La vierge et le neutrino. Les scientifiques dans la tourmente

La vierge et le neutrino. Les scientifiques dans la tourmente
Stengers Isabelle
Ed. Empêcheures de penser en rond

Les scientifiques se sentent trahis. Ils dénoncent une montée de l'irrationalité et du relativisme sceptique. Mais ils savent aussi que leur ancienne alliance avec l'État est morte : celui-ci ne rêve plus que de brevets, de percée technologique, d'économie de la connaissance. Enfin, ils sont confrontés, comme on l'a vu dans le cas des OGM, à un nouveau type de «public» posant des questions gênantes au lieu de faire confiance au progrès. Ce public, gênant mais pertinent, pourrait bien être un allié indispensable pour les scientifiques menacés d'asservissement, mais une telle alliance a un prix : elle demande que les scientifiques rompent avec les mots d'ordre qui font d'eux la tête pensante d'une humanité en progrès.

Le pari de ce livre est que les scientifiques peuvent se présenter avec d'autres mots que ceux qui opposent la science à ce qui ne serait qu'opinion, croyance ou superstition. Il tente de forger de tels mots, qui permettent d'affirmer ensemble, sans confusion ni hiérarchie, des pratiques qui divergent, par exemple celle des pèlerins s'adressant à la Vierge et celle qui a autorisé à attribuer une masse au neutrino.
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Le singe en nous

Le singe en nous
de Waal Frans
Ed. Fayard/Le temps des sciences

Et si la psychologie humaine s'inscrivait dans le prolongement de celle des animaux, qu'il s'agisse de la violence, de l'empathie, ou même de la morale ?

C'est la thèse que défend Frans de Waal, primatologue de réputation internationale, dans Le Singe en nous : il s'oppose aux théories de l'exception humaine, qu'elles fassent de l'homme une espèce destinée à dépasser une animalité mauvaise ou qu'elles le présentent comme une aberration de la nature, dont les progrès techniques et intellectuels sont peu en rapport avec sa capacité à gérer son agressivité.

À travers l'étude des deux grands singes qui nous sont le plus proches, le chimpanzé et le bonobo, Frans de Waal décrypte notre comportement. Si les chimpanzés incarnent notre face agressive, les bonobo correspondent au versant doux et empathique de l'espèce humaine : primates pacifiques, ils vivent dans des sociétés matriarcales où la fréquence des rapports sexuels permet d'aplanir les conflits. En s'appuyant sur nombre d'anecdotes fascinantes, mais aussi sur des recherches approfondies, l'auteur brosse un portrait du « singe bipolaire » qu'est l'homme. Il utilise aussi le formidable laboratoire que constituent les sociétés de chimpanzés et de bonobos pour aborder les problèmes de la vie en commun chez les êtres humains.

Incroyable réservoir d'informations sur la vie des grands singes, ce livre tend à l'humanité un miroir qui lui permettra peut-être de mieux gérer ses propres instincts.
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Fragilité

Fragilité
Carrière Jean-Claude
Ed. Odile Jacob

«J'ai rencontré quelques grands ancêtres, Shakespeare et Dostoïevski, les auteurs inconnus du Mahâbhârata, Corneille, Chateaubriand, Balzac, Proust. Ils m'ont appris ce que je savais sans doute déjà : un personnage ne peut nous toucher que lorsque nous avons trouvé en lui ce que nous appelons 'vulnérabilité'.

Tout le théâtre, tout le cinéma, toute la littérature, toute forme d'expression repose sur la fragilité. Elle est notre source cachée, le moteur de toute émotion et de toute beauté.

Acceptons-la. Revendiquons-la. Soyons frêles mais souples.

Et calmes devant l'inconnu.

Nous devons préserver notre fragilité comme nous devons sauver l'inutile. L'inutile, parce qu'il nous sauve du simple calcul productif, maître du monde. Il nous permet de nous en évader, il est notre issue de secours. La fragilité, parce qu'elle nous rapproche les uns des autres, alors que la force nous éloigne.»
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Dépression. La grande névrose contemporaine

Dépression. La grande névrose contemporaine
Chemama Roland
Ed. Erès

«Le sujet déprimé ne veut pas donner au passé un sens nouveau en fonction d'un avenir : l'avenir, il se refuse à l'imaginer. Il répète, comme chacun d'ailleurs. Mais lui tient à ce que cette répétition soit un retour du même. Je force ici à peine le trait. Il peut très bien reconnaître assez vite que c'est bien là sa position. À preuve le fait que, lorsque quelque chose de favorable surgit dans son existence, de façon généralement inattendue, il peut entrer dans le plus grand désespoir.

