Qu'est-ce qui pousse Viktor Abravanel, vingt-cinq ans après son baccalauréat, à dénoncer en public le passé nazi de ses anciens professeurs, quitte à les accuser tous sans discernement ?
N'est-ce pas pour lui une manière de régler ses comptes avec sa jeunesse, avec une famille où figurent à la fois un père juif et un oncle antisémite ?
C'est en tout cas parce qu'il a travaillé sur celui qui fut le premier maître de Spinoza, Samuel Manasseh ben Israël, qu'il en est venu à s'interroger sur ses propres éducateurs.
Entre Viktor, historien autrichien d'aujourd'hui, et le rabbin d'Amsterdam à qui ses ouvrages de compilation valurent une célébrité sans lendemain, des liens troublants se tissent au fil des pages de ce roman, par d'incessants allers-retours entre le présent et le passé. Mais le destin du jeune juif et de ses parents, «chassés de l'enfer» portugais par l'Inquisition, n'est pourtant pas exactement superposable à celui de Viktor, de son père et de ses grands-parents rescapés de la persécution nazie ; et c'est aussi sur l'illusion d'une histoire qui se répéterait que Robert Menasse invite à s'interroger.
Présentation de l'éditeur
Deux exilés évoquent leur retour au Soudan. L'un d'entre eux est écrivain. Habité par les voix de ses origines aux confins du fleuve, là où la Nubie fut un jour engloutie par les eaux bleu indigo du lac Nasser, il célèbre cette civilisation perdue.
Ainsi se déploie l'incroyable récit de l'édification du grand barrage d'Assouan. Par-delà le rôle et les multiples responsabilités des fonctionnaires, des militaires, des archéologues et autres politiques avides de pouvoir, apparaît le triste devenir des habitants du fleuve. Villageois condamnés à la misère, enfants abandonnés à l'oubli, pêcheurs, raconteurs d'histoires et autres magiciens visionnaires, tout ce monde chatoyant va devoir partir.
Pour l'écrivain retenu en Egypte, ces rivages effacés demeurent, et la fiction s'entremêle peu à peu à la somptueuse évocation d'un monde disparu...
Présentation de l'éditeur
Je l'ai rencontré pour la première fois au temps où j'étais assis sur les bancs de l'école. Le célèbre «Darius et Parysatis eurent deux enfants» par lequel s'ouvre le plus illustre de ses textes, L'Anabaseùù, avait inauguré quelques-unes de ces heures d'ennui grammatical toujours recommencé que nous partagions avec nos maîtres.
Transformer un écrivain réputé scolaire en héros de roman, c'est bien le pari tenu par ce livre. Entre fiction et histoire, Takis Théodoropoulos met en lumière un personnage d'une troublante modernité.
Celui qui durant l'expédition des Dix Mille affronta les troupes d'Artaxerxès, traversant des pays de neige et de vent, fut en effet le premier écrivain à parler à la première personne. Exilé d'Athènes pour le soutien qu'il accordait à Sparte, il rêva jusqu'à son dernier souffle de renverser le régime démocratique. Beau comme Alcibiade, il épousa une ancienne courtisane qu'il avait sauvée d'un viol collectif. Son fidèle compagnon, un certain Thémistogène de Syracuse, fieffé soûlard et coureur de jupons, lui servit de secrétaire, mais peut-être écrivit-il lui-même quelques-uns de ses textes, sur tous les bouts d'écorce qu'il put trouver durant les expéditions militaires...
Singulièrement dépoussiéré par la narration allègre et ironique de son homologue contemporain, Xénophon descend de son piédestal : victime des petites manigances d'un Platon mesquin, qui enfouissait un à un les manuscrits de son rival dans les caves obscures et infestées de rongeurs de la bibliothèque de l'Académie, il devient aussi vivant que la galerie de personnages secondaires - mercenaires, courtisanes et traîtres - qui peuplent cette biographie romanesque de facture inédite.
Présentation de l'éditeur%%
Hôtesse de l'air depuis de nombreuses années, Loya Kaplan doit revenir en Israël pour liquider un héritage. Célibataire, sans enfants, elle a passé sa vie dans les cieux, peu tentée de se trouver quelque patrie d'élection que ce soit et évitant soigneusement de nouer de lien durable avec quiconque.
