Entre 1880 et 1914, près de quinze millions d'Italiens émigrent, soit l'équivalent de la moitié de la population du pays au tournant du siècle. Malgré l'ampleur du phénomène, bien peu d'auteurs nationaux écriront sur le sujet. Parmi eux figure Edmondo De Amicis (1846-1908), reconnu aujourd'hui comme l'un des plus grands auteurs de la péninsule.
Reporter, militant pacifiste et témoin attentif de l'Italie unifiée, il est envoyé en 1884 par son éditeur en Amérique du Sud pour une tournée de conférences. La traversée est pour lui un choc et jouera un rôle majeur dans son adhésion au socialisme : bien qu'il voyage en première classe, il découvre la misère des émigrants et, dans la promiscuité forcée du paquebot, les épouvantables inégalités de la jeune nation.
Véritable entomologiste à bord, sachant mêler humour et réalisme dans ses portraits de bourgeois et de petites gens comme dans la description des péripéties du voyage, ce grand admirateur de Zola mettra cinq ans à rédiger le premier exemple de roman-reportage réussi.
Présentation de l'éditeur
Inoué raconte dans Rêves de Russie une histoire parfaitement authentique et absolument triste. Au XVIIIe siècle, le Shinshômaru fait naufrage aux abords d'une île située au sud du détroi de Béring. Le capitaine Daikokuya Kôdayû voit périr de froide la moitié de ses compagnons. Les survivants imitent les autochtones pour survivre et se lient à des quelques aventuriers russes, dont ils apprennent la langue et les coutumes. On suit ensuite Daikokuya dans ses aventures qui le mènent des rivages de Sibérie et d'Irkoutsk à Saint-Pétersbourg, où il est reçu par la Grande Catherine. L'Ulysse nippon retournera au pays, où l'attend un terrible accueil...
Inoué signe avec Rêves de Russie un de ses livres les plus désabusés mais non moins bouleversants.
Tertuliano Màximo Afonso, professeur d'histoire dans un collège, trente-huit ans, divorcé et vivant seul, découvre, horrifié, dans un film loué par hasard à un vidéo-club, son double parfait. En proie à la plus grande confusion, il visionne d'autres films, confirme sa découverte, interroge producteurs et distributeurs et parvient à connaître le nom de celui qui lui ressemble trait pour trait : Antônio Claro. Avec l'aide de sa maîtresse, il part à la recherche de son double, un homme ordinaire, marié, acteur de cinéma, finit par trouver son adresse et son numéro de téléphone et le convainc de la nécessité d'une rencontre. Celle-ci a lieu dans un endroit désolé et s'achève sur un désastre, car chacun comprend que deux êtres semblables ne peuvent co-exister. Lequel des deux est moi, lequel est l'autre ? Pour Tertuliano Màximo et pour Àntônio Claro, la réponse n'est évidemment pas la même. Tout est alors en place pour que du désordre de l'identité surgisse la tragédie.
Une fois encore, José Saramago met brillamment en scène unmythe pour mieux le démythifier en abordant la réalité de notre temps et la crise de notre société.
Prix Nobel de littérature
Présentation de l'éditeur
Elisabetta Renal contacte Claudio Fratta pour qu'il réalise un jardin autour de sa villa. Celui-ci accepte de la rencontrer, car il a reconnu sa voix au téléphone, celle d'une jeune femme dont il a vu la voiture écraser un homme sur un parking cinq mois plus tôt... En acceptant sa proposition, il s'enfonce petit à petit dans une forêt de contradictions et d'interrogations qui le poussent à mener l'enquête sur le terrain de sa propre histoire. Débutant sur le ton de l'intrigue policière, Le désordre naturel des choses est le récit haletant d'une fascination dangereuse autant que le portrait émouvant d'un homme aux prises avec son histoire familiale.
Andrea Canobbio est né en 1962 à Turin. Le désordre naturel des choses - son cinquième roman - l'impose comme l'un des écrivains italiens les plus prometteurs.
Un écrivain en mal d'inspiration habite près de la baie des Cygnes, non loin de Melbourne. Dans la maison voisine emménage Virgil, une jeune femme aux cheveux prématurément gris. Les week-ends, elle reçoit la visite d'un couple de la ville, Marcus et Lolita. Ils n'ont pas d'enfants, parlent culture et bons vins. Exactement le genre d'intellectuels que l'auteur exècre.
Une timide approche de la voisine le conduira à plus d'intimité. Virgil la silencieuse lentement se raconte: son père, latiniste alcoolique qui lui a donné ce prénom ridicule, l'accident, la mort du père, le refuge trouvé dans l'Enéide, livre que Virgil régulièrement ouvre au hasard pour connaître l'avenir.
A l'écrivain qui n'écrit plus, elle raconte l'étudiante qu'elle était, séduite, puis engrossée. La femme qui ne se considère plus comme personne dotée de volonté mais comme objet total du destin, car la maladie dont souffre Virgil la mène droit à la mort. L'auteur, acariâtre et égoïste, lui, est mûr pour répondre à la demande de simple humanité par l'écoute et la patience. Il devient plus tolérant, riche probablement d'un personnage, non pas en profiteur mais en détenteur d'un pouvoir: celui de l'écriture qui défie les deuils.
Présentation de l'éditeur
A l'origine de ces mémoires : la découverte par Hanif Kureishi d'un manuscrit abandonné qui raconte l'enfance de son père à Bombay alors que le monde s'effondre et que l'Inde se sépare en deux selon des lignes religieuses - une famille qui avait vécu en Inde depuis des générations devait désormais accepter une identité pakistanaise. Commence alors un voyage qui amène Kureishi de l'enfance privilégiée de son père près de la mer à Bombay à sa vie d'adulte dissimulé dans les banlieues de Bromley - de jour, fonctionnaire de l'ambassade du Pakistan à Londres ; de nuit, écrivain, espérant obtenir un jour une reconnaissance littéraire. Hanif Kureishi nous offre un remarquable point de vue sur la naissance d'un écrivain - lui-même - à travers ces mémoires qui, tout en décrivant l'histoire de sa famille, expliquent comment sa propre destinée littéraire s'est accomplie en partant des vaines tentatives d'écriture de son père.