Pourquoi en est-il ainsi ? Vous comprendrez que je ne peux vous éclairer d'un seul coup sur ce type de mécanismes. En revanche, ce que je me proposerai de faire, dans une prochaine lettre, c'est de commencer à vous parler de l'évolution historique de notre rapport au temps. Vous verrez qu'elle n'est pas étrangère aux questions de notre clinique.»

Sous la forme d'une série de lettres adressées à celui qui fut, dans Clivage et modernité (érès, 2003), son interlocuteur, l'auteur tente de situer quelques éléments structuraux de ce qu'aujourd'hui nous nommons dépression. Ce diagnostic est en effet fréquemment évoqué pour qualifier des difficultés subjectives diverses. Faut-il lui contester toute pertinence ? La dépression présente-t-elle une unité, au moins à un certain niveau ? Plutôt qu'humeur sinistre, elle apparaît comme un désinvestissement radical du désir, associé à une paralysie de l'action, qui conjoint l'impuissance et l'utopie. Retrouvant ici ce par quoi Lacan caractérisait «la grande névrose contemporaine», l'auteur, dans une écriture littéraire, à la fois rigoureuse et accessible, rend compte de cette «maladie du siècle».
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La Transe. La sorcellerie, l'amour fou, saint Jean de la Croix, etc.

La Transe. La sorcellerie, l'amour fou, saint Jean de la Croix, etc.
de Heusch Luc
Ed. Complexe

Se fondant sur son expérience de la transe, Luc de Heusch élargit considérablement l'horizon des religions fondées sur la possession ou le chamanisme. Il n'hésite pas à intégrer dans le même champ anthropologique l'extase mystique, tant chrétienne qu'islamique, certains aspects de la sorcellerie, le charisme, l'amour fou ; il compare notamment le roman de Tristan et Iseult à un mythe mélanésien expliquant l'origine de la magie d'amour.

L'auteur enjambe allègrement les frontières académiques arbitraires. Platon avait déjà eu l'intuition de l'unité de la possession religieuse et de l'érotique. L'hypnose, dont Freud avait pressenti le rôle omniprésent, connaît un regain d'intérêt parmi les thérapeutes.
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Cinq méditations sur la beauté

Cinq méditations sur la beauté
Cheng François
Ed. Albin Michel

En ces temps de misères omniprésentes, de violences aveugles, de catastrophes naturelles ou écologiques, parler de la beauté pourrait paraître incongru, inconvenant, voire provocateur. Presque un scandale. Mais en raison de cela même, on voit qu'à l'opposé du mal, la beauté se situe bien à l'autre bout d'une réalité à laquelle nous avons à faire face. Je suis persuadé que nous avons pour tâche urgente, et permanente, de dévisager ces deux mystères qui constituent les extrémités de l'univers vivant: d'un côté, le mal; de l'autre, la beauté. Ce qui est en jeu n'est rien de moins que la vérité de la destinée humaine, une destinée qui implique les données fondamentales de notre liberté. François Cheng

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Histoire de l'homme et changements climatiques

Histoire de l'homme et changements climatiques
Coppens Yves
Ed. Collège de France/Fayard

Yves Coppens a prononcé sa leçon inaugurale au Collège de France en 1983. Est-il besoin de dire quels progrès ont effectués la paléoanthropologie et la préhistoire en un peu moins d'un quart de siècle ?

La leçon de clôture qu'il a donnée en 2005 dresse un double bilan : celui de ses propres travaux mais aussi celui de sa discipline. On ne saurait imaginer sur les origines de l'humanité synthèse plus concise que ce texte aussi dense que brillant.
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Le complexe de Moïse

Le complexe de Moïse
Diane Drory & Colette Frère
Ed. Albin Michel

Moïse reçut dans sa corbeille d'adoption un bel héritage. Et pourtant il se révolta contre son peuple adoptif.

