dépérissent sous forme d'éditorial ; la chronique a reçu une bouche qui la profère en monologues, de grandes phrases sont plantées sur deux jambes ? bien des hommes n'en ont plus qu'une. Quiconque a les nerfs fragiles, bien qu'assez solides pour endurer cette époque, qu'il se retire du spectacle.
Présentation de l'éditeur
La vie de l'écrivain et journaliste viennois Karl Kraus (1874-1936) se confond avec l'infatigable bataille qu'il mena dans sa revue Die Fackel (Le Flambeau) contre la corruption de la langue et donc de la morale.
Saturday, February 15, 2003. Henry Perowne is a contented man - a successful neurosurgeon, the devoted husband of Rosalind, a newspaper lawyer, and proud father of two grown-up children, one a promising poet, the other a talented blues musician. Unusually, he wakes before dawn, drawn to the window of his bedroom and filled with a growing unease. What troubles him as he looks out at the night sky is the state of the world - the impending war against Iraq, a gathering pessimism since 9/11, and a fear that his city, its openness and diversity, and his happy family life are under threat. Later, Perowne makes his way to his weekly squash game through London streets filled with hundreds of thousands of anti-war protestors. A minor car accident brings him into a confrontation with Baxter, a fidgety, aggressive, young man, on the edge of violence. To Perowne's professional eye, there appears to be something profoundly wrong with him.
Towards the end of a day rich in incident and filled with Perowne's celebrations of life's pleasures - music, food, love, the exhilarations of sport and the satisfactions of exacting work - his family gathers for a reunion. But with the sudden appearance of Baxter, Perowne's earlier fears seem about to be realised.
Ian McEwan's last novel, Atonement, was hailed as a masterpiece all over the world. Saturday shares its confident, graceful prose and its remarkable perceptiveness, but is perhaps even more dramatically compelling, showing how life can change in an instant, for better or for worse. It is the work of a writer at the very height of his powers.
Présentation de l'éditeur
Une caravane de marchands demande asile pour quelques jours à une tribu d'un puits. On leur accorde l'hospitalité, ainsi que le commande la loi du désert. La même loi stipule que demeurer plus de quarante jours à la même place, c'est tomber en esclavage. Or les nouveaux venus n'ont rien de plus pressé, sitôt installés et trouvant le site à leur goût, que de construire sous le nez de leurs hôtes une cité en dur où ils se livrent bientôt à mille trafics, offrant aux pauvres nomades médusés tout un luxe de produits brillants et inutiles. Oublieux de l'antique enseignement des ' mages ', les esprits faibles se laissent séduire et finissent par enfreindre la promesse qu'ils avaient faite aux esprits du désert : celle de renoncer à la possession de l'or, valeur perverse réservée à ' Ceux de l'Autre Monde '. La vengeance des esprits sera terrible. Le vent de sable va souffler pendant une année entière, rappelant aux apprentis-sorciers et à leurs dupes que l'homme, lors même qu'il croit avoir les moyens d'asservir la nature, n'est jamais le maître du jeu...
Ibrahim Al-Koni (né en 1948) est en train d'imposer l'une des rares ?uvres de langue arabe offrant une lecture du monde qui ne se réduise pas à celle de l'islam. Ce Libyen de culture touarègue, dont presque tous les livres ont pour cadre le désert, propose aux lecteurs du monde entier une littérature intemporelle de dimension universelle, fondée toute sur une inquiétude foncièrement moderne : notre désir inavoué de détruire le monde. A l'opposé des fondamentalistes musulmans, il est l'un des rares romanciers en sa langue qui cherche à inventer une autre littérature arabe. Les Mages, qui ont connu un grand succès en Allemagne (où le livre a été couronné par un grand prix de littérature), sont considérés comme son chef-d'?uvre.