De retour dans le quartier de son enfance, où Loya, orpheline de mère, a été élevée par son père, un érudit, et par l'un des amis de celui-ci, grand collectionneur de son état, l'impénitente voyageuse se voit inopinément acculée à reconstituer son histoire personnelle à travers la lecture du roman familial, dont les pages défilent alors sous ses yeux.
Ainsi confrontée à un demi-siècle d'histoire d'Israël - de l'utopie du projet collectiviste à une lucide désillusion -, Loya accomplit alors un retour involontaire vers une culture israélienne plongeant une partie de ses racines au plus profond de l'Europe occidentale et orientale, omniprésentes dans le roman.
Evocation, sur le mode de l'association d'idées et du flux de conscience, d'un parcours personnel, Canicule et oiseaux fous est, simultanément, le bilan ironique et finement teinté d'humour d'une vie collective qui a pour protagonistes les survivants de la Shoah, les immigrés des quatre coins du monde et une jeunesse aux prises avec une identité multiple et éclatée.
Présentation de l'éditeur
Récompensée par le Prix Naguib Mahfouz et le Prix Nour de la meilleure oeuvre féminine en langue arabe pour Mémoires de la chair, la romancière algérienne Ahlam Mosteghanemi est une voix unique de la littérature arabe. Politique, elle exprime la révolte d'une femme et d'un peuple ; nourrie de culture française, elle a su inventer un style très personnel, dont la sensualité et le lyrisme n'excluent jamais l'ironie.
Dans l'Algérie des années 80, saccagée par la corruption et le fanatisme, l'épouse d'un militaire algérien proche du pouvoir vit une passion dévastatrice pour un inconnu. Cette liaison va l'entraîner au coeur du « chaos des sens », mais aussi d'une histoire où le rêve et la réalité se confondent. Car l'homme qu'elle aime sans rien savoir de lui n'est peut-être pas celui qu'elle croit, même s'il ressemble comme un frère au héros de la nouvelle qu'elle est en train d'écrire...
Entre douleur et nostalgie, colère et dénonciation, cette flamboyante et troublante histoire d'amour - fresque de l'Algérie des vingt dernières années - confirme l'immense talent d'Ahlam Mosteghanemi.
Présentation de l'éditeur
Huda, jeune Palestinienne chrétienne, vit dans le Wadi, quartier arabe de Haïfa, en Israël. C'est elle qui fait vivre sa famille : sa mère, veuve, dont les proches ont tout perdu lors de la guerre d'Indépendance ; son grand-père, un vieux sage amateur de narguilé ; sa soeur, plus effrontée, mais qui accepte un mariage arrangé. Jusqu'au jour où arrive Alex, le nouveau voisin, un Juif russe dont la trompette mélancolique résonne à travers le Wadi, et dont Huda tombe amoureuse. La vie rêvée d'Huda bascule alors, rattrapée par la réalité politique.
Une trompette dans le Wadi est une chronique familiale filée avec une parfaite justesse de ton et un humour ravageur. Un roman savoureux, écrit « caméra à l'épaule », plein de vie et de passions.
« Israélien, irakien, juif, arabe... Sami Michael est tout cela, dans l'ordre et surtout dans le désordre. Écrivain d'un entre-deux introuvable, d'une frontière transformée en front de bataille, d'un passé et d'un présent irréconciliables, il se sert de la littérature comme d'un creuset où viennent se fondre des personnages qui n'auraient jamais dû se rencontrer. » Christophe Boltanski, Libération
Présentation de l'éditeur
Le jeune duc Franchino de Mantoue hérite le fief du marquis de Challant, mais il doit se plier à une clause perfide du testament : l'héritier s'engage, pour le restant de ses jours et sans faillir jusqu'à sa mort, à vivre dans la chasteté, privé de tout commerce féminin.
Afin de faire respecter cette promesse, on a appelé des couvents de la vallée douze abbés chargés de veiller assidûment sur la vertu et l'honneur du jeune duc. Et ils sont venus à cheval, et sur des mules, et se sont installés au château avec leurs serviteurs, leurs ornements, leurs missels et autres meubles, les étrangement nommés : Malbrumo, Nevoso, Foscolo, Mistral, Umidio, Santoro, Prudenzio, Leonzio, Celorio, Ildebrando, Torchiato, Ipocondrio.
Puis de nouveaux personnages se sont présentés à la lourde porte du château.
