La rime et la vie

La rime et la vie
Meschonnic Henri
Ed. Folio essais/Gallimard

Ce livre est l'exercice d'une écoute du langage et, à travers de nombreux exemples, d'une écoute de la modernité. En effet, contre le dualisme de l'écrit et de l'oral, l'oralité est redéfinie comme le primat du rythme et de la prosodie dans le mode de signifier; ainsi, elle ouvre à une critique de la littérature et des sciences humaines.
Critique du signe, critique du sens, la poétique est nécessairement une critique de la philosophie - du langage de la philosophie et de la philosophie du langage.
La mise en rapport des deux termes, la rime, la vie, montre dans les représentations communes du langage un modèle culturel poétiquement et politiquement néfaste, celui qui dissocie l'esthétique, l'éthique et le politique - cette rationalité des Lumières dont toute la modernité a été la critique.
Restituer l'historicité radicale du langage fait plus que reconnaître ce qu'il y a de vie dans la rime, et de rime dans la vie; cela montre, par leur mutuelle nécessité, ce qu'il en coûte d'oublier l'un des deux termes, non pas aux poètes seulement, mais à la collectivité.
L'écoute du langage a l'oreille sur l'avenir.
Présentation de l'éditeur

Effondrement. Comment les sociétés décident de leur disparition ou de leur survie

Effondrement. Comment les sociétés décident de leur disparition ou de leur survie
Diamond Jared
Ed. Gallimard/Nrf essais

C'est un signe des temps. Il n'y a guère, dans l'euphorie du développement, Fernand Braudel proposait une Grammaire des civilisations, étude des évolutions lentes mais imperceptibles exercées sans fin «par les contraintes des espaces, des hiérarchies sociales, des 'psychés' collectives, des nécessités économiques». Aujourd'hui, devant l'urgence des problèmes climatiques, écologiques et de renouvellement des ressources, Jared Diamond définit une syntaxe, nerveuse, perceptible, des sociétés à partir de la relation de leurs valeurs et besoins aux possibilités du milieu. Il la conjugue à tous les temps : au passé, au présent comme au futur.

Car la question : «Comment des sociétés ont-elles disparu dans le passé ?» peut aussi se formuler : «Au rythme actuel de la croissance démographique, et particulièrement de l'augmentation des besoins économiques, de santé et en énergie, les sociétés contemporaines pourront-elles survivre demain ?»

La réponse se formule à partir d'un tour du monde dans l'espace et dans le temps - depuis les sociétés disparues du passé (les îles de Pâques, de Pitcairn et d'Henderson ; les Indiens mimbres et anasazis du sud-ouest des États-Unis ; les sociétés moche et inca ; les colonies vikings du Groenland) aux sociétés fragilisées d'aujourd'hui (Rwanda, Haïti et Saint-Domingue, la Chine, le Montana et l'Australie) en passant par les sociétés qui surent, à un moment donné, enrayer leur effondrement (la Nouvelle-Guinée, Tikopia et le Japon de l'ère Tokugawa).

De cette étude comparée, et sans pareille, Jared Diamond conclut qu'il n'existe aucun cas dans lequel l'effondrement d'une société ne serait attribuable qu'aux seuls dommages écologiques. Plusieurs facteurs, au nombre de cinq, entrent toujours potentiellement en jeu : des dommages environnementaux ; un changement climatique ; des voisins hostiles ; des rapports de dépendance avec des partenaires commerciaux ; les réponses apportées par une société, selon ses valeurs propres, à ces problèmes.

Cette complexité des facteurs permet de croire qu'il n'y a rien d'inéluctable aujourd'hui dans la course accélérée à la dégradation globalisée de l'environnement. Une dernière partie recense, pour le lecteur citoyen et consommateur, à partir d'exemples de mobilisations réussies, les voies par lesquelles il peut d'ores et déjà peser afin que, dans un avenir que nous écrirons tous, le monde soit durable et moins inéquitable aux pauvres et démunis.
Présentation de l'éditeur

La complexité, vertiges et promesses. 18 histoires de sciences

La complexité, vertiges et promesses. 18 histoires de sciences
Benkirane R?da
Ed. Pommier/poche

Entretiens avec Edgar Morin, Ilya Prigogine, Neil Gershenfeld, Daniel Mange, Jean-Louis Deneubourg, Luc Steels, Christopher Langton, Francisco Varela, Brian Goodwin, Stuart Kauffman, Bernard Derrida, Yves Pomeau, Ivar Ekeland, Gregory Chaitin, John Barrow, Laurent Nottale, Andrei Linde, Michel Serres.

Qu'y a-t-il de commun entre la complexité d'un réseau informatique et celle des insectes sociaux ?