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De retour d'un voyage hors d'Égypte, le narrateur
apprend que son père est décédé durant son absence ; c'est l'occasion pour lui, après une période de tourments, de se pencher sur ce que fut la vie de cet homme modeste et digne, à l'occasion d'un long
périple intérieur. Déféré devant le Divan, instance mystique qui régit les destinées du monde, il reçoit l'autorisation de voyager en illumination, c'est-à-dire de balayer les lieux et les époques en assistant à diverses manifestations surnaturelles. Il a ainsi
l'occasion d'incarner des personnalités relevant
d'autres temps, de visionner des événements qu'il
n'a pu vivre dans son existence terrestre, ou encore
de dialoguer avec des êtres animés ou inanimés. Écrit dans une langue à la fois simple et somptueuse, Le Livre des illuminations est un chef-d'?uvre par son invention d'une forme romanesque spécifiquement arabe, à la fois autobiographie poignante et conte polyphonique explorant les méandres de l'âme égyptienne.
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Qu'il brosse le portrait de Nelson Mandela, qu'il évoque la figure de Bob Marley ou qu'il restitue en eau-forte le calvaire d'une Frida Kahlo puisant dans ses plaies la force de créer, Mario Vargas Llosa nous parle ici de ses passions et de ce vice impuni qui l'a toujours possédé : une inlassable curiosité pour le monde dans lequel nous vivons. Il ne faut donc pas s'étonner qu'il soit devenu, au fil des ans, l'un des chroniqueurs les plus présents et les plus lucides de notre temps. Mais Le langage de la passion n'est pas seulement une vaste fresque où l'on retrouve les événements, les personnages et les débats qui ont marqué la fin d'un siècle et le début d'un nouveau millénaire. En filigrane, Mario Vargas Llosa dessine également l'autoportrait d'un homme en mouvement qui regarde son époque avec fascination et avec méfiance, toujours ouvert et concerné, toujours critique et vigilant.
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François Truffaut professait la plus vive admiration pour ce roman publié en 1940, l'un des plus violemment ' incorrects ' de la littérature américaine, aux côtés de la Lolita de Nabokov et du Destin de Mr Crump de Lewisohn... Nous est contée l'irrésistible ascension d'une femme née parmi les pauvres et qui décide de conduire sa vie selon les seules injonctions de son désir, à travers une société corsetée d'hypocrisie (celle de l'Amérique à la veille de la guerre de Sécession). La garce commence tôt : à quatre ans, la petite Jenny déploie déjà tout son talent pour séduire l'amant de sa mère, le beau lieutenant Carruthers, puis son propre père qui ne voit à la fin d'autre issue que de la battre comme
plâtre (elle y prend goût) pour ne point passer à des actes plus décisifs... Ils ne seront que les premiers d'une longue série de braves types - enfin, plus ou moins braves - qui passeront l'un après l'autre sous la coupe de l'intraitable créature, laquelle a, comme on dit alors, le diable au corps... et n'hésite pas à les pousser au crime, à la folie - en tout cas au pire. On en sort assez secoué, mais troublé plus encore, car le coup de génie de Williams est de nous conduire malgré tout à envisager l'existence du point de vue de son héroïne, sorte de Heathcliff au féminin (l'ombre des Hauts de Hurlevent plane sur le livre) : comme si son propos était de nous faire vivre, délivrés des chaînes menteuses de la ' moralité ' (mais non de celles de la morale, car Jenny souffre et ne cesse de passer outre à d'authentiques remords), une vie toute livrée à l'appel d'un désir d'autant plus impérieux qu'il est décliné au féminin - c'est-à-dire brimé (et poussé à bout) par le consensus des âmes ' vertueuses '. Ces dernières peuvent s'abstenir d'ouvrir ce livre ; quant aux autres...
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« Je me suis retrouvé à Budapest à cause d'une escale imprévue, alors que je volais d'Istanbul à Francfort, où j'avais une correspondance pour Rio. La compagnie a offert aux passagers une nuitée dans un hôtel de l'aéroport et ne nous informerait que le lendemain matin que le problème technique qui avait provoqué cette escale en fait avait été une alerte anonyme à la bombe. Cependant, regardant distraitement à la télé le journal de minuit, j'avais déjà été intrigué en reconnaissant l'avion de la compagnie allemande garé sur une piste de l'aéroport. J'avais augmenté le son, mais le reportage bien sûr était en hongrois, la seule langue du monde, disent les mauvaises langues, que le diable respecte. J'ai éteint la télé, à Rio il était sept heures du soir, une bonne heure pour téléphoner chez moi : je suis tombé sur le répondeur, je n'ai pas laissé de message, à quoi bon dire : allô, ma chérie, c'est moi, je suis à Budapest, il y a eu un pépin avec l'avion, je t'embrasse. »
Tout en étant le héros et le narrateur de sa propre vie, José Costa - a priori condamné par sa profession de « nègre » à rester dans l'ombre - en est aussi le spectateur impuissant. À partir d'un arrêt forcé dans la capitale hongroise, les événements semblent lui échapper, et son existence ressemble de plus en plus à un jeu de pistes linguistique et sentimental entre deux villes, deux langues, mais aussi entre deux femmes, loin de la vie tranquille et sans éclat qu'il menait auparavant.