Si tout humain se construit avec le complexe d'OEdipe, l'adopté, lui, doit y ajouter le complexe de Moïse qui caractérise sa filiation. L'amnésie infantile n'efface rien : un enfant adopté est toujours tiré des eaux, celles de sa mère biologique, et il reste inconsciemment imprégné des paroles qui ont été dites en ce temps-là.

Comment faire, de ce murmure laissé en héritage, une force vive ? Soutenir son processus d'identification à la filiation adoptive ? Lui garantir le droit à la double loyauté ? L'aider à intégrer dans son histoire la blessure de l'abandon ? L'accompagner au cours de ses interrogations sur ses origines ?...

Douze adoptés, tous adultes, répondent à ces questions à travers le récit de leur vie, qu'ils ont confié à Colette Frère, celui de leur parcours, jonché de bien des paradoxes dont il faut trouver le sens. Un sens mis en lumière par le regard que Diane Drory, psychanalyste, pose depuis de nombreuses années sur les questions d'adoption.
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Manuel à l'usage de ceux qui veulent réussir leur [anti]oedipe

Manuel à l'usage de ceux qui veulent réussir leur [anti]oedipe
Nadaud Stéphane
Ed. Fayard

Tout « psy » peut être amené, à un moment ou à un autre, à donner son avis de spécialiste sur des questions dites de société ou sur les malaises que ladite société suscite. Une littérature aujourd'hui conséquente tente ainsi de livrer au plus grand nombre les secrets du bonheur psy. C'est ce que Stéphane Nadaud appelle la « popsy ».

Or force est de remarquer que, quel que soit le domaine sur lequel elle disserte (le stress au boulot, l'éducation des adolescents, la question homoparentale, les violences dans les banlieues), la popsy s'appuie toujours sur le rapport que nous avons à la normalité, et prend systématiquement pour modèle l'oedipe. C'est pour cela qu'elle peut être considérée comme une des formes les plus abouties du familialisme.

Si la popsy est efficace - et utile - pour nous aider à réussir notre oedipe (ou plutôt à le rater le moins possible), la médaille a un revers : elle peut faire de nous des sujets aliénés (assujettis) à une normalité illusoire. En nous bornant à la recherche d'un bonheur oedipien que les popsys nous promettent, nous risquons surtout de perdre de vue la nécessaire et vitale résistance au principe dominant de subjectivation (processus de création de sujets) qui nous aliène et qui s'impose sur toute la planète, à savoir le Capitalisme, lequel ne nous accepte comme sujets que si nous restons au mieux des consommateurs, au pire des marchandises à consommer.

Dès lors, comment satisfaire à la nécessité d'être bien dans son corps, dans son boulot, dans sa famille, dans sa vie (de réussir son oedipe), et continuer à penser que je peut être un autre, c'est-à-dire que d'autres façons d'être sujet sont constructibles ? Que d'autres horizons subjectifs, anti-oedipiens, peuvent advenir ?

C'est tout le pari de ce manuel, construit comme un jeu de piste, comme l'arpentage de cet apparent paradoxe.
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Sans Dieu

Sans Dieu
Michel Deguy & Jacques Sojcher (dir.)
Ed. Cercle d'art/Ah !

Sans Dieu n'est pas un manifeste de l'athéisme.
Si on ne croit plus, cela veut-il dire qu'il n'y a pas de transcendance (philosophique, artistique, poétique...), que la vie n'a pas de sens ?

Si c'est AVEC, avec quel Dieu ?
Quelle représentation, quelle présence de Dieu ?
Un Dieu 'intégriste' ?
Un Dieu d'amour qui ne se laisse pas réduire au théologico-politique ?

Si c'est SANS, est-ce nécessairement un athéisme antireligieux ?
N'y a-t-il pas différentes sortes d'athéisme, différents types d'agnosticisme ?
Comment l'incroyant va-t-il inventer un sens individuel, collectif, universel ?

Comment croire en Dieu après la Shoah et tous les génocides qui ont jalonné le XXe siècle, qui endeuillent encore notre siècle débutant ?

Ces questions sont posées aussi bien aux athées, aux agnostiques, aux croyants. De ce choeur disparate surgiront d'autres questions et des réponses ouvertes à d'autres inquiétudes, et peut-être à une espérance, AVEC ou SANS DIEU.

Michel Deguy et Jacques Sojcher

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