L'humanité est-elle en train de donner naissance à de nouvelles formes de vie artificielle ? Qu'est-ce que le hasard ? Dieu serait-Il un horloger ou un ordinateur cosmique ? Voici quelques-unes des questions fascinantes que soulèvent ces histoires de sciences, dont l'ambition est de montrer les richesses que la notion de complexité a, depuis une vingtaine d'années, pu suggérer à certains des esprits scientifiques les plus fins de notre temps.
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Le futur de la démocratie

Le futur de la démocratie
Bobbio Norberto
Ed. Seuil/La couleur des idées

Norberto Bobbio est un 'philosophe politique' majeur du XXe siècle. Son oeuvre est une forte et éclairante réflexion sur la nature de la démocratie, sur ses conditions d'existence et de survie, sur le droit, les idées et la culture démocratiques, sur la crise de la démocratie en Italie et en Europe durant les dernières décennies du XXe siècle. Ce livre est une anthologie de ses grands textes et articles des années 70, 80 et 90. La seconde partie a donné son nom au livre en français : une série de textes sur la démocratie confrontée à des problèmes divers, anciens ou récents (la représentation, le rôle des hommes et celui des lois, les pouvoirs et les pressions occultes, la réalité internationale...); la première partie porte sur les droits de l'homme, leur fondation, les raisons de leur succès, leurs évolutions récentes, leur avenir. Tous ces chapitres, d'une grande clarté, sans jargon, aisés à lire, donnent à comprendre les paradoxes de la démocratie, les tensions multiples qu'elle doit gérer, sa fragilité permanente mais aussi ses surprenantes capacités de résistance.
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L'ouvert. De l'homme et de l'animal

L'ouvert. De l'homme et de l'animal
Agamben Giorgio
Ed. Rivages poche

«Le conflit politique décisif, qui gouverne tout autre conflit, est, dans notre culture, le conflit entre l'animalité et l'humanité de l'homme»; c'est pourquoi «se demander en quelle manière - chez l'homme -l'homme a été séparé du non-homme et l'animal de l'humain est plus urgent que prendre position sur les grandes questions, sur les prétendus valeurs et droits humains». Une urgence qui est toujours apparue comme telle, du moins depuis que la métaphysique aristotélicienne a défini le principe du vivant, mais qui se manifeste aujourd'hui avec une nouvelle et pressante gravité, en un temps où il est nécessaire de mettre hors jeu la puissante «machine anthropologique» qui, dans la tradition occidentale, a articulé pendant des siècles le corps et l'âme, la vie animale et le logos, le naturel et le surnaturel, les ténèbres et la lumière. En partant d'une lecture de Heidegger et de Kojève, Giorgio Agamben poursuit la réflexion menée dans les livres précédents autour du concept de vie, et s'interroge sur le seuil critique qui produit l'humain, qui distingue et en même temps rapproche humanité et animalité de l'homme, qui décide «à chaque fois et en chaque individu de l'humain et de l'animal, de la nature et de l'histoire, de la vie et de la mort».
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Guerres justes et injustes

Guerres justes et injustes
Walzer Michael
Ed. Folio essais/Gallimard

Dans l'enfer de la guerre, tout n'est pas égal. Blocus, bombardements de civils, représailles, dommages collatéraux traversent tous les conflits. Mais la guerre juste existe, qui peut à chaque instant basculer dans l'injustice. Déterminer l'inacceptable comme l'inévitable est un jugement auquel nul ne peut se dérober.

En quête du juste équilibre, Walzer n'ignore ni les droits de l'homme, ni la nécessité. Le philosophe qui milita contre la guerre au Vietnam montre qu'une guerre, quand même elle servirait les intérêts d'une grande puissance, peut être aussi une guerre juste. Il revendique un empirisme moral, et développe une argumentation à partir d'exemples historiques. Rien de moins abstrait que cette réflexion.

Notre monde n'a pas su écarter l'enfer de la guerre, mais il progresse chaque jour dans son exigence d'un droit international pour juger des guerres et des crimes qui y sont commis. Un «après-propos» inédit, rédigé à la lumière de la guerre d'Irak, ouvre la perspective d'un usage juste et préventif de la force qui écarterait les risques de guerres injustes.
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Karl Popper. Un philosophe heureux

Karl Popper. Un philosophe heureux
Brudny Mich?le-Ir?ne
Ed. Biblio essais/Livre de poche

Né en 1902 à Vienne dans une famille bourgeoise de juifs convertis au protestantisme, Karl Popper a été le témoin de l'effondrement de l'Empire austro-hongrois à la fin du premier conflit mondial. Avec le cercle des lycéens socialistes, il participa à l'effervescence de la jeune République, puis à la réforme scolaire de Vienne la Rouge. Communiste pendant quelque temps, il poursuivra par la suite une réflexion sur le marxisme et sa prétention à connaître les lois de l'histoire. Lorsque Popper publia la Logique de la découverte scientifique, en 1934, Einstein salua cette parution, amorçant ainsi la longue complicité que le philosophe entretint, sa vie durant, avec des savants. Ses origines juives lui interdirent d'embrasser une carrière universitaire en Autriche, et il s'exila en Nouvelle-Zélande. L'Anschluss le persuada d'infléchir les enjeux de son oeuvre, qui aboutit à la publication de Misère de l'historicisme et de La Société ouverte et ses ennemis.