Ce troisième roman de Chico Buarque, hilarant tour de force littéraire qui nous mène des plages d'Ipanema aux bords du Danube, recèle une réflexion très originale sur les questions d'identité et de langue.
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Texte français d'Armel Guerne
Pour les aficionados de Melville et de Guerne, la traduction que ce dernier a donnée de Moby Dick (en 1954, aux éditions du Sagittaire) est un monument indépassable : le traducteur-poète est allé jusqu'à s'initier au parler ' salé ' des matelots américains du XIXe siècle, tel qu'il se trouve consigné dans les anciens lexiques marins ; et surtout jusqu'à s'inventer un français hautement ' melvillien ', puisque le grand romancier aimait à dire qu'il n'écrivait pas en anglais mais en outlandish... la langue du grand Ailleurs. Cette traduction est restée la plupart du temps introuvable au cours du dernier demi-siècle. On envie déjà le plaisir et la surprise de ceux qui auront à découvrir sa riche et rude saveur - que reconnaîtront tous ceux qui ont fréquenté d'un peu près le vieil océan. Quant au livre lui-même... resté à peu près inconnu du public au temps de Melville, il n'aura été vraiment découvert qu'au XXe siècle, où sa violente modernité paraissait enfin accordée à la période de tempêtes qu'inaugurait alors l'Histoire - jusqu'à passer aujourd'hui aux yeux de certains, aux yeux de beaucoup, comme le plus grand roman de la littérature américaine. Moby Dick, qui peut se lire comme le plus formidable des récits d'aventures, est en effet autre chose et bien plus que cela. Car par-delà les tribulations du capitaine Achab lancé à la poursuite de la Baleine blanche se profile une autre quête : celle d'une humanité embarquée de force à bord d'une histoire qui reste pour elle un mystère.
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Président de la République d'Ukraine ? Rien ne prédispose Sergueï Bounine à occuper ce poste. Son imprévisible ascension, dénuée de coups bas et d'ambition personnelle, se fait presque malgré lui. De la fenêtre de sa salle de bains, son point d'observation préféré, il se remémore le passé : les années de jeunesse à la sauce communiste, un frère jumeau pas si fou que ça, une mère préoccupée d'arrangements avec le système, le vieux David Isaakovitch amoureux de sa cabane sur une île au milieu du Dniepr... Et maintenant, il lui faut affronter le post-communisme, la greffe d'un nouveau coeur et tous ceux qui rêvent de l'empoisonner... Un roman prémonitoire.
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Juif, Russe, Américain, New-Yorkais, 25 ans, études brillantes, issu d'une famille parfaitement assimilée (père médecin, mère femme d'affaires), Vladimir Grishkin s'ennuie dans les bureaux insalubres d'une association d'aide à l'insertion des immigrants. Vladimir a de l'humour, un accent charmant. Et il est très malin. Peu scrupuleux, il est tout de suite repéré par un certain Ribakov, lequel en échange d'un vrai passeport lui promet une vie meilleure... à Prava, capitale d'un pays imaginaire en Europe de l'Est.
Traité de savoir-vivre à l'usage des jeunes Russes raconte l'assimilation à l'envers - autant dire la désintégration - d'un émigrant chic renonçant à Manhattan pour s'improviser mafieux dans un monde à la Kusturica. Picaresque, loufoque et savant, pas toujours moral, ce roman totalement cosmopolite, et qui se moque de tous les clichés, est aussi «une manière de corriger l'Histoire».
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