Présentation de l'éditeur
Traduction française de My ear at his hart
Le 13 janvier de l'an 1849, Jacob part avec son père et son frère pêcher le flétan à la cognée sur la mer gelée. Jacob a seize ans. Ce jour-là, la pêche est bonne, et malgré l'avancée du jour le père ne peut s'empêcher de poursuivre sa quête. Sept cents poissons, c'est bien lourd sur la glace. Quand les trois pêcheurs tentent de regagner la terre ferme, l'étendue blanche se brise sous leurs yeux. Comme sur un radeau perdu, ils dérivent...
Dans les années soixante, Hanna a quatorze ans, elle est amoureuse d'un inconnu. Le jeune homme joue au foot le dimanche, et ce jour-là l'adolescente ment à ses parents pour aller le voir jouer, l'approcher et lui plaire. Après le match, Hanna, confiante, suit son idole dans les vestiaires.
Administrateur d'une clinique psychiatrique, Fred est hanté par ses responsabilités. Il ne voit pas que son fils est devenu un homme, n'accepte pas l'idée qu'il fasse un stage dans 'sa' clinique. Il ne réalise pas qu'il tue sa fille en rêve, ni que sa femme est en profonde dépression. Fred ne voit rien. Dans les cuisines de la clinique, tout en discutant, Fred pose sa main sur la plaque incandescente du fourneau et ne sent rien...
Ecrites dans les années quatre-vingt-dix et réunies en un volume en 1999, ces dix nouvelles ont pour point commun l'ambiguïté des relations familiales et la fragilité de l'état mental de tout être humain. Equilibre instable, insidieux déraillements, la folie menace ou s'installe, le dérèglement rôde et s'infiltre dans nos sociétés d'hier et d'aujourd'hui...
Présentation de l'éditeur
Marc quitte sa banlieue londonienne pour partir sur les traces de son père, un ancien pilote de chasse dont l'avion se serait écrasé sur une petite île de l'océan Indien. Commence alors pour lui un voyage initiatique dans un paradis émeraude, soumis par des factions militaires à un régime de terreur. Il y rencontre la ténébreuse Uva, une rebelle aux allures de Circé, apôtre d'une culture ancestrale et rompue à l'art du combat. Fleur du mal ou oiseau de paradis ? Marc vit avec elle une passion fulgurante, jusqu'au jour où elle disparaît mystérieusement. Pour la retrouver, il s'aventure dans le dédale d'une jungle impénétrable, et découvre qu'au coeur de cette île flamboyante se cachent aussi l'horreur et la barbarie.
Ce roman dans lequel l'histoire et le mythe, le réel et l'imaginaire se mêlent et parfois s'affrontent est aussi une méditation sur le deuil, l'exil et l'innocence perdue. Jusqu'à quel point faut-il accepter de tout perdre, de se perdre, pour mieux se retrouver ? La poursuite de l'idéal ne serait-elle qu'une chimère ? À travers l'évocation d'une terre promise, dévastée par la guerre et la corruption, l'auteur nous livre un récit vibrant, onirique, une parabole sur la condition humaine. Dans une prose poétique envoûtante.
Présentation de l'éditeur
Les faits mis en scène ici par Karl Kraus se sont réellement produits ; les conversations les plus invraisemblables ont été tenues mot pour mot ; les inventions les plus criardes sont des citations ; les récits prennent vie sous forme de personnages, les personnages dépérissent sous forme d'éditorial ; la chronique a reçu une bouche qui la profère en monologues, de grandes phrases sont plantées sur deux jambes ? bien des hommes n'en ont plus qu'une. Quiconque a les nerfs fragiles, bien qu'assez solides pour endurer cette époque, qu'il se retire du spectacle.
Présentation de l'éditeur
La vie de l'écrivain et journaliste viennois Karl Kraus (1874-1936) se confond avec l'infatigable bataille qu'il mena dans sa revue Die Fackel (Le Flambeau) contre la corruption de la langue et donc de la morale.
Saturday, February 15, 2003. Henry Perowne is a contented man - a successful neurosurgeon, the devoted husband of Rosalind, a newspaper lawyer, and proud father of two grown-up children, one a promising poet, the other a talented blues musician. Unusually, he wakes before dawn, drawn to the window of his bedroom and filled with a growing unease. What troubles him as he looks out at the night sky is the state of the world - the impending war against Iraq, a gathering pessimism since 9/11, and a fear that his city, its openness and diversity, and his happy family life are under threat. Later, Perowne makes his way to his weekly squash game through London streets filled with hundreds of thousands of anti-war protestors. A minor car accident brings him into a confrontation with Baxter, a fidgety, aggressive, young man, on the edge of violence. To Perowne's professional eye, there appears to be something profoundly wrong with him.
Towards the end of a day rich in incident and filled with Perowne's celebrations of life's pleasures - music, food, love, the exhilarations of sport and the satisfactions of exacting work - his family gathers for a reunion. But with the sudden appearance of Baxter, Perowne's earlier fears seem about to be realised.
Ian McEwan's last novel, Atonement, was hailed as a masterpiece all over the world. Saturday shares its confident, graceful prose and its remarkable perceptiveness, but is perhaps even more dramatically compelling, showing how life can change in an instant, for better or for worse. It is the work of a writer at the very height of his powers.
Présentation de l'éditeur