Après Boccace, c'est à Agatha Christie que l'on pense, car à mesure qu'arrivent ces nouveaux protagonistes les abbés meurent tour à tour, de façon inexpliquée.
Entre roman courtois et roman policier, Les Douze Abbés de Challant, pétillant récit situé au Moyen Age, nous font entrer, au son de la viole, dans un univers de passion, de vengeance et de mystère dont nous ne sortons pas indemnes.
Présentation de l'éditeur
Alex Lescziak file un mauvais coton. Ce psychothérapeute new-yorkais est incapable d'écouter ses patients, assailli par un flot anarchique de souvenirs et d'obsessions intimes : sa maîtresse a disparu, et sa femme le trompe sans doute avec son meilleur ami. Et voilà que surgit dans son cabinet un homme qui se prétend son demi-frère : leur mère, Juive polonaise réfugiée en Angleterre, aurait eu une liaison en 1944 avec un prisonnier allemand? Alex se met alors à imaginer cette idylle, tout en traquant des indices dans ses souvenirs d'enfance. Puisque son beau roman familial s'effondre, que reste-t-il de son identité ?
Cette tragi-comédie grinçante brouille sans cesse les frontières entre le passé et le présent, le public et l'intime, l'Amérique et l'Europe. Les figures qui défilent dans le cabinet et dans la mémoire d'Alex dessinent une humanité malheureuse et vaillante, dont les armes contre le désespoir sont l'humour et le sexe. Et Alex lui-même, éternel enfant irresponsable, en quête de vérité dans les zones d'ombre de la mémoire, est l'incarnation inoubliable de tous ceux qui sont nés après.
Présentation de l'éditeur
Yi Sun Shin est condamné à mort. Lors de la première bataille de l'armée coréenne face à l'envahisseur japonais, il a désobéi au roi pour sauver ses hommes. Nous sommes en 1592, et lorsque la défaite menace le royaume peu de temps après, seul Yi Sun Shin paraît en mesure d'éviter le pire. Sa condamnation est levée, et il est nommé commandant en chef de la flotte coréenne.
La guerre sera longue, et se jouera essentiellement sur la mer. Yi est un stratège hors pair ; les batailles navales qu'il mène ? et gagne ? sont un modèle d'intelligence. Elles n'en sont pas moins exemptes de cruauté, et le commandant nous décrit autant ses doutes et ses angoisses que la violence du sabre : les succès militaires de chaque côté se mesurent en nombre de têtes tranchées.
Comment échapper à la cruauté quand on doit faire son devoir ? Et comment oublier la mort de son propre fils, ou le parfum d'une femme aimée, dans la solitude du pouvoir ? Ce récit d'un homme qui affronte une mort certaine, et qui s'interroge sans cesse sur le sens de sa vie, est d'une beauté et d'une poésie bouleversantes. Les pleurs du sabre ? ce sabre qui vibre au moindre mouvement intérieur de son maître ? répondent aux pleurs silencieux du héros, pour devenir chant...
Présentation de l'éditeur
Aux abords du cimetière, un peu à l'extérieur de ce bourg anatolien où elle a grandi, la jeune Meryem est retrouvée en sang, dans un état de grande confusion. Meryem, dont l'oncle est un dignitaire religieux important, a visiblement été victime d'un viol. Elle est incapable de désigner son agresseur, mais cela importe peu : l'honneur de la famille est souillé, et la jeune fille est enfermée.
Irfan Kurudal appartient à la haute société stanbouliote. Après des études à Harvard, son poste de professeur d'université et ses interventions régulières à la télévision lui ont donné un statut social enviable, tandis que sa femme lui a apporté sa fortune. Il a quarante-quatre ans et une vie agréable, mais soudain son existence lui paraît dénuée de sens. Il décide de tout quitter, loue un bateau et disparaît en mer Egée.
Djemal vient de terminer son service militaire dans les montagnes du sud-est de la Turquie, où l'affrontement avec les Kurdes du PKK fait rage depuis des années. Peu de temps après son retour en héros au village, sa famille lui demande de faire disparaître sa cousine Meryem...
À travers les destins croisés de ces trois personnages, emblématiques de la Turquie d'aujourd'hui, Délivrance fait écho aux multiples interrogations qui traversent une société déchirée entre tradition et modernité.
Présentation de l'éditeur