À la fin de la guerre, Popper fut nommé à la London School of Economics dont il devint l'une des grandes figures.

Cet ouvrage est la première biographie de Karl Popper. Ce fait est d'autant plus significatif qu'en France les obstacles opposés par un certain philocommunisme - pour reprendre le terme de Raymond Aron - ont entraîné une «réception en lignes brisées» de Karl Popper. Mais les temps ont changé, et l'oeuvre de Popper est peut-être en train de retrouver le rang qui lui est dû.
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La transformation de l'intimité

La transformation de l'intimité
Giddens Anthony
Ed. Pluriel/Hachette littératures

Anthony Giddens s'interroge ici sur la fantastique transformation qui a fait de la sexualité - domaine strictement privé et caché sur lequel s'exerçait le contrôle disciplinaire et répressif de la société - une affaire publique: le sexe s'expose, s'exhibe, et l'intimité a envahi le champ social. Par ailleurs, le choix du genre (femme, homme, homosexuel, queer) laisse chacun libre de se déterminer comme il l'entend. En fait, la relation amoureuse et sexuelle est, à son tour, devenue «démocratique». Chacun recherche dans la rencontre de l'autre la réalisation d'un projet de vie et d'une invention de soi. La sexualité devient affaire de poursuite de son identités dans la relation. Dans le même temps, nos identités sont devenues successives, plurielles et flexibles.
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L'élite artiste. Excellence et singularité en régime démocratique

L'élite artiste. Excellence et singularité en régime démocratique
Heinich Nathalie
Ed. Gallimard/Bibliothèque des sciences humaines

Une génération après que la Révolution eut supprimé les privilèges aristocratiques, une nouvelle élite apparut dans la société française : les « artistes », dont le prestige était devenu tel qu'il leur permettait de s'égaler aux plus grands, malgré l'absence de naissance, de fortune, de pouvoir. En même temps s'imposait l'idée qu'ils formaient une seule catégorie mêlant, tous genres confondus, écrivains, peintres, sculpteurs, musiciens. Et l'identité collective de cette catégorie inédite se définissait, avec la « bohème », par l'excentricité du hors normes : une élite en marge, donc.

Cette situation paradoxale s'explique en partie par le statut institutionnel, économique, démographique, juridique, sémantique des activités artistiques, que reconstitue minutieusement Nathalie Heinich. Mais elle tient aussi à des facteurs de plus longue durée : les valeurs de sens commun, que révèle l'exploration des romans, des témoignages, des journaux, des correspondances. Car on ne comprendrait pas que cet étrange phénomène ait pu perdurer, s'imposant aujourd'hui plus que jamais, sans prendre en compte ces valeurs fondamentales que sont l'aspiration à l'égalité et la reconnaissance de l'excellence, la préséance du mérite et le droit au privilège.

La singularité artiste offrirait-elle à notre société contemporaine, écartelée entre aristocratisme, égalitarisme et méritocratie, une solution de compromis à un élitisme acceptable par la démocratie ?
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Méthode et art de penser chez Spinoza

Méthode et art de penser chez Spinoza
Klajnman Adrien
Ed. Kimé

Négligé dans les études spinozistes, l'art est une partie du savoir programmé par le jeune Spinoza et révèle son statut. Avec Spinoza, la Méthode désigne l'art de former le vrai plus facilement et suivant un certain ordre, c'est-à-dire la philosophie à l'?uvre. Au départ, chacun dispose d'au moins une idée vraie donnée, puis est en mesure d'élaborer des ouvrages intellectuels raffinés. Associée à différents registres de l'art de produire des choses difficiles, l'expérience de la production matérielle contribue ainsi à expliquer comment l'entendement se donne ses idées. Dans cette perspective, il convient d'interroger certains enjeux essentiels du spinozisme: l'expérience du corps productif, l'art de concevoir et d'imaginer, l'art du récit, le herem, les Vies de Spinoza. Réarticulés, ces thèmes sont révélateurs du projet philosophique spinozien, inséparable de l'image du philosophe artisan et des questions éthiques et politiques du jeune Spinoza: peut-on se sauver tout seul par l'activité intellectuelle? Que devient le corps lorsque l'esprit forme le vrai? Cette lecture souligne des points d'entrée dans l'?uvre spinozienne et, plus largement, nourrit la réflexion sur le statut des premiers écrits philosophiques. Il paraît légitime de déterminer comment évoluent des questions dans les différents ouvrages d'un philosophe. Mais on peut suivre un parcours dans son ?uvre en tenant compte de potentialités de pensée esquissées dès l'origine: elles portent un éclairage singulier sur une philosophie en cours de formation et sur ses points d'ancrage dans des traditions.
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